(Julie raconte)
C’était un 2 novembre
si je me souviens bien.
Il était tard et il faisait froid.
On était en vadrouille
avec Camille à la capitale
et recherchait de l’essence.
Tu parles d’une galère !
Cette nuit-là,
on est tombées sur un type
qui nous rappelait quelqu’un…
♪ Kelly is in her dressing room ♪
♪ dressed up for the show ♪
♪ When suddenly the dark arrived ♪
♪ John has blood on his hands ♪
♪ He wasn't a guilty man ♪
♪ Has he ♪
♪ committed ♪
♪ a murder ♪
♪ She said it can now ♪
♪ serve you something ♪
♪ or is it time finish me up ♪
♪ We shall may be reconnect ♪
♪ Love might last ♪
♪ Yeah ♪
[musique]
[la musique s'estompe]
[klaxon de voiture,
bruit de moteur de voiture]
(Julie)
S’il vous plait, monsieur,
on cherche une station-service
ouverte de nuit…
Ça fait une heure qu'on est en réserve,
on est à deux doigts de la panne sèche.
[bruit de moteur de voiture,
klaxon distant]
(Camille) Vous comprenez ce qu’on dit ?
Do you speak French?
We’re looking out for the automobile.
(Gerard)
J’en ai vu une en libre-service
au troisième croisement derrière vous.
C’est hyper cool de votre part,
merci monsieur !
Dites, quand vous serez tout bleu,
congelé au fond de l’eau,
vous passerez le bonjour
aux poissons pour nous ?
Ouais, c’est ça ouais.
[claquement de porte]
[Julie et Camille rient]
[bruit de voiture qui s'en va]
(Julie raconte) C’était lui le type
qui nous rappelait quelqu’un.
Il s’appelait Jean Pierre...
Enfin non, Gérard !
Il ressemblait comme deux gouttes d’eau
à un type qu’on avait vu
se faire écraser par un train
quand on avait 8 ans.
(Julie et Camille)
Allez, salut Jacques Mayol !
[bruit de voiture qui s’arrête]
(Camille) Ah non, on a la poisse !
(Camille) Redémarre, allez !
[bruit de la clé au démarrage]
(Camille) Allez s’il te plait !
[bruit de la clé au démarrage]
(Camille) Fais encore un petit effort !
Merde ! Allez!
[bruit de la clé au démarrage]
(Camille) Allez!
[bruit de la clé au démarrage]
Bonsoir monsieur !
C’est un rebonsoir !
Alors voilà on vient de
tomber en panne d’essence.
Je sais c’est pas de bol, hein !
Mais on aurait éventuellement
besoin de vos services
pour nous aider à pousser la voiture
jusqu’à la station.
Monsieur ?
Vous m’avez entendu ?
(Gérard)
Appelez une dépanneuse.
Une dépanneuse !
Ne soyez pas vache !
Ça coute la peau des fesses
une dépanneuse…
[claquement de porte de voiture]
Bon alors, on ne va pas coucher là,
quand même !
On ne demande pas le monde bordel,
on veut juste un coup de main !
Ah oui, c’est vrai, ça fait chier !
On est à Paris, c’est chacun
pour sa gueule ! C’est charmant !
(Gérard) Demandez à votre copine
d’arrêter de beugler.
J’essaie d’en finir discrètement !
C’est ma sœur ! Elle est un peu
colérique mais elle éteint pas.
Moi, j’avais décidé d’en finir ce soir.
Alors excusez-mois mais...
je vais en finir ce soir.
Bon écoutez,
je vous promets qu’on vous ramène ici
après avoir rempli le réservoir.
Après, on vous fout la paix.
Noyez-vous mille fois si vous voulez !
Alors Jean Pierre, tu meurs, tu meurs pas,
tu nous aides, tu nous aides pas ?
- Il fait pas trop le choix.
- Il nous fait chier surtout !
(Julie) Bon alors Jean Pierre,
tous nous file ce coup de main ?
