-
Alors, on nous a beaucoup crié "Grandissez!" dessus récemment.
-
Et ce dans un contexte très étrange.
-
Peut-être que vous avez beaucoup entendu "grandis!" vous aussi
-
et peut-être que vous reconnaîtrez le contexte.
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Explication rapide:
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Nous avons récemment fait une vidéo sur l'auteur Neil Gaiman,
-
et sur pourquoi il y a de très bonnes raisons de croire qu'il a commis des agressions s*xuelles
-
et que c'est donc ce que nous croyons.
-
Et en filigrane de ces tentatives de justification
-
et du déni et de l'apologie auxquels vous pouviez vous attendre ressortait un thème:
-
des gens qui nous criaient "Grandissez!" dessus
-
tous, apparemment indépendamment, identifiant cette chose
-
que nous devions absolument entendre.
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"Le problème c'est que vous autres, vous élevez les artistes à un statut de héros.
-
Vous l'avez cherché. Grandissez."
-
"C'est les enfants qui ont des héros.
-
Les adultes ne devraient pas aspirer à être un autre adulte."
-
"Grandis!" "Reconnaître que les gens
-
qui touchent nos cœurs et esprits on des défauts humains, c'est aussi un signe de maturité."
-
"Vous ne savez même pas de quoi parle cette vidéo.
-
Retournez à la fac."
-
"Les héros, c'est pour les enfants.
-
C'est seulement un problème dans une civilisation infantile.
-
L'infantilisation de la Culture Occidentale,
-
publié le 1er août 2000 et ugh
-
je vais pas lire tout ça, m*rde à la fin.
-
Vous comprenez l'idée!
-
Ils disent que nous ne sommes pas réalistes, que nous sommes immatures.
-
Nous serions des enfants,
-
soit parce qu'on a des héros, soit parce qu'on pense que tout le monde n'est pas un vi*leur
-
ou bien parce qu'on pense que les célébrités sont parfaites ou qu'elles ne sont pas humaines,
-
quoi que cela veuille dire.
-
En gros, si les agressions sexuelles vous posent un problème, alors il faut grandir.
-
Mais pourquoi??
-
Genre, ça me retourne le cerveau! Pourquoi?
-
Pourquoi "grandis" et oui, je sais,
-
les gens méchants sont méchants sur Internet.
-
C'est des types qui ne croient pas les femmes et défendent les vi*leurs.
-
Où est le mystère? Ils sont juste vilains.
-
Ce sont juste de vilains messieurs.
-
Ça n'a aucun sens pour nous de mettre en place une machine de Rube Goldberg ici
-
avec un chandelier et un filet
-
pour finalement démasquer le monstre et découvrir que
-
"Oh, c'était un vilain monsieur depuis le début."
-
Il ne fait aucun doute,
-
comme tant de vidéos le rendent évident avant même que vous n'ayez cliqué dessus,
-
qu'il s'agit de ce foutu patriarcat.
-
JINKIES!
-
Et pourtant, "grandis" semble si spécifique,
-
si précisément pointé vers certaines vulnérabilités et défaults que nous
-
ressentons peut-être tous⋅tes en tant qu'adultes moins que parfait⋅es ou en tant que personnes pas tout à fait normales.
-
Ça s'attaque à ces sensibilités et simultanément
-
semble avoir si peu de rapport avec les agressions s*xuelles.
-
Alors on a été curieuses
-
et on a demandé à certain⋅es de nos ami⋅es youtubeur⋅ses
-
si elleux aussi l'avaient remarqué et, comment dire...
-
Pillar of Garbage: "Grandis!
-
La controverse/boycott de L'Héritage de Poudlard a échoué
-
parce que les personnes saines d'esprit en ont enfin eu marre des
-
malades terminalement en ligne comme vous et-"
-
Hoots: "Grandis, tu veux bien!
-
Si on devait bannir toutes les histoires pour enfants qui ont
-
mal vieilli-" "Ouvre les yeux!
-
Grandis."
-
Talis: "Grandis."
-
Donc, vu que ces exemples semblaient avoir aussi
-
avoir un rapport avec la naïveté et la volonté de changer le monde
-
et la résistance face à l'injustice, on était honnêtement encore plus paumées!
-
Pourquoi tous ces gens nous disaient "Grandis"?
-
Qu'est-ce qu'on fait exactement quand on utilise des insultes comme celles-là?
-
Pourquoi, sans partir du principe que la réponse va de soi, est-ce qu'être adulte, c'est bien?
-
Et pourquoi ne pas être adulte, c'est mal?
-
Que veulent dire les gens quand iels invoquent la maturité?
-
On dirait que, du moment où vous exprimez
-
le moindre sentiment en faveur de la justice: Boum!
-
Un nombre considérable de sceptiques seront en colère contre vous,
-
prêt⋅es à vous critiquer d'une manière très spécifique et prévisible.
-
Voix de Sarah: "Tes enfants."
-
Exactement.
-
Iels diront que t'es un enfant.
-
Sarah: "Non, Neilly. Tes enfants, le bébé."
-
Ah, oui.
-
On a des enfants et on vient d'avoir un bébé et on l'aime plutôt bien, ce bébé.
-
Il est génial, ce bébé!
-
Et ça nous a fait réfléchir:
-
Comment se fait-il que les gens pensent qu'être semblable à un enfant, c'est mal?
-
Donc.
-
Ouais.
-
🎵 Solo endiablé et frénétique de batterie jazz 🎵
-
(The Leftist Cooks présentent)
-
🎵 roulement de caisse claire 🎵
-
(un essai vidéo)
-
🎵 La batterie continue 🎵
-
("Grandis" ou "Pourquoi vous devriez accorder de l'importance aux enfants.")
-
(Directeur de photographie: Cormac Dessie Kelly)
-
(Quelques musiques de: Neilly Farrel )
-
(*mais pas ce solo de batterie)
-
(Créé par: Sarah Oeffler & Neilly Farrell)
-
🎵 La tension du solo de batterie monte 🎵
-
(Première partie: Grandis)
Est-ce que vous l'avez déjà dit? Crié à quelqu'un "Grandis!"
-
Ou bien dit sincèrement, genre, "Je pense qu'il faudrait que tu grandisses."
-
Moi oui.
-
Je plaide coupable.
-
Et je pense que c'est le cas de beaucoup d'entre nous.
-
Je pense que c'est une critique très normale.
-
C'est probablement la manière la plus succincte de dire "moi grand⋅e et bien,
-
toi petit⋅e et nul⋅le", mais ça ne veut pas dire que c'est inefficace.
-
C'est assez agaçant
-
et parfois plutôt blessant et généralement incroyablement frustrant
-
de recevoir ces commentaires.
-
Et je pense qu'on peut admettre qu'ils sont difficiles à réfuter.
-
Prenons cet exemple:
-
"Vous n'êtes que des enfants incapables de concevoir que les gens ne sont pas unidimensionnels.
-
Je veux dire, mec, y a qu'à voir tes cheveux."
-
Ceci est en réponse à une vidéo sur des accusations de vi*l crédibles.
-
Quel genre de personne voit le désespoir et la colère
-
qui suivent inévitablement un cas très médiatisé
-
d'agressions s*xuelles et répond "gran-
-
Femme: "Ne me fais pas signe (de m'en aller?).
-
C'est moi qui te fais signe (de m'en aller?)
-
Sénateur: "Quand tu seras grande, avec joie."
-
Femmes: "Quand tu seras grande??"
-
Ça, c'était le sénateur Hatch qui rabrouait un groupe de femmes opposées à son soutien
-
au juge Brett Kavanaugh parce que Kavanaugh, comme vous vous en souvenez, accusations crédibles de vi*l.
-
C'est donc un exemple majeur de l'injonction à grandir pour mettre fin
-
à une conversation sur les agressions s*xuelles.
-
Mais c'est aussi un exemple de "grandis" comme expression de pouvoir dans une hiérarchie.
-
On a un sénateur en titre, mâle et blanc.
-
Il est là haut, agissant au sein d'un système indécemment injuste,
-
et face à lui, ce groupe de femmes activistes.
-
Locales. Sans autre voix que les leurs,
-
tentant de remettre le système en question.
-
Il semblerait que "grandis",
-
ou plus précisément, les références à un comportement enfantin sont courantes
-
quand quelqu'un s'adresse à un groupe inférieur au sien dans une hiérarchie.
-
On en trouve un exemple exhaustif dans "Le Pouvoir des Insultes", un article de la juriste et professeure de droit constitutionnel Ruth Colker.
-
Dans cet article, elle soutient que
-
Legal Kimchi: "les élites de pouvoir économiqes et politiques
-
ont effectivement lancé des insultes aux militant⋅es pour les droits civiques,
-
aux plaignant⋅es, et à leurs avocats pour saper les réformes des droits civiques."
-
Je pense que la plupart d'entre nous peuvent reconnaître que les militant⋅es, les gauchos,
-
et concrètement n'importe qui souhaitant créer un changement positif dans le monde,
-
celleux qui tentent de faire avancer les réformes aux droits civiques doivent fournir beaucoup plus d'efforts
-
que les élites de pouvoir se reposant sur leur status quo,
-
et "fenêtre d'Overton-ant" jusqu'à l'absurde.
-
Mais comme le dit Colker,
-
Legal Kimchi: "une attention insuffisante a été portée à la façon dont les élites de pouvoir
-
utilisent l'outil culturel des insultes pour saper ces réformes."
-
Comme elle le met en évidence, les insultes font partie d'une longue tradition de reproduction sociale.
-
Elle nous renvoie aux jeunes années des États-Unis d'Amérique, au 19e siècle,
-
l'époque entre les guerres révolutionnaires et civiles, qui était
-
un centre névralgique de duels d'honneur, une époque où
-
F.D. Signifier: "de nombreux hommes respectables et éduqués
-
ont avidement vengé jusqu'à la moindre insulte en
-
se rabattant sur le "champ d'honneur" local et en se flinguant l'un l'autre."
-
Beaucoup d'hommes, certains très célèbres, ont été abattus
-
en duel à cause d'une insulte insignifiante.
-
Je suis Alexander Hamilton et je suis un petit gentleman fragile.
-
Mais les duels n'étaient pas universels.
-
Si un parvenu d'une classe inférieure avait le malheur d'insulter
-
l'honneur d'un gentleman, cela ne mènerait pas à un duel.
-
Oh, non, non, non.
-
Cela mènerait
-
à un passage à tabac du scélérat à coups de canne ou à la flagellation du dépravé à coups de cravache.
-
D'ailleurs, c'est marrant (pas marrant du tout, en fait),
-
c'est également comme cela que les sociétés occidentales "respectables" ont historiquement discipliné les enfants
-
dans les institutions éducatives et religieuses, jusqu'à très récemment.
-
Il est défendable que, tout comme les classes inférieures appauvries du 19e siècle,
-
les enfants n'avaient historiquement pas non plus d'honneur à défendre.
-
Mais peu importe, les insultes!
-
Colker remarque que, comme dans les années 1800,
-
celleux qui sont actuellement au pouvoir existent dans un monde complètement différent
-
vis-à-vis de la fonction des insultes.
-
Elle remarque que les insultes ont le rôle
-
de distraire des réformes des droits civiques
-
et que ces insultes ont plus de chances d'être efficaces
-
du fait de la faiblesse préexistante du droit civique en question.
-
C'est-à-dire que si quelqu'un se situe plus bas dans la hiérarchie sociale, il leur incombe de fournir de bien plus
-
grands efforts afin de prouver leur valeur lorsqu'ils répondent à une insulte.
-
Si je devais le reformuler, je dirais que
-
si une personne démunie fait face à la galerie, au public
-
...
-
sous les insultes et les coups et les heurts, alors elle a beaucoup moins de contrôle
-
sur le récit que la personne avec le pouvoir.
-
Ça veut dire que l'insulte elle-même porte préjudice au groupe
-
et qu'elle exacerbe des stéréotypes négatifs au sujet de ce groupe démuni
-
et détourne l'attention de leurs luttes.
-
Et donc, surprise, surprise! Il y a d'innombrables exemples de Trump qui fait ça.
-
Est-ce qu'on voulait... ? Est-ce que vous voulez ... ?
