C’était un 2 novembre si je me souviens bien. Il était tard et il faisait froid. On était en vadrouille avec Camille a la capitale et recherchait de l’essence. Tu parles d’une galère ! Cette nuit-là, on est tombées sur un type qui nous rappelait quelqu’un… ♪ Kelly is in her dressing room ♪ ♪ dressed up for the show ♪ ♪ Then/When suddenly the dark arrived ♪ ♪ John has blood in his hands ♪ ♪ Abe is a guilty man ♪ ♪ has he committed a murder ♪ ♪ She said it cannot serve you something ♪ ♪ or is it time finish me up ♪ ♪ it shall make me correct ♪ ♪ love make it last ♪ [musique] [la musique s'estompe] [klaxon de voiture, bruit de moteur de voiture] S’il vous plait, monsieur, on cherche une station-service ouverte de nuit… Oui parce là, la réserve qui est notre depuis une heure, on est à deux doigts de la panne sèche. [bruit de moteur de voiture, klaxon distant] (Camille) Vous comprenez ce qu’on dit ? Do you speak French? We’re looking out for the automobile. (Gerard) J’en ai vu une en libre-service au troisième croisement derrière vous. Ah c’est hyper cool de votre part, merci monsieur. Ah et au fait dites, quand vous serez tout bleu, congelé au fond de l’eau, vous passerez le bonjour aux poissons pour nous ? (Julie) Ouais, c’est ça ouais. [Julie et Camille rient et s'en vont] (Julie) C’était lui qui nous rappelait quelqu’un. Il s’appelait Jean Pierre, enfin non, Gérard ! Il ressemblait comme deux gouttes d’eau à un type qu’on avait vu se faire écraser par un train quand on avait 8 ans. (Julie et Camille) Allez, salut Jacques Mayol ! [la voiture s’arrête] (Camille) Ah non, on a la poisse ! Redémarre, allez ! Allez s’il te plait ! Fais un petit effort, merde ! Allez! Allez! (Julie) Bonsoir monsieur ! C’est un rebonsoir hein ! Alors voila on vient de tomber en panne d’essence. Je sais c’est pas de bonne hein ! Mais on aurait éventuellement besoin de vos services pour… ben pour nous aider à pousser la voiture jusqu’à la station. Monsieur ? Vous m’avez entendu ? (Gérard) Appelez une dépanneuse. (Julie) Une dépanneuse ! Ne soyez pas vache ! Ça coute la peau des fesses une dépanneuse… [claquement de porte de voiture] (Camille) Bon alors, on ne va pas coucher là, quand même ! On ne demande pas le monde bordel, on veut juste un coup de main ! Ah oui, c’est vrai, ça fait chier ! On est à Paris, alors c’est chacun pour sa gueule ! C’est charmant ! (Gérard) Vous voulez pas demander de votre copine d’arrêter de bugler comme ça. J’essaie d’en finir discrètement ! (Julie) Non, c’est ma sœur ! Elle a un caractère un peu trempé comme ça mais elle éteint pas. (Gérard) Mois j’avais décidé d’en finir ce soir. Alors excusez-moi mais je vais en finir ce soir. (Julie) Bon écoutez, je vous promets qu’on vous ramène ici après avoir rempli le réservoir. Après on vous laisse tranquille, vous pourrez vous noyer mille fois si vous voulez ! (Camille) Alors il fait quoi Jean Pierre ? Il meurt, il meurt pas, il nous aide, il nous aide pas. (Julie) Ben, il fait pas trop le choix… (Camille) Oui, il nous fait chier surtout ! (Julie) Bon alors Jean Pierre, tous nous file ce coup de main ? (Gérard) Vous avez décidé de me pourrir mon suicide, c’est ça ? (Camille) Oui, alors il va falloir quand même passer à l’action parce que tu n’as pas l’air très