E104 : 2025, la dernière chance pour l'Europe ? Avec Yanis Varoufakis et Srećko Horvat

[Mehran] Bonjour et bienvenue !

Ici Mehran Khalili.

Nous sommes DiEM25, un mouvement
politique radical pour l'Europe.

Dans ce stream,
nous présenterons nos idées subversives,

que vous n'entendrez nulle part ailleurs.

Ce soir, comme c'est
notre dernier live de l'année,

nous revenons sur l'année 2024.

Ce fut une année de bouleversements
et de prises de conscience :

progression de l'autoritarisme en Europe,
tragédies de la guerre en Ukraine

et du génocide à Gaza, avec des chocs
comme la chute d'Assad en Syrie,

avec le retour de Trump aux États-Unis,
la paralysie politique en Allemagne,

la loi martiale en Corée du Sud,
une crise de régime en France,

et les élections annulées
en Roumanie.

Nous essaierons de dégager des conclusions

de cette année de transformation,

de prendre du recul.

Puis nous regarderons vers l'avenir,

pour savoir quoi faire en tant
que mouvements, en tant qu'activistes.

Quelles opportunités

et quels défis nous attendent en 2025 ?

Est-ce la dernière chance qu'aura l'Europe

pour peser dans le monde, pour changer
et pour une vraie démocratie ?

Et comme toujours, nous terminerons
par un sujet plus léger,

pour parler des livres, films et œuvres
d'art qui nous ont marqués cette année

et qui pourraient nous inspirer et nous
réconforter dans les mois qui viennent ?

Qui mieux que Yanis Varoufakis
pour en discuter

avec nous ?

Sans oublier, le co-fondateur de DiEM25,

écrivain et philosophe Srećko Horvat.

Bienvenue Srećko, ça faisait longtemps.

Et vous bien sûr,
qui nous regardez sur YouTube !

Nous lirons vos questions,
commentaires et suggestions,

alors n'hésitez pas à les envoyer.

Allons droit au but, commençons par Yanis.

[Yanis] Merci Mehran.

C'est un grand plaisir,
en cette heure sombre,

d'échanger à nouveau avec Srećko.

J'imagine que beaucoup
d’entre vous ne le savent pas,

mais puisque vous êtes
à l'écoute de DiEM25,

DiEM25 est né alors que Srećko et moi

prenions un café à Berlin à l'été 2015,
ou en septembre 2015.

L'idée est venue principalement de lui.

Nous ne savions pas encore
que nous allions l'appeler DiEM25.

Bref, pour faire court,

c'est bien de faire le point
juste avant 2025,

parce que ce 25, qui suit le mot DiEM
(comme dans carpe diem),

on y a pensé

en se demandant
comment faire de l’Europe

un projet progressiste,
et non plus régressif.

Combien de temps avons-nous,

pas juste Srećko et Yanis,
mais nous les Européens,

Combien de temps reste-t-il aux Européens
pour réparer l'UE, la transformer,

et stopper son processus de
désintégration, sa descente aux enfers ?

C'était en 2015 et spontanément,

je pense que j'ai répondu à la question.

J'ai dit : peut-être dix ans environ.

Donc, 15 + 10 = 25.

Et on sera bientôt en 2025.

Et je vais répondre tout de suite.

Je vais essayer de passer en revue 2024
avant de passer à 2025.

Pour répondre brièvement à Mehran,

Est-ce que 2025 est la dernière chance
pour l’Europe ? Non, je ne crois pas.

La dernière chance, c'était
aux élections européennes de 2019,

que Srećko et moi avons contesté exprès,

symboliquement, en Allemagne.

Et nous avons échoué.

Pas seulement nous à DiEM,
ni nous Srećko et Yanis,

mais nous les Européens.
On a laissé passer notre chance.

Mais j'y reviendrai

quand j'aborderai la question européenne,

parce que ça n'a pas sa place dans
notre 1er sujet, qui est 2024.

Parce que quand l'historien du futur

se penchera sur l'année 2024,
il n'y aura qu'un seul mot

qui dominera
son analyse historique de 2024.

Et ce mot est Palestine.
Car il y a un génocide qui se déroule

en ce moment même,
alors que nous sommes là

devant vous, sur YouTube,
ou où que vous soyez.

Il y a des dizaines de milliers,
voire des centaines de milliers

d'enfants affamés, dont beaucoup
sont mutilés, ou séparés de leurs parents

ou orphelins d'au moins un parent,

qui souffrent de la faim,

qui n'ont rien mangé depuis 3 ou 4 jours,

sans eau pour boire ou se laver le visage,

sans parler de leurs blessures.

C'est la réalité à cet instant.

C'était vrai tous les jours de cette année

et même avant le début de 2024.

Je pense aussi que
l'historien du futur va regarder

le 7 octobre, qui est, bien sûr,

un moment charnière car c'était le moment

où la barrière qui encercle les Gazaouis
a été attaquée par des militants du Hamas,

puis il y a eu le massacre d'Israéliens,

puis, bien sûr, l'enfer s'est déchaîné.

Mais je pense que l'historien du futur
va s'intéresser au choix…

…je ne vais pas aborder
le Hamas maintenant,

mais du choix qu'a fait la résitance
palestinienne avant le 7 octobre.

Et c'était un choix très dur :
une mort lente et silencieuse

dans le camp de concentration
à ciel ouvert qu'était Gaza.

N'oubliez pas que 60 % des enfants
souffraient déjà de malnutrition

avant le 7 octobre 2023,

parce qu’Israël plaçait concrètement
toute une population en état de siège.

Les étranglant constamment,
silencieusement

à travers cet embargo,

et en les bombardant régulièrement.
En septembre 2023, avant le 7 octobre,

il y a eu des bombardements.
Des enfants ont été tués.

Alors ne parlons même pas

de ceux qui font
débuter l'histoire au 7 octobre,

comme si le 6 octobre
était un jour paisible et tranquille

de cohabitation entre deux États voisins !

Gaza n’est pas un État.

C'est un camp de concentration
où les gens

sont incarcérés depuis 1948.

Les Palestiniens devaient choisir.

N'oubliez pas qu'avant le 7 octobre,

personne ne parlait de la Palestine,
pas même DiEM25.

On en parlait parfois,
mais pas très souvent.

On parlait surtout
de l’Europe, de l’Ukraine,

de différentes choses, des questions très
importantes, mais pas de la Palestine.

Concrètement, le monde entier
a abandonné les Palestiniens,

en particulier le monde arabe.

Un des accomplissements de Donald Trump
lors de son 1er mandat

a été d'instiguer les accords d'Abraham,

par lesquels différents États arabes,
dont les Émirats arabes unis,

le Maroc, l'Égypte, etc.
acceptaient de faire la paix avec Israël,

sans un mot sur les Palestiniens.

Le message envoyé aux Palestiniens était :
« Nous vous laisserons périr.

Mourrez lentement et en silence.

Ne nous dérangez pas.

Mourez hors de la vue et loin
des pensées du reste du monde. »

C’est pourquoi je dis que
les Palestiniens avaient le choix :

soit ils se laissaient mourir lentement,
en silence, sans résiter ni s'échapper.

Car le 7 octobre c'était
exactement ça : une évasion.

Et à maintes reprises,
j’ai subi la colère des sionistes

et de l’État allemand en particulier

en disant que l'acte de résistance,
l'acte de faire tomber la clôture

de ce camp de concentration,

n’était pas un droit pour
la résistance palestinienne,

mais un devoir.

En même temps, tout combattant, qu'il soit

un soldat israélien
ou un militant palestinien,

qui touche un cheveu d’un civil,
qui enlève des gens,

commet un crime de guerre.

C'était donc notre
position initiale à DiEM25.

Depuis, l’ensemble du peuple palestinien

a été placé dans le couloir de la mort.

L’Occident a aidé Israël à enfermer
tout un peuple dans le couloir de la mort.

À Gaza, si vous n’êtes pas déjà mort,
vous êtes dans le couloir de la mort.

Demain matin, il y a une forte probabilité
que tu soit mort,

ou que tu aies perdu un bras,
ou une jambe,

et que que tu meurres 6 mois plus tard,
loin des yeux, loin du cœur.

Je pense qu’en regardant 2024,

l'historien du futur va aussi identifier
un moment très significatif :

la plainte si bien formulée
de l'Afrique du Sud

auprès de la Cour internationale
de justice à l'encontre d'Israël.

Ça a été un point clé,
un des rares rayons de lumière.

Mais ces rayons n’ont pas été autorisés
à pénétrer dans l’Union européenne,

ni bien sûr, en Australie,
au Canada ou aux États-Unis,

car le sionisme est devenu l’idéologie
officielle de l’impérialisme occidental.

Surtout en Allemagne,
où ils sont mal à l'aise

à cause de l'Holocauste,
et ils ont raison d'être mal à l'aise

avec l'expression
de leur propres sentiments nationalistes.

Alors ils ont remplacé le nationalisme
allemand par le sionisme.

C'est en fait très simple, et au fond,
ça n'a rien à voir avec les Juifs.

Le sionisme n’a
rien à voir avec les Juifs.

Il y a tellement de sionistes antisémites
et tellement de juifs antisionistes.

Il suffit dire ça pour le prouver.

Donc souvenez-vous, en avril, DiEM25,
avec nos amis et camarades

de la splendide

organisation juive allemande :

« Voix juives pour une paix
juste au Moyen-Orient »,

nous avons organisé un congrès pour
discuter d'une paix juste au Moyen-Orient,

et l'État allemand a fait peser sur nous

tout le poids de son autoritarisme.