-
Est-ce qu'on veut parler de Trump?
-
On va vraiment parler de ça?
-
A-t-on entendu parler de ça?
-
Trump.
-
Voici les règles du jeu néofasciste:
-
Insultez n'importe qui d'intègre encore et encore et faites en sorte que les média clients traitent de ça
-
et rajoutez-en une couche et réitérez jusqu'à ce que personne ne se souvienne
-
de rien à propos de cette personne intègre à part l'insulte que vous avez inventée.
-
La plupart des gens se souviennent de Trump imitant et se moquant du journaliste Serge Kovaleski
-
à un rassemblement de campagne en 2015, battant des bras ou que sais-je.
-
Mais ce que Colker remarque dans son article, et même moi je l'avais oublié,
-
c'est que toute cette histoire a commencé parce que Trump avait frauduleusement déclaré
-
que la communauté musulmane du New Jersey
-
acclamait la chute du World Trade Center le 11 septembre.
-
Et Kovaleski, en bon journaliste, avait publié que...
-
bah, non en fait.
-
La situation entière a dégénérée en "ce comportement grossier
-
mettra-t-il en péril la campagne de Trump?"
-
au lieu de se rendre compte que Trump avait utilisé le validisme comme cheval de Troie pour l'islamophobie.
-
Il a recommencé quand il s'est moqué de joueurs de la NFL
-
s'étant agenouillés pendant l'hymne national,
-
ce faisant détournant avec succès l'attention
-
du problème majeur que constitue la violence policière envers les Noirs américains.
-
Et encore, quand il a décrit les immigrants haïtiens et africains
-
comme venant, je cite, "du trou du cul du monde" et qualifiant les Mexicains-américains
-
de dealers et de vi*leurs, tout ça pour courir le fait que son administration avait abrogé DACA,
-
une politique permettant à certains individus étant arrivés enfants aux États-Unis
-
de rester dans le pays.
-
Vous vous souvenez de ça?
-
Bien sûr que non, personne ne s'en souvient.
-
Et peut-être que tout ça à des airs d'histoire ancienne quand, au moment de la rédaction, Elon Musk
-
et une grappe de complices mange-merde de 4chan sont enfermés dans je ne sais quelle
-
chambre forte gouvernementale, appuyant sur contrôle + A + supprimer sur l'Amérique.
-
Mais c'est très pertinent, car c'est maintenant que l'utilisation d'insultes, de la diffamation
-
et de la déshumanisation par les élites est la plus incontrôlable et éhontée.
-
Revenons à la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour Suprême,
-
nomination faite par Trump.
-
À une époque où les investigations des accusations crédibles d'agression s*xuelle à l'encontre de Kavanaugh étaient en cours,
-
Trump s'est, bien sûr, moqué de la victime présumée,
-
le docteur Christine Blasey Ford...
-
Trump: "Comment t'es rentrée chez toi?
-
I don't remember.
-
Comment t'es arrivée là?
-
Je ne m'en souviens pas. C'était où? Je ne m'en souviens pas.
-
C'était il y a combien d'années?
-
"Je ne m'en-"
-
... se servant une fois de plus d'insultes pour obtenir un avantage politique
-
sous la forme d'un juge républicain conservateur de plus à la Cour Suprême.
-
Alors, est-ce que c'est vraiment la même chose que quand on me dit de grandir?
-
Oui.
-
Non.
-
Plus ou moins.
-
Ça serait une erreur
-
de penser que les insultes sont quelque chose dont seuls les méchants se servent.
-
Beaucoup de voix à l'unison: "Grandis!"
-
Il y a un écart qui se creuse au sein des internautes à tendance gauchiste
-
quant à la nécessité d'utiliser certaines insultes
-
afin de nous exprimer, d'alarmer, de paraître fort
-
et d'exposer nos arguments correctement et sans compromis.
-
Ou peut-être que les insultes reproduisent à peu près toujours des hiérarchies et
-
Elon Musk ne verra pas vos tweets grossophobes, mais vos potes avec une brioche, si.
-
Et évidemment, il y a toujours eu une différence idéologique
-
entre celleux qui croient à différents degrés que la politique identitaire
-
devrait passer après et nous distrait de la politique de classe.
-
Sous sa forme la plus clichée et dépourvue de nuance,
-
c'est un⋅e wokiste aux cheveux bleus qui se dispute avec un⋅e tankie,
-
les deux termes étant des insultes qui n'ont jamais l'air de faire mouche
-
ou de blesser qui que ce soit parce que, au fond, elles sont plutôt sottes.
-
Les communistes ont la même réaction au mot "tankie"
-
que les personnes gays au mot "sodomite".
-
Genre, comment tu viens de m'appeler?
-
C'est trop mignon.
-
Une tankie?? Oh, je suis une sodomite!
-
Et ouais.
-
Au vu de tout ça,
-
il n'y a en réalité que peu de choses que je peux affirmer sans l'ombre d'un doute sur les insultes.
-
Premièrement, c'est un domaine peu étudié.
-
On ne peut concrètement pas dire avec certitude
-
si c'est de la "praxis" de s'abaisser à insulter ou si c'est contreproductif de vouloir s'en détacher.
-
Il semblerait que nous n'ayons tout simplement pas la réponse.
-
D'autre part, comme je l'ai dit plus tôt, les insultes sont un outil utile aux élites de pouvoir
-
et elles sont utilisées par les ennemies du prolétariat
-
et des gens défavorisés pour détourner l'attention de et saper les réformes des droits civiques.
-
Il est donc intéressant que Ruth Colker, dans sa conclusion,
-
ne penche en faveur d'aucun côté de cette dichotomie.
-
Elle ne recommande ni l'utilisation ni le rejet des insultes.
-
Elle recommande une approche contextuelle.
-
Elle suggère que nous nous demandions quel est le contexte de l'insulte?
-
Qu'essayons-nous d'accomplir?
-
Et je trouve ça intelligent.
-
En plus de ça,
-
je peux déduire de son article que nous aurions tout intérêt à ne pas lâcher
-
et à nous concentrer sur l'origine des controverses, avant que les Trumps et les Musks de ce monde
-
ne transforment quoi que ce soit d'émancipatoire en un jeu d'ad hominem insensé.
-
Donc nous devrions apprendre de ce qu'il s'est passé avec Serge Kovaleski et ne pas perdre de vue
-
l'objectif tel qu'il existait avant toutes les tactiques de distraction.
-
Soulignons toutefois que,
-
pour autant qu'on ignore si, sans ambiguïté, les insultes reproduisent la hiérarchie,
-
nous pouvons en revanche affirmer avec une certaine assurance qu'elles reproduisent des groupes sociaux:
-
les siens et les autres.
-
Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose.
-
Ça n'est pas nécessairement une bonne chose.
-
C'est juste une chose... chose.
-
Comme dirait la professeure de psychologie Karina Korostelina:
-
Hoots: "une insulte est un acte social
-
construit mutuellement par des groupes sociaux
-
sur base de la frontière qui les sépare."
-
C'est-à-dire
-
qu'une des manières dont nous créons et renforçons des groupes sociaux
-
et les différences entre ces groupes, c'est via l'insulte.
-
Ce qui m'a poussé à réfléchir.
-
Quand quelqu'un dit "grandis",
-
c'est qui, les siens? Et c'est qui, les autres?
-
C'est pas les adultes et les enfants, n'est-ce pas?
-
Je ne pense pas que ces commentaires nous accusent, Sarah et moi,
-
d'être littéralement des enfants, surtout étant donné que
-
Sarah était visiblement enceinte, et j'ai l'air décrépit.
-
Vous avez vu les nouveaux essayistes vidéo qu'ils ont aujourd'hui?
-
Tirrrb et José María Luna? Des vraies peaux de chérubin!
-
Non, ils ne disent pas que nous sommes des enfants.
-
Ils disent que nous sommes autre chose, quelque chose de semblable à un enfant.
-
Alors on me dit de grandir, que tout le monde est corrompu ici bas
-
Alors boucle-la
-
Et si t'essayes
-
de répandre la justice, sache-le, on ne le peut car le monde est ainsi fait
-
Alors tu ferais mieux de grandir un peu.
-
Sarah, j'ai vraiment l'impression d'être une branleuse à faire ces parodies d'Hamilton, genre vraiment, c'est
-
immensément cringe.
-
Alors j'ai de nouveau écumé les commentaires et j'ai essayé d'y trouver un thème récurrent.
-
Je sais, j'adore me faire du mal,
-
mais c'était important de comprendre le sens profond de "Grandis."
-
Et là je me suis souvenue.
-
Je l'ai déjà dit.
-
"Moi, oui."
-
Qu'est-ce que moi, j'ai voulu dire?
-
Et je me souviens, j'employais "grandis" dans le sens
-
"sois plus Irlandaise, sois plus comme moi".
-
C'est arrivé pendant une dispute avec Sarah sur la façon d'être parent parce que Sarah est américaine
-
et je suis irlandaise, et la culture américaine semble mettre les partenaires romantiques
-
et la progéniture sur un pied d'égalité.
-
Alors que la culture irlandais est un peu plus orientée
-
autour des bébés et de la reproduction.
-
Donc nous valorisons les enfants d'une famille en quelque sorte plus que les adultes, il me semble.
-
Éclatez-vous en commentaires
-
si vous pensez que j'ai tort à ce sujet ou si vous pensez que l'une ou l'autre
-
de ces deux cultures est répugnante. Je pense que c'est juste une différence.
-
Du moins, je pense que c'est juste une différence
-
tant que ce n'est pas un sujet de dispute,
-
mais quand quelqu'un d'autre dit que ma culture a tort
-
et que je dois rétorquer que sa culture a tort,
-
il y a un outil à ma disposition, à portée de main.
-
"Grandis."
-
Il n'y a qu'une seule réponse objective ici.
-
Celle que seuls les adultes sont prêts à accepter.
-
Et avec cette lucidité, j'ai pu voir que ces commentaires correspondaient en effet à un modèle.
-
Pas un modèle qui saute aux yeux,
-
mais un qui révèle beaucoup sur notre compréhension implicite de la société
-
et du monde. Des hiérarchies que l'on partage
-
si profondément et inconsciemment que nous les apercevons rarement.
-
"Grandis" s'avère
-
être un genre d'insulte très spécial.
-
Mais afin de comprendre pourquoi, il faut passer à la deuxième
-
question la plus évidente: pourquoi être semblable à un enfant devrait être un problème?
-
Pourquoi c'est une insulte?
-
Pourquoi c'est pas bien?
-
Pourquoi, de toutes les manières possibles dont ou pourrait catégoriser les gens,
-
est-ce qu'on déteste ce groupe-là:
-
les enfants?
-
(Conclusion)
🎵 note de contrebasse 🎵
-
Alors pourquoi s'arracher les cheveux
-
parce qu'on nous dit de grandir?
-
Nan, c'est vraiment des conneries.
-
🎵 Solo de batterie jazz 🎵
-
C'est vraiment des conneries
-
parce que d'ici à ce qu'on arrive à la conclusion,
-
on ne va pas parler d'insultes du tout.
-
C'est comme un leurre, vous voyez?
-
Sarah: "Pourquoi tu ne parlerais pas de quelque chose de positif?
-
Les insultes, c'est juste le mauvais côté.
-
Il nous faut quelque chose d'encourageant."
-
Neilly: Je veux dire, écoute.
-
On va parler de trucs sympas faits d'espoir et d'amour.
-
C'est juste que... et... Le premier commentaire qu'on va recevoir, c'est
-
"pouquoi vous parlez de ça alors que le monde est en train de-"
-
− ça devrait pas être là, ça, mon cœur.
-
"Pourquoi vous parlez d'infantisme alors que, genre, vous savez, on va tous crever?"
-
Je le pense pas- Je suis désolée.
Sarah: "Et puis,
-
si on se condamne à ne parler que des pires choses,
-
alors on ne parlera plus que de ça
-
et les gens ne seront quand même pas contents."
-
🎵 ride de jazz 🎵
-
"Tu te prends encore trop la tête avec les commentaires."
-
Les deux: "Parle juste des enfants."
-
(Deuxième partie: pourquoi c'est accepté de détester les enfants?)