décidé-là Jean Pierre. (Gérard) D’abord arrêtez de m’appeler Jean Pierre. Je m’appelle Gérard. Qu’est-ce que vous en savez que je suis pas décidé à y aller ? Si je veux prendre 5 heures avant de sauter c’est mon droit. (Camille) Oui, ben dans tes 5 heures tu peux prendre 30 petites minutes pour aider 2 pauvres filles de la campagne à pousser leur voiture quand même ! (Julie) Calme-toi Camille, ça sert à rien. (Gérard) Et moi, je m’en fou de votre. Ben et pourquoi moi d’abord ? Demandez à quelqu’un d’autre ! (Camille) Mais putain, tu vois pas que tu es le seul blaireau dans un rayon d’un kilomètre ? (Gérard) Comment vous m’avez appelé-là ? (Camille) Quand ça ? (Gérard) Là ! À l’instant, vous m’avez traité de quelque chose, non ? (Camille) Tu t’en souviens toi ? (Julie) Euh non, pas vraiment non… (Camille) Ah oui, c’était pas crétin ? (Gérard) Non, pas crétin… (Camille) Euh abruti ? (Camille) Cinglé ? (Camille) Débile profond ? (Gérard) Non, mais continuez, ça va vous revenir, vous allez voir. (Camille) Sale con ? Merdeux ? Bouffon ? (Julie) Ecoute-là arrête, je le sens pas du tout là Camille… (Camille) Ah mais oui, ça y est ! Ce m’est revenu ! Je le sais. Je t’ai appelé gros blaireau ! (Gérard) Non non "un blaireau", tout court, il y avait pas "gros" dans la phrase. (Camille) Ah oui ça m’est venu en premier parce que ça lui correspond plus, enfin je crois hein. Tu trouves pas Julie ? [Julie et Camille se sauvent en riant] [un coup fort] [bruit d'arrachage] (Camille) Tu vas devoir nous la racheter Jean Pierre. (Camille) En tout cas, ce Renault n’y coute même pas. (Julie) Alors peut être dans les caisses de voiture monsieur, même pas sur hein ? (Camille) Et si je trouve une roulante je ne la prendrais certainement pas. (Gérard) La ferme, mais vous la fermez jamais ! Jamais vous la bouclez bordel ! [Gérard sanglote] [music sombre] (Julie) On sentait bien qu’il était pas dans son assiette, Gérard. Il nous avait dit qu’il était marié à un top model et qu’il était chirurgien orthopédique. Ça se voyait, ses chaussures… Il portait des Bergelins coquilles aux métal Blanc de Gris, enfin du « gray » On avait bien vu qu’il était pas prêt à se balancer d’un pont en tout cas. C’était clair qu’il avait besoin d’aide ou d’un petit quelque chose. (Gérard) Je pensais éventuellement vous demander un petit quelque chose. (Julie) Une dernière volonté ? (Gérard) Oui c’est ça, c’est un peu comme une dernière volonté. Enfin, c’est un peu délicat à demander. (Camille) Bon ben vas-y balance. (Gérard) Okay. J’aimerais que vous m’aidiez à sauter du pont. (Julie) Attends… C’est pas très banal comme petit quelque chose ça Gerard ! (Camille) Oui bon, tu veux qu’on te pose/dépose en gros, c’est ça ? (Gérard) Ouais, tout seul j’y arriverais pas. (Julie) Ah non, c’est délicat quand même hein. Puis nous on est des filles de la campagne ! (Gérard) Je vois pas le rapport. Mais c’est pas grave. Laissez tomber. Déposez-moi, je vais me débrouiller tout seul. (Julie) Gérard, on n’a pas envie de se faire accuse d’un meurtre seulement. Avec les nouvelles voix/voies ce serait des flics qui seraient contents de nous pincer. (Gérard) Ben vous oubliez que sans vous je serais déjà certainement au fond de l’eau ! Vous ne commettez pas un meurtre, vous