Ils m'ont interdit d'entrer dans le pays.

Ils m'ont même interdit de parler via Zoom

à qui que ce soit en Allemagne,
ce qui est ridicule :

ils ne peuvent pas l'implémenter.

Quoi qu'il en soit,

J'ai poursuivi les autorités
allemandes en justice,

mais je ne vais pas
en dire plus à ce sujet.

Un autre moment charnière
de la tragédie palestinienne en 2024

a été la décision de la
Cour internationale de justice,

qui a jugé à son honneur,

que l'occupation continue
de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie

et de Gaza par Israël est illégale,

et a ordonné à l’État israélien
de revenir à ses frontières d’avant 1967.

Et comment Israël a-t-il réagi ?

En convoquant la Knesset, le parlement
israélien, où il y a eu un vote

à 75 contre 5, quelque chose comme ça,
une majorité écrasante,

qui contredit le verdict
de la Cour internationale de justice.

Comment ont-ils fait ça ?

En proclamant qu’il n’y aura jamais
d’État palestinien nulle part

dans les territoires occupés,
et que ces territoires occupés étaient

la terre d'Israël.

Concrètement, le parlement israélien,
pas seulement le gouvernement,

mais la majorité écrasante des membres
du parlement à la Knesset,

a déclaré à la communauté
internationale :

« On se fiche de ce que vous avez à dire.

Le droit international
ne nous intéresse pas.

Depuis, on observe
un paradoxe dialectique intéressant,

presque hégélien, Srećko :

D'un côté, on a la victoire complète

des forces armées israéliennes.

Ils ont pulvérisé Gaza.

Ils soutiennent les colons dans
leur nettoyage ethnique en Cisjordanie.

Ils s'emparent des maisons
des Palestiniens à Jérusalem-Est.

Sans… je veux dire,
il y a de la résistance de la part

du peuple palestinien à Gaza,
à Jérusalem-Est,

en Cisjordanie,
et c'est tout à leur honneur.

Mais la toute puissane armée israélienne
contrôle totalement la situation.

Les attaques au sud du Liban,

ou plutôt les massacres
dans le sud du Liban.

pour vaincre le Hezbollah :

ils ont gagné cette guerre aussi.

Il y a eu un cessez-le-feu,
ou plutôt un armistice,

mais le Hezbollah a dû
découpler son propre combat

de celui que mènent
les Palestiniens à Gaza.

Et c’est une victoire majeure
pour Netanyahu.

Et puis, ne l'oublions pas,

il y a aussi l’effondrement récent
du régime d’Assad.

Bien que la majorité des Syriens

ont célébré ce renversement, car Assad
était un tyran avec du sang sur les mains,

c’est aussi une victoire majeure
pour Israël et les États-Unis,

et une défaite pour les Palestiniens,
car le soutien qu'ils ont reçu,

passait par l’Iran, la Syrie
et le Hezbollah.

Il n’y a aucun doute là-dessus.

Alors pourquoi je dis que c'est un
paradoxe dialectique de type hégélien ?

Parce que d’un côté,
Israël a le contrôle total,

mais en même temps, comme l'explique
notre ami Ilan Pappé,

et il l'explique très bien :

plus Israël est performant militairement,

moins la société israélienne
est reproductible,

parce qu'Israël est de plus en plus dominé

par les maniaques génocidaires qui
contrôlent non seulement le gouvernement,

mais aussi la majorité de l’opposition.

Donc si vous êtes
un Israélien libéral et civilisé,

même si vous soutenez globalement

les objectifs d'annexion
des terres palestiniennes par Israël,

vous ne pouvez pas vraiment vivre
en Israël sous Smotrich ou Ben-Gvir,

ces individus totalement fascistes
qui ont dominé l’exécutif israélien.

C'est donc là, voyez-vous,
qu'intervient la dialectique.

J’ai parlé brièvement de la Syrie.

Ces derniers jours,
j'ai été impliqué dans un débat,

pour le dire poliment,

avec des partisans des Palestiniens

qui me critiquent parce que
je me suis permis de ressentir de la joie

à la chute d'Assad,
qui selon moi est un tyran.

Donc voici mon message
à ceux qui m'accusent

de prendre le parti des impérialistes,

d'Israël, des États-Unis :

si vous pensez qu’en soutenant des tyrans
comme Assad, ou avant lui Saddam Hussein,

parce qu'ils sont les ennemis
de notre ennemi impérialiste,

cela fait de vous des anti-impérialistes,
détrompez-vous.

Pour combattre l’impérialisme
et gagner à long terme,

nous devons remporter l'adhésion des gens.

Et on ne peut pas faire ça
en soutenant des tyrans,

détestés par leur propre population,

simplement parce qu’ils sont
les ennemis de nos ennemis.

Et on m’a accusé d’être idéaliste.

Il y a quelques heures,
quelqu'un m'a dit sur Twitter :

« Mais Yanis, c'est
très idéaliste de ta part.

Il faut être très pragmatique. »

Vraiment ?
Je dois être pragmatique ?

D'après vous, pourquoi je consacre presque
tout mon temps à la cause palestinienne ?

Qu'est-ce que le pragmatisme vient faire
là-dedans ? Quel serait mon intérêt ?

Est-ce que j'ai un intérêt
à soutenir une cause

dont tous les soutiens en Occident
sont taxés d'antisémitisme

et considérés comme des ennemis
de la civilisation occidentale ?

Si je soutiens les Palestiniens,

si je suis de gauche,

si je n'ai pas signé le protocole d'accord

quand la Troïka des créanciers
de la Grèce a voulu m'y forcer,

c'est uniquement par idéalisme.

Par idéologie.

Sans notre idéologie anti-impérialiste,
qu’est-ce qu'il nous reste ?

C'est l'idéologie qui a permis
la victoire du Viet Cong,

la lutte contre les impérialistes
américains au Vietnam.

C’est l’idéologie qui se cache derrière
chaque révolution qui réussit.

Ce n’est pas une analyse
coûts-bénéfices, mes amis.

Pour conclure sur
la question palestinienne,

qui sera mon principal sujet ce soir.

Le 7 octobre, le peuple palestinien,

les combattants, ont pris
une décision très simple :

ils ont refusé de disparaître en silence.

Comme je l'ai dit, ils avaient le choix
entre une extinction lente et silencieuse

et un grand geste de résistance,
et ils ont choisi la seconde option.

L'un des résultats,

est la Cour pénale internationale
qui inculpe Netanyahu.

Ce n'est pas négligeable,

même si la CPI ne peut pas
arrêter Netanyahu.

Le fait qu'il ne puisse pas aller
facilement à Paris, Londres, ou Berlin

sans déclencher de crise majeure,

de crise idéologique et juridique
dans ces pays,

qui devront décider soit de l'arrêter,

soit d'abandonner l'ordre international
fondé sur des règles,

dont ils parlent habituellement
avec lyrisme.

Ça, c'est une grande victoire.

Il ne faut pas l'oublier, ni oublier
les contradictions internes

de la société israélienne, qui, j’en suis
sûr, finiront par faire changer d'avis

la majorité de la population en Israël.

Traitez-moi encore d'idéaliste.
Ça ne me dérange pas.

Passons maintenant à l’Europe.

Je serai bref.

L’Europe souffre des coûts et des dangers
créés par des années de déni.

Depuis 15, 20 ans, on n’investit plus
dans notre industrie, notre société,

notre santé, notre éducation, parce
qu'après la crise de 2008, on a implémenté

l'austérité pour la majorité et
l'impression monétaire pour une minorité.

Avec cette politique d'austérité,

la minorité reçoit l’argent imprimé

par la banque centrale,

mais ne l'investit pas,
puisque la population n'a pas d'argent :

pourquoi investir dans des biens et
services que personne ne pourra acheter ?

Alors, que font les riches avec l’argent
imprimé par la banque centrale ?

Ils achètent des actifs : des maisons,
l'immobilier augmente,

des actions,
les cours augmentent.

Mais aucun investissement.

Et après 15 ans sans investissement,

devinez ce qui s'est passé ?

L'industrie européenne s'effondre.

Le modèle industriel allemand,
qui a été une si grande réussite,

vous savez à quoi
ça ressemble maintenant ?

Les plus âgés parmi vous se rappellent-ils

des machines à écrire électriques
des années 70 comme Olivetti ?

Il y avait de très belles
machines à écrire électriques,

avec une balle qui tournait.

Vous tapiez, et ça faisait
clic, clic, clic.

C'était plutôt chouette.

Mais quand le PC est arrivé,

ces machines à écrire Olivetti
étaient condamnées.

Aucune baisse de salaire
des ouvriers qui les fabriquaient,

ni aucune subvention de l’État
n'aurait pu les sauver.

C'était l'heure du PC.

De la même manière,
l'heure de la voiture électrique,

des batteries CATL et BYD est arrivée.

On peut maintenant transformer
l’énergie éolienne en hydrogène vert.

Ça été développé
en Chine et aux États-Unis.

Vous savez quoi ? L’Europe n’a investi
dans aucun de ces domaines.

Nous sommes dans
la même situation qu'Olivetti

et ses machines à écrire électriques
dans les années 70.

Chez DiEM25,
nous avions développé une politique

qu'on a appelée

le Green New Deal pour l'Europe.

Nous étions candidats, Srećko,
moi et d'autres de DiEM25,

dans 7 ou 8 pays en 2019.