Vous avez décidé de me pourrir
mon suicide, c’est ça ?
Il va faut passer à l’action Jean Pierre
car tu n’as pas l’air très décidé-là.
Arrêtez de m’appeler Jean Pierre.
Je m’appelle Gérard.
Qui vous dit que
je suis pas décidé à y aller ?
Si je prends 5 h pour sauter,
c’est mon droit.
Ben dans tes 5 heures
tu peux prendre 30 petites minutes
pour aider 2 pauvres filles à pousser
leur voiture quand même !
Calme-toi Camille, ça sert à rien.
Moi, je m’en fou de votre voiture.
Non et pourquoi moi d’abord ?
Demandez à quelqu’un d’autre !
Putain, tu vois pas que tu es le seul
blaireau dans un rayon d’un kilomètre ?
Comment vous m’avez appelé-là ?
Quand ça ?
Là ! À l’instant, vous m’avez traité
de quelque chose, non ?
Tu t’en souviens toi ?
Euh non, non pas vraiment non…
Ah oui, c’était pas crétin ?
Non, pas crétin…
Euh abruti ?
Cinglé ?
Débile profond ?
Non, mais continuez,
ça vous reviendra, vous allez voir.
Sale con ?
Merdeux ?
Bouffon ?
Ecoute-là arrête,
je le sens pas du tout là Camille…
Ah oui, ça y est ! Ça m’est revenu !
Je le sais. Je t’ai appelé gros blaireau !
Un blaireau, il y avait pas
"gros" là dedans.
Oui ça m’est venu en tête car
ça lui correspond plus,
enfin je crois hein.
Tu trouves pas Julie ?
[Julie et Camille se sauvent en riant]
[un coup fort]
[bruit d'arrachage]
Ahhhhh !
Tu vas devoir nous la racheter,
Jean Pierre.
Tu vas galérer. Ça compte plus les
banlieues en 2009 une antenne de 4L.
Ce Renault n’y coute même pas. Alors dans
les caisses de voiture, pas sûr eh ?
Si je trouve un rouillé,
je n'en prends pas.
La ferme !
Mais vous la fermez jamais !
Jamais vous la bouclez bordel !
[Gérard sanglote]
[music sombre]
(Julie raconte)
On sentait bien qu’il était pas
dans son assiette, Gérard.
Il était même complètement à larmes
à ce point-là.
Il nous avait dit qu’il était marié
à un top model
et qu’il était chirurgien orthopédique.
Ça se voyait. Ses chaussures…
Il portait des Bergelins coquilles
aux métal Blanc de Gris, enfin du "gray".
On avait bien vu qu’il était pas prêt
à se balancer d’un pont en tout cas.
C’était clair qu’il avait besoin d’aide
ou d’un petit quelque chose.
Je pensais éventuellement
vous demander un petit quelque chose.
Une dernière volonté ?
C’est ça, c’est un peu
comme une dernière volonté.
Enfin, c’est un peu délicat à demander.
Bon ben vas-y balance.
Okay.
Voilà j’aimerais que
vous m’aidiez à sauter du pont.
[bruit de voiture qui s'arrête]
[silence gênant]
Attends…
C’est pas très banal
comme petit quelque chose ça, Gerard !
Oui bon, tu veux qu’on te pousse
en gros, c’est ça ?
Ouais, tout seul j’y arriverais pas.
Ah non, c’est délicat quand même hein.
Nous, on est des filles de campagne !
Je vois pas le rapport.
Laissez tomber. Déposez-moi.
Je vais me débrouiller tout seul.
Gérard, on n’a pas envie
de se faire accusé de meurtre.
Avec les nouvelles lois, il y a des flics
qui seraient contents de nous pincer.
Vous oubliez que sans vous je serais
déjà bien au fond de l’eau !
Vous ne me tuez pas, vous rétablissez
l’ordre des choses, vous me devez bien ça.
