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Grow Up! Why does everyone hate children?

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    Alors, on nous a beaucoup crié "Grandissez!" dessus récemment.
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    Et ce dans un contexte très étrange.
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    Peut-être que vous avez beaucoup entendu "grandis!" vous aussi
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    et peut-être que vous reconnaîtrez le contexte.
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    Explication rapide:
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    Nous avons récemment fait une vidéo sur l'auteur Neil Gaiman,
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    et sur pourquoi il y a de très bonnes raisons de croire qu'il a commis des agressions s*xuelles
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    et que c'est donc ce que nous croyons.
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    Et en filigrane de ces tentatives de justification
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    et du déni et de l'apologie auxquels vous pouviez vous attendre ressortait un thème:
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    des gens qui nous criaient "Grandissez!" dessus
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    tous, apparemment indépendamment, identifiant cette chose
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    que nous devions absolument entendre.
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    "Le problème c'est que vous autres, vous élevez les artistes à un statut de héros.
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    Vous l'avez cherché. Grandissez."
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    "C'est les enfants qui ont des héros.
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    Les adultes ne devraient pas aspirer à être un autre adulte."
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    "Grandis!" "Reconnaître que les gens
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    qui touchent nos cœurs et esprits on des défauts humains, c'est aussi un signe de maturité."
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    "Vous ne savez même pas de quoi parle cette vidéo.
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    Retournez à la fac."
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    "Les héros, c'est pour les enfants.
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    C'est seulement un problème dans une civilisation infantile.
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    L'infantilisation de la Culture Occidentale,
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    publié le 1er août 2000 et ugh
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    je vais pas lire tout ça, m*rde à la fin.
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    Vous comprenez l'idée!
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    Ils disent que nous ne sommes pas réalistes, que nous sommes immatures.
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    Nous serions des enfants,
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    soit parce qu'on a des héros, soit parce qu'on pense que tout le monde n'est pas un vi*leur
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    ou bien parce qu'on pense que les célébrités sont parfaites ou qu'elles ne sont pas humaines,
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    quoi que cela veuille dire.
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    En gros, si les agressions sexuelles vous posent un problème, alors il faut grandir.
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    Mais pourquoi??
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    Genre, ça me retourne le cerveau! Pourquoi?
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    Pourquoi "grandis" et oui, je sais,
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    les gens méchants sont méchants sur Internet.
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    C'est des types qui ne croient pas les femmes et défendent les vi*leurs.
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    Où est le mystère? Ils sont juste vilains.
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    Ce sont juste de vilains messieurs.
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    Ça n'a aucun sens pour nous de mettre en place une machine de Rube Goldberg ici
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    avec un chandelier et un filet
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    pour finalement démasquer le monstre et découvrir que
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    "Oh, c'était un vilain monsieur depuis le début."
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    Il ne fait aucun doute,
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    comme tant de vidéos le rendent évident avant même que vous n'ayez cliqué dessus,
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    qu'il s'agit de ce foutu patriarcat.
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    JINKIES!
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    Et pourtant, "grandis" semble si spécifique,
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    si précisément pointé vers certaines vulnérabilités et défaults que nous
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    ressentons peut-être tous⋅tes en tant qu'adultes moins que parfait⋅es ou en tant que personnes pas tout à fait normales.
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    Ça s'attaque à ces sensibilités et simultanément
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    semble avoir si peu de rapport avec les agressions s*xuelles.
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    Alors on a été curieuses
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    et on a demandé à certain⋅es de nos ami⋅es youtubeur⋅ses
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    si elleux aussi l'avaient remarqué et, comment dire...
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    Pillar of Garbage: "Grandis!
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    La controverse/boycott de L'Héritage de Poudlard a échoué
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    parce que les personnes saines d'esprit en ont enfin eu marre des
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    malades terminalement en ligne comme vous et-"
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    Hoots: "Grandis, tu veux bien!
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    Si on devait bannir toutes les histoires pour enfants qui ont
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    mal vieilli-" "Ouvre les yeux!
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    Grandis."
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    Talis: "Grandis."
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    Donc, vu que ces exemples semblaient avoir aussi
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    avoir un rapport avec la naïveté et la volonté de changer le monde
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    et la résistance face à l'injustice, on était honnêtement encore plus paumées!
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    Pourquoi tous ces gens nous disaient "Grandis"?
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    Qu'est-ce qu'on fait exactement quand on utilise des insultes comme celles-là?
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    Pourquoi, sans partir du principe que la réponse va de soi, est-ce qu'être adulte, c'est bien?
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    Et pourquoi ne pas être adulte, c'est mal?
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    Que veulent dire les gens quand iels invoquent la maturité?
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    On dirait que, du moment où vous exprimez
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    le moindre sentiment en faveur de la justice: Boum!
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    Un nombre considérable de sceptiques seront en colère contre vous,
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    prêt⋅es à vous critiquer d'une manière très spécifique et prévisible.
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    Voix de Sarah: "Tes enfants."
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    Exactement.
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    Iels diront que t'es un enfant.
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    Sarah: "Non, Neilly. Tes enfants, le bébé."
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    Ah, oui.
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    On a des enfants et on vient d'avoir un bébé et on l'aime plutôt bien, ce bébé.
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    Il est génial, ce bébé!
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    Et ça nous a fait réfléchir:
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    Comment se fait-il que les gens pensent qu'être semblable à un enfant, c'est mal?
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    Donc.
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    Ouais.
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    🎵 Solo endiablé et frénétique de batterie jazz 🎵
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    (The Leftist Cooks présentent)
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    🎵 roulement de caisse claire 🎵
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    (un essai vidéo)
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    🎵 La batterie continue 🎵
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    ("Grandis" ou "Pourquoi vous devriez accorder de l'importance aux enfants.")
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    (Directeur de photographie: Cormac Dessie Kelly)
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    (Quelques musiques de: Neilly Farrel )
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    (*mais pas ce solo de batterie)
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    (Créé par: Sarah Oeffler & Neilly Farrell)
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    🎵 La tension du solo de batterie monte 🎵
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    (Première partie: Grandis)
    Est-ce que vous l'avez déjà dit? Crié à quelqu'un "Grandis!"
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    Ou bien dit sincèrement, genre, "Je pense qu'il faudrait que tu grandisses."
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    Moi oui.
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    Je plaide coupable.
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    Et je pense que c'est le cas de beaucoup d'entre nous.
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    Je pense que c'est une critique très normale.
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    C'est probablement la manière la plus succincte de dire "moi grand⋅e et bien,
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    toi petit⋅e et nul⋅le", mais ça ne veut pas dire que c'est inefficace.
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    C'est assez agaçant
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    et parfois plutôt blessant et généralement incroyablement frustrant
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    de recevoir ces commentaires.
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    Et je pense qu'on peut admettre qu'ils sont difficiles à réfuter.
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    Prenons cet exemple:
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    "Vous n'êtes que des enfants incapables de concevoir que les gens ne sont pas unidimensionnels.
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    Je veux dire, mec, y a qu'à voir tes cheveux."
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    Ceci est en réponse à une vidéo sur des accusations de vi*l crédibles.
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    Quel genre de personne voit le désespoir et la colère
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    qui suivent inévitablement un cas très médiatisé
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    d'agressions s*xuelles et répond "gran-
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    Femme: "Ne me fais pas signe (de m'en aller?).
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    C'est moi qui te fais signe (de m'en aller?)
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    Sénateur: "Quand tu seras grande, avec joie."
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    Femmes: "Quand tu seras grande??"
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    Ça, c'était le sénateur Hatch qui rabrouait un groupe de femmes opposées à son soutien
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    au juge Brett Kavanaugh parce que Kavanaugh, comme vous vous en souvenez, accusations crédibles de vi*l.
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    C'est donc un exemple majeur de l'injonction à grandir pour mettre fin
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    à une conversation sur les agressions s*xuelles.
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    Mais c'est aussi un exemple de "grandis" comme expression de pouvoir dans une hiérarchie.
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    On a un sénateur en titre, mâle et blanc.
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    Il est là haut, agissant au sein d'un système indécemment injuste,
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    et face à lui, ce groupe de femmes activistes.
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    Locales. Sans autre voix que les leurs,
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    tentant de remettre le système en question.
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    Il semblerait que "grandis",
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    ou plus précisément, les références à un comportement enfantin sont courantes
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    quand quelqu'un s'adresse à un groupe inférieur au sien dans une hiérarchie.
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    On en trouve un exemple exhaustif dans "Le Pouvoir des Insultes", un article de la juriste et professeure de droit constitutionnel Ruth Colker.
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    Dans cet article, elle soutient que
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    Legal Kimchi: "les élites de pouvoir économiqes et politiques
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    ont effectivement lancé des insultes aux militant⋅es pour les droits civiques,
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    aux plaignant⋅es, et à leurs avocats pour saper les réformes des droits civiques."
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    Je pense que la plupart d'entre nous peuvent reconnaître que les militant⋅es, les gauchos,
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    et concrètement n'importe qui souhaitant créer un changement positif dans le monde,
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    celleux qui tentent de faire avancer les réformes aux droits civiques doivent fournir beaucoup plus d'efforts
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    que les élites de pouvoir se reposant sur leur status quo,
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    et "fenêtre d'Overton-ant" jusqu'à l'absurde.
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    Mais comme le dit Colker,
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    Legal Kimchi: "une attention insuffisante a été portée à la façon dont les élites de pouvoir
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    utilisent l'outil culturel des insultes pour saper ces réformes."
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    Comme elle le met en évidence, les insultes font partie d'une longue tradition de reproduction sociale.
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    Elle nous renvoie aux jeunes années des États-Unis d'Amérique, au 19e siècle,
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    l'époque entre les guerres révolutionnaires et civiles, qui était
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    un centre névralgique de duels d'honneur, une époque où
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    F.D. Signifier: "de nombreux hommes respectables et éduqués
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    ont avidement vengé jusqu'à la moindre insulte en
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    se rabattant sur le "champ d'honneur" local et en se flinguant l'un l'autre."
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    Beaucoup d'hommes, certains très célèbres, ont été abattus
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    en duel à cause d'une insulte insignifiante.
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    Je suis Alexander Hamilton et je suis un petit gentleman fragile.
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    Mais les duels n'étaient pas universels.
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    Si un parvenu d'une classe inférieure avait le malheur d'insulter
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    l'honneur d'un gentleman, cela ne mènerait pas à un duel.
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    Oh, non, non, non.
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    Cela mènerait
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    à un passage à tabac du scélérat à coups de canne ou à la flagellation du dépravé à coups de cravache.
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    D'ailleurs, c'est marrant (pas marrant du tout, en fait),
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    c'est également comme cela que les sociétés occidentales "respectables" ont historiquement discipliné les enfants
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    dans les institutions éducatives et religieuses, jusqu'à très récemment.
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    Il est défendable que, tout comme les classes inférieures appauvries du 19e siècle,
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    les enfants n'avaient historiquement pas non plus d'honneur à défendre.
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    Mais peu importe, les insultes!