C'était un programme magnifique.

Je suis convaincu que
s'il avait été mis en œuvre

L’Europe ne serait pas
dans une situation si difficile.

Mais ça n'a pas été le cas et
on a raté une révolution technologique.

Le résultat ? Même les pouvoirs en place,
qui partent avec tant de lyrisme

de consolidation politique, de programmes
d’investissement communs,

et ainsi de suite,
ils n'en parlent même pas.

Maintenant selon eux,
le moteur de croissance de l'Europe,

c'est le secteur de l'armement,
le commerce des armes !

Ils parlent de transformer l’UE
en une union de guerre.

Ils veulent un dôme de fer,
à la manière d’Israël.

C'est-à-dire avec des missiles américains.

Il n’y aura aucun développement ici.

Récemment,
puisqu'on fait le point sur 2024,

Mario Draghi, mon ennemi juré de 2015,
que j'ai combattu sans pitié

et qui a fermé les banques grecques

afin de forcer le peuple grec,

à accepter l'austérité universelle
puissance N.

Ce monsieur…
Vous savez ce qui arrive à ces gens

quand ils quittent
leurs positions de pouvoir ?

Ils deviennent sociaux-démocrates.

Il a donc rédigé un rapport

qui copie largement notre
Green New Deal pour l’Europe de 2019.

Vous vous souvenez qu'on préconisait
un fonds d’investissement

financé à hauteur de 5%
du revenu européen ?

Maintenant c'est ce qu'il dit aussi,
mais bien sûr, ça n'arrivera pas.

Le rapport Draghi a coûté des centaines
de milliers, voire des millions d’euros.

Il a été remis à Ursula von der Leyen,
la présidente à moitié folle

de la Commission européenne,
cette va-t-en-guerre.

Elle l'a remercié, elle l'a embrassé,
elle a payé la fature,

et a mis le rapport à la poubelle,
parce que cette Europe n'est pas capable

de faire ce que nous préconisions en 2019.

Et le résultat,
c'est la fragmentation politique.

Pourquoi n'y a-t-il pas
de gouvernement en Allemagne,

ou en France en ce moment ?

C'est pour ça.

Car si le fondement économique
d’une union principalement économique

et monétaire comme l’UE s’effondre,

son aspect politique s’effondre également.

Un autre grand événement de 2024
est bien sûr Donald Trump.

On a déjà fait un stream sur le sujet.

Je vous laisse donc aller voir ça.

Je dirais seulement pour fairt court
et épigrammatique,

Trump a gagné
pour une raison très simple :

Les démocrates, Biden, Kamala,
et tous ces autres idiots,

disaient au peuple américain,
à la classe ouvrière américaine

que tout allait mieux
que jamais auparavant.

Le peuple leur disait :
non, ce n’est pas vrai.

On n'arrive pas
à joindre les deux bouts.

On est fauchés.

On n'a pas les moyens
d'acheter une maison,

de faire nos courses,

ni de faire le plein d'essence.

Et aux États-Unis, si tu n’as pas
de voiture, t'es mort,

tu ne peux allez nulle part
avec cet étalement urbain,

le manque de transports publics
et ainsi de suite.

Alors Trump a regardé ces gens et leur
a dit : « Je sais ce que vous ressentez.

Il y a un carnage en Amérique.

Il y a beaucoup de mécontentement.

Je vais vous aider. »

Alors pour qui ont-ils voté ?

Pour Trump bien sûr.

Je voudrais mentionner encore
deux choses à propos de Trump.

Trump a promis de mettre fin
à la guerre en Ukraine en 24 heures.

Je suis content
qu'un président des États-Unis,

même s'il ne le pense pas,

même si c'est un hypocrite,
un fasciste, un misogyne etc.,

veuille mettre fin à une guerre.

Surtout une guerre
qui est une impasse totale.

Qui conduit des jeunes hommes
de Russie et d'Ukraine

et aussi des civils à la mort,
sans raison aucune.

Il ne se passe plus rien,

il n’y aura pas de victoire
ni d’un côté ni de l’autre.

Donc c'est bien qu'il promette cela.

Mais je ne pense pas
qu’il puisse apporter la paix.

Il ne peut pas, parce que Poutine
ne veut pas mettre fin à la guerre.

Il veut continuer à prendre un village
après l'autre, petit à petit.

Donc il posera des conditions de paix
que Trump ne pourrait pas accepter

sans être renversé par son propre régime,

même par son propre régime
trumpiste républicain.

C'est mon intuition.

Et à la fin, son grand Waterloo,
ce sera sa promesse

de prendre soin
de la classe ouvrière américaine

et de réindustrialiser les États-Unis

en imposant d'énormes droits de douane
sur les importations européennes,

principalement de chinoises,
mais aussi d'Europe,

afin de créer les circonstances

d'un retour de l’industrie aux États-Unis.

Il n'y parviendra pas,

Car, n'oubliez pas que
sa priorité numéro un, c'est la bourse,

les financiers et l'immobilier.

C'est un agent immobilier,

après tout.

Or l'immobilier et la bourse
aux États-Unis se portent bien

seulement tant que
les Chinois et les Allemands

ont un excédent commercial
avec les États-Unis,

puisque que ce surplus
leur fournit les dollars

qu'ils investissent ensuite
à la Bourse de New York,

et dans le marché immobilier
à Miami, en Californie et à New York.

Certains camarades, amis et progressistes
accordent beaucoup d'importance

au développement des BRICS :

le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine,
l’Afrique du Sud, et désormais

plein d'autres pays
qui rejoignent ce groupe.

Il y a eu une réunion intéressante en
Russie entre les représentants des BRICS

qui ont parlé de créer
un système de paiement

et l’ont effectivement institué.

C'est désormais opérationnel.

C'est très intéressant
du point de vue technologique,

ça utilise la blockchain, pour ceux
d'entre vous que ça intéresse,

et ça leur permet de commercer entre eux,
dans leurs propres monnaies.

Ils peuvent ainsi contourner le dollar,
et donc les sanctions.

Des pays comme l’Arabie saoudite
et les Émirats arabes unis sont également

intéressés par les BRICS, car
ils ne veulent pas mettre tous leurs œufs

dans le panier du dollar américain.

Mais ce serait une erreur de voir les
BRICS comme une alternative

de type URSS et Pacte de Varsovie, capable
de contrebalancer l’hégémonie américaine.

C’est une erreur de penser
les choses de cette façon.

N'oubliez pas que l'Inde et la Chine

sont presque en guerre au sein des BRICS.

N'oubliez pas que les États-Unis

poussent Apple à déplacer
ses usines de production...

…Il vient d'y avoir un léger
séisme ici à Athènes,

mais je crois que tout va bien,
n'est-ce pas Mehran ?

Le sol tremble quand DiEM est en direct.

Washington pousse Apple à déplacer
ses usines de la Chine vers l’Inde.

Comme vous le voyez, il y a beaucoup
d’antagonisme au sein des BRICS,

Donc il n'y a aucune chance
que ça débouche un jour

sur une sorte d’alliance géostratégique.

L'intérêt commun qui les lie,

c'est leur refus de rester
sous la coupe de la Réserve fédérale,

où chaque transaction est contrôlée
par la banque centrale américaine

ou le gouvernement américain.

Voilà ce qu'ils ont en commun.

Mais ça ne suffit pas,

car la Chine elle-même
est confrontée à un dilemme.

La Chine veut-elle remplacer
le dollar américain par le yuan ?

Pas encore.

N'oubliez pas que les capitalistes chinois
qui produisent de l'aluminium

à Shenzhen et le vendent en Californie.

Ils comptent sur le dollar et
son privilège exorbitant, qui permet

aux États-Unis de soutenir un fort déficit
commercial, puisque c'est ce déficit

qui permet aux chinois de vendre de
l’aluminium aux firmes californiennes.

Le capitaliste chinois qui est payé
en dollar, puis investit cet argent

dans l'immobilier à Miami,
en Californie, à New York,

ou dans la dette américaine,

souhaite-t-il la disparition du dollar ?

Non, car ses économies sont en dollars.

Il n’est pas sûr que le Parti communiste
chinois, Xi Jinping par exemple,

veuille entrer en conflit
avec les capitalistes chinois.

Mais même s’il le fait,
la Chine devra alors accepter

de jouer au sein des BRICS
le même rôle qu'ont joué les États

après la 2eme Guerre mondiale
dans le système de Bretton Woods.

Et ce n’est pas le style de la Chine.

La Chine ne veut pas être hégémonique,
elle veut commercer avec tout le monde.

Elle veut des routes
commerciales libres,

pouvoir investir partout.

Elle ne veut pas diriger
une grande partie du monde.

Le Parti communiste chinois
n'a jamais pris ce type de décision.

Enfin, pour conclure ce long soliloque,

Vous vous souvenez
de la catastrophe climatique ?

Nous l'avons oubliée

à cause des guerres, du génocides,
nous regardons ailleurs.

Mais le monde avance à toute allure

Le monde, ou plutôt l'humanité,
notre espèce,

se dirige droit vers son extinction.

La seule façon d’y mettre un terme
aurait été un accord tripartite

de décarbonation entre les États-Unis,
la Chine et l’Union européenne.

L'Union européenne est inexistante.

Elle s’est rendue obsolète.

Les États-Unis ont Trump, qui
ne croit pas au changement climatique.

Il ne reste donc plus que la Chine.

La Chine produit la majorité
des technologies de décarbonisation

dans le monde, mais elle
ne peut y parvenir seule.