Pousser quelqu’un dans la Seine
avec un poids accroché au pied,
c’est considéré comme un meurtre, pardon.
Oui. Ça s’appelle
crime avec préméditation.
Pour être accusé de ça, il faut
un témoin pour vous dénoncer.
Oui enfin, il suffit du type
qui promène son lien-Che.
Okay, combien ?
Combien quoi ?
Vous avez très bien compris.
Combien pour vous débarrasser de moi ?
On n’a pas forcément envie
de se débarrasser de toi !
Moi, je dois me débarrasser de moi.
Dites-moi combien vous prenez ?
Je sais pas moi...
Combien ça prend à un tueur à gages
en général ?
Bon, je vous propose
5 mille euros.
5 mille ! C’est tout ?
Ah mon pauvre, l’arnaque !
On ne va pas commettre un meurtre
pour des miettes pour aider non plus ?
Bon, alors, 8 mille.
Tu nous prends vraiment
pour des charlots, hein ?
Attends…
tuer quelqu’un c’est minimum 15 mille…
15 mille ! Je pense pas.
Non, trop cher pour moi.
De toute façon ils vont pas te servir
tes 15 mille quand tu seras mort.
Il vaut mieux nous les laisser !
Si j’arrive à y échapper, j’aurais dépensé
15 000 pour rien, trop risqué !
C'est à toi d'assurer que tu es bien mort.
C’est fini la tentative de suicide,
il faut pas te rater !
Bon, treize mille
c’est mon dernier prix.
Quatorze...
Treize cinq...
Bon allez on dit 13,7
et on n’en parle tout. D’accord ?
Chèque...
Ah ah ah ! Chèque ?
T’est malade ou quoi ? Cash…
Treize mille sept cent en cash !
Mais il est 3h du matin !
Mais tu te démerdes mon pote !
C’est pas notre problème !
Si tu veux qu’on te pousse,
trouve 13,7 en liquide maintenant !
Tenez...
Cette montre m’a couté 16 mille euros.
Aujourd’hui,
vous pourrez facilement en tirer 14 000.
Là, tu pourrais très bien nous bananer
car on n’y connait rien en montres.
C’est une Rolex !
Écoutez, il est tard, je dois en finir
pour de bon, hein ?
Si vous ne me croyez pas,
on se retrouve au bistrot d'à côté.
Je vais trouver un poivron ou deux
qui me poussera du pont pour 50 €.
Si je vous dis
que cette Rolex vaut 14 000 €,
c’est qu’elle en vaut 14 mille ! Ferme !
Gérard, tu vas pas nous péter,
nous jurer tant ! On la prend ta Swatch !
Excuse-nous, mais on n’a pas envie de se
faire rouler dans la farine, c’est tout !
(Gérard) Non mais, c’est de la qualité
hein, vous avez ma parole.
(Gérard) Vous me laissez juste 2 minutes…
Ah non ! Moi, je dis qu’il faut y aller
tant qu’il y a personne !
Vous êtes pas à 2 minutes près !
Mais vas-y, prend-le, tes 2 minutes !
(Gérard) Merci !
[musique pesante]
Voilà, on peut y aller. Je suis prêt.
Bon alors, on fait quoi maintenant ?
Ben, vous allez essayer de me pousser…
Et tu vas te laisser faire ?
Certainement pas.
(Julie) Comment ça, certainement pas ?
Pensez-y, si j’arrive pas
à me jeter tout seul dans le vide
c’est mon instinct de survie
qui m’en empêche.
C’est instinct ne s’envolera pas car
je vous ai demandé de me pousser !
Tu comprends ce qu’il raconte, toi ?
Non, pas vraiment, non.
Mais mon instinct de survie
vient déjà à cet instant de se manifester…
Non mais lâchez moi.
Oh, arrêtez ! Au secours !
- Camille: Le sac !
- Gérard: À l’aide !
(Camille) Remette le sac !