-
Avez-vous remarqué qu'il est plutôt socialement acceptable
-
de dire que vous détestez les enfants? Ou au moins, de dire que vous ne les aimez pas?
-
Il est clairement socialement acceptable de dire que vous ne les voulez pas dans vos pattes.
-
D'échanger un regard dédaigneux
-
avec un⋅e compagne⋅on de voyage parce que vous avez remarqué qu'il y a un bébé dans l'avion?
-
Ou de juger l'éducation d'un enfant qui pleure au supermarché?
-
Ou de garder un œil méfiant sur un groupe d'ados au cinéma?
-
Les espaces réservés aux adultes sont normatifs.
-
Et même les espaces qui autorisent les enfants ne le font que s'iels se tiennent comme il faut.
-
Est-il socialement acceptable pour un bébé qui pleure
-
d'être dans un grand restaurant
-
ou bien est-ce qu'on s'attend à ce que sa mère le batte jusqu'à ce qu'il se calme?
-
Peut-être la jugera-t-on pour avoir amené un bébé ici en premier lieu?
-
Allez voir.
-
Recherchez la phrase "je hais les enfants" parce que moi, je l'ai fait, et c'était pas joli.
-
Les gens sont méchants.
-
Les gens sont méchants envers des bébés.
-
J'ai trouvé des litanies entières, à différents niveaux de professionnalisme, dénigrant les enfants
-
parce qu'iels sont ennuyeux⋅ses ou bruyant⋅es, parce qu'iels prennent de la place,
-
jugeant les parents trop laxistes sur la discipline, opinant que les enfants
-
ne devraient pas être autorisés en public jusqu'à ce qu'iels apprennent à se tenir comme il faut.
-
Voici un exemple:
-
un article australien a rapporté que, pendant un débat public
-
sur la question d'autoriser les chiens dans les cafés,
-
la conversation est vite passée des chiens, qui ne posaient finalement pas problème,
-
aux enfants, qui étaient vu⋅es comme la réelle menace à la paix, la détente et l'ordre public.
-
L'article cite l'opinion d'une personne sur le sujet:
-
Talis: "J'aimerais beaucoup voir cela aller plus loin
-
et retirer tous les enfants des lieux publics...
-
Les lieux touristiques et les options de voyage devraient être classifiées comme
-
acceptant ou non les enfants,
-
faire en sorte que ces choses dégoûtantes voyagent dans leurs propres wagons et avions
-
et vivent dans leurs propres espaces.
-
Le monde serait un bien meilleur endroit
-
si tous les enfants étaient enfermés jusqu'à ce qu'iels soient assez grand⋅es pour se tenir."
-
Cette idée que les enfants, une catégorie de personnes,
-
devraient être confinés à des sphères privées n'est apparemment pas polémique.
-
Pour les jeunes enfants, cette discrimination est justifiée
-
en évoquant leur agitation ou leur vulnérabilité −
-
soit iels sont trop turbulent⋅es pour pouvoir accéder aux espaces publics,
-
soit iels sont trop vulnérables, facilement corrompus,
-
ou "kidnappables" ou de manière générale affecté⋅es quand on les autorise en public.
-
Les enfants plus âgé⋅es, en revanche, ne sont pas perçu⋅es comme vulnérables, mais plutôt comme des criminel⋅les.
-
Comme le dit un article:
-
Rohan Davis: "À partir d'environ 12 ans,
-
la société adulte ne considère plus les enfants (particulièrement les enfants racisé⋅es)
-
comme des propriétés impuissantes, mais plutôt comme des criminels téméraires
-
dénué⋅es de tout sens de la responsabilité
-
ou de compréhension de leur vie.
-
Par conséquent, les jeunes sont chassé⋅es de l'espace public."
-
Les adolescent⋅es sont régulièrement ouvertement profilé⋅es ou exclus de l'espace public.
-
Pensez au "Mosquito", un appareil qui émet un son à haute fréquence
-
que les adolescent⋅es peuvent entendre mais pas les adultes.
-
Installer le "Mosquito"
-
dans des parcs ou en dehors des bâtiments empêche les adolescent⋅es de "flâner".
-
Vous savez, le délit d'exister en public sans dépenser d'argent.
-
C'est une contrainte qui impacte particulièrement les adolescent⋅es
-
qui ont tendance à avoir très peu d'argent et très peu d'endroits où aller.
-
Le "Mosquito" est largement utilisé en Australie, en Amérique du Nord et en Europe
-
malgré le fait qu'il contrevienne à des articles sur les droits humains
-
à la fois de la Convention Européenne des Droits de l'Homme
-
et du Pacte International relatif aux Droits Économiques, Sociaux et Culturels
-
et qu'il est capable de provoquer des dommages physiques chez les enfants
(Est-ce dangereux?)
(OUI !)
-
avec des symptômes tels que des vertiges, des maux de tête, de la nausée et des troubles sensoriels.
-
Le risque est le plus élevé chez les enfants non-verbales⋅aux et les nourrissons
-
qui pourraient être exposé⋅es au son de façon prolongée par des parents qui ne peuvent elleux-mêmes
-
et donc ne savent pas pourquoi leur enfant est en détresse.
-
Et oui,
-
ce biais envers les enfants est impacté par d'autres mécanismes de marginalisation,
-
en particulier, la race et la classe.
-
Des espaces auxquels les enfants privilégié⋅es peuvent accéder librement, comme les parcs et les écoles,
-
sont souvent inaccessibles à des enfants de groupes minoritaires.
-
Ici en Irlande,
-
les enfants Travellers sont techniquement encouragé⋅es à fréquenter l'école publique,
-
mais iels font face à une discrimination continue, allant d'une invisibilisation plus bénigne −
-
leur culture et langue sont absentes du cursus irlandais −
-
à des formes plus extrêmes d'hostilité venant de leurs camarades et enseignant⋅es.
-
Tout ceci fait que les enfants Travellers
-
sont incité⋅es à arrêter l'école plus tôt.
-
Comme le dit un Traveller:
-
Caelan Conrad: "Mes parents voulaient que j'aille à l'école,
-
mais à cause de la discrimination qu'il y avait à l'école secondaire,
-
je suis parti après 6 mois d'école secondaire...
-
J'ai juste pas tenu le coup.
-
J'étais vraiment bon élève.
-
Je ne m'attirais jamais d'ennuis,
-
je n'ai jamais été renvoyé chez moi.
-
On m'appelait "k****er",
-
"t'es qu'un sale g***n,
-
va te laver"."
-
On dénie d'ailleurs souvent aux enfants racisé⋅es leur enfance.
-
Elliot Sang: "Les préjugés racistes traitent les enfants Noir⋅es
-
comme plus fort⋅es physiquement,
-
plus au fait de la sexualité, moins innocent⋅es, moins sensibles à la douleur,
-
et plus coupables que les enfants Blanc⋅hes.
-
Cette exclusion montre que le droit à l'idéal de l'enfance n'est pas inné
-
mais est en fait un privilège qui est largement exclusif aux enfants Blanc⋅hes."
-
C'est quelque chose qui devrait nous être à tous⋅tes familier
-
à travers des cas médiatisés
-
comme Tamir Rice, 12 ans,
-
qui jouait avec un faux pistolet dans un parc, quand des policiers lui ont tiré dessus.
-
Ou Trayvon Martin, 17 ans, qui marchait en public,
-
abattu par un vigilante pour le crime de rentrer chez soi du supermarché.
-
L'homme qui l'a tué, George Zimmerman,
-
qui peint durant son temps libre des images comme celle-ci,
-
a été acquitté de toutes les charges.
-
Le jury clairement d'accord qu'un enfant Noir sans arme sortant d'un magasin
-
constituait un comportement suffisamment suspect pour justifier le meurtre.
-
De prime abord paradoxalement, les adultes Noir⋅es sont souvent perçu⋅es comme moins matures,
-
ce qui montre la mutabilité de ces catégories,
-
la manière dont on invoque la condition d'adulte pour faire paraître les enfants racisé⋅es comme dangeureux⋅ses
-
et la condition d'enfant pour faire paraître les adultes
-
comme ne méritant pas de droits.
-
Dans tous les cas, nous nous servons de l'âge
-
comme d'un outil de contrôle et de terreur.
-
Mais heureusement,
-
(Troisième partie)
il y a un courant philosophique cherchant à questionner la morale de cette assertion.
-
(L'infantisme)
Ça s'appelle l'infantisme, et c'est exaltant.
-
C'est nouveau.
-
C'est compatible avec les buts de la gauche.
-
Et ça semble concorder
-
avec beaucoup de ce que nous avons exploré ces quelques dernières années.
-
Mais avant de continuer, comme le feraient de meilleurs essais vidéo,
-
il nous faut expliquer le terme.
-
Du coup, l'infantisme peut faire référence à deux concepts distincts.
-
Le premier, c'est la discrimination envers les enfants.
-
C'est un "-isme" de la même façon que le "rac-isme" décrit
-
la discrimination des gens de races différentes.
-
La deuxième conceptualisation de l'infantisme est une philosophie
-
qui propose des relations plus égalitaires
-
entre les adultes et les enfants.
-
C'est un "-isme" de la même façon que le "fémin-isme" propose des relations plus égalitaires
-
entre les genres.
-
Dans cet essai, lorsque nous parlons d'infantisme, nous ferons référence à la philosophie,
-
à l'idée fondamentale que les enfants sont des personnes,
-
et par-dessus tout à la responsibilité qui nous incombe de reconfigurer la société
-
pour qu'elle réponde à la fois aux besoins des enfants et des adultes,
-
parce que pour le moment, elle ne sert que ces derniers.
-
Et les enfants sont des personnes,
-
prenez vraiment un instant pour y réfléchir,
-
les enfants sont des personnes.
-
Ça n'a pas l'air révolutionnaire de dire que les enfants sont des personnes,
-
mais quand on prend le temps d'examiner la façon dont on opère, il apparaît clairement
-
que nous ne voyons pas les enfants comme des personnes.
-
Nous les voyons comme de futurs adultes, ou des "presque personnes".
-
Ça remonte jusqu'à Aristote, qui soutenait que
-
la forme mature d'un organisme est sa forme définitionnelle, qui remplit son véritable rôle.
-
Toutes les étapes y menant sont orientées vers le statut d'adulte.
-
Mais plutôt que de voir ça comme une conceptualisation aristotélicienne,
-
nous aurons plus tendance à voir les enfants à travers le prisme de la psychologie du développement,
-
comme quelqu'un⋅e qui n'a pas encore totalement développé sa capacité d'empathie
-
ou sa réelle capacité visuelle.
-
C’est ainsi que Piaget a décrit les enfants comme existant à différents stades de l’être
-
qui sont définis par un déficit lorsqu’on les compare à une norme adulte présupposée.
-
Et même si on ne pense pas consciemment aux enfants comme étant des adultes déficient⋅es,
-
nous les voyons souvent comme des êtres en cours de réalisation,
-
qui devraient être soutenu⋅es dans ce processus par celleux au pouvoir, les adultes,
-
jusqu'à temps qu'un⋅e tel⋅le enfant développe ses pleines capacités
-
et franchisse ellui-même le seuil de l'âge adulte,
-
grandisse.
-
On pense souvent à l'enfant comme une sorte d'évolution miniature
-
D'abord, on est un nourrisson et on ne voit pas bien,
-
on ne sait pas parler, on ne sait pas marcher, etc.
-
Puis on est un bébé,
-
on sait parler, on sait marcher... un peu,
-
mais on ne peut pas vraiment appréhender des plans sur le long terme ou des opérations complexes,
-
et puis on et un⋅e enfant, puis un⋅e adolescent⋅e.
-
Il y a toujours des jalons qu'on est censé⋅es atteindre dans notre développement.
-
Et enfin, l'âge adulte.
-
On a atteint sa forme finale.
-
Ceci est un concept philosophique appelé "récapitulation"
-
selon lequel le développement de chaque enfant reflète la philogenèse de l'espèce humaine.
-
Et tout comme la mauvaise interprétation moderniste de la théorie de l'évolution,
-
nous croyons que la forme ultime est la meilleure,
-
l'objectif à atteindre,
-
le Tortank.
