Qui étaient les troubadours ? capsule pédagogique - histoire de la musique en 5 mn - OCI Music

Un troubadour est un compositeur, poète et musicien médiéval

de langue d'oc, langue notamment parlé dans le tiers sud de la France.

Le terme de 'troubadour', de l'occitan 'trobador',

signifierait 'trouveur', plutôt 'inventeur',

voire même et plus simplement 'compositeur'.

Le mouvement troubadour a commencé vers la fin du 11e siècle

en Occitanie, au sein de la haute noblesse.

Les troubadours étaient cultivés,

impliqués activement dans la vie sociale, politique et religieuse de l'époque.

On est donc très loin de l'image du baladin à grelots (nar) ou du jongleur,

qui n'a qu'un très lointain rapport avec la réalité.

Ces derniers étaient plutôt ceux qui accompagnaient le troubadour,

et le plus souvent, interprétaient les compositions à leur place.

En effet, quand on sait que Richard Coeur de Lion lui-même

était considéré comme un troubadour,

on a du mal à imaginer ce roi d'Angleterre sautant de table en table

et délaissant sa couronne pour arborer des grelots (een zotskap).

Ainsi, les troubadours apparaissent à partir du 11e siècle,

dans les cours des Comtes de Barcelone et des Ducs d'Aquitaine,

et se diffusent sur tout leur territoire,

C'est à dire la moitié sud de la France:

Périgord, Auvergne, mais aussi en Catalogne, Roussillon, Languedoc, Provence,

puis en Lombardie, Toscane, République de Gênes.

Leur poésie se diffuse dans tout le royaume de France

et le royaume d'Angleterre, à la cour d'Aliénor d'Aquitaine.

Les trouvères et trouveresses sont leurs équivalents de langue d'oil,

dans le nord de la France.

Quant aux minnesëngers (chant d'amour en allemand),

ils sont leur équivalent germanique.

Les thèmes les plus connus de leurs oeuvres sont épiques,

avec la vie des chevaliers,

ou la poésie courtoise,

mais les textes peuvent aussi être satiriques et comiques,

moraux ou religieux,

et même juridique ou politique.

Le plus souvent, la poésie des troubadours était destinée à être chanté.

Pour certains, comme Bernard de Ventadour (1125-1200),

cet art consistait à trouver les bons mots et les belles musiques:

deux éléments indissociables selon ce dernier,

qui voyait la poésie faite d'abord pour être chantée et non récitée.

En résumé, le troubadour était à la fois

celui qui maîtrisait l'art poétique

et qui composait des mélodies pour accompagner le texte.

La façon d'aimer avec courtoisie, respect et honnêteté

sa ou son partenaire,

dans le but commun d'atteindre la joie et le bonheur,

est l'un des thèmes récurrents des poésies des troubadours.

Cet art de vivre se propage rapidement dans toute l'Europe.

Empreint de valeurs héroïques, propres à la chevalerie,

l'amour courtois évoque aussi des sentiments fins, délicats.

La tradition de l'amour courtois dans l'Europe médiévale

à partir du 12e siècle

a été influencée par Guillaume IX d'Aquitaine,

puis sa petite-fille Aliénor d'Aquitaine,

et Marie de France, la Comtesse de Champagne,

mécène de Chrétien de Troyes,

lui-même considéré comme le fondateur de la littérature arthurienne

et l'un des premiers auteurs de romans de chevalerie.

Chrétien de Troyes résume d'ailleurs parfaitement l'idéal de son époque

et la thématique récurrente de la poésie

dans ces lignes:

Mais c'est peut-être Raimond de Miraval,

poète et compositeur du 12e siècle,

qui définit le mieux les valeurs prônées par l'art des troubadours:

Ainsi, c'est au tour des noms comme Cercamon, Marcabru,

Jaufré Rudel, Guillaume d'Aquitaine, Beatritz de Dia, Raymond VI de Toulouse,

Roger-Bernard III de Foix et même Richard Cœur de Lion, le roi chevalier,

que la poésie en musique s'est développée.

Autour de ballades (pièces dansées), pastourelles (chansons d'amour),

sirventès (poèmes satiriques),

serena ou sérénade (qui dépeignait les lamentations du chevalier amoureux),

chansons de croisade,

les cours médiévales se transformaient en cours d'amour,

où les valeurs de la chevalerie et de la courtoisie,

au son de la musique des troubadours,

laissaient imaginer une époque bien moins sombre

que celle dépeinte la plupart du temps.

Ce Moyen-Âge, si souvent présenté comme obscur et brutal,

s'éclairait d'une lumière poétique, éclatante.

c'est probablement en souvenir de ces troubadours

que Thomas II, seigneur de Bruyères,

lors de l'édification du donjon de Puivert,

fit sculpter dans la salle des musiciens, un jour,

huit personnages, porteurs d'instruments du Moyen-Âge,

qui nous laissent, pour l'éternité, imaginer

l'ambiance d'une cour d'amour et la musique des troubadours.