- Camille: Mais ferme la putain !
- Gérard: À l’aide ! On veut me suicider !
Arrêtez, stop, il y a un mec !
[couinement de chien]
Oh putain,
le type qui promène son lien-Che !
Il y a d’autres trucs à filmer
à Paris, non ?
Ouais.
Ben alors qu’est-ce que t’attends ?
Vas-y passe ton chemin !
[couinement de chien]
Okay, file-moi tes bergelins…
Ah bon !
Discute pas,
file-moi tes bergelins, bordel !
T’es le type qui intervient jamais
lors d’une agression toi, c’est ça ?
Ouais.
Et même si c'est une femme
qui fait ça à un type ?
Ouais.
En gros, finalement
t’es l’enculé de service quoi ?
Ben ouais.
Le parfait enculé qui promène son chien…
Ouais.
Et qu’est-ce que tu vas en faire
de cette vidéo après ?
Tu vas la balancer au flic j’imagine ?
Sinon tu serais pas l’enculé de service.
[aboiement craintif de chien]
(le type) Ouais.
[bruit d'estampage]
[couinement de chien]
Bon ben voilà !
Plus de témoin gênant avec son lien-Che…
Bon alors, on en était où ?
Vous, vous étiez assise avec le sac
et vous, vous me poussiez—
Il y en a marre, saute qu’on en finisse…
Pardon ?
Non, Camille,
ça c’est pas possible du coup.
Ton histoire d'instinct de survie,
c’est de la foutaise, saute...
Comment ça ? Comme ça ?
Sans sommation ?
On avait un marché, non !
Rien à foutre, saute !
Camille ! Tu oublies qu’on vient
de nous filmer en train de le balancer !
Putain, ouais, tu as raison !
Non, mais alors là, ça change tout !
J’ai tout d’un coup
très envie de me jeter de ce pont !
Ah ouais !
Tiens, c’est magique ça ! Et pourquoi ?
Car vous essaierez de m’en empêcher.
Je trouve ça très excitant.
- Camille: Et si on te n’en empêche pas ?
- Julie: Ah si !
(Camille) Gérard ! Gérard !
Fais pas le con Gérard !
Moi, je vais savourer
cet instant, croyez-moi.
Gérard ! Tu vas pas faire ça ?
Je vais me geler…
[Julie pousse un cri]
Fais pas l’idiot Gérard !
(Gérard) Relachez-moi !
Arrete ! Tu vas pas nous faire ça !
Lâchez-moi, je veux mourir !
(Camille) Ne dis pas que tu veux mourir !
Tu mériterais qu’on te plaint, connard…
(Gérard) Faites pas ça !
(Camille) Aaah !
Camille dépêche-toi !
Coupe cette corde !
(Gérard) Dépêchez-vous, votre sœur
ne pourra pas tenir longtemps !
(Camille) Mmmmmh !
(Julie) Aaah!
[musique triste]
(Julie raconte)
Bon, on était partis
pour le laisser en plan
mais on n’a pas réussi.
Pauvre Gérard !
Il nous faisait de la peine !
Il était comme un souvenir
égaré dans le temps
qui avait besoin de retrouver son époque.
[musique triste]
(Gérard) Si j’avais su
que ce serait si compliqué
je ne me serais pas lancé
dans ce projet de suicide.
On sait quel est ton problème.
On sait précisément
ce problème qui complique.
Oui je sais que c’est la peur…
(Camille) Pas du tout. Non pas du tout.
La peur n’a rien à voir là-dedans.
Non, tu fais partie de ces gens qu’ont pas
assez de bonnes raisons pour mourir.
Comment ça ? Mais quelle bonne raison ?
Tu vois ? J’en étais sure.
Il en a même pas !
Qu’est-ce que vous allez lui dire,
à ma femme ?
Ben ce que tu veux…
Que j’étais vraiment déterminé à mourir
mais que vous avez tout fait
pour m’en empêcher.