-
C'est la raison pour laquelle les gens nous disent de grandir:
-
il est malséant que nous n'ayons toujours pas atteint notre forme adulte.
-
Mais c'est une erreur de penser l'évolution hiérarchiquement.
-
Les hominoïdes ne sont pas meilleurs que les singes,
-
ils se sont adaptés à des environnements différents,
-
Et les Tortanks ne sont tout simplement pas réels.
(TORTANK!)
-
De la même façon, le darwinisme social
-
était une mauvaise application de l'évolution.
-
Percevoir certaines sociétés
-
comme plus évoluées que d'autres alors qu'elles étaient simplement adaptées différemment.
-
L'idée que vous ne seriez pas une personne tant que vous n'avez pas atteint ces jalons dans votre développement
-
est essentiellement la même que celle selon laquelle vous ne seriez pas une personne
-
si vous ne correspondez pas à la norme parce que vous avez, par exemple, un handicap.
-
Peut-être que vous avez une mauvaise vue, comme un nourrisson,
-
peut-être que vous avez de piètres aptitudes sociales, comme un jeune enfant,
-
peut-être que vous régulez mal vos émotions, comme un⋅e adolescent⋅e.
-
Le validisme interagit si fortement avec l'adultisme
-
qu'on dirait presque la même chose.
-
C'est cette idée que le respect n'est gagné que par maturation vers cet idéal de l'adulte,
-
un être physiquement et émotionnellement indépendant.
-
Zoe Bee: "L'infantisme dissout cette dichotomie entre les adultes indépendants
-
et les jeunes enfants dépendants en mettant l'emphase sur l'interdépendance
-
à différents niveaux comme étant fondamentale à l'existence humaine.
-
Les émotions et l'agentivité des êtres humains
-
se forment à travers des relations avec d'autres êtres humains
-
(et leurs émotions et agentivité) ainsi qu'avec des non-humains,
-
c'est-à-dire, les animaux, les microbiomes, le climat, etc.
-
Cela remet en question les notions de liberté et pose la question:
-
Que signifie réellement la liberté
-
à la lumière de la compréhension des relations sociales et plus-que-sociales comme caractérisées par l'interdépendance,
-
et à la lumière de l'expérience et des pratiques des enfants de cette interdépendance entre êtres humains
-
ainsi qu'entre les humains et les espèce et la matérialité non-humaines."
-
L'infantisme nous demande de ne plus assimiler la dépendance à la soumission,
-
mais plutôt de tous⋅tes se voir comme partiellement dépendant⋅es
-
et partiellement indépendant⋅es en toiles toujours fluctuantes d'interdépendance
-
Même la personne la plus indépendante dépend quand même de la société humaine.
-
Et tout période d'indépendance relative sera brève,
-
prise en sandwich entre nos débuts en tant que bébés
-
et notre expérience de formes de handicap grandissantes.
-
Alors, pourquoi ne pas abolir la hiérarchie, et accepter le fait
-
que nous ne faisons jamais rien de vraiment indépendant.
-
Même les bébés, comme je viens de l'apprendre en donnant le sein,
-
c'est un effort coopératif
-
entre le bébé et moi, où chacun apprend et s'ajuste à l'autre
-
pour que cela fonctionne.
-
Ce n'est pas quelque chose que je peux imposer au bébé.
-
L'infantisme, à son niveau le plus basique, souligne que les enfants sont des personnes.
-
Les enfants sont des personnes.
-
Mon bébé est une personne
-
avec une expérience physique du monde, et une expérience sociale du monde.
-
Iel a des besoins qui diffèrent de ceux des adultes,
-
et ça ne rend aucunement ces besoins moins importants.
-
Iel a le droit de s'exprimer socialement
-
sans que cette expression soit considérée comme désagréable,
-
sans que son expérience sociale, ses besoins ou son expression de soi
-
ne soient réduits à un quelconque désagrément pour je ne sais quels adultes à proximité.
-
Donc, si nous sommes réellement prêt⋅es à s'y attaquer, à quoi ça ressemblerait?
-
Dire que les enfants ont des droits, que les bébés ont des droits,
-
de certaines façons, nous fait repenser ce que nous entendons par "droits",
-
parce que je ne crois pas que mon bébé devrait déposer un bulletin de vote dans l'isoloir,
-
non seulement car je ne pense pas que la société en bénéficierait,
-
mais parce que je ne pense pas qu'iel en bénéficiera.
-
Je ne pense pas que, quand un⋅e enfant veut exclusivement manger de la glace,
-
sa parente viole ses droits humains fondamentaux si elle lui fait manger des carottes.
-
Mais ces exemples reflètent une vision des droits
-
qui est très individualiste, et poussés à l'extrême,
-
ils nous amènent à des raisonnements très malaisants.
-
Je cite fréquemment Firestone, De Beauvoir et Foucault sur cette chaîne,
-
et bien que j'apprécie vraiment beaucoup de leurs travaux,
-
iels abordent tous⋅tes ce phénomène et en tirent honnêtement de mauvaises conclusions.
-
Iels ont tous⋅tes des problèmes avec la hiérarchie,
-
et iels souhaitent tous⋅tes que les enfants soient nos égales⋅aux,
-
mais iels semblent bloquer sur l'idée que traiter les enfants comme nos égales⋅aux,
-
implique de leur donner le champ libre,
-
car, à bien des égards, iels perçoivent la liberté comme un droit étalon,
-
et certains de leurs textes deviennent indéfendables
-
quand, à différents niveaux,
-
iels explorent cela dans le contexte de relations sexuelles entre adultes et enfants −
-
et je sais que toute philosophie poussée à l'extrême peut paraître problématique,
-
mais... Simone, Shulamith, Michel... là, c'est pas ça.
-
Et si au lieu d'accorder de la valeur à la liberté ou à l'indépendance
-
comme le standard ultime du respect, on choisissait d'autres droits,
-
comme le "care"?
-
Le droit à la sollicitude, le droit de voir ses besoins satisfaits.
-
Le droit est le même
-
que l'on parle d'un adulte ou d'un⋅e enfant.
-
Nous avons tous besoin d'un toit, de nourriture,
-
de liens, ou encore le droit à la communauté,
-
c'est-à-dire le droit de voir ses besoins pris en compte
-
pendant les décisions de groupe, le droit d'accès aux espaces,
-
le droit d'être entendu⋅e,
-
le droit d'être un⋅e participant⋅e actif⋅ve dans le monde
-
plutôt que laisser le monde nous affecter.
-
Alors, ça ressemblerait à quoi?
-
Et bien, je suis une immigrante, du coup mes préconceptions sur le fonctionnement de la vie
-
sont constamment remises en question.
-
Parce que certains aspects de la vie fonctionnent assez différemment ici, en Irlande.
-
Et les enfants sont traité⋅es très différemment ici comparé aux États-Unis.
-
Prenons comme exemple ce centre communautaire très irlandais:
-
le pub.
-
Les pubs contiennent les mêmes éléments que les bars aux États-Unis.
-
Ils peuvent avoir des étagères d'alcools forts.
-
Ils peuvent avoir des écrans diffusant du sport.
-
Il peut y avoir de la musique.
-
Il ne fait aucun doute qu'ils ont des habitué⋅es,
-
peut-être avec quelques problèmes d'abus de substance,
-
mais il y a aussi des enfants,
-
et même pas nécessairement des enfants sages,
-
mais des enfants qui courent dans nos pattes, des enfants qui pleurent,
-
des enfants que les parents ne contiennent pas du tout.
-
L'année dernière, je suis allée boire un verre au pub
-
sans me rendre compte que c'était le moment des confirmations
-
et j'y ai trouvé des tonnes d'enfants.
-
Iels étaient sur leur trente-et-un,
-
courant d'un bout à l'autre du pub,
-
braillant joyeusement pendant que leurs parents se la mettaient à l'envers.
-
Ce n'était pas un événement privé,
-
le pub n'avait pas été loué,
-
c'est juste socialement acceptable pour les enfants ici,
-
même les enfants dopés au sucre et à l'air de fête,
-
de partager un lieu social avec des adultes.
-
Les enfants ici sont plus proches d'avoir leur droit à la communauté reconnu.
-
Un autre exemple: parlons du Japon.
-
Le degré auquel l'infrastructure est conçue
-
pour satisfaire les besoins des enfants est très différent là-bas.
-
Je me souviens avoir déménagé au Japon et vu pour la première fois
-
un⋅e enfant de cinq ans marcher avec assurance sur le trottoir... seul⋅e,
-
pas un parent en vue.
-
En tant qu'ancienne instit' de maternelle aux États-Unis,
-
faire sortir ma classe n'importe où en dehors du bâtiment était terrifiant,
-
un événement que nous évitions le plus possible.
-
Mais au Japon, même dans les grandes villes,
-
les enfants marchent seul⋅es.
-
N'en concluez pas que
-
les enfants japonais⋅es sont plus matures ou plus sages.
-
alors que le Japon a des différences culturelles et structurelles
-
qui permettent aux enfants de sortir en public.
-
Les trottoirs sont larges et généreux,
-
les limitations de vitesse sont basses,
-
on enseigne aux enfants de lever les bras quand iels traversent la route
-
afin de se rendre plus visibles.
-
Mais en même temps, les conducteur⋅ices s'attendent à ce que des enfants utilisent les passages pour piétons,
-
donc iels font attention aux enfants sur les passages piétons.
-
Aux heures où les enfants ont tendance à se rendre à ou rentrer de l'école,
-
des réseaux d'adultes volontaires se placent le long de routes fort fréquentées,
-
pour qu'iels puissent surveiller en cas de danger.
-
Il y a un programme télévisé japonais populaire,
-
intitulé "Hajimete no otsukai",
-
qui documente le rite de passage des enfants
-
faisant leur première emplette en solo.
-
Des caméramans suivent ces enfants, âgé⋅es de 2 à 5 ans,
-
alors qu'iels parcourent des centres-villes bondés, ou des paysages ruraux sauvages,
-
pour ramener un sachet de poisson à la maison,
-
ou pour apporter des cookies à leur grand-mère.
-
Iels font cela complètement par elleux-mêmes.
-
Et l'émission est vraiment vraiment charmante.
-
Je le recommande.
-
L'infrastructure publique au Japon
-
est conçue, dans une certaine mesure, avec les enfants à l'esprit.
-
C'est une impression très différente de la façon dont on vit dans le monde anglophone.
-
Comme le dit un article:
-
Cogito: "Les parents de tous milieux socio-économiques dans les villes occidentales
-
considèrent que l'espace public est dangereux pour les enfants,
-
une inquiétude alimentée par le battage médiatique autour du "stranger danger"
-
et une société de plus en plus réticente au risque.
-
Ainsi, les enfants qui se quand même dans la rue sans adulte
-
sont souvent considérés avec un mélange de suspicion et d'inquiétude.
-
Ces opinions paradoxales partagent l'avis
-
que les enfants devraient rester dans des endroits conçus pour elleux
-
tels que l'école, la maison, les activités extrascolaires
-
ou la cour de récré."
-
Ceci est tiré d'un article de recherche intitulé "No Messing Allowed",
-
qui a examiné la façon dont les enfants perçoivent les lieux publics de Dublin.
-
Alors ne laissez pas trop ma vision romancée du pub vous influencer,
-
les enfants ici restent assez marginalisé⋅es
-
quant à l'accès aux lieux publics
-
au-delà de ceux explicitement conçus pour elleux
-
avec des fonctions déterministes spéciales
-
comme une cour de récréation en bonne et due forme littéralement délimitée
-
plutôt qu'une grande avenue sans voitures
-
qui favoriserait plus de jeu libre et créatif,
-
et, bon Dieu, ce que Dublin en a besoin!
-
Je suis sûre que beaucoup d'Américain⋅es qui sont allé⋅es en Irlande −
-
et par "Irlande", iels veulent juste dire "Dublin" − se disent
-
"mais, Dublin n'est-elle pas tout simplement idyllique?"
-
et c'est précisément le problème.
-
Dublin est si exclusivement axée sur le tourisme,
-
sur une présentation pittoresque et fleur bleue de l'Irlande
-
afin d'extorquer un maximum d'argent desdits touristes,
-
qu'elle néglige ses habitant⋅es de manière générale, et tout particulièrement les enfants.