Tout cela étant dit,

et j'espère ne pas vous avoir
trop démoralisés.

Mais si on doit faire un bilan honnête
de 2024, on ne peut pas

tourner autour du pot, donner
de faux espoirs ni feindre l'optimisme.

Mais l'espoir,

c'est que nous sommes là.

DiEM25 est un petit mouvement.

On l'a lancé dans cette cafétéria

Srećko et moi en 2015 à Berlin.

Mais maintenant, on est tous ensemble :

des dizaines de milliers de personnes.

Nos camarades sont
dans les rues d'Allemagne

en ce moment même,
pour recueillir des signatures.

Si vous habitez en Allemagne,
signez pour inscrire MERA25

aux prochaines élections fédérales.

Nous avons créé
une internationale progressiste.

Nous sommes encore
très très loin de la victoire,

mais tant que nous nous battons,
il y a de l’espoir.

Espoir sans optimisme.

N'est-ce pas, Srećko ?

[Mehran] Srećko, tu as la parole.

[Srećko] Oui, merci Yanis.

C'était une belle conclusion,
avec cet espoir sans optimisme,

une phrase qui vient
bien sûr de Terry Eagleton.

Et il n’y a rien que je déteste
plus que l’optimisme,

mais je déteste aussi le pessimisme.

Gramsci l'a très bien dit,
je ne veux pas le répéter,

mais pour parler clairement… et je ferai
aussi référence à certaines choses

que tu as dites, parce qu'en effet ce sont
les points les plus déterminants de 2024,

non seulement pour notre présent,
mais aussi pour notre avenir.

Et je pense qu’il faut les replacer dans
le contexte d’une séquence historique

qui, je pense, a commencé
après la crise financière,

et avec le Printemps arabe.

La Tunisie, l’Égypte et d’autres pays ont
suscité beaucoup d'espoir et d'optimisme,

on ne sait pas encore ce que ça va donner.

C'était aussi l'époque
d'Occupy Wall Street,

et ensuite, de ta propre
expérience avec Syriza,

le référendum en Grèce et ainsi de suite.

Ce à quoi nous assistons maintenant,
je pense que tu l'as bien dit,

c'est un triomphe total
de l’axe Israël, États-Unis et Turquie.

Ce triomphe conclut en quelque sorte
cette séquence historique,

qui d'une certaine manière
a commencé en 2010, 2011,

quand une révolution progressiste
semblait encore possible.

Il y a bien eu une sore de révolution,
mais on a vu très rapidement

ce qui est arrivé à l'Égypte après
Moubarak avec les Frères musulmans,

sans parler de ce qui est arrivé en Libye
après l’intervention et après Kadhafi :

il y a eu des centaines de Kadhafi
et une guerre civile continue en Libye.

Donc oui, d’un côté, c’est un triomphe
de Washington, d’Israël.

d'Erdogan et de quelques autres acteurs.

Je pense qu'au moins
20 à 30 acteurs géopolitiques différents

sont actuellement impliqués
dans cette région de diverses manières.

Et d’un autre côté, ça prouve aussi
l’inutilité de l’Union européenne.

Vous savez ce que faisaient
Macron et d’autres dirigeants

quant les rebelles ont pris
le contrôle de la Syrie et de Damas ?

Ils étaient réunis à Notre-Dame
pour rouvrir la cathédrale,

qui malheureusement
avait pris feu il y a 5 ans

et il suffisait de regarder leurs visages,

leurs gestes, leur langage corporel

pour voir la démonstration
croissante de leur insignifiance.

Tu as déjà mentionné
le gouvernement français.

C'était juste à ce moment-là.

Macron n'est donc certainement
pas aussi puissant qu'il l'était,

ou qu'il souhaiterait être.

Et en même temps,
on pouvait voir la réaction

d’autres dirigeants européens

à Donald Trump, mais aussi
depuis 2024 et en 2025

leur réaction à Elon Musk, et à Elon Musk
avec son fils sur ses épaules,

qui d'une certaine manière illustre
parfaitement la situation actuelle :

les hommes d'affaires
deviennent des politiciens

et les milliardaires sont maintenant ceux
qui influencent réellement la politique.

Tu en as parlé, Yanis, dans
Les nouveaux serfs de l'économie.

En voilà la parfaite incarnation :
Trump, Elon Musk,

et la manière dont ils négocient déjà
avec les dirigeants européens :

Giorgia Meloni, qui était hier

à la villa de Trump aux États-Unis,

Viktor Orbán, qui pendant que se déroulent

tous ces événements
dans le monde, en Palestine, en Syrie,

Viktor Orban est aux États-Unis pour
rencontrer Donald Trump et Elon Musk,

et travaille déjà sur
l'internationale fasciste,

en quelque sorte.

Donc, en même temps qu'un triomphe
du bloc transatlantique

et de l'impérialisme,
je pense que l'année 2024

non seulement prouve l'insignifiance
de l'Union européenne,

mais représente aussi un énorme recul
pour les partis et mouvements

progressistes ou de gauche.

Puisqu'on parle des principaux partis,
on a aussi pu voir

comme les masques

des partis verts sont tombés.

Il suffit de regarder les Verts allemands,

la lettre des verts européens
à Jill Stein,

ou plus récemment, ce qui se passe
à la périphérie de l’Union européenne

en Serbie, où on a récemment
trouvé la plus grande réserve

de lithium en Europe,

là, à la périphérie de l’UE.

Le petit problème pour eux,
comme d’habitude,

c’est qu’il y a un autocrate au pouvoir,
Aleksandar Vučić.

Mais ça n'a pas empêché Olaf Scholz
d'accueillir hier Aleksandar Vučić

en Allemagne et de voir avec lui

comment l'industrie automobile allemande

pourrait extraire davantage
de lithium en Serbie

afin que les classes moyennes allemandes
puissent conduire des voitures vertes,

et que le Parti Vert puisse
parler d'un Green deal

ou d’une transition vers un Green Deal.

Ce qu'on a vu en 2024,

et qu'on verra je pense
de plus en plus l'année prochaine,

c'est qu'au contraire nous sommes
encore loin, et même nous nous éloignons

d'une solution ou et même d'une
prise en compte de la crise climatique,

qui est la plus importante
crise de la planète,

pas seulement pour l’avenir de l’humanité,

mais aussi celui de nombreuses espèces
qui sont déjà en voie d’extinction.

Parce qu'on observe en Syrie,

c'est le retour des bons vieux…
et là je suis sarcastique,

le retour des minéraux, par exemple.
Si vous regardez les interventions

en Libye, en Irak, en Syrie, il a toujours
été question de pétrole, entre autres.

Bien sûr, dans le cas de la Libye,

se posait aussi la question
de l'unification de l'Afrique,

quoi qu'on puisse penser de Kadhafi.

Mais si on regarde
la situation actuelle en Syrie,

on voit rapidement la politique
des pipelines à l'œuvre.

Un pipeline, soutenu par la Russie,
devait relier l'Iran

à l'Europe, en passant par l'Irak et
la Syrie, et équiper les foyers européens

ce que les pouvoirs en place en UE
ne souhaitaient pas, bien entendu.

Et maintenant il y a une éclaircie,
une situation parfaite.

C’est pour ça que je parle
d'un triomphe,

pour ce bloc transatlantique, plus Israël,
qui en a toujours fait partie.

Ce triomphe, c'est l'autre pipeline,

un projet qui date d'au moins 10 ans,
et qui est censé aller du Qatar

à la Turquie en passant
par l’Irak et la Syrie.

Alors cet espace est désormais ouvert.

Il y a un blocage temporaire, qui vient
je pense de l'establishment européen

et que c'est probablement
leur objectif principal,

car l’une de leur plus grandes craintes,

est clairement l'intégration eurasienne.

La Russie et l'Ukraine
font partie de cette histoire

mais on voit clairement que la Syrie
et l'Iran en font partie également

parce que l’Iran et tous ces pays sont,
pour le dire franchement,

juste entre la Chine et l'Europe.

Et maintenant, un bloc est créé,
une sorte de frontière

qui empêche la poursuite
de l'intégration eurasienne,

qui d'une certaine façon est inévitable,
si vous regardez la Chine, bien sûr.

Je pense donc que ce que révèle
la situation actuelle en Syrie

c'est bien sûr d'une part

l'impérialisme, associé au capitalisme,
comme il l'a toujours été.

L'Occident ces derniers temps

a plus peur, comme toujours,
de la véritable démocratie,

que des djihadistes
ou des fondamentalistes islamiques.

Et c’est ce qui se passe
actuellement en Syrie.

Mais c’est aussi
ce qui se passait en Iran.

Souvenez-vous de Mossadegh,
le premier ministre iranien,

qui a été renversé par les services
secrets britanniques et la CIA.

Pourquoi ? Parce que
les Britanniques voulaient le pétrole,

mais Mossadegh voulait le nationaliser.

Et la décennie suivante, il y a eu
le Shah soutenu par les États-Unis,

mais en fait, toutes ces interventions

et l’ingérence des États-Unis en Iran,
ont créé Khomeini.

Et aujourd'hui l’Iran
n'est plus un pays laïc.

Si vous regardez l’Irak,
l’Afghanistan, la Syrie…

Je me trouvais en Syrie juste avant
le Printemps arabe, je crois,

et je l'ai vu de mes propres yeux :

c'était tous des pays laïcs.

Même sous Assad.
Pourtant comme toi, Yanis,

j'ai vivement critié Assad.