Oui, ça me paraît bien comme aider.
Mais ne lui parlez pas de "bonne raison",
elle comprendrait pas.
Elle prendrait ça pour de la peur.
Oui bon, comme tu veux Gérard.
Ah, vous êtes vraiment
des chics filles, toutes les deux.
[cris de femme au fond]
Entrez.
[cris de femme au fond]
(Gérard) Faites pas attention au désordre…
[cris de femme au fond]
Derrière, c’est notre chambre,
apparemment elle dort pas.
Ça devrait pas durer trop longtemps,
on l’attend dans la cuisine.
Dis...
[cris de femme au fond]
C’est ta femme qu’on entend là ?
Oui.
Elle a du coffre.
Oui.
Et c’est qui le…
Le mec avec’elle dans le lit ?
[cris de femme au fond]
Ben c’est moi !
Qui est-ce que vous voulez que ce soit ?
Si c’est pas moi qui suis
derrière cette porte,
vous voulez dire que c'est une salope ?
Ah non, pas du tout.
On la connaît pas comme vous,
pas du tout.
Puis, on n’est pas du genre
de juger à l'aveuglette.
Mais euh… Mais il y a quand même
un truc de bizarre non ?
- Gérard: Bizarre ?
- Camille: Oui.
Qu'entendez-vous par "bizarre" ?
[cris de femme continuent dans le fond]
[silence gênant]
[tintements de verres]
[tintements de verres]
[cris de femme continuent dans le fond]
[tintements de verres]
[cris de femme continuent dans le fond]
[bruit des pages qui se tournent]
[les cris s'arretent]
[silence gênant]
Euh Gérard ?
Ouais ?
C’est quoi ta taille de chemise ?
Pourquoi ça ?
(Julie)
Réponds juste à la question Gérard.
Je fais "small" … à tendance "médium"...
Alors pourquoi on a trouvé du XXL
tout à l'heure dans le couloir ?
Je sais pas.
(Camille) Tu sais pas.
Bon, moi je vais te dire pourquoi Gérard.
Il faut que tu voies la réalité en face.
Ta femme couche avec un mec
qui est plus belle est-ce que toi.
Ma femme est-ce une salope ?
Ah non. Non non, on dit pas ça.
On dit que toi tu crois que tu couches
avec ta femme tranquillement à côté
mais qu’en réalité
tu te voiles la face Gérard.
Voilà.
Car on t'a rencontré il y a 2 heures
sur un pont en train de se suicider.
Donc c’est pas possible
ton histoire Gérard.
Vous avez aucune preuve.
Aucune preuve ?
Qui nous a filé sa Rolex pour qu’on le
pousse du pont tout à l’heure ?
J’ai jamais vu cette montre.
Quel menteur !
Il dit ça pour protéger sa femme.
Elle n’est pas une salope !
Si, ta femme est une vraie salope
qui s’envoie en l’air avec un inconnu.
(La mannequin)
Qui vous dit que c’est un inconnu ?
Ce n'est rien, ma chère. Dis-leur toi
que tu fais l’amour qu’avec moi.
Cette dame causerait une réclame
pour les sous-vêtements !
Je suis une réclame
pour les sous-vêtements.
Ouvrez ce magazine à la page 43.
Vous verrez bien.
[son de feuilletement des pages]
Je le savais bien
que c’était bizarre, Gérard.
Ce genre de meuf prend son pied qu’avec
des réclames de parfum pour homme.
[bruit de pas]
(Le mannequin) Bonjour. Excusez-moi
vous auriez pas vu ma chemise par hasard ?
Merci.
Excusez-moi, je peux vous poser
une question importante ?
(Le mannequin) Oui.
Vous faites des réclames de parfum ?
C’est marrant ! Je viens juste de faire
une grosse campagne pour ARMANI !
Ha ha ha ha !
Bon ou tu cours comme ça Gérard ?
On sait ce que tu veux faire.
Ne le fais pas.