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    Colker remarque que, comme dans les années 1800,
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    celleux qui sont actuellement au pouvoir existent dans un monde complètement différent
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    vis-à-vis de la fonction des insultes.
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    Elle remarque que les insultes ont le rôle
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    de distraire des réformes des droits civiques
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    et que ces insultes ont plus de chances d'être efficaces
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    du fait de la faiblesse préexistante du droit civique en question.
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    C'est-à-dire que si quelqu'un se situe plus bas dans la hiérarchie sociale, il leur incombe de fournir de bien plus
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    grands efforts afin de prouver leur valeur lorsqu'ils répondent à une insulte.
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    Si je devais le reformuler, je dirais que
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    si une personne démunie fait face à la galerie, au public
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    ...
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    sous les insultes et les coups et les heurts, alors elle a beaucoup moins de contrôle
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    sur le récit que la personne avec le pouvoir.
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    Ça veut dire que l'insulte elle-même porte préjudice au groupe
  • 8:31 - 8:35
    et qu'elle exacerbe des stéréotypes négatifs au sujet de ce groupe démuni
  • 8:35 - 8:39
    et détourne l'attention de leurs luttes.
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    Et donc, surprise, surprise! Il y a d'innombrables exemples de Trump qui fait ça.
  • 8:43 - 8:45
    Est-ce qu'on voulait... ? Est-ce que vous voulez ... ?
  • 8:45 - 8:46
    Est-ce qu'on veut parler de Trump?
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    On va vraiment parler de ça?
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    A-t-on entendu parler de ça?
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    Trump.
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    Voici les règles du jeu néofasciste:
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    Insultez n'importe qui d'intègre encore et encore et faites en sorte que les média clients traitent de ça
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    et rajoutez-en une couche et réitérez jusqu'à ce que personne ne se souvienne
  • 9:02 - 9:06
    de rien à propos de cette personne intègre à part l'insulte que vous avez inventée.
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    La plupart des gens se souviennent de Trump imitant et se moquant du journaliste Serge Kovaleski
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    à un rassemblement de campagne en 2015, battant des bras ou que sais-je.
  • 9:15 - 9:18
    Mais ce que Colker remarque dans son article, et même moi je l'avais oublié,
  • 9:18 - 9:21
    c'est que toute cette histoire a commencé parce que Trump avait frauduleusement déclaré
  • 9:21 - 9:23
    que la communauté musulmane du New Jersey
  • 9:23 - 9:27
    acclamait la chute du World Trade Center le 11 septembre.
  • 9:27 - 9:32
    Et Kovaleski, en bon journaliste, avait publié que...
  • 9:32 - 9:34
    bah, non en fait.
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    La situation entière a dégénérée en "ce comportement grossier
  • 9:38 - 9:39
    mettra-t-il en péril la campagne de Trump?"
  • 9:39 - 9:45
    au lieu de se rendre compte que Trump avait utilisé le validisme comme cheval de Troie pour l'islamophobie.
  • 9:45 - 9:47
    Il a recommencé quand il s'est moqué de joueurs de la NFL
  • 9:47 - 9:49
    s'étant agenouillés pendant l'hymne national,
  • 9:49 - 9:51
    ce faisant détournant avec succès l'attention
  • 9:51 - 9:54
    du problème majeur que constitue la violence policière envers les Noirs américains.
  • 9:54 - 9:57
    Et encore, quand il a décrit les immigrants haïtiens et africains
  • 9:57 - 10:01
    comme venant, je cite, "du trou du cul du monde" et qualifiant les Mexicains-américains
  • 10:01 - 10:05
    de dealers et de vi*leurs, tout ça pour courir le fait que son administration avait abrogé DACA,
  • 10:06 - 10:09
    une politique permettant à certains individus étant arrivés enfants aux États-Unis
  • 10:09 - 10:10
    de rester dans le pays.
  • 10:10 - 10:12
    Vous vous souvenez de ça?
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    Bien sûr que non, personne ne s'en souvient.
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    Et peut-être que tout ça à des airs d'histoire ancienne quand, au moment de la rédaction, Elon Musk
  • 10:18 - 10:21
    et une grappe de complices mange-merde de 4chan sont enfermés dans je ne sais quelle
  • 10:21 - 10:26
    chambre forte gouvernementale, appuyant sur contrôle + A + supprimer sur l'Amérique.
  • 10:26 - 10:30
    Mais c'est très pertinent, car c'est maintenant que l'utilisation d'insultes, de la diffamation
  • 10:30 - 10:34
    et de la déshumanisation par les élites est la plus incontrôlable et éhontée.
  • 10:34 - 10:37
    Revenons à la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour Suprême,
  • 10:37 - 10:38
    nomination faite par Trump.
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    À une époque où les investigations des accusations crédibles d'agression s*xuelle à l'encontre de Kavanaugh étaient en cours,
  • 10:44 - 10:47
    Trump s'est, bien sûr, moqué de la victime présumée,
  • 10:47 - 10:49
    le docteur Christine Blasey Ford...
  • 10:49 - 10:50
    Trump: "Comment t'es rentrée chez toi?
  • 10:50 - 10:51
    I don't remember.
  • 10:51 - 10:51
    Comment t'es arrivée là?
  • 10:51 - 10:54
    Je ne m'en souviens pas. C'était où? Je ne m'en souviens pas.
  • 10:54 - 10:55
    C'était il y a combien d'années?
  • 10:55 - 10:56
    "Je ne m'en-"
  • 10:56 - 10:58
    ... se servant une fois de plus d'insultes pour obtenir un avantage politique
  • 10:58 - 11:02
    sous la forme d'un juge républicain conservateur de plus à la Cour Suprême.
  • 11:02 - 11:05
    Alors, est-ce que c'est vraiment la même chose que quand on me dit de grandir?
  • 11:06 - 11:07
    Oui.
  • 11:08 - 11:09
    Non.
  • 11:09 - 11:10
    Plus ou moins.
  • 11:10 - 11:11
    Ça serait une erreur
  • 11:11 - 11:14
    de penser que les insultes sont quelque chose dont seuls les méchants se servent.
  • 11:14 - 11:15
    Beaucoup de voix à l'unison: "Grandis!"
  • 11:15 - 11:20
    Il y a un écart qui se creuse au sein des internautes à tendance gauchiste
  • 11:20 - 11:22
    quant à la nécessité d'utiliser certaines insultes
  • 11:22 - 11:25
    afin de nous exprimer, d'alarmer, de paraître fort
  • 11:26 - 11:29
    et d'exposer nos arguments correctement et sans compromis.
  • 11:29 - 11:33
    Ou peut-être que les insultes reproduisent à peu près toujours des hiérarchies et
  • 11:33 - 11:38
    Elon Musk ne verra pas vos tweets grossophobes, mais vos potes avec une brioche, si.
  • 11:38 - 11:41
    Et évidemment, il y a toujours eu une différence idéologique
  • 11:41 - 11:44
    entre celleux qui croient à différents degrés que la politique identitaire
  • 11:44 - 11:48
    devrait passer après et nous distrait de la politique de classe.
  • 11:48 - 11:51
    Sous sa forme la plus clichée et dépourvue de nuance,
  • 11:51 - 11:53
    c'est un⋅e wokiste aux cheveux bleus qui se dispute avec un⋅e tankie,
  • 11:53 - 11:56
    les deux termes étant des insultes qui n'ont jamais l'air de faire mouche
  • 11:56 - 12:00
    ou de blesser qui que ce soit parce que, au fond, elles sont plutôt sottes.
  • 12:00 - 12:02
    Les communistes ont la même réaction au mot "tankie"
  • 12:02 - 12:04
    que les personnes gays au mot "sodomite".
  • 12:04 - 12:07
    Genre, comment tu viens de m'appeler?
  • 12:07 - 12:08
    C'est trop mignon.
  • 12:08 - 12:12
    Une tankie?? Oh, je suis une sodomite!
  • 12:12 - 12:13
    Et ouais.
  • 12:13 - 12:14
    Au vu de tout ça,
  • 12:14 - 12:18
    il n'y a en réalité que peu de choses que je peux affirmer sans l'ombre d'un doute sur les insultes.
  • 12:18 - 12:20
    Premièrement, c'est un domaine peu étudié.
  • 12:20 - 12:22
    On ne peut concrètement pas dire avec certitude
  • 12:22 - 12:25
    si c'est de la "praxis" de s'abaisser à insulter ou si c'est contreproductif de vouloir s'en détacher.
  • 12:25 - 12:26
    Il semblerait que nous n'ayons tout simplement pas la réponse.
  • 12:26 - 12:30
    D'autre part, comme je l'ai dit plus tôt, les insultes sont un outil utile aux élites de pouvoir
  • 12:31 - 12:33
    et elles sont utilisées par les ennemies du prolétariat
  • 12:33 - 12:38
    et des gens défavorisés pour détourner l'attention de et saper les réformes des droits civiques.
  • 12:38 - 12:41
    Il est donc intéressant que Ruth Colker, dans sa conclusion,
  • 12:41 - 12:44
    ne penche en faveur d'aucun côté de cette dichotomie.
  • 12:44 - 12:48
    Elle ne recommande ni l'utilisation ni le rejet des insultes.
  • 12:48 - 12:51
    Elle recommande une approche contextuelle.
  • 12:51 - 12:55
    Elle suggère que nous nous demandions quel est le contexte de l'insulte?
  • 12:55 - 12:56
    Qu'essayons-nous d'accomplir?
  • 12:56 - 12:57
    Et je trouve ça intelligent.
  • 12:57 - 12:58
    En plus de ça,
  • 12:58 - 13:02
    je peux déduire de son article que nous aurions tout intérêt à ne pas lâcher
  • 13:02 - 13:07
    et à nous concentrer sur l'origine des controverses, avant que les Trumps et les Musks de ce monde
  • 13:07 - 13:11
    ne transforment quoi que ce soit d'émancipatoire en un jeu d'ad hominem insensé.
  • 13:11 - 13:15
    Donc nous devrions apprendre de ce qu'il s'est passé avec Serge Kovaleski et ne pas perdre de vue
  • 13:15 - 13:18
    l'objectif tel qu'il existait avant toutes les tactiques de distraction.
  • 13:18 - 13:19
    Soulignons toutefois que,
  • 13:19 - 13:22
    pour autant qu'on ignore si, sans ambiguïté, les insultes reproduisent la hiérarchie,
  • 13:22 - 13:26
    nous pouvons en revanche affirmer avec une certaine assurance qu'elles reproduisent des groupes sociaux:
  • 13:26 - 13:28
    les siens et les autres.
  • 13:28 - 13:31
    Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose.
  • 13:31 - 13:33
    Ça n'est pas nécessairement une bonne chose.
  • 13:33 - 13:35
    C'est juste une chose... chose.
  • 13:35 - 13:38
    Comme dirait la professeure de psychologie Karina Korostelina:
  • 13:38 - 13:40
    Hoots: "une insulte est un acte social
  • 13:40 - 13:42
    construit mutuellement par des groupes sociaux
  • 13:42 - 13:44
    sur base de la frontière qui les sépare."