-
Il y a quelques années, la sécurité au Temple Bar −
-
un pub réputé pour proposer les boissons les plus chères d'Irlande,
-
et pour être un endroit où aucun⋅e Irlandais⋅e qui se respecte ne mettrait les pieds −
-
s'est fâchée contre deux enfants, treize et seize ans respectivement,
-
qui faisaient du skateboard sur la grand-rue piétonne en dehors du pub.
-
Donc... vous savez, des enfants en public, faisant usage de la rue,
-
rendant probablement l'ambiance
-
moins propice à la vente de pintes à 30€ ou que sais-je,
-
du coup, le pub est maintenant également réputé pour avoir des vigiles qui agressent les enfants
-
qui ont l'audace de jouer dans l'espace public.
-
Sans déconner, boycottez le Temple Bar,
-
mais c'est pas du joli ailleurs non plus.
-
Un article sur les enfants en milieux urbains s'est concentré sur un quartier de Los Angeles,
-
plus particulièrement, le quartier autour de la South Central Avenue, au sud-est de Los Angeles,
-
une zone principalement à faible revenus et à forte densité
-
où les résidents sont majoritairement latino-américain⋅es et Noir⋅es.
-
Les enfants sont marginalisé⋅es de la même façon qu'évoquée plus tôt −
-
peu de lieux de rassemblement, des rues où se déplacer est risqué,
-
etc, etc, vous comprenez l'idée −
-
mais aussi via des facteurs spécifiques à cette zone,
-
comme la criminalisation et l'institutionnalisation.
-
L'autrice de l'article, Meredith Abood,
-
documente que les enfants naviguent des espaces régimentés chaque jour.
-
La majorité des enfants suit des programmes extrascolaires,
-
ce qui signifie qu'iels sont dans un cadre institutionnel
-
de 7h30 jusqu'à 18h chaque jour,
-
mais quand on les interroge, seulement 9% des élèves de 10 à 11 ans disent apprécier leur programme extrascolaire,
-
et, au vu des écrits d'Abood, je ne leur reproche pas de ne pas les aimer:
-
José María Luna: "Les enfants dans le programme sont,
-
pour la plupart, institutionnalisé⋅es, discipliné⋅es et contrôlé⋅es.
-
Il est courant d'imposer aux élèves de mettre les mains sur la tête jusqu'à obtention du silence
-
(ce qui peut souvent durer 20 minutes),
-
ou qu'iels ne peuvent pas aller jouer avant de former une file parfaitement droite
-
(ce qui veut dire qu'iels sont souvent immobiles en file pendant 15 minutes
-
avant d'être "libéré⋅es" et d'avoir l'autorisation de jouer).
-
Les élèves qui se conduisent mal (parce qu'iels refusent de travailler silencieusement sur leurs devoirs
-
ou ne gardent pas les mains sur la tête pendant la totalité des 5 minutes)
-
sont "mis au coin" et passent la majorité des trois heures assis⋅es tout seul la tête baissée.
-
assis⋅es tout seul la tête baissée.
-
S'iels ont de la chance, iels devront juste ramasser 50 détrituts
-
(comme s'iels étaient des criminel⋅les reconnu⋅es en liberté conditionnelle). [...]
-
Il est néanmoins remarquable que les élèves remettent rarement en question cet environnement hyper-discipliné
-
parce qu'iels ne peuvent imaginer rien d'autre.
-
Dans un environnement construit qui restreint leur amusement,
-
leur autonomie, et leur liberté,
-
où la police peut fouiller les enfants et les jeunes sans raison,
-
et où plus d'argent est investi dans les prisons que les écoles,
-
les enfants ne se rendent souvent même pas compte
-
qu'iels peuvent demander ou s'attendre à quoi que ce soit de plus."
-
Je trouve particulièrement frappant que cette population d'enfants
-
est aussi principalement composée d'enfants racisé⋅es,
-
des enfants qui ne bénéficient pas de la même présomption d'innocence impuissante
-
que leurs pairs Blanc⋅hes.
-
Comme le dit un article sur l'enfance des filles Noir⋅es:
-
Ember Green: "Le genre et la sexualité racisées
-
(i.e., les genres et sexualités Noires) dans et sous la suprématie Blanche et la colonisation
-
nient et anéantissent l'idée-même de subjectivation
-
et les catégories "enfant", "enfance", "enfance féminine" et "humain⋅e".
-
Ce qui découle de telles configurations,
-
c'est le déni de l'innocence dans le sens traditionnel du mot,
-
où être Noir⋅e efface la naïveté, l'ignorance et l'exemption de responsabilité."
-
Ou, pour le dire plus crûment:
-
les enfants racisé⋅es ne bénéficient pas de la présomption d'innocence
-
que l'on octroie systématiquement aux enfants Blanc⋅hes.
-
On domine et on soumet les jeunes juste parce qu'on le peut.
-
Et dans le cas d'enfants racisé⋅es, on est encore plus cruel⋅les et dur⋅es,
-
créant un scénario potentiel
-
où les enfants passent de l'institutionnalisation sur base de leur âge
-
à l'institutionnalisation sur base de leur race:
-
le pipeline école-prison.
-
Et je vous demande sincèrement: est-ce comme cela qu'on souhaite traiter les gens?
-
Est-ce comme cela qu'on veut que notre société fonctionne?
-
Vous avez entendu le bébé dans le fond?
-
En fait, Neilly vient de le faire sortir,
-
mais je crois que vous en avez entendu des bribes.
-
Iel est ici et on fait pas sa pour se la péter
-
Je veux dire, vous pensez peut-être que j'essaie d'en tirer profit
-
ou devenir une maman blogueuse
-
mais ce n'est pas le cas, ne vous en faites pas.
-
Je n'ai pas l'intention de le⋅a faire apparaître en vidéo,
-
nous ne sommes pas ce genre de chaîne,
-
et comme beaucoup d'entre vous,
-
je me préoccuperais de l'éthique
-
d'exposer quelqu'un⋅e à une vie publique à laquelle iel n'a pas consenti.
-
Mais ceci est également mon travail, et je pense qu'on devrait autoriser les enfants sur les lieux de travail.
-
Et je sais, ça peut conduire à une productivité réduite −
-
ça a été le cas aujourd'hui −
-
et bien sûr, peut-être pas tous les lieux de travail, certainement les dangereux,
-
mais le système que nous avons actuellement requiert une institutionnalisation
-
Le système que nous avons demande aux tuteur⋅ices de soit
-
abandonner complètement leurs carrières pour se concentrer sur leurs enfants
-
ou segmenter leur journée en sections où iels sont isolé⋅es de leurs enfants
-
et où leurs enfants sont gardé⋅es,
-
et j'ai pas envie de faire l'un ou l'autre.
-
J'aime beaucoup le fait que la plupart des pays européens ont des congés maternités généreux,
-
mais je serais aussi plutôt triste
-
si je passais chaque seconde de mon congé maternité
-
à exclusivement m'occuper du bébé
-
et à complètement négliger mes propres besoins de stimulation intellectuelle ou de participer à la vie sociale.
-
On devrait autoriser les bébés en public pour leur propre bien, certes,
-
mais cela permettrait aussi à leurs parents de maintenir leur accès à l'espace public.
-
Et c'est pour ça que le bébé est ici,
-
parce qu'iel est un⋅e nouveau-né⋅e, et on ne peut pas le⋅a laisser seul⋅e,
-
parce je lui donne le sein toutes les quelques heures,
-
parce que je ne veux pas le⋅a placer en crèche.
-
Et si vous me prenez moins au sérieux en tant que penseuse ou en tant que professionnelle
-
parce que j'ai un bébé attaché à la poitrine,
-
c'est votre adultisme qui se montre.
-
Tout ce j'ai abordé aujourd'hui devient d'autant plus déprimant
-
quand on voit ce que veulent réellement les enfants,
-
et à quel point ça serait simple pour nous de le leur donner.
-
Quand on leur demande, les enfants veulent être intégré⋅es
-
et estimé⋅es dans leurs communautés.
-
Iels veulent se sentir en sécurité.
-
Et iels veulent être capables de se promener dans leur quartier.
-
Iels veulent être capables de mener diverses activités,
-
comme faire du sport ou explorer.
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Iels veulent de l'art public.
-
Iels veulent des espaces verts.
-
Iels veulent des interactions tangibles avec la nature.
-
Iels veulent des endroits où retrouver leurs pairs
-
et, celui-là était particulièrement touchant,
-
des espaces où iels peuvent se mêler à des enfants de milieux ethniques et religieux différent des leurs.
-
Du coup, genre, iels veulent ce qu'on veut tous⋅tes, mais... à leur échelle,
-
utilisable pour elleux:
-
des sculptures publiques qu'iels peuvent escalader,
-
un éclairage adéquat pour les endroits sombres,
-
des mangeoires à oiseaux,
-
des murs à graffitis sur lesquels iels pourraient peindre,
-
des sièges protégés des éléments, ...
-
Ça a pas l'air chouette?
-
J'hésite à donner des exemples concrets
-
de quels changements nous devrions instaurer pour les enfants
-
parce que je ne suis pas une enfant.
-
Je concevrais sûrement en fonction d'une image idyllique de l'enfant,
-
mais les enfants ne sont pas un concept,
-
iels sont une multitude,
-
iels peuvent nous dire ce qu'iels veulent.
-
On devrait inviter les enfants au débat, et pas en tant que tokens,
-
mais avec l'intention de réellement les considérer et de les prendre au sérieux.
-
Autrement, on continuera de perpétuer un cadre injuste et adultiste, comme le dit Abood:
-
José María Luna: "Si les enfants et la jeunesse n'ont pas de moyen de s'encapaciter
-
et de donner forme à leurs communautés, iels resteront les victimes d'un monde adulte
-
qui leur a continuellement démontré qu'il n'en avait rien à faire."
-
J'aime bien les enfants.
-
J'aime bien quand des enfants partagent mes itinéraires.
-
J'aime bien quand des enfants courent dans nos pattes au pub.
-
Je ne crois pas que les enfants devraient être confiné⋅es à une gamme limitée
-
d'espaces pour les enfants comme des aires de jeux clôturées.
-
Mais aimer ou non les enfants ne devrait pas avoir d'importance
-
parce que ce sont des personnes.
-
Iels ont tout autant le droit de faire partie de la vie publique que vous,
-
peu importe vos sentiments sur le sujet.
-
🎵 note de contrebasse 🎵
(Conclusion)
-
On ne peut pas forcer nos spectateur⋅ices
-
à se soucier des enfants.
-
On ne peut pas forcer-
-
(Clic bruyant)
-
Neilly, qu'est-ce qu'il s'est passé??
-
(Quatrième partie)
🎵 batterie de jazz 🎵
-
J'en sais rien,
-
on n'a pas le budget de PhilosophyTube, que je sache!
-
🎵 la batterie continue 🎵
(Les enfants en politique)
-
J'ai récemment passé du temps dans une maternité.
-
C'était intéressant.
-
Il y avait une atmosphère de tension et d'excitation et... de magie, en réalité,
-
et d'horreur et de dégoût et de banalité et, parfois, de tragédie.
-
On a eu du temps pour s'imprégner de tout ça.
-
Sarah est restée là-dedans pendant presque dix jours à accoucher.
-
Il a fallu provoquer son accouchement
-
et malheureusement, ce n'était pas une induction très réussie
-
et le⋅a petit⋅e Bábóg a eu quelques problèmes pour venir au monde.
-
Concrètement, des contractions, mais pas de dilation, pas de progrès
-
juste un petit bébé coincé là-dedans, écrasé par un utérus,
-
montrant des signes vitaux de plus en plus alarmés et alarmants,
-
et bien sûr, Sarah dans l'agonie la plus totale, mais un peu pour aucune raison.
-
On s'est bien occupé de nous.
-
Les soins de maternité sont très bons en Irlande,
-
et c'était particulièrement frappant pour Sarah
-
en tant qu'Américaine où les résultats des maternités sont statistiquement mauvais.
-
D'ailleurs, le taux de mortalité n'est pas juste élevé aux États-Unis, il augmente activement.