rétablissez juste l’ordre des choses, enfin je pense que vous me devez bien ça non ? (Camille) Enfin, en tout cas pousser quelqu’un dans la Seine avec un poids accroche au pied, c’est considéré comme un meurtre, excuse-nous. (Julie) Oui. Ça s’appelle crime avec préméditation. (Gérard) Oui mais pour être accusé de meurtre, il faut qu’il y ait un témoin pour vous dénoncer. (Camille) Bon enfin, il suffit du type qui promène son lien-Che. (Gérard) Okay, combien ? (Camille) Combien quoi ? (Gérard) Vous avez très bien compris. Combien pour vous débarrasser de moi ? (Julie) On n’a pas forcément envie de se débarrasser de toi ! (Gérard) Oui bien, moi je dois me débarrasser de moi. Alors répondez-moi combien vous prenez ? (Camille) Je sais pas moi... Combien ça prend à un tueur à gages en général ? (Gérard) Bon je vous propose 5 mille euros. (Camille) 5 mille ! C’est tout ? Ah mon pauvre, l’arnaque ! (Julie) Pourtant on ne va pas commettre un meurtre pour des clopinettes par aider non plus hein ? (Gérard) Bon alors 8 mille. (Camille) Non mais tu nous prends vraiment pour des charlots hein ? Attends… tuer quelqu’un c’est minimum 15 mille… (Gérard) 15 mille ! Je pense pas. Non, trop cher pour moi. (Camille) De toute façon ils vont pas te servir ces 15 mille quand tu seras mort. Alors tu ferais mieux de nous laisser les sans discuter ! (Gérard) Oui mais enfin, si jamais j’arrivais en échapper j’aurais dépensé 15 mille pour rien ! Ah non, non trop risqué ! (Camille) Attends, mais c’est à toi de faire en sorte d’être bien mort hein ? C’est fini la tentative de suicide, il faut pas te rater ! (Gérard) Bon 13 mille c’est mon dernier prix. (Camille) 14 quatorze (Gérard) 13.5 treize cinq (Julie) Bon allez on dit 13.7 et on n’en parle tout. D’accord ? (Gérard) Chèque [Camille rit] Chèque ? T’est malade ou quoi ? Cash… (Gérard) Treize mille sept cent cash ! Mais il est 3h du matin ! (Camille) Mais tu te démerdes mon pote ! C’est pas notre problème ! Si tu veux qu’on te pousse, on prend 13.7 en liquide et maintenant ! (Gérard) Cette montre m’a couté 16 mille euros. Aujourd’hui, vous pourrez facilement tirer 14 mille. (Camille) Oui, ben alors là tu pourrais très bien nous bananer/balader parce qu’on n’y connait rien en montres. (Gérard) C’est une Rolex ! Écoutez, il est tard, je dois en finir une bonne fois pour toutes, hein ? Si vous avez pas confiance en moi on se récale on s’y revoit tout au bistro d’à côté, je vais bien vous trouver un poivron ou deux qui vont me pousser du pont pour un billet de 50 euros ! Si je vous dis que cette Rolex vaut 14 mille euros, c’est qu’elle en vaut 14 mille ! Ferme ! (Camille) Cool Gérard, tu vas pas nous péter, nous jurer tant ! On la prend ta Swatch ! (Julie) Excuse-nous, mais on n’a pas envie de se faire rouler dans la farine, c’est tout ! (Gérard) Non mais, c’est de la qualité hein, vous avez ma parole. (Gérard) Vous me laissez juste 2 minutes… (Julie) Ah non ! Moi, je dis qu’il faut y aller tant qu’il y a personne ! (Gérard) C’est bon, vous êtes pas à 2 minutes près ! (Camille) Non mais vas-y, vas-y, prend-le, tes 2 minutes ! (Gérard) Merci ! [musique pesante] (Gérard) Voilà, on peut y aller. Je suis prêt. (Julie) Bon alors, on fait quoi maintenant ? (Gérard) Ben, vous allez essayer de me