  • 13:44 - 13:46
    C'est-à-dire
  • 13:46 - 13:48
    qu'une des manières dont nous créons et renforçons des groupes sociaux
  • 13:48 - 13:52
    et les différences entre ces groupes, c'est via l'insulte.
  • 13:52 - 13:54
    Ce qui m'a poussé à réfléchir.
  • 13:54 - 13:56
    Quand quelqu'un dit "grandis",
  • 13:56 - 13:59
    c'est qui, les siens? Et c'est qui, les autres?
  • 13:59 - 14:01
    C'est pas les adultes et les enfants, n'est-ce pas?
  • 14:01 - 14:05
    Je ne pense pas que ces commentaires nous accusent, Sarah et moi,
  • 14:05 - 14:08
    d'être littéralement des enfants, surtout étant donné que
  • 14:08 - 14:11
    Sarah était visiblement enceinte, et j'ai l'air décrépit.
  • 14:11 - 14:14
    Vous avez vu les nouveaux essayistes vidéo qu'ils ont aujourd'hui?
  • 14:14 - 14:18
    Tirrrb et José María Luna? Des vraies peaux de chérubin!
  • 14:18 - 14:20
    Non, ils ne disent pas que nous sommes des enfants.
  • 14:20 - 14:24
    Ils disent que nous sommes autre chose, quelque chose de semblable à un enfant.
  • 14:24 - 14:27
    Alors on me dit de grandir, que tout le monde est corrompu ici bas
  • 14:27 - 14:29
    Alors boucle-la
  • 14:29 - 14:30
    Et si t'essayes
  • 14:30 - 14:33
    de répandre la justice, sache-le, on ne le peut car le monde est ainsi fait
  • 14:33 - 14:35
    Alors tu ferais mieux de grandir un peu.
  • 14:35 - 14:39
    Sarah, j'ai vraiment l'impression d'être une branleuse à faire ces parodies d'Hamilton, genre vraiment, c'est
  • 14:39 - 14:40
    immensément cringe.
  • 14:40 - 14:43
    Alors j'ai de nouveau écumé les commentaires et j'ai essayé d'y trouver un thème récurrent.
  • 14:43 - 14:45
    Je sais, j'adore me faire du mal,
  • 14:45 - 14:49
    mais c'était important de comprendre le sens profond de "Grandis."
  • 14:49 - 14:50
    Et là je me suis souvenue.
  • 14:50 - 14:51
    Je l'ai déjà dit.
  • 14:51 - 14:52
    "Moi, oui."
  • 14:52 - 14:53
    Qu'est-ce que moi, j'ai voulu dire?
  • 14:53 - 14:56
    Et je me souviens, j'employais "grandis" dans le sens
  • 14:56 - 15:00
    "sois plus Irlandaise, sois plus comme moi".
  • 15:00 - 15:04
    C'est arrivé pendant une dispute avec Sarah sur la façon d'être parent parce que Sarah est américaine
  • 15:04 - 15:08
    et je suis irlandaise, et la culture américaine semble mettre les partenaires romantiques
  • 15:08 - 15:09
    et la progéniture sur un pied d'égalité.
  • 15:09 - 15:12
    Alors que la culture irlandais est un peu plus orientée
  • 15:12 - 15:13
    autour des bébés et de la reproduction.
  • 15:13 - 15:17
    Donc nous valorisons les enfants d'une famille en quelque sorte plus que les adultes, il me semble.
  • 15:18 - 15:19
    Éclatez-vous en commentaires
  • 15:19 - 15:21
    si vous pensez que j'ai tort à ce sujet ou si vous pensez que l'une ou l'autre
  • 15:21 - 15:24
    de ces deux cultures est répugnante. Je pense que c'est juste une différence.
  • 15:24 - 15:26
    Du moins, je pense que c'est juste une différence
  • 15:26 - 15:28
    tant que ce n'est pas un sujet de dispute,
  • 15:28 - 15:31
    mais quand quelqu'un d'autre dit que ma culture a tort
  • 15:31 - 15:34
    et que je dois rétorquer que sa culture a tort,
  • 15:34 - 15:37
    il y a un outil à ma disposition, à portée de main.
  • 15:37 - 15:38
    "Grandis."
  • 15:38 - 15:40
    Il n'y a qu'une seule réponse objective ici.
  • 15:40 - 15:43
    Celle que seuls les adultes sont prêts à accepter.
  • 15:43 - 15:47
    Et avec cette lucidité, j'ai pu voir que ces commentaires correspondaient en effet à un modèle.
  • 15:47 - 15:49
    Pas un modèle qui saute aux yeux,
  • 15:49 - 15:52
    mais un qui révèle beaucoup sur notre compréhension implicite de la société
  • 15:52 - 15:55
    et du monde. Des hiérarchies que l'on partage
  • 15:55 - 15:58
    si profondément et inconsciemment que nous les apercevons rarement.
  • 15:59 - 16:01
    "Grandis" s'avère
  • 16:01 - 16:03
    être un genre d'insulte très spécial.
  • 16:03 - 16:06
    Mais afin de comprendre pourquoi, il faut passer à la deuxième
  • 16:06 - 16:10
    question la plus évidente: pourquoi être semblable à un enfant devrait être un problème?
  • 16:10 - 16:11
    Pourquoi c'est une insulte?
  • 16:11 - 16:12
    Pourquoi c'est pas bien?
  • 16:12 - 16:16
    Pourquoi, de toutes les manières possibles dont ou pourrait catégoriser les gens,
  • 16:16 - 16:18
    est-ce qu'on déteste ce groupe-là:
  • 16:18 - 16:20
    les enfants?
  • 16:20 - 16:22
    (Conclusion)
    🎵 note de contrebasse 🎵
  • 16:22 - 16:24
    Alors pourquoi s'arracher les cheveux
  • 16:24 - 16:26
    parce qu'on nous dit de grandir?
  • 16:27 - 16:28
    Nan, c'est vraiment des conneries.
  • 16:28 - 16:28
    🎵 Solo de batterie jazz 🎵
  • 16:28 - 16:29
    C'est vraiment des conneries
  • 16:29 - 16:32
    parce que d'ici à ce qu'on arrive à la conclusion,
  • 16:32 - 16:34
    on ne va pas parler d'insultes du tout.
  • 16:34 - 16:36
    C'est comme un leurre, vous voyez?
  • 16:36 - 16:37
    Sarah: "Pourquoi tu ne parlerais pas de quelque chose de positif?
  • 16:37 - 16:39
    Les insultes, c'est juste le mauvais côté.
  • 16:39 - 16:41
    Il nous faut quelque chose d'encourageant."
  • 16:42 - 16:42
    Neilly: Je veux dire, écoute.
  • 16:42 - 16:45
    On va parler de trucs sympas faits d'espoir et d'amour.
  • 16:45 - 16:49
    C'est juste que... et... Le premier commentaire qu'on va recevoir, c'est
  • 16:49 - 16:52
    "pouquoi vous parlez de ça alors que le monde est en train de-"
  • 16:52 - 16:53
    − ça devrait pas être là, ça, mon cœur.
  • 16:53 - 16:59
    "Pourquoi vous parlez d'infantisme alors que, genre, vous savez, on va tous crever?"
  • 16:59 - 17:00
    Je le pense pas- Je suis désolée.
    Sarah: "Et puis,
  • 17:00 - 17:03
    si on se condamne à ne parler que des pires choses,
  • 17:03 - 17:04
    alors on ne parlera plus que de ça
  • 17:04 - 17:07
    et les gens ne seront quand même pas contents."
  • 17:07 - 17:09
    🎵 ride de jazz 🎵
  • 17:09 - 17:12
    "Tu te prends encore trop la tête avec les commentaires."
  • 17:12 - 17:14
    Les deux: "Parle juste des enfants."
  • 17:14 - 17:18
    (Deuxième partie: pourquoi c'est accepté de détester les enfants?)
  • 17:20 - 17:22
    Avez-vous remarqué qu'il est plutôt socialement acceptable
  • 17:22 - 17:26
    de dire que vous détestez les enfants? Ou au moins, de dire que vous ne les aimez pas?
  • 17:26 - 17:30
    Il est clairement socialement acceptable de dire que vous ne les voulez pas dans vos pattes.
  • 17:30 - 17:32
    D'échanger un regard dédaigneux
  • 17:32 - 17:35
    avec un⋅e compagne⋅on de voyage parce que vous avez remarqué qu'il y a un bébé dans l'avion?
  • 17:36 - 17:39
    Ou de juger l'éducation d'un enfant qui pleure au supermarché?
  • 17:39 - 17:43
    Ou de garder un œil méfiant sur un groupe d'ados au cinéma?
  • 17:43 - 17:45
    Les espaces réservés aux adultes sont normatifs.
  • 17:45 - 17:49
    Et même les espaces qui autorisent les enfants ne le font que s'iels se tiennent comme il faut.
  • 17:49 - 17:51
    Est-il socialement acceptable pour un bébé qui pleure
  • 17:51 - 17:52
    d'être dans un grand restaurant
  • 17:52 - 17:56
    ou bien est-ce qu'on s'attend à ce que sa mère le batte jusqu'à ce qu'il se calme?
  • 17:56 - 17:59
    Peut-être la jugera-t-on pour avoir amené un bébé ici en premier lieu?
  • 18:00 - 18:00
    Allez voir.
  • 18:00 - 18:06
    Recherchez la phrase "je hais les enfants" parce que moi, je l'ai fait, et c'était pas joli.
  • 18:06 - 18:07
    Les gens sont méchants.
  • 18:07 - 18:10
    Les gens sont méchants envers des bébés.
  • 18:10 - 18:13
    J'ai trouvé des litanies entières, à différents niveaux de professionnalisme, dénigrant les enfants
  • 18:13 - 18:17
    parce qu'iels sont ennuyeux⋅ses ou bruyant⋅es, parce qu'iels prennent de la place,
  • 18:17 - 18:21
    jugeant les parents trop laxistes sur la discipline, opinant que les enfants
  • 18:21 - 18:25
    ne devraient pas être autorisés en public jusqu'à ce qu'iels apprennent à se tenir comme il faut.
  • 18:25 - 18:26
    Voici un exemple:
  • 18:26 - 18:29
    un article australien a rapporté que, pendant un débat public
  • 18:29 - 18:32
    sur la question d'autoriser les chiens dans les cafés,
  • 18:32 - 18:36
    la conversation est vite passée des chiens, qui ne posaient finalement pas problème,
  • 18:36 - 18:42
    aux enfants, qui étaient vu⋅es comme la réelle menace à la paix, la détente et l'ordre public.
  • 18:42 - 18:45
    L'article cite l'opinion d'une personne sur le sujet:
  • 18:45 - 18:46
    Talis: "J'aimerais beaucoup voir cela aller plus loin
  • 18:46 - 18:49
    et retirer tous les enfants des lieux publics...
  • 18:49 - 18:52
    Les lieux touristiques et les options de voyage devraient être classifiées comme
  • 18:52 - 18:54
    acceptant ou non les enfants,
  • 18:54 - 18:57
    faire en sorte que ces choses dégoûtantes voyagent dans leurs propres wagons et avions
  • 18:57 - 18:59
    et vivent dans leurs propres espaces.