Vous étiez prets à m’aider pour 14 000 €
sans connaitre mes raisons...
Là, j'ai un bon motif pour mourir
et vous jouez les anges gardiens.
C’est quoi ta fameuse raison valable ?
Un chagrin d’amour.
Ah c’est le bon ça,
parce que ta femme t’a quitté ?
Non parce qu'elle me trompe
avec toute l’agence pub !
Oui bon ben elle t’a pas quitté
donc tout va bien hein ?
Vous comprenez rien hein ?
C’est moi qui la quitte.
Oh là là, mais sois pas con Gérard
De toute façon elle m'aime pour mon fric.
Ça allait déjà mal, t'as dit qu’elle
t’aimerait pas pour ton look.
Des faux soins n’inclut pas des trucs
à toi qu’elle aimerait bien à ta place !
Oui oui.
Oh putain !
Qu'est-ce qu'elle belle hein !
C’est incroyable comme elle est belle !
Ouais, elle doit rendre
beaucoup de mecs insomniaques.
Il faut que j’arrive à
penser à autre chose !
Tu sais très bien
que ce sert à rien Gérard.
Oh !
Il faut surtout pas vous gêner !
Oh l’insomniaque !
Ça vous dérangerait pas
d’en regarder ailleurs ?
Sûrement pas ! D'habitude, ils me mettent
des pubs complètement nulles
pour les assurances bidons,
alors j'en profite.
Pourquoi ne pas coucher plutôt
à coté de votre femme ?
Parce qu’elle ronfle.
Puis elle dort avec
une chemise de nuit et débile lungi.
Je préfère regarder la femme d'un autre.
Celle d'autrui, il savait ! Tu vas voir…
Mais arretez !
C'est dur de dormir avec
une femme comme la mienne !
Elle ronfle, elle prend tout le lit,
elle fait 20 kilos de trop
Désolée vieux ! Mais là t’es parti
pour prendre le canape du salon !
Mais on n’a pas encore
de canapé dans le salon.
Arrêtez s’il vous plait ! Vous voulez pas
que je passe une nuit agréable !
J’en ai ras le bol que tout le monde passe
de nuit agréable avec ma femme.
[musique lacinante]
Bande de salauds !
[musique lacinante]
Vous voulez pas m'emmener loin d'ici ?
Mais où ça ?
Vous devez bien vous souvenir d'un petit
coin tranquille qui me ferait le morale…
[bruit du trafic]
Il faut enlever tes mains Gérard.
[chant d'oiseaux et de grenouilles]
Qu’est-ce que c’est que
cet endroit sinistre ?
(Julie) T’es dans notre souvenir Gérard,
dans un ancien souvenir
pas très ensoleillé.
Je ressens rien de votre souvenir.
On voulait te montrer
la belle vie de notre enfance.
Qu’est-ce que ca t’inspire Gérard ?
C’est vrai que c’est plat, hein.
J’ai jamais vu une région aussi plate.
On ne devrait pas le dire.
Et tu dois savoir ce que ça veut dire
dans ton jargon médicale
le mot "plat" Gérard ?
Euh oui ?
Avoir les pieds plats, oui c’est
l’affaissement de la voûte plantaire.
Mais il doit bien y avoir
des habitations quelque part ?
Bien sûr, on peut te montrer
notre village si tu veux.
Il est très mignon.
Oh non, ça va.
Finalement pas votre village
s’il vous plait, pas votre village.
Tu sais combien il y a de taux de suicides
à la chevrotine dans la région ?
Euh non, je sais pas.
Beaucoup je suppose.
Non, tu peux pas imaginer.
Enfin, il va tout bas…
Entre la chasse et les suicides,
ils étaient en rupture de cartouches
l'année dernière.
On ne te parle même pas
des morts accidentelles.
Ou plutôt mourir que de vivre
dans une région pareille.
Ben, figure-toi qu'il y en a
qu’ont pas eu trop le choix.