Je pense que nous pouvons et nous
devons à la fois être contre Assad,

ou les gens comme lui, Poutine et Kadhafi,

et contre l’impérialisme.

Il n'y a pas à choisir.

Avec la situation en Syrie,
on voit clairement

les conséquences de l’impérialisme.

Assad en est aussi une conséquence.

Mais en tant que personne qui vient
de la Yougoslavie socialiste

et qui était présent pendant une
guerre sanglante, je me souviens très bien

comment la « gauche internationale »
a soutenu Slobodan Milošević.

Pourquoi l'ont-ils soutenu ?

Parce qu'ils pensaient

que Milosevic était
un acteur anti-impérialiste.

Et c'était loin,

très loin de la vérité.

De la même manière, on voit aujourd'hui
que Scholz et ces gens-là,

préféreraient voir Vučić
au pouvoir pendant 10 ans

plutôt qu'une démocratie en Serbie.

Car s’il y avait
une vraie démocratie en Serbie

le peuple refuserait que des entreprises
allemandes extraient tout leur lithium.

En ce moment, à la périphérie de l’UE,

se déroulent les manifestations
les plus massives d'Europe,

En Serbie justement, il y a non pas
des centaines de manifestations

dans les rues, mais la semaine dernière,
il y a aussi eu des dizaines de blocages,

d'occupations d'universités
et de tribunaux.

Il y a aussi des AG, des conseils.

Exactement ce qu'on a vu
en Croatie il y a 15 ans

avec les universités occupées,
Occupy Wall Street etc.

Et il y a aussi une résistance
au sein même de l’UE.

Ce à quoi je m'attends en...

Mais revenons encore un peu sur 2024,
on abordera 2025 après.

Pour en revenir à l’UE,

ce qu'on voit aussi,
c'est bien sûr d'une part

l'insignifiance de plus en plus grande
de l'Union européenne.

Et d'autre part on continue de glisser

non seulement vers la droite, mais
d'entrer dans un fascisme à part entière,

qui pour l'instant se manifeste
de façon assez diplomate.

C'est un fascisme doux, en quelque sorte,

si on regarde par exemple

l'accord passé entre
Giorgia Meloni et l'Albanie.

En gros, l'Italie a construit
un camp de concentration

pour 30 à 40 000 réfugiés en Albanie.

Globalement on sous-traite la question
des migrants, et en même temps

il y a la crise syrienne et la guerre.

Les gouvernements d'Autriche,

d'Allemagne, et beaucoup
d'autres dans l'UE

parlent ouvertement de rapatriement
et déportation des réfugiés syriens,

dont des millions sont arrivés
après la guerre en 2011.

Ils les renvoient,
pour reprendre tes mots, Yanis,

dans le couloir de la mort,
en quelque sorte.

Et cette situation ne fera que s’aggraver.

Donc pour conclure, je dirais
que l'année dernière,

et plus généralement ces dernières années
ont prouvé que nous sommes dans

ce que je caractériserais
comme un état de guerre totale.

Une guerre totale dans le sens
où production et destruction

se confondent.

Pour le dire franchement, en même temps

qu’Israël bombarde des installations
militaires et des armes en Syrie,

des cargos de l'UE
sous différents pavillons

transportent des armes vers Israël.

Donc, en même temps
qu'on détruit des armes,

on en produit et on en transfère d'autres

de l'ouest de la Méditerranée
vers l'est de la Méditerranée.

Il y a aussi Keir Starmer qui envoie
des troupes britanniques à Chypre,

l'OTAN à Chypre.

Et si je dis que c'est une guerre totale
où production et destruction se confondent

c'est qu'en même temps
dans le sens inverse,

de l'est à l'ouest de la Méditerranée,

se produit une autre vague :

non plus celle du transfert d'armes,

mais celle des gens qui fuient
les guerres générées par l'impérialisme,

et dans lesquelles l’UE joue un rôle.

Dans ce sens, j'estime donc
qu'il s'agit d’une guerre totale,

qui pour en revenir à ce que tu as dit, Yana l'as déjà mentionné, Yanis, à Trump.

Mais je pense que Notre-Dame
et tous ces types d'événements

sont aussi très intéressants
d’un point de vue sémiotique,

parce que de plus en plus, on cette guerre totale se traduit non seulement en termes d'économie,

qui est désormais de plus en plus centrée, voire totalement centrée sur la guerre

mais nous sommes aussi de plus en plus en état de guerre

dans le cadre de la sémiosphère, la sphère des signes.

Quand il s'agit de ça, je te vois sur un écran, tu me vois sur un écran,

et la puissance du capital cloud, si je peux utiliser tes mots Yanis,

la puissance de la Silicon Valley et la façon dont elle a capturé presque tout

notre communication, nos émotions.

Pensez simplement à Grindr, Tinder, les applications de rencontres sociales désormais couplées à l’IA.

Donc, fondamentalement, nous sommes dans une guerre totale également dans la sémiosphère.

Donc, dans ce sens, ce que fera Trump n’est pas plus important.

Maintenant, j'arrive lentement à 2025, avec l'économie aux États-Unis.

Je pense que ce qui devient de plus en plus important

et par là, je ne dis pas que je ne reconnais pas

et je ne lutte pas contre le véritable sort de la classe ouvrière.

Mais ce qui devient de plus en plus important, je pense, c'est la perception,

la réalité, la question de la réalité.

Je veux dire, Jean Baudrillard a été très rapidement, au cours des 20 dernières années,

rejeté par la théorie radicale et les gauchistes.

Mais je pense que Jean Baudillard avait raison quand il parlait de simulation.

et de quelle manière il y a réellement ce genre de simulation

devient notre nouvelle réalité.

Ce que fait Trump, de quelle manière il bouge le poing avec Macron

et ainsi de suite, cela change la perception des gens.

Si vous revenez au cerveau derrière tout cela, Steve Bannon

il a clairement compris le pouvoir de Facebook déjà,

la puissance des entreprises de la Silicon Valley.

Et ce que je pense que nous verrons encore plus en 2025, c’est une plus grande autonomisation

des oligopoles de milliardaires, qui se trouvent principalement dans le secteur technologique,

qui sont désormais associés non seulement à Donald Trump, mais aussi à Javier Milei en Argentine,

Viktor Orbán, Giorgia Meloni, tous ceux qui sont également responsables de la

l'inutilité de l'UE, ainsi que de la participation de l'UE

dans les crimes de guerre et le génocide.

Voilà, c'est tout pour moi.

Très optimiste également.

[Mehran] Merci.

[Srećko] Mais c'était en 2024, que puis-je faire ?

[Mehran] Eh bien, j'allais juste dire que cela semble très sombre,

mais ce fut une année très sombre.

Yanis a parlé de Gaza et des enfants de Gaza,

juste pour mettre quelques statistiques à ce sujet.

À Gaza, entre le 7 octobre et il y a trois jours, au moins 17 492 enfants

ont été tués à Gaza.

Cela équivaut à environ un enfant sur 65

dans la bande de Gaza.

Quelle horrible plaie ouverte !

Et bien sûr, toutes les autres choses que vous avez mentionnées

peignent un tableau très sombre.

Quelques commentaires rapides du chat et des questions.

Keith Sutton Jones note que : « La Russie vient de conseiller à tous les Russes

'les citoyens à quitter les États-Unis.'

J'ai vérifié ça.

Ce n'est pas exactement pour quitter les États-Unis, mais cela dit qu'ils

conseille aux citoyens russes de ne pas se rendre aux États-Unis.

Balbo déclare : « À mon avis, une Europe fédérale réformée

Ce serait mieux, mais c'est de toute façon une idée fantaisiste.

Pourriez-vous voir cela se produire et comment ?

Et Lonesome Cowgirl dit : « Comment pouvons-nous cesser d'être dirigés par les lobbies,

"Surtout en Europe ? Nous nous sentons impuissants à 100 %."

Alors, en te rendant la parole, Yanis, pouvons-nous nous projeter vers 2025 ?

Voyez-vous des opportunités, des chances d’éviter que 2025 ne devienne une année

de stagnation et de faire en sorte que cela puisse être une année de progrès

sur certaines des questions que vous avez évoquées et entendues de la part de Srećko également ?

[ Yanis] Eh bien, la résistance c'est quoi...

Les Palestiniens nous ont montré la voie.

Lorsque vous êtes confronté à une dégradation lente,

il faut accepter soit la lente dégradation

-quel est le meilleur cadeau pour les fascistes,

parce qu'ils sont radicaux et qu'ils disent : Donnez-moi le pouvoir

et je briserai tout et je bouleverserai le monde.

Oui, donc un véritable progressiste n’a pas le droit d’accepter cette lente dégradation.

Nous devons proposer un programme radical.

Maintenant, en 2019, je le répète, DiEM25 a proposé un programme radical de ce qui

la Banque centrale européenne devrait faire ce que le MES devrait faire,

ce que la Commission européenne devrait faire,

ce que devrait faire la Banque européenne d’investissement, etc.

Eh bien, c'est du passé maintenant, car aucune de ces institutions ne peut être sauvée.

ou peut devenir une partie d’une solution.

Ils font désormais partie du problème, ce qui signifie que notre

les politiques et actions radicales doivent viser à renforcer la solidarité

parmi la multitude, pour la multitude, pour résister aux répercussions.

Pour atténuer les répercussions de cette austérité permanente.

Et maintenant, le déclin industriel du cœur de l’Europe,

de la base industrielle de l'Europe.