  • 18:59 - 19:01
    Le monde serait un bien meilleur endroit
  • 19:01 - 19:04
    si tous les enfants étaient enfermés jusqu'à ce qu'iels soient assez grand⋅es pour se tenir."
  • 19:04 - 19:07
    Cette idée que les enfants, une catégorie de personnes,
  • 19:07 - 19:11
    devraient être confinés à des sphères privées n'est apparemment pas polémique.
  • 19:11 - 19:13
    Pour les jeunes enfants, cette discrimination est justifiée
  • 19:13 - 19:16
    en évoquant leur agitation ou leur vulnérabilité −
  • 19:16 - 19:19
    soit iels sont trop turbulent⋅es pour pouvoir accéder aux espaces publics,
  • 19:19 - 19:21
    soit iels sont trop vulnérables, facilement corrompus,
  • 19:21 - 19:25
    ou "kidnappables" ou de manière générale affecté⋅es quand on les autorise en public.
  • 19:25 - 19:29
    Les enfants plus âgé⋅es, en revanche, ne sont pas perçu⋅es comme vulnérables, mais plutôt comme des criminel⋅les.
  • 19:29 - 19:30
    Comme le dit un article:
  • 19:30 - 19:32
    Rohan Davis: "À partir d'environ 12 ans,
  • 19:32 - 19:37
    la société adulte ne considère plus les enfants (particulièrement les enfants racisé⋅es)
  • 19:37 - 19:42
    comme des propriétés impuissantes, mais plutôt comme des criminels téméraires
  • 19:42 - 19:45
    dénué⋅es de tout sens de la responsabilité
  • 19:46 - 19:49
    ou de compréhension de leur vie.
  • 19:49 - 19:53
    Par conséquent, les jeunes sont chassé⋅es de l'espace public."
  • 19:53 - 19:58
    Les adolescent⋅es sont régulièrement ouvertement profilé⋅es ou exclus de l'espace public.
  • 19:59 - 20:02
    Pensez au "Mosquito", un appareil qui émet un son à haute fréquence
  • 20:02 - 20:05
    que les adolescent⋅es peuvent entendre mais pas les adultes.
  • 20:05 - 20:06
    Installer le "Mosquito"
  • 20:06 - 20:10
    dans des parcs ou en dehors des bâtiments empêche les adolescent⋅es de "flâner".
  • 20:10 - 20:12
    Vous savez, le délit d'exister en public sans dépenser d'argent.
  • 20:12 - 20:15
    C'est une contrainte qui impacte particulièrement les adolescent⋅es
  • 20:15 - 20:19
    qui ont tendance à avoir très peu d'argent et très peu d'endroits où aller.
  • 20:20 - 20:24
    Le "Mosquito" est largement utilisé en Australie, en Amérique du Nord et en Europe
  • 20:24 - 20:27
    malgré le fait qu'il contrevienne à des articles sur les droits humains
  • 20:27 - 20:30
    à la fois de la Convention Européenne des Droits de l'Homme
  • 20:30 - 20:34
    et du Pacte International relatif aux Droits Économiques, Sociaux et Culturels
  • 20:34 - 20:38
    et qu'il est capable de provoquer des dommages physiques chez les enfants
    (Est-ce dangereux?)
    (OUI !)
  • 20:38 - 20:43
    avec des symptômes tels que des vertiges, des maux de tête, de la nausée et des troubles sensoriels.
  • 20:43 - 20:46
    Le risque est le plus élevé chez les enfants non-verbales⋅aux et les nourrissons
  • 20:46 - 20:52
    qui pourraient être exposé⋅es au son de façon prolongée par des parents qui ne peuvent elleux-mêmes
  • 20:52 - 20:54
    et donc ne savent pas pourquoi leur enfant est en détresse.
  • 20:54 - 20:56
    Et oui,
  • 20:56 - 21:00
    ce biais envers les enfants est impacté par d'autres mécanismes de marginalisation,
  • 21:00 - 21:02
    en particulier, la race et la classe.
  • 21:02 - 21:06
    Des espaces auxquels les enfants privilégié⋅es peuvent accéder librement, comme les parcs et les écoles,
  • 21:06 - 21:09
    sont souvent inaccessibles à des enfants de groupes minoritaires.
  • 21:09 - 21:10
    Ici en Irlande,
  • 21:10 - 21:13
    les enfants Travellers sont techniquement encouragé⋅es à fréquenter l'école publique,
  • 21:13 - 21:18
    mais iels font face à une discrimination continue, allant d'une invisibilisation plus bénigne −
  • 21:18 - 21:21
    leur culture et langue sont absentes du cursus irlandais −
  • 21:21 - 21:25
    à des formes plus extrêmes d'hostilité venant de leurs camarades et enseignant⋅es.
  • 21:25 - 21:27
    Tout ceci fait que les enfants Travellers
  • 21:27 - 21:29
    sont incité⋅es à arrêter l'école plus tôt.
  • 21:29 - 21:30
    Comme le dit un Traveller:
  • 21:30 - 21:32
    Caelan Conrad: "Mes parents voulaient que j'aille à l'école,
  • 21:32 - 21:36
    mais à cause de la discrimination qu'il y avait à l'école secondaire,
  • 21:36 - 21:39
    je suis parti après 6 mois d'école secondaire...
  • 21:39 - 21:40
    J'ai juste pas tenu le coup.
  • 21:40 - 21:42
    J'étais vraiment bon élève.
  • 21:42 - 21:43
    Je ne m'attirais jamais d'ennuis,
  • 21:43 - 21:45
    je n'ai jamais été renvoyé chez moi.
  • 21:45 - 21:47
    On m'appelait "k****er",
  • 21:47 - 21:50
    "t'es qu'un sale g***n,
  • 21:50 - 21:51
    va te laver"."
  • 21:51 - 21:56
    On dénie d'ailleurs souvent aux enfants racisé⋅es leur enfance.
  • 21:56 - 21:58
    Elliot Sang: "Les préjugés racistes traitent les enfants Noir⋅es
  • 21:58 - 21:59
    comme plus fort⋅es physiquement,
  • 21:59 - 22:04
    plus au fait de la sexualité, moins innocent⋅es, moins sensibles à la douleur,
  • 22:04 - 22:07
    et plus coupables que les enfants Blanc⋅hes.
  • 22:07 - 22:11
    Cette exclusion montre que le droit à l'idéal de l'enfance n'est pas inné
  • 22:11 - 22:17
    mais est en fait un privilège qui est largement exclusif aux enfants Blanc⋅hes."
  • 22:17 - 22:19
    C'est quelque chose qui devrait nous être à tous⋅tes familier
  • 22:19 - 22:20
    à travers des cas médiatisés
  • 22:20 - 22:23
    comme Tamir Rice, 12 ans,
  • 22:23 - 22:26
    qui jouait avec un faux pistolet dans un parc, quand des policiers lui ont tiré dessus.
  • 22:26 - 22:29
    Ou Trayvon Martin, 17 ans, qui marchait en public,
  • 22:29 - 22:34
    abattu par un vigilante pour le crime de rentrer chez soi du supermarché.
  • 22:34 - 22:35
    L'homme qui l'a tué, George Zimmerman,
  • 22:35 - 22:38
    qui peint durant son temps libre des images comme celle-ci,
  • 22:38 - 22:40
    a été acquitté de toutes les charges.
  • 22:40 - 22:45
    Le jury clairement d'accord qu'un enfant Noir sans arme sortant d'un magasin
  • 22:45 - 22:48
    constituait un comportement suffisamment suspect pour justifier le meurtre.
  • 22:49 - 22:54
    De prime abord paradoxalement, les adultes Noir⋅es sont souvent perçu⋅es comme moins matures,
  • 22:54 - 22:56
    ce qui montre la mutabilité de ces catégories,
  • 22:56 - 23:02
    la manière dont on invoque la condition d'adulte pour faire paraître les enfants racisé⋅es comme dangeureux⋅ses
  • 23:02 - 23:04
    et la condition d'enfant pour faire paraître les adultes
  • 23:04 - 23:08
    comme ne méritant pas de droits.
  • 23:08 - 23:11
    Dans tous les cas, nous nous servons de l'âge
  • 23:11 - 23:15
    comme d'un outil de contrôle et de terreur.
  • 23:15 - 23:17
    Mais heureusement,
  • 23:17 - 23:21
    (Troisième partie)
    il y a un courant philosophique cherchant à questionner la morale de cette assertion.
  • 23:21 - 23:24
    (L'infantisme)
    Ça s'appelle l'infantisme, et c'est exaltant.
  • 23:24 - 23:25
    C'est nouveau.
  • 23:25 - 23:27
    C'est compatible avec les buts de la gauche.
  • 23:27 - 23:28
    Et ça semble concorder
  • 23:28 - 23:32
    avec beaucoup de ce que nous avons exploré ces quelques dernières années.
  • 23:32 - 23:36
    Mais avant de continuer, comme le feraient de meilleurs essais vidéo,
  • 23:36 - 23:38
    il nous faut expliquer le terme.
  • 23:38 - 23:42
    Du coup, l'infantisme peut faire référence à deux concepts distincts.
  • 23:42 - 23:45
    Le premier, c'est la discrimination envers les enfants.
  • 23:45 - 23:47
    C'est un "-isme" de la même façon que le "rac-isme" décrit
  • 23:47 - 23:50
    la discrimination des gens de races différentes.
  • 23:50 - 23:53
    La deuxième conceptualisation de l'infantisme est une philosophie
  • 23:53 - 23:55
    qui propose des relations plus égalitaires
  • 23:55 - 23:57
    entre les adultes et les enfants.
  • 23:57 - 24:01
    C'est un "-isme" de la même façon que le "fémin-isme" propose des relations plus égalitaires
  • 24:01 - 24:03
    entre les genres.
  • 24:03 - 24:08
    Dans cet essai, lorsque nous parlons d'infantisme, nous ferons référence à la philosophie,
  • 24:08 - 24:10
    à l'idée fondamentale que les enfants sont des personnes,
  • 24:10 - 24:14
    et par-dessus tout à la responsibilité qui nous incombe de reconfigurer la société
  • 24:14 - 24:17
    pour qu'elle réponde à la fois aux besoins des enfants et des adultes,
  • 24:17 - 24:19
    parce que pour le moment, elle ne sert que ces derniers.
  • 24:19 - 24:21
    Et les enfants sont des personnes,
  • 24:21 - 24:22
    prenez vraiment un instant pour y réfléchir,
  • 24:22 - 24:25
    les enfants sont des personnes.
  • 24:25 - 24:28
    Ça n'a pas l'air révolutionnaire de dire que les enfants sont des personnes,
  • 24:28 - 24:31
    mais quand on prend le temps d'examiner la façon dont on opère, il apparaît clairement
  • 24:32 - 24:34
    que nous ne voyons pas les enfants comme des personnes.