-
Et on sentait que le personnel là-bas, à Galway, un assortiment de docteur⋅es,
-
infirmier⋅ères, étudiant⋅es en médecine et sage-femmes, était totalement investi.
-
Le cœur à l'ouvrage, réalisant leur vocation,
-
du moins de mon point de vue, j'ai trouvé ça −
-
et peut-être que j'ai un peu l'air d'une branleuse à le dire comme ça − mais
-
j'ai trouvé ça très authentique.
-
C'est juste une expérience tellement authentique d'avoir un bébé.
-
Je veux dire,
-
quand iels ont soulevé notre bébé,
-
notre nexus flambant neuf de potentiel et de beauté inimaginables,
-
et que les frontières de la réalité étaient aussi brouillées que ma vision par mes larmes
-
et que la force de l'amour lui-même,
-
qui avait pris une inspiration si profonde,
-
relâcha enfin son souffle.
-
J'ai trouvé ça authentique, vous savez, genre, quelque chose se passait.
-
Mais peu importe, ce n'est pas le sujet de l'histoire.
-
Il y avait une autre partie à cette anecdote.
-
Il y a eu un moment où je me tenais face à l'hôpital et je tenais des burritos.
-
Je venais d'acheter ces burritos médiocres, ok?
-
Et j'ai ressenti, en me tenant là,
-
que je me tenais entre deux mondes très différents.
-
D'un côté, se trouvait ce lieu, cet hôpital magique,
-
où des gens remplissaient leur vocation −
-
cette affaire de naissance et de médecine, de soin, vraiment assez difficile et compliquée et imprégnée d'horreur corporelle et chargée émotionnellement.
-
Et de l'autre côté, au-delà du passage piéton et de la route fréquentée,
-
il y avait... Tesco
-
et des burritos
-
et des pubs de chaîne et des usurier⋅ères.
-
Et on attend plus ou moins de nous qu'on pense
-
que ces deux côté sont le même monde
-
voire même, que le monde de l'hôpital dépend pour sa survie et viabilité
-
du monde du Tesco, des burritos et des usurier⋅ères,
-
mais ça n'est évidemment pas vrai.
-
On prend soin les uns des autres
-
depuis bien plus longtemps qu'on vend des burritos faits à la chaîne.
-
L'Irlande a presque un système de santé publique,
-
et Sarah et Bábóg ont foncièrement bénéficié de soins gratuits durant toute la grossesse.
-
Et ça semble juste, en vrai,
-
que ça soit quelque chose pour laquelle la société existe.
-
Il semble juste que nous devrions collectivement simultanément protéger et accueillir Bábóg
-
et que l'on devrait être poussé⋅es, dans un rayonnement externe à partir des besoins de Bábóg, à réévaluer le monde.
-
Il semble profondément injuste de penser que son futur bien-être soit basé sur l'argent.
-
Et donc, en suivant cette logique, il devrait être profondément et moralement répréhensible
-
de baser le bien-être futur de n'importe quel⋅le enfant ou personne sur leur valeur économique.
-
Leur valeur en réalité, au sens moral, vient d'autre chose.
-
Alors je veux faire le tour du morceau
-
de ce bidule philosophique d'infantisme
-
avec cette exacte dichotomie à l'esprit, une société d'enfants,
-
c'est-à-dire une société d'écoles, d'hôpitaux et de cours de récré
-
et d'interdépendance mutuelle et j'en passe, contre une société d'adultes,
-
c'est-à-dire l'argent et l'exploitation, et Tesco et le techno-féodalisme.
-
Vous voyez, peu importe si ça devient grandiloquent, englobant ou académique,
-
en fin de compte, on parle toujours d'un bébé dans le monde,
-
tout comme votre histoire est celle d'un bébé dans le monde.
-
C'est vous.
-
Et vous savez,
-
le film "Trois hommes et un bébé" parle en fait de trois bébés et un bébé,
-
quand on y réfléchit bien.
-
(rire gêné)
-
Bon, du coup.
-
Une des choses qu'on pourrait faire accidentellement ici, qu'on préfèrerait, vous savez, éviter,
-
c'est peindre toute une image de l'infantisme qui vous fait vous dire
-
"Ok, j'ai compris,
-
c'est genre "les enfants sont merveilleux", la philosophie™."
-
C'est faux.
-
C'est pas ça.
-
Ça serait aussi idiot que d'arriver à la conclusion que le féminisme, c'est
-
"les femmes sont merveilleuses", la philosophie™;
-
et j'ai bien conscience que c'est une conclusion que certaines personnes tirent,
-
et je préfèrerait qu'iels s'en abstiennent.
-
Certaines personnes se trompent volontairement sur ce genre de choses, en réalité,
-
et iels mettent assez activement des bâtons dans les roues du féminisme en répondant
-
"Et alors, les hommes sont biens aussi!"
-
ou "t'es en train de dire que les femmes ne font jamais rien de mal??"
-
et contribuent ainsi, à différents niveaux, à une espèce d'intensification de la malinterprétation
-
qui a tendance à donner une image stupide au féminisme, et,
-
tout comme notre discussion sur les insultes plus tôt,
-
effacer les conversations productives sur des problèmes tels que
-
le patriarcat ou les violences basées sur le genre.
-
De la même façon, les gens interprètent la théorie critique de la race comme cette espèce
-
d'exaltation inélégante et bâclée des identités raciales non-blanches
-
ou une sorte de culte de rabat-joie qui détestent les Blanc⋅hes,
-
et il faudrait être généreux pour vraiment interpréter ça comme de l'incompréhension.
-
Mais je digresse.
-
C'est important, néanmoins, parce qu'alors que je m'apprête à parler de choses comme
-
la représentation démocratique pour les enfants,
-
la participation politique pour les enfants,
-
les jeunes activistes, l'égalité pour les enfants imaginée de façons nouvelles et concrètes,
-
vous pourriez vous retrouver quelque part sur ce spectre de
-
"Mais on ne peut pas vraiment être sérieux⋅se à propos de tout ça.",
-
"On ne considère pas vraiment les enfants comme des personnes de cette façon-là, n'est-ce pas?".
-
Et c'est quelque chose dont je vous demanderai d'être conscient⋅es pour la suite,
-
parce qu'il existe une chose appelée idéologie invisible.
-
Des idées que l'on a
-
qui ne viennent pas de nous, qui ne nous avantagent même pas nécessairement,
-
mais que l'on reproduit néanmoins au profit de nos oppresseur⋅ses.
-
Ça fait partie de ce qui rend un status quo,
-
peu importe son injustice et son dysfonctionnement,
-
plus confortable que des alternatives spécifiques imaginables.
-
Dans l'article de John Wall,
-
"La démocratie peut-être représenter les enfants? Vers une politique de la différence",
(Chaise!)
-
il remarque que l'histoire considère le rôle politique des enfants
-
de manières souvent plus généreuses que nous ne le faisons maintenant.
-
That Dang Dad: "Dans le passé, des enfants ont été rois et reines,
-
ont joué des rôles importants dans les mouvements ouvriers,
-
ont marché avec Gandhi pour libérer l'Inde, ont aidé à la déségrégation du sud des États-Unis,
-
et se sont impliqué⋅es d'une façon ou d'une autre dans toutes sortes de mouvements politiques."
-
Vous avez déjà entendu parler de la grève des enfants livreurs de journaux de 1899?
-
C'est un récit long et historique et controversé
-
sur lequel on ne s'attardera pas aujourd'hui,
-
mais dans les grandes lignes, les colporteurs de journaux de l'époque, de jeunes hommes et garçons,
-
ont fait la grève pendant deux semaines, ce qui a essentiellement réduit de moitié la circulation des journaux
-
à la fois de Pulitzer et de William Randolph Hearst.
-
Alors, ils n'ont pas exactement atteint leurs buts −
-
ni Hearst ni Pulitzer n'ont accepté de les payer plus −
-
mais ils ont exploité la rétrocession des journaux qu'ils n'avaient pas vendus,
-
donc ils ont influencé avec succès leur propre pauvreté
-
au détriment de ces c*nnards capitalistes notoirement pingres.
-
Et c'est une victoire pour les petites gens!
-
Tout cela est plus ou moins fidèlement recréé dans le film de Disney "Newsies"
-
et la comédie musicale éponyme de Broadway , et je n'ai vu aucun des deux...
-
mais Biz Berkeley, si!
-
Donc vous pouvez juste aller voir la vidéo qu'elle a fait dessus.
-
🎵 la musique monte 🎵
-
🎵 Quand je rêve 🎵
(CHRISTIAN BANE???)
-
Bref, les colporteurs étaient des travailleurs exploités.
-
Absolument.
-
Et c'est nul que des enfants aient fait partie des travailleurs exploités,
-
mais ils se sont aussi organisés et ont utilisé l'action collective.
-
On appelle ça les "jeunes activistes" de nos jours,
-
parce que c'est bien entendu différent de juste l'activisme, parce que ce sont des enfants.
-
C'est trop mignon!
-
Iels pensent être des personnes!
-
Mais je vais garder ça dans un coin sous clef.
-
(tac!)
-
Sous clef de voûte!
-
Ça va vraiment être super important
-
et en lien avec les jeunes activistes et les enfants qui se battent pour le monde entier.
-
Vous allez voir, c'est tout un bazar,
-
parce que les enfants, il semblerait,
-
sont le groupe le plus clairement conscient que le monde est dans la m*rde
-
et à quel point il est urgent et nécessaire
-
d'arrêter de jouer à des jeux d'adultes et de sortir le monde de la m*rde immédiatement.
-
Mais comme j'ai dit, on va mettre ça de côté parce que ça, c'est les enfants en dehors du système.
-
Peu importe à quel point un groupe est "autre", il est possible de l'imaginer dans la rue,
-
hurlant et disant "C'est nul!"
-
Même les enfants ne subissent pas leur effacement habituel de ce scénario.
-
Mais si on porte à la place notre attention sur les enfants assis sur les sièges importants,
-
dans les pièces importantes, prenant les décisions importantes
-
comme Baby Boss ou l'Apprenti Millionnaire ou que sais-je,
-
alors ça commence à avoir l'air bizarre, n'est-ce pas?
-
Si on regarde divers cas
-
où il y a vraiment eu une tentative d'intégrer les enfants dans la démocratie,
-
de faciliter leur participation dans le système,
-
alors nos a priori, nos images mentales stéréotypées
-
et nos biais cognitifs reviennent à la charge.
-
Mais il est vrai qu'il y a eu des tentatives de faire précisément ça,
-
cette version plus libérale de représenter les enfants en politique.
-
Et en observant certains des exemples de participation démocratique des enfants,
-
avec un peu de chance, ça va nous aider à comprendre que,
-
De un, les problèmes quant à l'implication des enfants dans la démocratie sont en réalité plutôt arbitraires.
-
Et de deux, ces problèmes sont également très similaires
-
aux problèmes auxquels font face toute personne exclue de la démocratie.
-
Encore une fois, d'après l'article de John Wall, il se produit une sorte de glissement aux alentours de 1989
-
avec l'établissement de la Convention relative aux droits de l'enfant,
-
où divers pays ont dit des paroles en l'air ou ont galérer à interpréter
-
l'idée d'écouter les enfants sans que ça soit une obligation légale et concrète.
-
On voit la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud, même Israël,
-
établir des organismes consultatifs pour les enfants.
-
Ces dernières années,
-
beaucoup de pays vont un cran plus loin en introduisant des parlements d'enfants,
-
l'idée étant que les présomptions des adultes concernant les besoins des enfants
-
peuvent être supplémentées ou remises en question par les enfants elleux−mêmes.
-
Mais comme Wall et d'autres l'ont remarqué, il y a quelques problèmes.
-
Il clarifie l'idée de la participation démocratique pour les enfants
-
en la divisant en trois catégories:
-
l'agentivité, l'interdépendance et la différence.
-
Ok, d'abord l'agentivité.
-
Cette idée qu'on peut juste donner le vote aux enfants, leur donner le micro,
-
leur donner quelque chose, leur donner de l'agentivité.
-
En fait, on a déjà abordé quelques-uns des problèmes liés à ça.
-
Premièrement: quel⋅les enfants?
-
C'est-à-dire: les enfants plus aisés de bonnes écoles sont surreprésentés
-
jusqu'aux organismes les plus bienveillants et progressistes.