Les grenouilles n’arrêtent
jamais de chanter, les grenouilles ?
Elles chantent jour et nuit comme des
malades pour que tu pètes les plombs.
Je suis déjà en train
de péter les plombs !
Regardez là-bas, une voiture ! Venez !
Pas cette voiture !
Réveille-toi Gérard !
N’approche pas cette voiture !
(Camille) Non Gérard !
Fais pas le con Gérard !
(Julie) N’approche pas cette voiture !
[chant d'oiseaux et de grenouilles]
[bruit d'une voiture qui approche]
Excusez-moi, on va sur Paris,
vous pourriez nous rapprocher ?
Je peux même vous y déposer.
(Camille) Attends-nous putain !
Tu vas vraiment monter
dans cette voiture ?
Non, ne fais pas ça Gerard !
Oui viens avec nous.
On va prendre le train.
Non mais le monsieur va à Paris !
Montez, je vous dis.
Mais bien sûr !
Une voiture arrive hop en plein nature et
par hasard elle va directement à Paris !
Ah oui c’est un heureux hasard.
Mais de quoi tu parles avec ton hasard
putain Gérard ?
Calme-toi Camille. Ça va.
Il est écoute rien, il a aucune mémoire,
alors laisse-le grimper dans sa caisse.
Bon.
Écoutez-moi bien, toutes les deux.
Je suis médecin.
Je crois qu’en la science,
tout ce qu’il y a de rationnelle.
Pour moi, la vie ne se fait pas par hasard
et je m'en fous
de votre histoire de destin,
de karma et de toutes ces sonneries
de voyance dans le noir.
T’as raison Julie.
On va laisser Gérard monter dans
sa jolie voiture. [claquement de porte]
[musique sinistre]
C’est bien d’avoir essayé Camille,
mais on peut pas changer
le souvenir d’enfance.
[musique sinistre]
C’est un vieux model
qui appartenait à mon père.
Excusez-moi,
mais j’arrive pas l’attacher.
Elle ne fonctionne surtout pas.
[un bruit de clic]
Ah ! Avoir le coup de main !
(Gérard) Merci beaucoup !
Vous êtes de la région ?
Ah non pas du tout.
Non je suis là totalement par hasard.
Ah vous n’allez pouvoir
nous tirer d’affaire, alors.
Comment ça "nous tirer d’affaire" ?
Ça fait presqu’une heure
que je roule sur la réserve.
[silence gênant]
Ah pourquoi vous me regardez comme ça ?
Vous voulez dire que nous sommes
au bord de la panne sèche ?
Exactement !
Vous auriez pu me prévenir
avant que je monte !
Vous inquiétez pas.
On finira par tomber
sur une station-service.
Ici on trouve pas de station-service !
Ne vous énervez pas.
C’est pas grave.
On poussera ce qu’on pourra. Ha ha ha !
Regardez, il nous reste une petit piste.
Non on n’y arrivera jamais.
Pourquoi vous dites ça ?
Parce que j’ai de la mémoire et que
je commence à comprendre
que cette histoire va mal finir.
Arrêtez ! Ça va très bien se passer !
[la voiture ralentit et s’arrête]
Ah !
Non pas ça, non !
C’est vraiment pas de chance.
Non mais la chance n’a seulement
rien à voir là-dedans.
C’est votre faute aussi ça !
Vous avez fini par me porter la poisse
à force des petits négatifs…
C’est pas de ma faute si nous
sommes dans le douloureux souvenir
de deux jeunes filles de la campagne…
[signalement d’un train qui approche]
(Le chauffeur)
C’est pas vrai, c’est pas vrai !
Démarre ! Démarre ! Démarre ! Démarre !
Non mais, je suis coince là,
vous pouvez m’aider ?
Démarre !
Eh oh ! Vous allez où là ?
[claquement de porte]
Eh, aidez-moi je suis coincé !
[Klaxon de train]
[musique sinistre]