  • 24:34 - 24:37
    Nous les voyons comme de futurs adultes, ou des "presque personnes".
  • 24:37 - 24:40
    Ça remonte jusqu'à Aristote, qui soutenait que
  • 24:40 - 24:45
    la forme mature d'un organisme est sa forme définitionnelle, qui remplit son véritable rôle.
  • 24:45 - 24:49
    Toutes les étapes y menant sont orientées vers le statut d'adulte.
  • 24:49 - 24:52
    Mais plutôt que de voir ça comme une conceptualisation aristotélicienne,
  • 24:52 - 24:56
    nous aurons plus tendance à voir les enfants à travers le prisme de la psychologie du développement,
  • 24:56 - 25:00
    comme quelqu'un⋅e qui n'a pas encore totalement développé sa capacité d'empathie
  • 25:00 - 25:02
    ou sa réelle capacité visuelle.
  • 25:02 - 25:08
    C’est ainsi que Piaget a décrit les enfants comme existant à différents stades de l’être
  • 25:08 - 25:13
    qui sont définis par un déficit lorsqu’on les compare à une norme adulte présupposée.
  • 25:14 - 25:17
    Et même si on ne pense pas consciemment aux enfants comme étant des adultes déficient⋅es,
  • 25:18 - 25:21
    nous les voyons souvent comme des êtres en cours de réalisation,
  • 25:21 - 25:25
    qui devraient être soutenu⋅es dans ce processus par celleux au pouvoir, les adultes,
  • 25:25 - 25:29
    jusqu'à temps qu'un⋅e tel⋅le enfant développe ses pleines capacités
  • 25:29 - 25:32
    et franchisse ellui-même le seuil de l'âge adulte,
  • 25:32 - 25:33
    grandisse.
  • 25:33 - 25:37
    On pense souvent à l'enfant comme une sorte d'évolution miniature
  • 25:37 - 25:40
    D'abord, on est un nourrisson et on ne voit pas bien,
  • 25:40 - 25:42
    on ne sait pas parler, on ne sait pas marcher, etc.
  • 25:42 - 25:43
    Puis on est un bébé,
  • 25:43 - 25:45
    on sait parler, on sait marcher... un peu,
  • 25:45 - 25:49
    mais on ne peut pas vraiment appréhender des plans sur le long terme ou des opérations complexes,
  • 25:49 - 25:52
    et puis on et un⋅e enfant, puis un⋅e adolescent⋅e.
  • 25:52 - 25:55
    Il y a toujours des jalons qu'on est censé⋅es atteindre dans notre développement.
  • 25:55 - 25:57
    Et enfin, l'âge adulte.
  • 25:57 - 25:58
    On a atteint sa forme finale.
  • 25:58 - 26:02
    Ceci est un concept philosophique appelé "récapitulation"
  • 26:02 - 26:06
    selon lequel le développement de chaque enfant reflète la philogenèse de l'espèce humaine.
  • 26:07 - 26:10
    Et tout comme la mauvaise interprétation moderniste de la théorie de l'évolution,
  • 26:10 - 26:13
    nous croyons que la forme ultime est la meilleure,
  • 26:13 - 26:14
    l'objectif à atteindre,
  • 26:14 - 26:16
    le Tortank.
  • 26:16 - 26:18
    C'est la raison pour laquelle les gens nous disent de grandir:
  • 26:18 - 26:21
    il est malséant que nous n'ayons toujours pas atteint notre forme adulte.
  • 26:21 - 26:25
    Mais c'est une erreur de penser l'évolution hiérarchiquement.
  • 26:25 - 26:26
    Les hominoïdes ne sont pas meilleurs que les singes,
  • 26:26 - 26:28
    ils se sont adaptés à des environnements différents,
  • 26:28 - 26:31
    Et les Tortanks ne sont tout simplement pas réels.
    (TORTANK!)
  • 26:32 - 26:33
    De la même façon, le darwinisme social
  • 26:33 - 26:36
    était une mauvaise application de l'évolution.
  • 26:36 - 26:37
    Percevoir certaines sociétés
  • 26:37 - 26:41
    comme plus évoluées que d'autres alors qu'elles étaient simplement adaptées différemment.
  • 26:41 - 26:45
    L'idée que vous ne seriez pas une personne tant que vous n'avez pas atteint ces jalons dans votre développement
  • 26:45 - 26:49
    est essentiellement la même que celle selon laquelle vous ne seriez pas une personne
  • 26:49 - 26:52
    si vous ne correspondez pas à la norme parce que vous avez, par exemple, un handicap.
  • 26:53 - 26:55
    Peut-être que vous avez une mauvaise vue, comme un nourrisson,
  • 26:55 - 26:57
    peut-être que vous avez de piètres aptitudes sociales, comme un jeune enfant,
  • 26:57 - 27:01
    peut-être que vous régulez mal vos émotions, comme un⋅e adolescent⋅e.
  • 27:01 - 27:04
    Le validisme interagit si fortement avec l'adultisme
  • 27:04 - 27:06
    qu'on dirait presque la même chose.
  • 27:06 - 27:12
    C'est cette idée que le respect n'est gagné que par maturation vers cet idéal de l'adulte,
  • 27:12 - 27:16
    un être physiquement et émotionnellement indépendant.
  • 27:16 - 27:20
    Zoe Bee: "L'infantisme dissout cette dichotomie entre les adultes indépendants
  • 27:20 - 27:24
    et les jeunes enfants dépendants en mettant l'emphase sur l'interdépendance
  • 27:24 - 27:28
    à différents niveaux comme étant fondamentale à l'existence humaine.
  • 27:28 - 27:30
    Les émotions et l'agentivité des êtres humains
  • 27:30 - 27:33
    se forment à travers des relations avec d'autres êtres humains
  • 27:33 - 27:37
    (et leurs émotions et agentivité) ainsi qu'avec des non-humains,
  • 27:37 - 27:41
    c'est-à-dire, les animaux, les microbiomes, le climat, etc.
  • 27:41 - 27:45
    Cela remet en question les notions de liberté et pose la question:
  • 27:45 - 27:48
    Que signifie réellement la liberté
  • 27:48 - 27:54
    à la lumière de la compréhension des relations sociales et plus-que-sociales comme caractérisées par l'interdépendance,
  • 27:54 - 28:00
    et à la lumière de l'expérience et des pratiques des enfants de cette interdépendance entre êtres humains
  • 28:00 - 28:04
    ainsi qu'entre les humains et les espèce et la matérialité non-humaines."
  • 28:04 - 28:09
    L'infantisme nous demande de ne plus assimiler la dépendance à la soumission,
  • 28:09 - 28:12
    mais plutôt de tous⋅tes se voir comme partiellement dépendant⋅es
  • 28:12 - 28:17
    et partiellement indépendant⋅es en toiles toujours fluctuantes d'interdépendance
  • 28:17 - 28:21
    Même la personne la plus indépendante dépend quand même de la société humaine.
  • 28:21 - 28:25
    Et tout période d'indépendance relative sera brève,
  • 28:25 - 28:27
    prise en sandwich entre nos débuts en tant que bébés
  • 28:27 - 28:30
    et notre expérience de formes de handicap grandissantes.
  • 28:30 - 28:33
    Alors, pourquoi ne pas abolir la hiérarchie, et accepter le fait
  • 28:33 - 28:36
    que nous ne faisons jamais rien de vraiment indépendant.
  • 28:36 - 28:39
    Même les bébés, comme je viens de l'apprendre en donnant le sein,
  • 28:39 - 28:40
    c'est un effort coopératif
  • 28:40 - 28:44
    entre le bébé et moi, où chacun apprend et s'ajuste à l'autre
  • 28:44 - 28:46
    pour que cela fonctionne.
  • 28:46 - 28:49
    Ce n'est pas quelque chose que je peux imposer au bébé.
  • 28:49 - 28:52
    L'infantisme, à son niveau le plus basique, souligne que les enfants sont des personnes.
  • 28:52 - 28:53
    Les enfants sont des personnes.
  • 28:53 - 28:54
    Mon bébé est une personne
  • 28:54 - 28:59
    avec une expérience physique du monde, et une expérience sociale du monde.
  • 28:59 - 29:01
    Iel a des besoins qui diffèrent de ceux des adultes,
  • 29:01 - 29:04
    et ça ne rend aucunement ces besoins moins importants.
  • 29:05 - 29:09
    Iel a le droit de s'exprimer socialement
  • 29:09 - 29:13
    sans que cette expression soit considérée comme désagréable,
  • 29:13 - 29:17
    sans que son expérience sociale, ses besoins ou son expression de soi
  • 29:17 - 29:22
    ne soient réduits à un quelconque désagrément pour je ne sais quels adultes à proximité.
  • 29:22 - 29:27
    Donc, si nous sommes réellement prêt⋅es à s'y attaquer, à quoi ça ressemblerait?
  • 29:27 - 29:31
    Dire que les enfants ont des droits, que les bébés ont des droits,
  • 29:31 - 29:34
    de certaines façons, nous fait repenser ce que nous entendons par "droits",
  • 29:35 - 29:39
    parce que je ne crois pas que mon bébé devrait déposer un bulletin de vote dans l'isoloir,
  • 29:39 - 29:41
    non seulement car je ne pense pas que la société en bénéficierait,
  • 29:41 - 29:44
    mais parce que je ne pense pas qu'iel en bénéficiera.
  • 29:44 - 29:47
    Je ne pense pas que, quand un⋅e enfant veut exclusivement manger de la glace,
  • 29:47 - 29:52
    sa parente viole ses droits humains fondamentaux si elle lui fait manger des carottes.
  • 29:52 - 29:54
    Mais ces exemples reflètent une vision des droits
  • 29:54 - 29:57
    qui est très individualiste, et poussés à l'extrême,
  • 29:58 - 30:00
    ils nous amènent à des raisonnements très malaisants.
  • 30:00 - 30:03
    Je cite fréquemment Firestone, De Beauvoir et Foucault sur cette chaîne,
  • 30:04 - 30:05
    et bien que j'apprécie vraiment beaucoup de leurs travaux,
  • 30:05 - 30:09
    iels abordent tous⋅tes ce phénomène et en tirent honnêtement de mauvaises conclusions.
  • 30:09 - 30:11
    Iels ont tous⋅tes des problèmes avec la hiérarchie,
  • 30:11 - 30:13
    et iels souhaitent tous⋅tes que les enfants soient nos égales⋅aux,
  • 30:13 - 30:16
    mais iels semblent bloquer sur l'idée que traiter les enfants comme nos égales⋅aux,
  • 30:16 - 30:18
    implique de leur donner le champ libre,
  • 30:18 - 30:22
    car, à bien des égards, iels perçoivent la liberté comme un droit étalon,
  • 30:22 - 30:24
    et certains de leurs textes deviennent indéfendables
  • 30:24 - 30:26
    quand, à différents niveaux,
  • 30:26 - 30:31
    iels explorent cela dans le contexte de relations sexuelles entre adultes et enfants −
  • 30:31 - 30:34
    et je sais que toute philosophie poussée à l'extrême peut paraître problématique,
  • 30:34 - 30:38
    mais... Simone, Shulamith, Michel... là, c'est pas ça.