-
L'agentivité a le problème d'à la fois ouvrir des portes pour certains types de personnes
-
et d'en fermer à d'autres types de personnes.
-
Celleux qui ressemblent le plus aux élites de pouvoir actuelles ont tendance
-
à avoir une "agentivité" disproportionnellement plus importante en participation politique.
-
Si on parle des adultes, ce sera le genre de personnes qui auront l'attention des puissants,
-
ou iels feront partie d'institutions établies.
-
Iels auront accès à l'éducation, à la propriété,
-
iels auront des économies, de la technologie, d'autres formes de capital culturel.
-
Et si on parle des enfants,
-
même une fois passé l'écrémage du "quel⋅les enfants, les riches? Les bon⋅nes enfants, les Blanc⋅hes?"
-
On a toujours le problème qu'ils seront les enfants qui ressemblent le plus aux adultes
-
et, qui plus est, ressemblent le plus aux adultes riches et puissant⋅es.
-
En plus de ça, il y a la tokénisation.
-
Cette idée selon laquelle la diversité qu'on affiche est surtout décorative.
-
Au moment de la rédaction, la plupart des gens un tant soit peu à gauche du centre
-
supplie pour une tokénisation décorative aux États-Unis
-
parce que c'est mieux que l'éviscération whitewashée de Ku Klux Klan sanguinaire à l'œil torve du parti républicain sous Trump,
-
et y en a pas un⋅e qui a des sourcils!
-
Mais on peut toujours, je l'espère, reconnaître que
-
balancer des personnes marginalisées dans un comité ne les émancipe pas réellement.
-
C'est d'autant plus vrai dès qu'il s'agit d'enfants.
-
That Dang Dad: "[...] comme les groupes silenciés à travers l'histoire l'ont constaté,
-
une citoyenneté qui n'en a que le nom diffère d'une réelle citoyenneté.
-
Par exemple, les enfants aux conseils municipaux du Royaume-Uni
-
disent ressentir que, bien qu'iels peuvent participer et être entendu⋅es,
-
ces conseils sont, au bout du compte, contrôlés par des structures institutionnelles plus larges
-
qui sont gérées par des adultes."
-
Il y a un problème structurel fondamental avec le concept d'agentivité,
-
comme le dit Wall:
-
That Dang Dad: "Le problème, c'est que l'agentivité elle-même est une norme politique
-
avec des biais historiquement centrés sur les adultes."
-
Et donc, il souligne sa catégorie suivante: l'interdépendance.
-
Une autre forme de participation qui ne dépend pas
-
de compétences hiérarchiques et de la connaissance et d'autres formes de capital.
-
Alors, on a déjà mentionné l'interdépendance une ou deux fois,
-
mais on peut maintenant prendre un moment pour réellement... comprendre.
-
That Dang Dad: "Les enfants peuvent être inclu⋅es comme des citoyens à part entière plutôt que de seconde zone,
-
selon l'argument, si la citoyenneté est élargie pour inclure
-
les liens relationnels et les interdépendances sociales et politiques,
-
[...] c'est-à-dire, simultanément l'indépendance active des gens et leur dépendance passive."
-
Nous existons dans des réseaux de relations avec des dépendances différentes.
-
S'inspirant d'autres penseur⋅euses, John Wall remarque que
-
l'idée d'un⋅e participant⋅e indépendant⋅e à la démocratie est un peu un sophisme, à la base.
-
Les individus, tout comme, vous savez,
-
vos parents ou vos voisin⋅es, les gens dans les commentaires de notre dernière vidéo,...
-
Iels ne savent pas nécessairement saisir les concepts politiques,
-
les problèmes économiques ou écologiques.
-
De toute évidence, iels ne savent pas saisir les problèmes de santé publique, etc.
-
Nous avons besoin les un⋅es des autres afin d'externaliser l'expertise,
-
et de fait, la citoyenneté est un processus dynamique
-
d'indépendance active et de dépendance passive.
-
L'idée de n'importe quelle catégorie de personnes
-
à qui l'on accorde le respect de prendre des décisions politiques pertinentes
-
à cause de cette catégorie a toujours été ridicule,
-
que la catégorie soit "propriétaire terrien⋅ne", ou "homme", ou "Blanc⋅hes", ou des conneries comme "baron" ou "duc".
-
Et cette idée ne cesse pas d'être ridicule juste parce que, maintenant, la catégorie est "adulte".
-
Vous avez déjà rencontré des adultes?
-
Comme je le soulignerai vraiment plus tard,
-
un élément clef manquant de la participation démocratique bienveillante et fonctionnelle est l'éducation.
-
Cette idée que nous devons apprendre ou externaliser l'apprentissage
-
requiert une volonté de suspendre son opiniâtreté quand on ne sait pas, et de reconnaître qu'on ne sait pas,
-
de s'entraîner à accéder à l'expérience de l'ignorance,
-
et donc de savoir quand on est pas capable de faire preuve d'un meilleur jugement que... quelqu'un⋅e qui ne parle pas anglais,
-
ou quelqu'un⋅e qui a une maladie mentale ou quelqu'un⋅e avec un handicap intellectuel ou bien, justement, un⋅e enfant.
-
Parfois on ne sait pas mieux qu'un⋅e enfant.
-
Cela en soi transformerait radicalement la démocratie.
-
Comme le dit Mark Jans dans
-
"Les enfants en tant que citoyen⋅nes: Vers une notion contemporaine de la participation des enfants":
-
Babila: "Cette citoyenneté des enfants
-
est basée sur un processus continu d'apprentissage
-
dans lequel les enfants et les adultes sont interdépendant⋅es.
-
Dans cette interdépendance,
-
la façon ludique dont les enfants donnent un sens à leur environnement
-
doit être prise en compte.
-
Le jeu des enfants ne peut pas simplement être considéré comme socialement mineur et puéril."
-
Mais il y a quand même un problème sous-jacent à l'interdépendance
-
et c'est qu'elle représente un manque d'imagination
-
et aura tendance à nous ramener directement à des situations en faveur des adultes.
-
Généralement, les plaidoyers,
-
dans le sens "hey, groupe qui dépend de nous pour les représenter,
-
vous voulez quoi comme glace avec cette loi qui augmente le budget de la police?
-
Vous préférez le génocide Biden ou le génocide Harris?"
-
L'interdépendance, pour autant qu'elle soit tout à fait sur la bonne voie,
-
a toujours cet ordre des choses hiérarchique implicite,
-
dans lequel le pouvoir s'accroupit gentiment près du non-pouvoir,
-
lui demande combien de sucre il veut dans son thé,
-
et puis coupe les vivres au comité chargé du thé.
-
Afin de commencer à contourner cela et d'autres problèmes avec l'interdépendance,
-
Wall propose une troisième catégorie: la différence.
-
Et ça c'est le vrai radicalisme infantiste "faut tout péter" anticolonial qui change les esprits
-
That Dang Dad: "Sur ce modèle,
-
la démocratie signifie lutter contre les normes historiques de pouvoir
-
pour l'inclusion de la diversité la plus large possible des différences sociales."
-
C'est pas de la DEI (diversité, équité et inclusion),
-
c'est "macrongue explosiongue" (il faut pas qu'on oublie de changer ça, bordel, Neilly, no se puede traducir).
-
Cette blague est nulle.
-
Dans sa forme la plus simple, on peut dire qu'une démocratie inclusive
-
devrait représenter les besoins spécifiques de groupes différents
-
de leurs façons spécifiques et différentes,
-
que ces groupes interagissent et comprennent la société différemment les uns des autres.
-
C'est l'exact opposé de la norme euro-américanananère
-
où, si n'importe qui à l'audace d'essayer de faire sa vie
-
dans un de ces pays dorés impériaux de la liberté,
-
alors iels ont intérêt à mettre leur foutue culture sous clef
-
et à s'adapter aux nombreuses normes horribles dans ce pays de la liberté :
-
des conformités comprises à travers la rhétorique des plus riches
-
et plus puissants et plus b*tards.
-
Les cultures différentes, qu'elles viennent de pays étrangers ou de minorités religieuses ou des queers
-
ou de gens qui ont des besoins ou des profils neurologiques différents
-
ou bien simplement d'enfants, devraient être représentés dans cette différence
-
par cette différence − les différentes démocraties devraient être différentes.
-
Les sphères publiques devraient être plurielles et nombreuses et différentes,
-
et les gens qui regardent et qui savent déjà deux ou trois choses sur le décolonialisme
-
sauront que ce autour de quoi je tourne
(Décolonialisme? Tu veux dire "anticolonialisme"?)
-
le processus de civilisation ou de développement de la démocratie
-
est le même que le processus de conformité à la volonté et au dessein des colonisateur⋅ices.
-
On reviendra là-dessus.
-
Parce que dans l'approche la plus macro, englobante, complexe et poussée de cette idée,
-
certain⋅es infantistes proposent qu'afin de faire la représentation et l'utopie correctement,
-
la démocratie elle-même devrait être déconstructive plutôt qu'orientée vers le consensus,
-
et le rôle du⋅e la citoyen⋅ne devrait être antagoniste au pouvoir
-
plutôt que de faire partie du mécanisme qui le crée.
-
(CHAISE!)
-
Et les gens qui regardent et savent déjà deux ou trois choses sur l'anarchisme politique,
-
vont aussi se dire "Oui! Oui, on sait!". On y reviendra, etc.
(Vous allez mourir.)
-
(CHAISE!)
-
Mais selon moi, bien que ça soit grandiose et inspirant,
-
c'est pas assez substantiel ou actionnable,
-
ou du moins, ça ne constitue pas encore un ensemble d'outils matériels
-
ou des directives ou des choses qu'on peut faire.
-
Pour cela, je dois reporter votre attention
-
à cette épingle
(épingle!)
(chaise)
Parce que je vous promets
-
qu'il y a réellement un moyen d'accomplir tout ça.
-
Du moins, un moyen imaginable.
-
En attendant, ce que vous imaginez probablement actuellement
-
comme la représentation démocratique des enfants
-
est probablement toujours quelque peu teintée de tokénisation,
-
de "faire semblant", et enfin au mieux,
-
des plaidoyers avec des étapes en plus − par les adultes pour les enfants.
-
Je veux dire, cet essai n'est pas différent à bien des égards.
-
C'est des adultes,
-
Sarah et moi, qui pensent à ce dont les enfants ont besoin
-
et conjecturant sur ce que les jeunes pensent et prônant ce que les jeunes diraient.
-
Si seulement il y avait un moyen de les écouter.
-
Parce que, soyons honnêtes, vous ne pensez pas à ces
-
activistes et défenseur⋅euses idéalisé⋅es haut⋅es comme trois pommes qui ressemblent tous⋅tes à Greta Thunberg
-
et qui parlent six langues, mais au lieu de ça vous imaginez
-
de véritables enfants.
-
Des enfants que vous connaissez, je veux dire, genre, toute une foule d'eux.
-
C'est une vraie cacophonie de chewing-gum,
-
de boissons énergisantes et de références à Bluey et c'est impossible de comprendre un traître mot!
-
Pas vrai?
-
Non, évidemment c'est des conneries,
-
mais quand même, on retombe assez volontiers dans le cadre adultiste
-
et ça semble être une vision du monde irrésistible.
-
Il semble y avoir un motif récurrent
-
aux excuses que nous utilisons pour rationaliser le désaffranchissement des enfants.
-
"Les enfants ne peuvent pas aborder le processus politique." "Les enfants ne peuvent pas s'exprimer."
-
"Les enfants ne savent pas jauger leurs propres besoins", et j'en passe.
-
Et encore une fois, ces excuses − quand on met un instant de côté le fait qu'elles concernent les enfants −
-
peuvent être étonnamment familières à celleux qui sont désaffranchi⋅es en général.
-
Aux personnes trans, aux personnes handicapées, aux personnes souffrant de maladies chroniques:
-
"Oh, vous ne comprenez pas le système, vous êtes des extrémistes, des naïf⋅ves et vous desservez votre cause!"
-
Aux personnes neurodivergentes, aux personnes enceint⋅es:
-
"Vous ne savez pas vraiment ce qui est bon pour vous.
