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Un troubadour est un compositeur, poète et musicien médiéval
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de langue d'oc, langue notamment parlée dans le tiers sud de la France.
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Ce terme de 'troubadour', de l'occitan 'trobador',
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signifierait 'trouveur', ou plutôt 'inventeur',
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voire même, et plus simplement, 'compositeur'.
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Le mouvement troubadour a commencé vers la fin du 11e siècle
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en Occitanie, au sein de la haute noblesse.
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Les troubadours étaient cultivés,
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impliqués activement dans la vie sociale, politique et religieuse de l'époque.
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On est donc très loin de l'image du baladin à grelots (nar) ou du jongleur,
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qui n'a qu'un très lointain rapport avec la réalité.
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Ces derniers étaient plutôt ceux qui accompagnaient le troubadour,
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et le plus souvent, interprétaient les compositions à leur place.
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En effet, quand on sait que Richard Coeur de Lion lui-même
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était considéré comme un troubadour,
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on a du mal à imaginer ce Roi d'Angleterre sautant de table en table
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et délaissant sa couronne pour arborer des grelots (een zotskap).
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Ainsi, les troubadours apparaissent à partir du 11e siècle,
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dans les cours des Comtes de Barcelone et des Ducs d'Aquitaine,
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et se diffusent sur tout leur territoire,
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c'est à dire la moitié sud de la France:
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Périgord, Auvergne,
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mais aussi en Catalogne, Aragon,
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Roussillon, Languedoc, Provence,
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puis en Lombardie, Toscane, République de Gênes.
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Leur poésie se diffuse dans tout le royaume de France
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ainsi que dans le royaume d'Angleterre
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à la cour d'Aliénor d'Aquitaine.
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Les trouvères et trouveresses sont leur équivalent de langue d'oil,
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dans le nord de la France.
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Quant aux minnesängers ('chant d'amour' en allemand),
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ils sont leur équivalent germanique.
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Les thèmes les plus connus de leurs oeuvres sont épiques,
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avec la vie des chevaliers,
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ou la poésie courtoise,
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mais les textes peuvent aussi être satiriques et comiques,
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moraux ou religieux,
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et même juridiques ou politiques.
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Le plus souvent, la poésie des troubadours était destinée à être chantée:
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pour certains, comme Bernard de Ventadour (1125-1200),
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cet art consistait à trouver les bons mots et les belles musiques:
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deux éléments indissociables selon ce dernier,
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qui voyait la poésie faite d'abord pour être chantée et non récitée.
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En résumé, le troubadour était à la fois
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celui qui maîtrisait l'art poétique
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et qui composait des mélodies pour accompagner le texte.
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La façon d'aimer avec courtoisie, respect et honnêteté
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sa ou son partenaire,
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dans le but commun d'atteindre la joie et le bonheur,
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est l'un des thèmes récurrents des poésies des troubadours.
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Cet art de vivre se propage rapidement dans toute l'Europe.
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Empreint de valeurs héroïques, propres à la chevalerie,
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l'amour courtois évoque aussi des sentiments fins, délicats.
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La tradition de l'amour courtois dans l'Europe médiévale
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à partir du 12e siècle
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a été influencée par Guillaume IX d'Aquitaine,
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puis sa petite-fille Aliénor d'Aquitaine,
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et Marie de France, la Comtesse de Champagne,
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mécène de Chrétien de Troyes,
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lui-même considéré comme le fondateur de la littérature arthurienne
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et l'un des premiers auteurs de romans de chevalerie.
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Chrétien de Troyes résume d'ailleurs parfaitement l'idéal de son époque
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et la thématique récurrente de la poésie
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dans ces lignes:
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Mais c'est peut-être Raimond de Miraval,
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poète et compositeur du 12e siècle,
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qui définit le mieux les valeurs prônées par l'art des troubadours:
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Ainsi, c'est autour des noms comme Cercamon, Marcabru,
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Jaufré Rudel, Guillaume d'Aquitaine,
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Beatritz de Dia, Raymond VI de Toulouse,
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Roger-Bernard III de Foix, et même
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Richard Cœur de Lion, le roi chevalier,
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que la poésie en musique s'est développée:
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autour de ballades (pièces dansées), pastourelles (chansons d'amour),
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sirventès (poèmes satiriques),
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serena ou sérénades (qui dépeignaient les lamentations du chevalier amoureux),
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chansons de croisade,
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les cours médiévales se transformaient en cours d'amour,
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où les valeurs de la chevalerie et de la courtoisie,
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au son de la musique des troubadours,
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laissaient imaginer une époque bien moins sombre
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que celle dépeinte la plupart du temps.
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Ce Moyen-Âge, si souvent présenté comme obscur et brutal,
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s'éclairait d'une lumière poétique, éclatante.
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C'est probablement en souvenir de ces troubadours
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que Thomas II, seigneur de Bruyères,
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lors de l'édification du donjon de Puivert,
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fit sculpter dans la salle des musiciens, un jour,
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huit personnages, porteurs d'instruments du Moyen-Âge,
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qui nous laissent, pour l'éternité, imaginer
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l'ambiance d'une cour d'amour et la musique des troubadours...