Cela ne semble donc pas très encourageant.

Mais tu sais quoi ?

Prendre en charge les victimes de cette dégradation est la première étape.

Parce que si nous ne prenons pas soin d'eux, si nous ne prenons pas soin les uns des autres

sur la base d’un véritable agenda humaniste transnational,

ce sont les fascistes qui proposeront de s'occuper d'eux

de la même manière que Donald Trump a proposé

de prendre soin de la classe ouvrière en Amérique, seulement pour la trahir.

Nous n'allons pas les trahir.

Nous l’avons au moins prouvé.

Voilà donc notre travail.

C'est un travail difficile et ingrat dans une très large mesure,

parce qu'en 2019, quand nous courrions à travers l'Europe avec

Dans notre New Deal vert pour l’Europe, nous avons déclaré :

Oh, regarde, voilà ce que nous pouvons faire !

Maintenant, nous ne pouvons pas faire ça.

Si nous faisions cela, nous mentirions aux gens.

Mais ce que nous pouvons faire maintenant, c'est créer

institutions de base pour soutenir le plus grand nombre,

et ce sera la base sur laquelle construire un nouveau projet,

Un nouveau Pacte vert pour l’Europe.

Nous ne devons pas l’appeler ainsi, car cette terminologie est désormais morte.

Nous devons penser à une autre façon d’organiser notre récit

et étiqueter notre récit.

Mais, vous savez, la résistance n’est jamais vaine.

C’est la chose la plus encourageante que j’ai à dire.

[Mehran] Merci, Yanis. Bonne chance.

[Srećko] Ouais, je viens de recevoir une question dans le chat

auquel j'aimerais répondre,

ce qui rejoint aussi en quelque sorte ce que Yanis a dit.

Laisse-moi juste le trouver,

par quelqu'un appelé Višnja Kukoč :

« Dans quel pays voyez-vous une véritable démocratie, Srećko,

puisque tu l'as mentionné.

Eh bien, je pense que le mot démocratie,

ce qui nous amène à un autre problème du nom DiEM25

le premier problème c'est l'année prochaine, 25.

Que faire avec le nom ?

Parce que maintenant ce sera cette année.

Mais j’ai aussi un profond problème avec la démocratie.

Du moins tel qu'on le comprend aujourd'hui

dans le cadre libéral, à la manière d’Athènes,

par exemple, est la principale inspiration de la démocratie encore aujourd’hui.

Et il n’est pas surprenant que ce soit la principale inspiration de la démocratie libérale aujourd’hui.

parce qu’elle était fondée sur l’exclusion des femmes, des esclaves, des étrangers.

C'était à la fois basé sur...

Je vois Yanis, ouais, tu es à Athènes.

Vous en savez plus à ce sujet.

Mais de toute façon, je pense juste que,

Kojin Karatani a écrit

magnifiquement à ce sujet,

de quelle manière les politiques ioniennes étaient plus démocratiques que celles d'Athènes,

parce qu'ils n'étaient pas tribaux de cette façon, on ne comptait pas sur eux

sur l’impérialisme et l’exclusion et bla, bla, bla.

Mais répondre à cela nous amènerait à un monde bien plus vaste,

Je dirais, une discussion philosophique sur la démocratie.

Mais pour répondre à la question du chat, où est-ce que je vois la démocratie ?

Eh bien, je le vois en Syrie ces jours-ci, mais savez-vous où ?

Sous les bombes turques soutenues par les États-Unis

ce sont les Kurdes.

Et il n’est pas étonnant que personne parmi les libéraux ou l’establishment de l’UE

soutient les Kurdes, car je pense que leur vision de la démocratie est plus radicale que

toute vision libérale ou européenne contemporaine de la démocratie.

Et leur vision de la démocratie est, bien sûr,

appelé confédérationalisme démocratique

ou le communautarisme kurde, basé sur l’auto-gouvernance,

sur l’autonomie, sur l’écologie politique, sur les conseils, sur la démocratie directe.

Ce qui m’amène à ce que dit Yanis.

De quoi avons-nous besoin en 2025 et - un instant -,

Savez-vous qui ont été les premiers à vaincre l’EI, la première défaite de l’EI ?

C’étaient les Kurdes et le mouvement kurde.

Alors au lieu de les soutenir,

Ce que fait l’Occident, c’est soutenir l’EI.

Voilà, tout sur la démocratie occidentale

et le cynisme de l’Occident, qui est désormais

Parlons des prisons, qui sont vraiment horribles en Syrie.

Mais ce sont eux qui ont inventé Abou Ghraib et Guantanamo.

C'est aussi une sorte de double standard,

jeu cynique de l'Occident.

Mais ce que je voulais dire, là où je vois un avenir malheureusement, cet avenir est

en train d'être détruit au moment où nous parlons,

sont des concepts différents de la démocratie,

qui existent, qui sont plus radicaux que les concepts parlementaires de la démocratie

que le concept libéral de démocratie, et cela nous ramène à

ce que tu as dit, Yanis, à propos du mouvement populaire.

L’une des raisons parmi tant d’autres pour lesquelles les Frères musulmans sont arrivés au pouvoir

après Moubarak, c'est qu'ils étaient en fait assez

réussi à s'organiser à la base,

dans ce que la gauche faisait traditionnellement

en fournissant une entraide, une coopération, des médicaments, si cela vous manque,

aidez quelqu'un, que fait la mafia en Italie,

si vous voulez un autre parallèle,

ce qui peut paraître fou, mais ce qu'ils font, d'une certaine manière, fonctionne

à ce niveau, qui ne fait pas nécessairement partie de l’État.

Ce qui m'amène également à un autre point qui

Je pense que ce que nous devrions faire, je le ferai au moins en 2025.

c'est aussi essayer de manière modeste, autant que nous le pouvons, de construire

institutions parallèles.

Je veux dire, DiEM25, d’une certaine manière, est déjà une institution parallèle bien sûr,

nous avons des centaines de milliers de membres.

Tous ne sont pas actifs, etc., mais c'est une institution qui fonctionne d'une certaine manière.

Mais ce que je dis aussi, c'est que différentes institutions peuvent fournir cette base

pas seulement de résistance.

Et je n’appellerais certainement pas ça de la résilience parce que je déteste ça.

C'est un concept très libéral, la résilience, vous savez :

« Nous devons simplement nous adapter à une autre crise climatique,

à une autre vague de chaleur, à un autre génocide,

soyons un peu plus résilients'.

Je veux dire, au diable la résilience.

Ce n’est donc certainement pas de la résilience.

Mais je pense que ce que nous devrions construire, c'est, je sais que cela peut paraître

prétentieux, une sorte d'archipels d'autonomie ou ce que les Kurdes appellent

confédérationnisme : institutions qui ne font pas partie de l'État

et ne font pas partie du marché, des institutions parallèles, si vous voulez.

Les mouvements réactionnaires ont eu beaucoup de succès

dans la construction de ces institutions parallèles.

Et la gauche historiquement, mais aujourd’hui, plus maintenant.

Ainsi, les institutions qui apportent une aide réelle et concrète

et du sens pour les gens et en même temps, ils fournissent des moyens de résistance

au secteur corporatif.

Je ne pense pas que ce soit suffisant de revenir à ce Luigi aux États-Unis.

Je ne pense pas que cela suffise à tuer le PDG d'une entreprise.

de la même manière, ce n'était pas suffisant lorsque les anarchistes en Russie

ils tuaient l’un ou l’autre camp.

Vous avez besoin d'un mouvement.

Outre un mouvement, il faut également une infrastructure.

Et c’est, je pense, ce qui manque vraiment dans notre camp, si vous voulez.

Les infrastructures, qui se trouvent dans les villages, et pas seulement dans les villes,

l'infrastructure, qui ne consiste pas seulement à organiser un grand événement dans un théâtre,

une infrastructure telle que vous n'avez même plus besoin des médias sociaux,

mais vous pouvez communiquer directement avec les gens.

Parce que ce que je vois aussi, c'est que cette phase

de ce que nous appellerons la gauche ou autre, qui organisait également ou

promouvoir leurs idées ou se mobiliser via les réseaux sociaux,

Je pense que c'est une grande question de savoir dans quelle mesure cela va continuer.

Si notre seigneur féodal, par exemple, est Elon Musk

et nous savons ce qu'il fait en ce moment.

Ce sont donc toutes des questions qui sont des questions ouvertes pour 2025.

Et je pense que la gauche, sans parler des Verts, parce que je pense que les Verts

ont perdu toute crédibilité

qu'ils avaient, au moins les Verts européens,

ce qui ne veut pas dire que l'écologie, l'écologie politique, n'est pas importante.

C'est plus important que jamais précisément à cause de l'échec des Verts.

Mais ce à quoi nous devons faire face,

et la gauche aussi, mais aussi les libéraux, c'est une défaite majeure

de la démocratie, une défaite majeure pour la planète elle-même car la guerre,

Climat, réfugiés, montée du fascisme, tout cela se conjugue

et en fait, c'est complètement lié.

[Mehran] Merci, Srećko.

Il semble que nous parlions d'une gauche qui a besoin de bouger.

de la mobilisation à l'organisation.

Ai-je raison ?

Et parler des institutions de base comme étant le changement plutôt que

j'essaie juste de changer les choses.

Yanis, voudrais-tu réagir à quelque chose que Srećko vient de dire ?

Je pense que nous arrivons à la fin de l'heure.