  • 30:38 - 30:41
    Et si au lieu d'accorder de la valeur à la liberté ou à l'indépendance
  • 30:41 - 30:44
    comme le standard ultime du respect, on choisissait d'autres droits,
  • 30:44 - 30:45
    comme le "care"?
  • 30:45 - 30:48
    Le droit à la sollicitude, le droit de voir ses besoins satisfaits.
  • 30:48 - 30:50
    Le droit est le même
  • 30:50 - 30:52
    que l'on parle d'un adulte ou d'un⋅e enfant.
  • 30:52 - 30:54
    Nous avons tous besoin d'un toit, de nourriture,
  • 30:54 - 30:57
    de liens, ou encore le droit à la communauté,
  • 30:57 - 30:59
    c'est-à-dire le droit de voir ses besoins pris en compte
  • 30:59 - 31:02
    pendant les décisions de groupe, le droit d'accès aux espaces,
  • 31:02 - 31:04
    le droit d'être entendu⋅e,
  • 31:04 - 31:06
    le droit d'être un⋅e participant⋅e actif⋅ve dans le monde
  • 31:06 - 31:09
    plutôt que laisser le monde nous affecter.
  • 31:09 - 31:10
    Alors, ça ressemblerait à quoi?
  • 31:10 - 31:14
    Et bien, je suis une immigrante, du coup mes préconceptions sur le fonctionnement de la vie
  • 31:14 - 31:16
    sont constamment remises en question.
  • 31:16 - 31:20
    Parce que certains aspects de la vie fonctionnent assez différemment ici, en Irlande.
  • 31:20 - 31:25
    Et les enfants sont traité⋅es très différemment ici comparé aux États-Unis.
  • 31:25 - 31:30
    Prenons comme exemple ce centre communautaire très irlandais:
  • 31:30 - 31:31
    le pub.
  • 31:31 - 31:34
    Les pubs contiennent les mêmes éléments que les bars aux États-Unis.
  • 31:34 - 31:36
    Ils peuvent avoir des étagères d'alcools forts.
  • 31:36 - 31:38
    Ils peuvent avoir des écrans diffusant du sport.
  • 31:38 - 31:40
    Il peut y avoir de la musique.
  • 31:40 - 31:42
    Il ne fait aucun doute qu'ils ont des habitué⋅es,
  • 31:42 - 31:45
    peut-être avec quelques problèmes d'abus de substance,
  • 31:45 - 31:47
    mais il y a aussi des enfants,
  • 31:48 - 31:51
    et même pas nécessairement des enfants sages,
  • 31:51 - 31:54
    mais des enfants qui courent dans nos pattes, des enfants qui pleurent,
  • 31:55 - 31:58
    des enfants que les parents ne contiennent pas du tout.
  • 31:58 - 32:00
    L'année dernière, je suis allée boire un verre au pub
  • 32:00 - 32:04
    sans me rendre compte que c'était le moment des confirmations
  • 32:04 - 32:06
    et j'y ai trouvé des tonnes d'enfants.
  • 32:06 - 32:09
    Iels étaient sur leur trente-et-un,
  • 32:09 - 32:12
    courant d'un bout à l'autre du pub,
  • 32:12 - 32:16
    braillant joyeusement pendant que leurs parents se la mettaient à l'envers.
  • 32:16 - 32:17
    Ce n'était pas un événement privé,
  • 32:17 - 32:19
    le pub n'avait pas été loué,
  • 32:19 - 32:22
    c'est juste socialement acceptable pour les enfants ici,
  • 32:22 - 32:26
    même les enfants dopés au sucre et à l'air de fête,
  • 32:26 - 32:27
    de partager un lieu social avec des adultes.
  • 32:27 - 32:32
    Les enfants ici sont plus proches d'avoir leur droit à la communauté reconnu.
  • 32:32 - 32:35
    Un autre exemple: parlons du Japon.
  • 32:35 - 32:39
    Le degré auquel l'infrastructure est conçue
  • 32:39 - 32:42
    pour satisfaire les besoins des enfants est très différent là-bas.
  • 32:42 - 32:46
    Je me souviens avoir déménagé au Japon et vu pour la première fois
  • 32:46 - 32:50
    un⋅e enfant de cinq ans marcher avec assurance sur le trottoir... seul⋅e,
  • 32:50 - 32:52
    pas un parent en vue.
  • 32:52 - 32:54
    En tant qu'ancienne instit' de maternelle aux États-Unis,
  • 32:54 - 32:58
    faire sortir ma classe n'importe où en dehors du bâtiment était terrifiant,
  • 32:58 - 33:00
    un événement que nous évitions le plus possible.
  • 33:00 - 33:04
    Mais au Japon, même dans les grandes villes,
  • 33:04 - 33:05
    les enfants marchent seul⋅es.
  • 33:05 - 33:06
    N'en concluez pas que
  • 33:06 - 33:11
    les enfants japonais⋅es sont plus matures ou plus sages.
  • 33:11 - 33:14
    alors que le Japon a des différences culturelles et structurelles
  • 33:14 - 33:17
    qui permettent aux enfants de sortir en public.
  • 33:17 - 33:20
    Les trottoirs sont larges et généreux,
  • 33:20 - 33:21
    les limitations de vitesse sont basses,
  • 33:21 - 33:24
    on enseigne aux enfants de lever les bras quand iels traversent la route
  • 33:24 - 33:26
    afin de se rendre plus visibles.
  • 33:26 - 33:31
    Mais en même temps, les conducteur⋅ices s'attendent à ce que des enfants utilisent les passages pour piétons,
  • 33:31 - 33:34
    donc iels font attention aux enfants sur les passages piétons.
  • 33:34 - 33:38
    Aux heures où les enfants ont tendance à se rendre à ou rentrer de l'école,
  • 33:38 - 33:43
    des réseaux d'adultes volontaires se placent le long de routes fort fréquentées,
  • 33:43 - 33:46
    pour qu'iels puissent surveiller en cas de danger.
  • 33:46 - 33:48
    Il y a un programme télévisé japonais populaire,
  • 33:48 - 33:51
    intitulé "Hajimete no otsukai",
  • 33:51 - 33:54
    qui documente le rite de passage des enfants
  • 33:54 - 33:57
    faisant leur première emplette en solo.
  • 33:57 - 34:01
    Des caméramans suivent ces enfants, âgé⋅es de 2 à 5 ans,
  • 34:02 - 34:06
    alors qu'iels parcourent des centres-villes bondés, ou des paysages ruraux sauvages,
  • 34:06 - 34:09
    pour ramener un sachet de poisson à la maison,
  • 34:09 - 34:11
    ou pour apporter des cookies à leur grand-mère.
  • 34:11 - 34:13
    Iels font cela complètement par elleux-mêmes.
  • 34:13 - 34:16
    Et l'émission est vraiment vraiment charmante.
  • 34:17 - 34:18
    Je le recommande.
  • 34:18 - 34:20
    L'infrastructure publique au Japon
  • 34:20 - 34:23
    est conçue, dans une certaine mesure, avec les enfants à l'esprit.
  • 34:23 - 34:27
    C'est une impression très différente de la façon dont on vit dans le monde anglophone.
  • 34:27 - 34:28
    Comme le dit un article:
  • 34:28 - 34:32
    Cogito: "Les parents de tous milieux socio-économiques dans les villes occidentales
  • 34:32 - 34:35
    considèrent que l'espace public est dangereux pour les enfants,
  • 34:35 - 34:38
    une inquiétude alimentée par le battage médiatique autour du "stranger danger"
  • 34:38 - 34:42
    et une société de plus en plus réticente au risque.
  • 34:42 - 34:46
    Ainsi, les enfants qui se quand même dans la rue sans adulte
  • 34:46 - 34:49
    sont souvent considérés avec un mélange de suspicion et d'inquiétude.
  • 34:49 - 34:52
    Ces opinions paradoxales partagent l'avis
  • 34:52 - 34:55
    que les enfants devraient rester dans des endroits conçus pour elleux
  • 34:55 - 34:58
    tels que l'école, la maison, les activités extrascolaires
  • 34:59 - 35:00
    ou la cour de récré."
  • 35:00 - 35:03
    Ceci est tiré d'un article de recherche intitulé "No Messing Allowed",
  • 35:03 - 35:06
    qui a examiné la façon dont les enfants perçoivent les lieux publics de Dublin.
  • 35:07 - 35:10
    Alors ne laissez pas trop ma vision romancée du pub vous influencer,
  • 35:10 - 35:13
    les enfants ici restent assez marginalisé⋅es
  • 35:13 - 35:16
    quant à l'accès aux lieux publics
  • 35:16 - 35:19
    au-delà de ceux explicitement conçus pour elleux
  • 35:19 - 35:21
    avec des fonctions déterministes spéciales
  • 35:21 - 35:25
    comme une cour de récréation en bonne et due forme littéralement délimitée
  • 35:25 - 35:28
    plutôt qu'une grande avenue sans voitures
  • 35:28 - 35:32
    qui favoriserait plus de jeu libre et créatif,
  • 35:32 - 35:35
    et, bon Dieu, ce que Dublin en a besoin!
  • 35:35 - 35:38
    Je suis sûre que beaucoup d'Américain⋅es qui sont allé⋅es en Irlande −
  • 35:38 - 35:41
    et par "Irlande", iels veulent juste dire "Dublin" − se disent
  • 35:42 - 35:44
    "mais, Dublin n'est-elle pas tout simplement idyllique?"
  • 35:44 - 35:46
    et c'est précisément le problème.
  • 35:46 - 35:49
    Dublin est si exclusivement axée sur le tourisme,
  • 35:50 - 35:53
    sur une présentation pittoresque et fleur bleue de l'Irlande
  • 35:53 - 35:57
    afin d'extorquer un maximum d'argent desdits touristes,
  • 35:57 - 36:01
    qu'elle néglige ses habitant⋅es de manière générale, et tout particulièrement les enfants.
  • 36:01 - 36:04
    Il y a quelques années, la sécurité au Temple Bar −
  • 36:04 - 36:08
    un pub réputé pour proposer les boissons les plus chères d'Irlande,
  • 36:08 - 36:13
    et pour être un endroit où aucun⋅e Irlandais⋅e qui se respecte ne mettrait les pieds −
  • 36:13 - 36:19
    s'est fâchée contre deux enfants, treize et seize ans respectivement,
  • 36:19 - 36:24
    qui faisaient du skateboard sur la grand-rue piétonne en dehors du pub.
  • 36:24 - 36:28
    Donc... vous savez, des enfants en public, faisant usage de la rue,
  • 36:28 - 36:30
    rendant probablement l'ambiance
  • 36:30 - 36:34
    moins propice à la vente de pintes à 30€ ou que sais-je,
  • 36:34 - 36:40
    du coup, le pub est maintenant également réputé pour avoir des vigiles qui agressent les enfants
  • 36:40 - 36:44
    qui ont l'audace de jouer dans l'espace public.