-
C'est encore 'docteur Google' qui vous a dit ça?"
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Aux immigrant⋅es, aux réfugié⋅es,
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aux gens au SMIC,
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à concrètement n'importe qui à l'écart des corridors du pouvoir.
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Vous pouvez articuler vos besoins le plus parfaitement possible
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et vous pouvez comprendre et connaître vos propres besoins aussi irréfutablement que possible,
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mais vous ne pouvez pas réellement vous représenter.
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Et ça semble familier, n'est-ce pas?
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Que même les gens qui ne sont pas loin de vous représenter
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sont votre version plus riche, plus éduquée, plus jolie et plus urbaine.
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Et les moyens par lesquels les participant⋅es sont ensuite désaffranchi⋅es
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sont bien entendu également familiers:
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la participation transformée en manipulation, décoration et tokénisation.
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En fait, beaucoup du langage utilisé pour décrire le désaffranchissement
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est pétri de la dynamique adulte-enfant:
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infantilisation, rabaissement, condescendance.
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On me présente plus ou moins le parallèle sur un plateau, ici.
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Et du coup, bien sûr, quand les gens recherchent un changement concret,
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on leur dit de "grandir".
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Ce qui est particulièrement injuste envers la foule de vrai⋅es enfants et de jeunes qui, quand iels grandiront,
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n'auront plus des préoccupations politiques d'enfants.
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Évidemment, c'est l'idée! Parce qu'après avoir fait le tour complet,
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on voit maintenant que les traits qui en font des enfants
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sont les choses mêmes que nous aliénons et objectifions de base.
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Ces enfantillages aliénés, objectifiés
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sont les choses qui deviennent des problèmes, qu'ils soient
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des traits neutres ou des besoins ou juste des phénomènes spécifiques à un groupe.
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L'idée c'est "Reviens me voir quand tu seras grand⋅e!",
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très semblable à "Reviens me voir quand t'es plus trans!"
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ou "Lean In" ou "tu parleras comme un⋅e Blanc⋅he"
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ou "tu pourras sortir de ta foutue chaise roulante" ou que sais-je.
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Et peut-être, aussi sale que ça vous fera vous sentir,
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que les choses que vous jugez agaçantes chez les enfants
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sont exactement ces traits aliénés, socialement indésirables, économiquement improductifs et généralement nécessiteux et vulnérables
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que votre oppresseur veut que vous détestiez chez les enfants,
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que vous objectifiez et démonisiez et pathologisiez.
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"Ugh, les enfants dans les avions, les enfants au restaurant, les enfants qui ont des besoins,
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qui coûtent de l'argent, qui naissent et qui augmentent la misère du monde,
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qui envahissent la vie de mes ami⋅es!" Aussi sale que ça puisse vous faire vous sentir,
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peut-être que votre oppresseur veut que vous détestiez ces choses
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parce que ce sont les choses qu'il hait chez vous!
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(Bruits de pas quittant la scène)
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(Cinquième partie: Tout est lié)
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Je parie qu'il y a une partie de vous là maintenant qui se dit "Ok,
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tout ça c'est bien en théorie mais en pratique, c'est un peu des absurdités de hippies!"
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Peut-être que ça passe encore
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quand je dis qu'on est interdépendant⋅es. Ça semble intuitivement logique,
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personne ne fait quoi que ce soit réellement seul⋅e.
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Mais si je vous demandais d'imaginer quelqu'un⋅e sans agentivité?
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Quelqu'un⋅e qui n'a pas d'indépendance active, quelqu'un⋅e qui ne fait que prendre mais ne donne jamais?
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Genre, qu'en est-il des nourrissons?
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C'est bien beau de dire que les relations avec les enfants plus âgé⋅es sont réciproques −
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iels peuvent communiquer leur état, on peut les raisonner,
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iels peuvent aider à trouver des solutions quand iels font face à un problème,
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même s'iels auront quand même parfois besoin de votre aide.
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Iels peuvent même fournir des moments de sollicitude aux adultes.
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Par exemple, une nuit, j'étais debout avec le bébé à 2h du matin
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et ma⋅on bel-enfant de quatorze ans a jeté un coup d'œil par la porte
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parce qu'iel a cru m'entendre
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et iel voulait me proposer une tasse de tisane, ce qui,
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dans cet état brumeux de manque de sommeil, avait des airs de salut absolu.
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Alors iel me l'a faite et iel me l'a apportée.
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J'étais debout pour donner le sein.
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Iel était debout parce que c'est un⋅e ado.
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Et iel a fait quelque chose d'attentionné à mon égard à un moment où j'avais vraiment besoin de soutien.
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Mais iel a quatorze ans. Qu'en est-il des enfants plus jeunes?
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Qu'en est-il des nourrissons? Qu'en est-il de ma⋅on nouvelle⋅eau-né⋅e?
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Je pense que beaucoup de gens soutiendrait que ma⋅on nouvelle⋅eau-né⋅e n'est même pas encore une personne,
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pas vraiment.
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Iels soutiendrait que les nouvelle⋅eaux-né⋅es sont complétement dépendant⋅es:
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iels ne peuvent pas rendre, iels ne peuvent même pas réciproquer,
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ce sont juste des créatures d'instinct, sans pensées ni sentiments propres.
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Iels ne ressentent pas le stress, iels ne ressentent pas la douleur...
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Tu crois qu'iels sourient?
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En vrai, c'est juste les gaz.
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Sauf que non.
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Parce que les nouvelle⋅aux-né⋅es ressentent bien le stress.
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et bien qu'iels ont un ensemble d'outils limité avec lequel le gérer,
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iels peuvent faire des choses comme détourner le regard
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de la source de stress afin d'aider à réguler leur pouls.
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Les nouvelle⋅aux-né⋅es ressentent bien la douleur, quelque chose que nous n'avons appris qu'aussi tard que les années 1980.
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Avant ça, on faisait encore parfois de la chirurgie sur des nouvelle⋅aux-né⋅es
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sans analgésiques et on se demandait pourquoi iels mouraient de choc.
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Récemment, le Lancet, le journal de santé publique le plus prestigieux du monde,
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a dû publier un article implorant les médecin⋅iennes de médicamenter correctement les nouvelle⋅aux-né⋅es
(Bábóg commence à balbutier)
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subissant des procédures médicales douloureuses, vu que la pratique actuelle
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de leur donner de l'eau sucrée ne fait en réalité rien pour apaiser la douleur!
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Et l'expérience répétée de souffrir, même chez un⋅e bébé aussi jeune,
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est si perturbante qu'elle peut provoquer des lésions cérébrales.
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Et oui, des montagnes de preuves scientifiques relativement récentes
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conduisent de manière écrasante à la conclusion que les nouvelle⋅aux-né⋅es sourient!
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Pas juste par réflexe mais comme un véritable signe de connexion sociale.
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Iels font ça aussi tôt que 36 heures après leur naissance.
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C'est le temps qu'il leur faut pour observer le sourire de leurs tuteur⋅ices,
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comprendre que c'est un outil de connexion sociale,
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et puis le rendre elleux-mêmes.
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En fait, iels sont si doué⋅es pour ça
(Bábóg bálbutie) x2
que même pendant la pandémie,
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des chercheur⋅euses ont testé s'iels pouvaient ou non détecter un sourire sous un masque.
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Les résultats de l'expérience montrent que même en recouvrant la partie buccale d'un sourire,
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les bébés étaient suffisamment capables d'observer le reste du visage pour déterminer
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qu'on leur souriait
(Bábóg bálbutie) x3
et réciproquer en souriant en retour.
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Les bébés, même âgé⋅es de quelques heures, sont des personnes.
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Ce ne sont pas de simples ordinateurs biologiques
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programmés d'instincts contrôlant leur faim, leur sommeil ou leur transit.
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Iels sont déjà en train d'apprendre, d'intégrer le monde,
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tissant des liens avec lui.
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Ce sont des personnes,
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aussi légitimes que n'importe qui d'entre nous.
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Ce n'est pas un impératif moral,
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c'est une réalité scientifique.
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On observe le même biais envers les animaux.
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Des scientifiques crédibles doivent publier des recherches montrant que :
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"En fait oui, les animaux aiment, et oui, les animaux éprouvent le deuil !"
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comme si c'était une révélation.
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Il y a quelques années,
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une baleine nommée Tahlequah a porté le corps de son baleineau mort pendant des semaines,
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pas parce qu'elle pensait qu'il était vivant, mais parce que c'était son enfant −
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parce qu'elle était en deuil.
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Elle a même récemment perdu un autre baleineau et a aussi porté son corps.
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De longues journées à pousser un bébé mort,
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parce que c'est son bébé, parce qu'elle a perdu quelqu'un qu'elle aime.
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Ça a fait les gros titres :
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"n'est-ce pas incroyable que les baleines ressentent le deuil?"
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Mais les études sur les animaux nous disent que c'est le cas pour de nombreuses espèces,
[Bábóg bálbutie, ouais, Bábóg bálbutie]
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peut-être même la plupart.
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Si vous en avez le courage, allez voir comment les vaches à lait réagissent
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quand on leur retire leurs veaux pour les emmener à l'abattoir −
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une pratique standard des fermes laitières pour que nous puissions consommer du lait de vache.
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Écoutez le bruit que les mères font ou la façon dont elles se déchaînent,
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les enregistrements de vaches qui pourchassent les fourgons d'abattoirs le long de la rue pour récupérer leurs veaux.
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Au refuge pour chats où j'ai travaillé,
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nous avons dû gérer un incident où une ordure a arraché des chatons nouveaux-nés de leur mère
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et la façon dont cette chatte a hurlé pour ses bébés,
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a tourné sans cesse autour de la maison, essayant désespérément de rentrer...
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Je ne sais sincèrement pas pourquoi nous avons l'impression que quelque chose de si évident que
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"les animaux s'aiment les uns les autres" est surprenant.
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Je ne sais pas pourquoi on a besoin d'études pour le confirmer,
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ou pourquoi pendant au moins un siècle
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nous avons écarté l'idée que les nouvelles⋅aux-né⋅es sourient bel et bien.
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Mais beaucoup de mal a été infligé sur base de cette fausse croyance −
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ou plus cyniquement, fabulation.
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Et si nous allions plus loin et envisagions que l'environnement lui-même devrait avoir des droits?
[Bábóg bálbutie, ouais, Bábóg bálbutie]
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Les avocat⋅es de nombreux pays ont essayé d'obtenir le statut de personne pour certains lieux notables
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comme le Gange ou le mont Taranaki
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mais pour moi, il me semble que les droits environnementaux sont inhérents à l'infantisme,
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même sans envisager le statut de personne du monde naturel.
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Imaginons une petite zone de forêt endémique en Irlande :
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il n'en reste que 1% ;
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la plupart des forêts qu'on voit ici sont des fermes écologiquement mortes d'épicéas de Sitka,
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et le reste du territoire a été rasé pour élever des vaches et des moutons pour que nous puissions consommer des produits laitiers.
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Mais peut-être que vous vivez quelque part où il y a des forêts endémiques,
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et ce terrain est mis en vente, et vous l'achetez.
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Dans un cadre individualiste, un⋅e acheteur⋅euse peut acquérir ledit terrain,
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raser la forêt qui s'y trouve, et y planter des épicéas de Sitka
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pour entamer le processus de pousse, d'abatage et de vente.
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À travers un cadre infantiste, cependant,
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il vous faut prendre en compte le réseau de choses qui dépendent de cette forêt :
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les arbres eux-mêmes, bien sûr,
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mais les animaux, plantes et champignons qui dépendent de ces arbres.
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Et si des humains se servent de la forêt, il faut les prendre en compte aussi !
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Est-ce que des enfants jouent dans cette forêt?
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Est-ce que des familles y piqueniquent?
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Ça leur ferait quoi
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si vous la rasiez et la grillagiez?
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Que diraient-ils de l'augmentation de pollution
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que les machines que vous allez utiliser pour l'abattage vont provoquer?
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Ou le fait que le bois brûlé va augmenter les émissions de carbone?
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L'augmentation d'érosion des sols?
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Ou le ruissellement d'engrais qui va infester les lacs alentours d'algues,
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tuant plus de faune et rendant la baignade dangereuse aux humain⋅es.
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