[Yanis] Merci Srećko d'avoir mentionné les Kurdes

et leur démocratie confédérale, qui est en effet remarquable,

exemple remarquable d’une démocratie qui fonctionne,

et qui bien sûr, soutient alors le choix que nous avons fait en tant que DiEM25

pour récupérer le concept de démocratie,

pour l'enlever aux soi-disant démocrates libéraux

qui ont détruit la démocratie

comme les Verts ont détruit le mouvement vert,

ils sont bruns, les démocrates sont oligarchiques,

et ils ont complètement, complètement

a dénigré la démocratie en tant que concept.

Une petite réaction philosophique, historique, si vous voulez.

[Srećko] Oui, bien sûr, c'est exactement ce que j'attendais, alors fonce.

[Yanis] Bien sûr que oui, tu me connais trop bien.

Mais il est vrai que les capitalistes libéraux occidentaux aiment se baigner

eux-mêmes dans l’aura de l’ancienne démocratie athénienne.

Mais ce n’est pas vrai qu’ils se sont modelés eux-mêmes

sur le modèle démocratique athénien antique.

Non, leur modèle est la Magna Carta.

Ce n’est pas l’Athènes antique.

L'Athènes antique est utilisée comme accessoire.

Mais le véritable modèle est la Magna Carta, et qu’était-ce que la Magna Carta ?

C'était un accord entre le roi et les barons

afin qu'ils se partagent le butin du pays

ou le butin de la terre, y compris les êtres humains.

C'était donc le droit des barons d'exploiter les esclaves ou les paysans,

que les barons forcèrent le roi à leur donner.

Voilà ce qu’est la démocratie aujourd’hui.

C'est une oligarchie avec des élections périodiques.

Mais ce n’est pas l’Athènes antique,

parce que même si vous aviez inclus les femmes

des hermétiques, de,

il y avait un groupe très restreint et étroit d'hommes qui étaient citoyens.

Néanmoins, il y avait quelque chose qui aujourd'hui

Aucun régime capitaliste libéral ne le permettra jamais.

Il était gouverné par les pauvres parce que la majorité des hommes qui avaient le droit de vote

dans l'Athènes antique, ils étaient pauvres, et ils étaient les démocrates,

et ils étaient contre les élections.

C'est pourquoi ils croyaient au système de jury, au tirage au sort.

Il y a donc quelque chose de très progressiste dans la démocratie athénienne antique,

Ce que la démocratie libérale moderne rejette catégoriquement.

Ils veulent juste reprendre le Parthénon et le concept de Périclès.

Quoi qu'il en soit, cela n'a aucune importance, un dernier point.

J’ai vu la démocratie dans les endroits les plus improbables.

J'ai vu la démocratie dans certaines communautés aux États-Unis

où ils élisent leur juge ou leur shérif et ils travaillent,

en particulier les communautés pauvres.

Je l’ai vu même dans certaines entreprises.

Une société pour laquelle j'ai travaillé aux États-Unis,

qui avait un système « une action, une personne, une voix »,

qui est l’essence de la démocratie économique,

sans laquelle il ne peut y avoir de démocratie.

On se retrouve avec une oligarchie si on n’a pas de démocratie économique.

Mais c'est tout petit, ce que vous dites, l'archipel des toutes petites expériences.

J'ai vu la démocratie à la mairie de Shanghai

il y a quelques mois à Shanghai, en Chine,

Les gens disent : Oh, comment peux-tu dire la Chine ?

Autocratie du Parti communiste chinois.

Oui, il y a l’autocratie, il y a le totalitarisme,

il y a des prisonniers politiques, il y a tout ça.

Mais si tu y vas, comme si tu avais été avec moi,

à l'hôtel de ville de Shanghai,

et tu as vu une salle après l'autre pleine de gens

représentant les quartiers de Shanghai débattant des lois de leur quartier

et efficacement ensemble de manière participative, en rédigeant la législation

qui règne sur leurs propres quartiers.

Vous voyez une démocratie populaire au niveau

de la base de la municipalité,

ce que nous n’avons pas en Europe sous le capitalisme libéral.

Non, bien sûr, personne n’a le droit de critiquer le Parti communiste, n’est-ce pas ?

Donc ces poches d'expériences démocratiques avec, je pense, comme vous le dites, les Kurdes

l'expérience étant au sommet, nous donne le sentiment que la seule chose qui arrête

nous empêche d'avoir une démocratie grâce au pouvoir oligarchique, le pouvoir du grand capital

et la puissance du capital cloud.

Là où je peux avoir un petit désaccord, c’est que je pense que nous devons utiliser les médias sociaux.

Il n’y a aucun moyen de ne pas utiliser les médias sociaux.

C'est comme dire qu'au 18e siècle, au 17e siècle

parce que la presse est contrôlée par l'église

nous ne voulons pas de la presse.

Bien sûr que nous voulons la presse.

Nous voulons juste l'usurper, le prendre et imprimer nos propres brochures :

pamphlets radicaux et subversifs.

De la même manière, alors que nous parlons maintenant, nous parlons via Zoom.

Nous parlons via YouTube.

Quoi ? Nous ne devrions pas faire ça parce que YouTube fait partie de

capitale du cloud de l'empire technoféodal ?

Non, bien sûr que nous devrions le faire.

Nous devrions faire davantage pour utiliser leurs armes contre eux.

exactement de la même manière que tout le problème

à propos de la gauche marxiste a été de prendre le contrôle des machines,

pour ne pas les briser.

[Mehran] Merci Yanis.

Et je suis conscient que nous avons un peu dépassé le temps imparti, et Srećko va bientôt partir.

être envahi par des petites gens ou peut-être par une seule petite personne.

Pouvons-nous donc passer au dernier segment où nous...

Je veux juste demander, en commençant par toi, Srećko,

Quelles œuvres d’art vous ont marqué cette année ?

Des livres, des films, n'importe quoi ?

[Srećko] Eh bien, après toute cette discussion, j'aimerais aussi répondre à Yanis

Mais la prochaine fois, sur les réseaux sociaux.

Juste pour ajouter, je pense bien sûr que je suis toujours pour la subversion, comme vous le savez, et en utilisant le

des armes contre ceux qui les ont créées.

Mais je pense qu’en même temps, nous devrions créer notre propre

une infrastructure et une plateforme qui, jusqu'à présent, n'ont pas été très fructueuses.

Mais c'est un sujet complètement différent, pas différent

Mais ce serait une longue discussion.

Concernant les arts, les livres, la théorie et pour avancer sur ces sujets

des sujets plus doux.

Eh bien, j'ai beaucoup lu ces derniers mois.

J'ai eu la chance de le faire.

Je relisais, bon maintenant ce n'est plus si nouveau

le livre de David Wengrow et David Graeber, l'aube de tout

parce que je pense que cela montre vraiment magnifiquement de quelle manière jusqu'à présent,

au moins jusqu'à leur livre, nous n'étions même pas capables d'imaginer ou de prouver

et grâce à Dieu nous avons cet archéologue, David Wengrow.

De quelle manière les sociétés préhistoriques étaient à bien des égards plus radicales que

notre société actuelle en matière de vie en communauté, de démocratie.

Et je pense que c'est un livre très important également opposé à Harari, Pinker

et toute cette pensée linéaire progressiste qui finirait alors par

à Fukuyama à la fin de l'histoire, comme si toute l'histoire de l'humanité était

passant des chasseurs-cueilleurs à la révolution agricole

pour enfin arriver à la démocratie libérale

qui, comme nous l’avons discuté aujourd’hui,

n’est en réalité rien d’autre qu’un jeu de pouvoir de l’oligarchie actuelle.

En même temps, je lis des livres de Kristin Ross.

Je pense que les deux livres sont publiés par Verso.

L'un est Luxe Communautaire sur la Commune de Paris, et l'autre est

La forme Commune issue de la Commune de Paris

aux mouvements au Japon, aux Zads en France,

qui développe en fait, je pense, une pensée théorique très intéressante

qui a été laissé derrière il y a un siècle ou deux siècles quand il y avait

une discussion très intéressante, à la fois de la part des marxistes, y compris de Marx

et les anarchistes, Proudhon, Kropotkine et d’autres,

Élisée Reclus about the meaning
of the Paris Commune.

Je pense que Kristin Ross fait un magnifique point,

que nous avons essayé de faire aujourd'hui, mais elle le dit mieux

dans le contexte de la Commune de Paris,

et de quelle manière nous devons réellement créer ici et maintenant

une sorte de forum communautaire que, dès que vous l'entendez, vous pouvez voir

les communes de Paris 68, on peut voir Bertolucci, son film Les Rêveurs

et comment cela a abouti à la marchandisation du capitalisme.

Mais ce n’est pas de ce genre de commune dont elle parle.

Ces derniers jours, j'ai également lu ce joli petit livre.

Cela s'appelle Gramsci à la mer

qui est un livre sur l'importance des océans

et il parle de l'exploitation minière en haute mer et de la manière dont les océans

sont devenus ce territoire d'accumulation primitive, si vous voulez

ou la privatisation des biens communs.

C'est un livre très intéressant et important

Je pense aussi, si vous le lisez en parallèle, avec la situation géopolitique

qui se déroule sous nos yeux ou nos écrans en mer Méditerranée,

mais aussi dans le Pacifique et je pense que c'est si nous parlions de l'historique précédent

séquence au cours de notre conversation, je pense que c'est la prochaine séquence historique

ou une séquence future qui est très connectée aux océans et aux îles futures,

mais aussi des intérêts géopolitiques en Méditerranée et dans le Pacifique.