  • 36:44 - 36:47
    Sans déconner, boycottez le Temple Bar,
  • 36:47 - 36:48
    mais c'est pas du joli ailleurs non plus.
  • 36:48 - 36:53
    Un article sur les enfants en milieux urbains s'est concentré sur un quartier de Los Angeles,
  • 36:53 - 36:58
    plus particulièrement, le quartier autour de la South Central Avenue, au sud-est de Los Angeles,
  • 36:58 - 37:02
    une zone principalement à faible revenus et à forte densité
  • 37:02 - 37:05
    où les résidents sont majoritairement latino-américain⋅es et Noir⋅es.
  • 37:05 - 37:09
    Les enfants sont marginalisé⋅es de la même façon qu'évoquée plus tôt −
  • 37:09 - 37:13
    peu de lieux de rassemblement, des rues où se déplacer est risqué,
  • 37:13 - 37:15
    etc, etc, vous comprenez l'idée −
  • 37:15 - 37:18
    mais aussi via des facteurs spécifiques à cette zone,
  • 37:18 - 37:21
    comme la criminalisation et l'institutionnalisation.
  • 37:21 - 37:24
    L'autrice de l'article, Meredith Abood,
  • 37:24 - 37:27
    documente que les enfants naviguent des espaces régimentés chaque jour.
  • 37:27 - 37:30
    La majorité des enfants suit des programmes extrascolaires,
  • 37:30 - 37:32
    ce qui signifie qu'iels sont dans un cadre institutionnel
  • 37:32 - 37:37
    de 7h30 jusqu'à 18h chaque jour,
  • 37:37 - 37:42
    mais quand on les interroge, seulement 9% des élèves de 10 à 11 ans disent apprécier leur programme extrascolaire,
  • 37:42 - 37:46
    et, au vu des écrits d'Abood, je ne leur reproche pas de ne pas les aimer:
  • 37:46 - 37:48
    José María Luna: "Les enfants dans le programme sont,
  • 37:48 - 37:51
    pour la plupart, institutionnalisé⋅es, discipliné⋅es et contrôlé⋅es.
  • 37:51 - 37:54
    Il est courant d'imposer aux élèves de mettre les mains sur la tête jusqu'à obtention du silence
  • 37:54 - 37:56
    (ce qui peut souvent durer 20 minutes),
  • 37:56 - 38:00
    ou qu'iels ne peuvent pas aller jouer avant de former une file parfaitement droite
  • 38:00 - 38:03
    (ce qui veut dire qu'iels sont souvent immobiles en file pendant 15 minutes
  • 38:03 - 38:06
    avant d'être "libéré⋅es" et d'avoir l'autorisation de jouer).
  • 38:06 - 38:10
    Les élèves qui se conduisent mal (parce qu'iels refusent de travailler silencieusement sur leurs devoirs
  • 38:10 - 38:13
    ou ne gardent pas les mains sur la tête pendant la totalité des 5 minutes)
  • 38:13 - 38:16
    sont "mis au coin" et passent la majorité des trois heures assis⋅es tout seul la tête baissée.
  • 38:16 - 38:18
    assis⋅es tout seul la tête baissée.
  • 38:18 - 38:21
    S'iels ont de la chance, iels devront juste ramasser 50 détrituts
  • 38:21 - 38:24
    (comme s'iels étaient des criminel⋅les reconnu⋅es en liberté conditionnelle). [...]
  • 38:24 - 38:28
    Il est néanmoins remarquable que les élèves remettent rarement en question cet environnement hyper-discipliné
  • 38:28 - 38:31
    parce qu'iels ne peuvent imaginer rien d'autre.
  • 38:31 - 38:33
    Dans un environnement construit qui restreint leur amusement,
  • 38:33 - 38:35
    leur autonomie, et leur liberté,
  • 38:35 - 38:38
    où la police peut fouiller les enfants et les jeunes sans raison,
  • 38:38 - 38:41
    et où plus d'argent est investi dans les prisons que les écoles,
  • 38:41 - 38:43
    les enfants ne se rendent souvent même pas compte
  • 38:43 - 38:46
    qu'iels peuvent demander ou s'attendre à quoi que ce soit de plus."
  • 38:46 - 38:50
    Je trouve particulièrement frappant que cette population d'enfants
  • 38:50 - 38:53
    est aussi principalement composée d'enfants racisé⋅es,
  • 38:53 - 38:57
    des enfants qui ne bénéficient pas de la même présomption d'innocence impuissante
  • 38:57 - 38:58
    que leurs pairs Blanc⋅hes.
  • 38:58 - 39:00
    Comme le dit un article sur l'enfance des filles Noir⋅es:
  • 39:00 - 39:04
    Ember Green: "Le genre et la sexualité racisées
  • 39:04 - 39:10
    (i.e., les genres et sexualités Noires) dans et sous la suprématie Blanche et la colonisation
  • 39:10 - 39:16
    nient et anéantissent l'idée-même de subjectivation
  • 39:16 - 39:21
    et les catégories "enfant", "enfance", "enfance féminine" et "humain⋅e".
  • 39:21 - 39:23
    Ce qui découle de telles configurations,
  • 39:23 - 39:27
    c'est le déni de l'innocence dans le sens traditionnel du mot,
  • 39:27 - 39:34
    où être Noir⋅e efface la naïveté, l'ignorance et l'exemption de responsabilité."
  • 39:34 - 39:36
    Ou, pour le dire plus crûment:
  • 39:36 - 39:39
    les enfants racisé⋅es ne bénéficient pas de la présomption d'innocence
  • 39:39 - 39:41
    que l'on octroie systématiquement aux enfants Blanc⋅hes.
  • 39:41 - 39:47
    On domine et on soumet les jeunes juste parce qu'on le peut.
  • 39:47 - 39:52
    Et dans le cas d'enfants racisé⋅es, on est encore plus cruel⋅les et dur⋅es,
  • 39:52 - 39:54
    créant un scénario potentiel
  • 39:54 - 39:58
    où les enfants passent de l'institutionnalisation sur base de leur âge
  • 39:58 - 40:01
    à l'institutionnalisation sur base de leur race:
  • 40:01 - 40:03
    le pipeline école-prison.
  • 40:03 - 40:07
    Et je vous demande sincèrement: est-ce comme cela qu'on souhaite traiter les gens?
  • 40:07 - 40:09
    Est-ce comme cela qu'on veut que notre société fonctionne?
  • 40:09 - 40:11
    Vous avez entendu le bébé dans le fond?
  • 40:11 - 40:14
    En fait, Neilly vient de le faire sortir,
  • 40:14 - 40:16
    mais je crois que vous en avez entendu des bribes.
  • 40:16 - 40:20
    Iel est ici et on fait pas sa pour se la péter
  • 40:20 - 40:22
    Je veux dire, vous pensez peut-être que j'essaie d'en tirer profit
  • 40:22 - 40:24
    ou devenir une maman blogueuse
  • 40:24 - 40:26
    mais ce n'est pas le cas, ne vous en faites pas.
  • 40:26 - 40:28
    Je n'ai pas l'intention de le⋅a faire apparaître en vidéo,
  • 40:28 - 40:29
    nous ne sommes pas ce genre de chaîne,
  • 40:29 - 40:31
    et comme beaucoup d'entre vous,
  • 40:31 - 40:32
    je me préoccuperais de l'éthique
  • 40:32 - 40:36
    d'exposer quelqu'un⋅e à une vie publique à laquelle iel n'a pas consenti.
  • 40:36 - 40:41
    Mais ceci est également mon travail, et je pense qu'on devrait autoriser les enfants sur les lieux de travail.
  • 40:41 - 40:44
    Et je sais, ça peut conduire à une productivité réduite −
  • 40:44 - 40:46
    ça a été le cas aujourd'hui −
  • 40:46 - 40:51
    et bien sûr, peut-être pas tous les lieux de travail, certainement les dangereux,
  • 40:51 - 40:54
    mais le système que nous avons actuellement requiert une institutionnalisation
  • 40:54 - 40:57
    Le système que nous avons demande aux tuteur⋅ices de soit
  • 40:57 - 41:00
    abandonner complètement leurs carrières pour se concentrer sur leurs enfants
  • 41:00 - 41:04
    ou segmenter leur journée en sections où iels sont isolé⋅es de leurs enfants
  • 41:04 - 41:06
    et où leurs enfants sont gardé⋅es,
  • 41:06 - 41:09
    et j'ai pas envie de faire l'un ou l'autre.
  • 41:09 - 41:12
    J'aime beaucoup le fait que la plupart des pays européens ont des congés maternités généreux,
  • 41:12 - 41:14
    mais je serais aussi plutôt triste
  • 41:14 - 41:17
    si je passais chaque seconde de mon congé maternité
  • 41:17 - 41:19
    à exclusivement m'occuper du bébé
  • 41:19 - 41:25
    et à complètement négliger mes propres besoins de stimulation intellectuelle ou de participer à la vie sociale.
  • 41:25 - 41:27
    On devrait autoriser les bébés en public pour leur propre bien, certes,
  • 41:27 - 41:32
    mais cela permettrait aussi à leurs parents de maintenir leur accès à l'espace public.
  • 41:32 - 41:34
    Et c'est pour ça que le bébé est ici,
  • 41:34 - 41:36
    parce qu'iel est un⋅e nouveau-né⋅e, et on ne peut pas le⋅a laisser seul⋅e,
  • 41:36 - 41:39
    parce je lui donne le sein toutes les quelques heures,
  • 41:39 - 41:41
    parce que je ne veux pas le⋅a placer en crèche.
  • 41:41 - 41:45
    Et si vous me prenez moins au sérieux en tant que penseuse ou en tant que professionnelle
  • 41:45 - 41:48
    parce que j'ai un bébé attaché à la poitrine,
  • 41:48 - 41:49
    c'est votre adultisme qui se montre.
  • 41:49 - 41:52
    Tout ce j'ai abordé aujourd'hui devient d'autant plus déprimant
  • 41:52 - 41:54
    quand on voit ce que veulent réellement les enfants,
  • 41:55 - 41:59
    et à quel point ça serait simple pour nous de le leur donner.
  • 41:59 - 42:02
    Quand on leur demande, les enfants veulent être intégré⋅es
  • 42:02 - 42:04
    et estimé⋅es dans leurs communautés.
  • 42:04 - 42:05
    Iels veulent se sentir en sécurité.
  • 42:05 - 42:08
    Et iels veulent être capables de se promener dans leur quartier.
  • 42:08 - 42:11
    Iels veulent être capables de mener diverses activités,
  • 42:11 - 42:14
    comme faire du sport ou explorer.
  • 42:14 - 42:15
    Iels veulent de l'art public.
  • 42:15 - 42:17
    Iels veulent des espaces verts.
  • 42:17 - 42:19
    Iels veulent des interactions tangibles avec la nature.
  • 42:19 - 42:23
    Iels veulent des endroits où retrouver leurs pairs
  • 42:23 - 42:25
    et, celui-là était particulièrement touchant,
  • 42:25 - 42:30
    des espaces où iels peuvent se mêler à des enfants de milieux ethniques et religieux différent des leurs.