pousser… (Camille) Et tu vas te laisser faire ? (Gérard) Ah ben, certainement pas. (Julie) Comment ça, certainement pas ? (Gérard) Non mais réfléchissez, si j’arrive pas à me jeter tout seul dans le vide c’est qu’il y a mon instinct de survie qui m’empêche de le faire. C’est instinct de survie ne va pas s’envoler parce que je vous ai demandé de me pousser ! (Camille) Tu comprends ce qu’il raconte, toi ? (Julie) Non, pas vraiment, non. (Gérard) Mais mon instinct de survie vient déjà à cet instant de manifester… Non mais lâchez moi. Oh, arrêtez ! Au secours ! (Camille) Le sac ! (Gérard) À l’aide ! (Camille) Remette le sac ! (Gérard) À l’aide ! (Camille) Mais ferme la putain ! (Gérard) À l’aide ! Au secours ! On veut me suicider ! (Julie) Arrêtez ça, il y a un mec ! (Camille) Ah putain, le type qui promène soi et le chien ! (Camille) Il y a d’autres trucs à filmer à Paris, non ? (le type)Ouais. (Julie) Bon alors qu’est-ce que t’attends ? Vas-y passe ton chemin ! [couinement de chien] (Camille) Okay, file-moi tes bergelins… (Gérard) Ah bon ! (Camille) Discute pas, file-moi tes bergelins, bordel ! T’es le type qui intervient jamais lors d’une agression toi, c’est ça ? (le type) Ouais. (Julie) Et même si c'est une femme qui fait ça à un type ? (le type) Ouais. (Camille) En gros, finalement t’es l’enculé de service quoi ? (le type) Ben ouais. (Camille) Le parfait enculé qui promène son chien… (le type) Ouais. (Camille) Et qu’est-ce que tu vas en faire de cette vidéo après ? Tu vas la balancer au flic j’imagine ? Sinon tu serais pas l’enculé de service. [aboiement craintif de chien] (le type) Ouais. [bruit d'estampage] [couinement de chien] (Camille) Bon ben voilà ! Plus de témoin gênant avec son lien-Che… Bon alors, on en était où ? (Gérard) Euh… vous, vous étiez assise avec le sac et vous, vous me poussiez— (Camille) Ouais, bon allez, il y en a marre, saute qu’on en finisse… (Gérard) Pardon ? (Julie) Non, Camille, ça c’est pas possible écoute… (Camille) Saute je te dis. Je sais que ton fort instinct de survie c’est de la foutaise, saute… (Gérard) Comment ça là, mais comme ça ? Sans sommation ? Je vous rappelle qu’on a un marché ! (Camille) Rien à foutre, saute ! (Julie) Camille ! Tu oublies qu’on vient de nous filmer en train de le balancer ! (Camille) Putain, ouais, tu as raison ! (Gérard) Mais alors là ça change tout ! J’ai tout d’un coup très envie de me jeter de ce pont ! (Camille) Ah ouais ! Tiens, c’est magique ça ! Et pourquoi ? (Gérard) Parce que vous allez essayer de m’en empêcher. Je trouve ça très excitant. (Camille) Et si on te n’en empêche pas ? (Julie) Camille !!! (Camille) Gérard ! Gérard ! Fais pas le con Gérard ! (Gérard) Moi, je vais savourer cet instant, croyez-moi. (Julie) Gérard ! Tu vas pas faire ça ? (Gérard) Je vais me geler… [Julie pousse un cri] Fais pas l’idiot Gérard ! (Gérard) Relâchez-moi ! (Julie) Arrete ! Tu vas pas nous faire ça ! (Gérard) Lâchez-moi je vous dis, je veux mourir ! (Camille) Arrête de dire que tu veux mourir ! On méri… tu mériterais qu’on porte plaint – espèce d’enfoiré… (Gérard) Non non, faites pas ça ! [Camille pousse un cri de satisfaction] (Julie) Camille dépêche-toi ! Coupe cette corde ! (Gérard) Dépêchez-vous, votre sœur ne va pas pouvoir tenir plus longtemps !