Alors, oui, c'étaient les livres, mais j'ai été

ouais, je lis aussi beaucoup d'autres livres.

J'ai bien aimé en fait, ouais Yanis,

Je pense qu'il vit sur la même île que toi.

Le livre de James Bridle, Façons de voir, façons d'être

Désolé, les manières de voir de John Berger,

et il parle de façons d'être.

Et j'ai eu l'opportunité de l'avoir à notre événement scolaire ISSA sur l'île de Vis

il y a deux mois.

C'était une conférence très inspirante parce que je pense qu'il

- surtout quand nous sommes paralysés par le moment actuel d'atrocités partout

le monde et par une guerre totale -,

il parle d'élargir nos sens de perception et de prendre en compte,

Je veux dire, quelque chose que faisait déjà Pierre Kropotkine, un grand géographe,

étudier le monde animal et montrer de quelle manière la coopération d'entraide

existe déjà chez d’autres espèces.

James Bridle fait cela aussi avec les plantes,

avec des machines.

Et je pense qu'il est très important de se débarrasser de ce narcissisme,

position anthropocentrique dans laquelle l'humanité d'aujourd'hui pense qu'avec la fin de nous,

Ce sera la fin de tout, ce ne sera pas le cas.

Et c'est une bonne nouvelle.

Mais cela ne veut pas dire qu'au quotidien, nous ne devrions pas être actifs

et en nous mobilisant autant que nous le pouvons.

Mais je pense que nous devrions également élargir nos sens de perception.

et des sensibilités à des choses qui ne sont pas seulement la géopolitique, les guerres

autant nous devons nous mobiliser contre eux.

Ouais, mais j'ai regardé des films.

Je suis allé à n'importe quoi.

Je parle pendant des heures.

Mais Yanis, je suis très curieuse de voir ce que tu as lu ou regardé.

[Mehran] Vas-y.

[Srećko] Sauf Star Trek !

[Yanis] Star Trek n'est pas nouveau.

[Srećko] Ouais, je sais.

[Yanis] C'est comme si je ne mentionnais pas Das Kapital

de la même manière, je n'utiliserai pas Star Trek ici

mais maintenant j'ai un livre ici pour vous, parce que je pense

ce qui se passe en Inde au cours des dix dernières années, la disparition du cosmopolitisme,

de la laïcité et de la montée de l’hindouisme néofasciste radical.

C'est le livre ici.

Je vais te le mettre.

Les Incarcérations par Alpa Shah.

C'est un livre très bien écrit et magnifiquement écrit sur les prisonniers politiques.

qui croupissent en prison pour s'être opposés à la conversion de l'Inde

dans un axe de l’internationale trumpiste et nationaliste.

Je le recommande vivement.

En matière de films, il s'agit forcément de The Old Oak de Ken Loach.

C'est un chef-d'œuvre typique de l'homme qui a produit tant de chefs-d'œuvre

Au cours des 30 dernières années, Ken Loach, notre grand camarade, membre et ami de DiEM25

mais surtout Ken Loach.

Le film est fantastique et je le recommande vivement car il traite de

la question de la migration.

L'histoire, que je vais juste résumer sans vous gâcher le film,

se déroule dans un village abandonné du Yorkshire

qui a été dévasté par la grève des mineurs.

La moitié des gens sont partis.

L’autre moitié est au chômage et est devenue partisane du Brexit.

Ils ont transformé leur mécontentement en racisme.

Et soudain, il y a ces réfugiés syriens,

Des réfugiés syriens arrivent au milieu d'un endroit dévasté

parmi les gens qui détestent les étrangers

simplement parce qu’ils ont besoin de détester quelque chose.

Et il y a des divisions entre ces gens

entre les gens qui ont soutenu la grève des mineurs ou les briseurs de grève.

Et maintenant, vous avez les Syriens et la façon dont ils se rassemblent tous.

Et Loach est fantastique.

Tandis qu’il raconte l’histoire progressiste qu’il doit raconter,

il en fait une histoire humaine

où tu comprends tout le monde là-dedans, et à la fin, tu en sors

du film ressentant des sentiments de joie qui sont très rares de nos jours.

Alors je t'ai donné un livre, je t'ai donné un film.

Je vais aussi vous donner une série, j'ai peur qu'elle soit sur Apple TV.

Donc, la malchance fait partie du technoféodalisme.

Cela s'appelle Silo.

C'est de la science-fiction.

Malheureusement, très bientôt, cela pourrait devenir une réalité scientifique.

Parce que les humains vivent dans des silos, profondément creusés dans le sol,

parce que la terre est empoisonnée, l'air est empoisonné.

Et vous pouvez voir comment, sous terre, nous reproduisons des structures hiérarchiques,

de mensonges, de fausses nouvelles, d’oppression.

Si vous voulez vraiment accepter le fait que nous empoisonnons la Terre.

Et ce que cela signifie pour nous, c'est que je pense que Silo est une très bonne série à regarder.

[Mehran] Merci, Yanis.

J'ai ma propre recommandation, en fait, elle date de 2019,

mais je viens juste de le voir.

Cela s'appelle Years and Years, six épisodes.

Brillant, effrayant, science-fiction, dystopique, mais aussi inspirant

et si prémonitoire, étant donné qu'il a été réalisé en 2019.

Il parle des réfugiés, de la crise ukrainienne, de la Chine, de tout.

Et ce n’est pas parfait, mais c’est très anxiogène.

Magnifique à regarder.

Quelques recommandations de votre part, les gars.

Sam Wilkinson recommande Fossil Capital d'Andreas Malm.

Libra recommande le film de John London, Martin's Eden.

Okay to Let Go note que : Wengrow, que vous avez mentionné

Srećko a une bonne chaîne YouTube.

HD recommande Future Primitive Revisited, un livre de John Zerzan sur le primitivisme.

Il dit que c’est la seule façon pour nous de survivre en tant qu’espèce.

P McGee recommande Joanna Macy, l'activiste environnementale

et érudite du bouddhisme, tout ce qu'elle a écrit.

Et c'est tout pour vos recommandations.

Permettez-moi de terminer avec quelques commentaires supplémentaires.

J'aurais dû les lire avant.

Juste plus généralement ce que j'ai collecté au cours de la dernière demi-heure.

HD déclare : « Nous devons revenir aux cités-États pour qu’une véritable démocratie puisse s’épanouir. »

Le Freak le contredit et dit : « Le localisme ne peut pas s'attaquer aux grandes

« Les problèmes de notre époque, y compris le changement climatique. »

Mighty Insect demande : « Quelles sont les structures robustes et auto-organisées

qui nous permettent de collaborer au-delà de toutes sortes de frontières ?

Une vraie question car vous recherchez les meilleures pratiques ?

Eh bien, je peux vous dire que c'est quelque chose

que nous faisons activement à DiEM25.

Nous allons en faire davantage.

Je suis personnellement très investi dans ce sujet :

meilleures pratiques, bonnes tactiques.

Alors restez à l’écoute de notre chaîne YouTube.

Appuyez sur l’icône Cloche.

Nous avons des entretiens avec des militants qui ont fait un travail très utile,

et nous sommes définitivement en train de cataloguer ces

et proposer de bonnes tactiques que tout le monde peut imiter.

Et Masshouse dit : « La gauche devrait moins s’inquiéter de son arrivée

avec la bonne ligne idéologique et davantage axée sur la construction d'un soutien populaire,

qui est capable de faire pression sur les politiciens.

Nous prenons position sans fin.

Je suis d'accord.

Finalement, TJ dit : « Mon Dieu, Srećko devrait apparaître plus souvent dans des streams en direct. »

Et je suis tout à fait d’accord avec cela.

Merci beaucoup.

[Yanis] Tiens, tiens !

[Srećko] Ouais, on se voit dans un an.

On se voit dans un an ou quelque chose comme ça.

[Mehran] Non, non.

[Yanis] Tu veux dire en janvier 2025.

[Srećko] Dans quelques jours, c'est vrai. Non.

Une dernière, une dernière suggestion.

Cela m'est venu à l'esprit.

L'un des meilleurs documentaires que j'ai vu cette année était

Bande sonore pour un coup d'État.

C'est un documentaire réalisé, je crois, par des cinéastes belges sur

le coup d'État au Congo.

Et c'est incroyable parce que ça parle de la CIA, du rôle du jazz, des ressources.

Je veux dire, à un moment donné, c'était aussi de l'uranium nucléaire qui a été utilisé.

pour la bombe à Hiroshima et ainsi de suite.

Tout vient du Congo.

Aujourd'hui, nous savons ce qui se passe au Congo.

Et je pense que c'est un très bon film.

Silo, je ne l'ai pas regardé, je le ferai, ça a l'air très déprimant.

Pendant des années et des années, j'ai regardé et je pense, ouais, dans ma mémoire,

c'était une très bonne série, c'est tout.

[Mehran] Brillant.

Eh bien, merci les gars.

Merci Yanis, merci Srećko et merci à vous tous.

Si vous souhaitez vous impliquer davantage dans DiEM25,

si vous aimez ce que vous avez entendu,

s'il vous plaît, rendez-vous sur diem25.org/join ou /donate pour nous donner des fonds pour nous permettre de continuer,

Gardez les lumières allumées.

Nous n'avons pas de gros bailleurs de fonds, nous dépendons donc de personnes comme vous,

petits donateurs, et à l'année prochaine.

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