  • 42:30 - 42:35
    Du coup, genre, iels veulent ce qu'on veut tous⋅tes, mais... à leur échelle,
  • 42:35 - 42:36
    utilisable pour elleux:
  • 42:36 - 42:39
    des sculptures publiques qu'iels peuvent escalader,
  • 42:39 - 42:41
    un éclairage adéquat pour les endroits sombres,
  • 42:41 - 42:42
    des mangeoires à oiseaux,
  • 42:42 - 42:45
    des murs à graffitis sur lesquels iels pourraient peindre,
  • 42:45 - 42:47
    des sièges protégés des éléments, ...
  • 42:47 - 42:48
    Ça a pas l'air chouette?
  • 42:48 - 42:51
    J'hésite à donner des exemples concrets
  • 42:51 - 42:53
    de quels changements nous devrions instaurer pour les enfants
  • 42:53 - 42:55
    parce que je ne suis pas une enfant.
  • 42:55 - 42:58
    Je concevrais sûrement en fonction d'une image idyllique de l'enfant,
  • 42:58 - 43:00
    mais les enfants ne sont pas un concept,
  • 43:00 - 43:01
    iels sont une multitude,
  • 43:01 - 43:03
    iels peuvent nous dire ce qu'iels veulent.
  • 43:03 - 43:07
    On devrait inviter les enfants au débat, et pas en tant que tokens,
  • 43:07 - 43:11
    mais avec l'intention de réellement les considérer et de les prendre au sérieux.
  • 43:11 - 43:17
    Autrement, on continuera de perpétuer un cadre injuste et adultiste, comme le dit Abood:
  • 43:17 - 43:20
    José María Luna: "Si les enfants et la jeunesse n'ont pas de moyen de s'encapaciter
  • 43:20 - 43:24
    et de donner forme à leurs communautés, iels resteront les victimes d'un monde adulte
  • 43:24 - 43:28
    qui leur a continuellement démontré qu'il n'en avait rien à faire."
  • 43:28 - 43:30
    J'aime bien les enfants.
  • 43:30 - 43:32
    J'aime bien quand des enfants partagent mes itinéraires.
  • 43:32 - 43:35
    J'aime bien quand des enfants courent dans nos pattes au pub.
  • 43:35 - 43:38
    Je ne crois pas que les enfants devraient être confiné⋅es à une gamme limitée
  • 43:38 - 43:42
    d'espaces pour les enfants comme des aires de jeux clôturées.
  • 43:42 - 43:45
    Mais aimer ou non les enfants ne devrait pas avoir d'importance
  • 43:45 - 43:47
    parce que ce sont des personnes.
  • 43:47 - 43:50
    Iels ont tout autant le droit de faire partie de la vie publique que vous,
  • 43:50 - 43:53
    peu importe vos sentiments sur le sujet.
  • 43:53 - 43:55
    🎵 note de contrebasse 🎵
    (Conclusion)
  • 43:56 - 43:58
    On ne peut pas forcer nos spectateur⋅ices
  • 43:58 - 44:00
    à se soucier des enfants.
  • 44:00 - 44:00
    On ne peut pas forcer-
  • 44:00 - 44:03
    (Clic bruyant)
  • 44:03 - 44:03
    Neilly, qu'est-ce qu'il s'est passé??
  • 44:03 - 44:05
    (Quatrième partie)
    🎵 batterie de jazz 🎵
  • 44:05 - 44:06
    J'en sais rien,
  • 44:06 - 44:08
    on n'a pas le budget de PhilosophyTube, que je sache!
  • 44:09 - 44:10
    🎵 la batterie continue 🎵
    (Les enfants en politique)
  • 44:11 - 44:13
    J'ai récemment passé du temps dans une maternité.
  • 44:14 - 44:15
    C'était intéressant.
  • 44:15 - 44:21
    Il y avait une atmosphère de tension et d'excitation et... de magie, en réalité,
  • 44:21 - 44:27
    et d'horreur et de dégoût et de banalité et, parfois, de tragédie.
  • 44:27 - 44:29
    On a eu du temps pour s'imprégner de tout ça.
  • 44:29 - 44:33
    Sarah est restée là-dedans pendant presque dix jours à accoucher.
  • 44:33 - 44:34
    Il a fallu provoquer son accouchement
  • 44:34 - 44:38
    et malheureusement, ce n'était pas une induction très réussie
  • 44:38 - 44:41
    et le⋅a petit⋅e Bábóg a eu quelques problèmes pour venir au monde.
  • 44:41 - 44:44
    Concrètement, des contractions, mais pas de dilation, pas de progrès
  • 44:44 - 44:48
    juste un petit bébé coincé là-dedans, écrasé par un utérus,
  • 44:48 - 44:51
    montrant des signes vitaux de plus en plus alarmés et alarmants,
  • 44:52 - 44:56
    et bien sûr, Sarah dans l'agonie la plus totale, mais un peu pour aucune raison.
  • 44:56 - 44:57
    On s'est bien occupé de nous.
  • 44:57 - 45:00
    Les soins de maternité sont très bons en Irlande,
  • 45:00 - 45:02
    et c'était particulièrement frappant pour Sarah
  • 45:02 - 45:05
    en tant qu'Américaine où les résultats des maternités sont statistiquement mauvais.
  • 45:06 - 45:10
    D'ailleurs, le taux de mortalité n'est pas juste élevé aux États-Unis, il augmente activement.
  • 45:10 - 45:14
    Et on sentait que le personnel là-bas, à Galway, un assortiment de docteur⋅es,
  • 45:14 - 45:18
    infirmier⋅ères, étudiant⋅es en médecine et sage-femmes, était totalement investi.
  • 45:18 - 45:21
    Le cœur à l'ouvrage, réalisant leur vocation,
  • 45:21 - 45:23
    du moins de mon point de vue, j'ai trouvé ça −
  • 45:23 - 45:27
    et peut-être que j'ai un peu l'air d'une branleuse à le dire comme ça − mais
  • 45:27 - 45:28
    j'ai trouvé ça très authentique.
  • 45:28 - 45:32
    C'est juste une expérience tellement authentique d'avoir un bébé.
  • 45:32 - 45:33
    Je veux dire,
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    quand iels ont soulevé notre bébé,
  • 45:35 - 45:40
    notre nexus flambant neuf de potentiel et de beauté inimaginables,
  • 45:40 - 45:44
    et que les frontières de la réalité étaient aussi brouillées que ma vision par mes larmes
  • 45:44 - 45:46
    et que la force de l'amour lui-même,
  • 45:46 - 45:47
    qui avait pris une inspiration si profonde,
  • 45:47 - 45:49
    relâcha enfin son souffle.
  • 45:50 - 45:52
    J'ai trouvé ça authentique, vous savez, genre, quelque chose se passait.
  • 45:52 - 45:54
    Mais peu importe, ce n'est pas le sujet de l'histoire.
  • 45:54 - 45:57
    Il y avait une autre partie à cette anecdote.
  • 45:57 - 46:02
    Il y a eu un moment où je me tenais face à l'hôpital et je tenais des burritos.
  • 46:02 - 46:05
    Je venais d'acheter ces burritos médiocres, ok?
  • 46:05 - 46:06
    Et j'ai ressenti, en me tenant là,
  • 46:06 - 46:09
    que je me tenais entre deux mondes très différents.
  • 46:09 - 46:13
    D'un côté, se trouvait ce lieu, cet hôpital magique,
  • 46:13 - 46:15
    où des gens remplissaient leur vocation −
  • 46:16 - 46:22
    cette affaire de naissance et de médecine, de soin, vraiment assez difficile et compliquée et imprégnée d'horreur corporelle et chargée émotionnellement.
  • 46:22 - 46:26
    Et de l'autre côté, au-delà du passage piéton et de la route fréquentée,
  • 46:26 - 46:27
    il y avait... Tesco
  • 46:27 - 46:28
    et des burritos
  • 46:28 - 46:31
    et des pubs de chaîne et des usurier⋅ères.
  • 46:31 - 46:32
    Et on attend plus ou moins de nous qu'on pense
  • 46:32 - 46:35
    que ces deux côté sont le même monde
  • 46:35 - 46:39
    voire même, que le monde de l'hôpital dépend pour sa survie et viabilité
  • 46:39 - 46:42
    du monde du Tesco, des burritos et des usurier⋅ères,
  • 46:42 - 46:43
    mais ça n'est évidemment pas vrai.
  • 46:43 - 46:45
    On prend soin les uns des autres
  • 46:45 - 46:49
    depuis bien plus longtemps qu'on vend des burritos faits à la chaîne.
  • 46:49 - 46:51
    L'Irlande a presque un système de santé publique,
  • 46:51 - 46:56
    et Sarah et Bábóg ont foncièrement bénéficié de soins gratuits durant toute la grossesse.
  • 46:56 - 46:59
    Et ça semble juste, en vrai,
  • 46:59 - 47:01
    que ça soit quelque chose pour laquelle la société existe.
  • 47:01 - 47:09
    Il semble juste que nous devrions collectivement simultanément protéger et accueillir Bábóg
  • 47:09 - 47:14
    et que l'on devrait être poussé⋅es, dans un rayonnement externe à partir des besoins de Bábóg, à réévaluer le monde.
  • 47:15 - 47:20
    Il semble profondément injuste de penser que son futur bien-être soit basé sur l'argent.
  • 47:20 - 47:23
    Et donc, en suivant cette logique, il devrait être profondément et moralement répréhensible
  • 47:23 - 47:29
    de baser le bien-être futur de n'importe quel⋅le enfant ou personne sur leur valeur économique.
  • 47:29 - 47:34
    Leur valeur en réalité, au sens moral, vient d'autre chose.
  • 47:34 - 47:36
    Alors je veux faire le tour du morceau
  • 47:36 - 47:40
    de ce bidule philosophique d'infantisme
  • 47:40 - 47:44
    avec cette exacte dichotomie à l'esprit, une société d'enfants,
  • 47:44 - 47:48
    c'est-à-dire une société d'écoles, d'hôpitaux et de cours de récré
  • 47:48 - 47:53
    et d'interdépendance mutuelle et j'en passe, contre une société d'adultes,
  • 47:53 - 47:59
    c'est-à-dire l'argent et l'exploitation, et Tesco et le techno-féodalisme.
  • 47:59 - 48:02
    Vous voyez, peu importe si ça devient grandiloquent, englobant ou académique,
  • 48:02 - 48:06
    en fin de compte, on parle toujours d'un bébé dans le monde,
  • 48:06 - 48:10
    tout comme votre histoire est celle d'un bébé dans le monde.
  • 48:10 - 48:11
    C'est vous.
  • 48:11 - 48:11
    Et vous savez,
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    le film "Trois hommes et un bébé" parle en fait de trois bébés et un bébé,
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    quand on y réfléchit bien.
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    (rire gêné)
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    Bon, du coup.
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Title:
Grow Up! Why does everyone hate children?
Description:

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Video Language:
English
Duration:
01:44:57

French subtitles

Incomplete

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