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E104 : 2025, la dernière chance pour l'Europe ? Avec Yanis Varoufakis et Srećko Horvat

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    [Mehran] Bonjour et bienvenue !
  • 0:05 - 0:07
    Ici Mehran Khalili.
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    Nous sommes DiEM25, un mouvement
    politique radical pour l'Europe.
  • 0:11 - 0:14
    Dans ce stream,
    nous présenterons nos idées subversives,
  • 0:14 - 0:16
    que vous n'entendrez nulle part ailleurs.
  • 0:16 - 0:20
    Ce soir, comme c'est
    notre dernier live de l'année,
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    nous revenons sur l'année 2024.
  • 0:22 - 0:26
    Ce fut une année de bouleversements
    et de prises de conscience :
  • 0:26 - 0:31
    progression de l'autoritarisme en Europe,
    tragédies de la guerre en Ukraine
  • 0:31 - 0:36
    et du génocide à Gaza, avec des chocs
    comme la chute d'Assad en Syrie,
  • 0:36 - 0:40
    avec le retour de Trump aux États-Unis,
    la paralysie politique en Allemagne,
  • 0:40 - 0:43
    la loi martiale en Corée du Sud,
    une crise de régime en France,
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    et les élections annulées
    en Roumanie.
  • 0:45 - 0:48
    Nous essaierons de dégager des conclusions
  • 0:48 - 0:50
    de cette année de transformation,
  • 0:50 - 0:51
    de prendre du recul.
  • 0:51 - 0:53
    Puis nous regarderons vers l'avenir,
  • 0:53 - 0:57
    pour savoir quoi faire en tant
    que mouvements, en tant qu'activistes.
  • 0:58 - 1:00
    Quelles opportunités
  • 1:00 - 1:02
    et quels défis nous attendent en 2025 ?
  • 1:02 - 1:04
    Est-ce la dernière chance qu'aura l'Europe
  • 1:04 - 1:08
    pour peser dans le monde, pour changer
    et pour une vraie démocratie ?
  • 1:08 - 1:11
    Et comme toujours, nous terminerons
    par un sujet plus léger,
  • 1:11 - 1:16
    pour parler des livres, films et œuvres
    d'art qui nous ont marqués cette année
  • 1:16 - 1:21
    et qui pourraient nous inspirer et nous
    réconforter dans les mois qui viennent ?
  • 1:21 - 1:26
    Qui mieux que Yanis Varoufakis
    pour en discuter
  • 1:26 - 1:28
    avec nous ?
  • 1:28 - 1:33
    Sans oublier, le co-fondateur de DiEM25,
  • 1:33 - 1:35
    écrivain et philosophe Srećko Horvat.
  • 1:35 - 1:37
    Bienvenue Srećko, ça faisait longtemps.
  • 1:37 - 1:41
    Et vous bien sûr,
    qui nous regardez sur YouTube !
  • 1:41 - 1:44
    Nous lirons vos questions,
    commentaires et suggestions,
  • 1:44 - 1:46
    alors n'hésitez pas à les envoyer.
  • 1:46 - 1:49
    Allons droit au but, commençons par Yanis.
  • 1:49 - 1:51
    [Yanis] Merci Mehran.
  • 1:51 - 1:55
    C'est un grand plaisir,
    en cette heure sombre,
  • 1:55 - 1:58
    d'échanger à nouveau avec Srećko.
  • 1:58 - 2:01
    J'imagine que beaucoup
    d’entre vous ne le savent pas,
  • 2:01 - 2:04
    mais puisque vous êtes
    à l'écoute de DiEM25,
  • 2:04 - 2:07
    DiEM25 est né alors que Srećko et moi
  • 2:07 - 2:12
    prenions un café à Berlin à l'été 2015,
    ou en septembre 2015.
  • 2:13 - 2:15
    L'idée est venue principalement de lui.
  • 2:16 - 2:19
    Nous ne savions pas encore
    que nous allions l'appeler DiEM25.
  • 2:19 - 2:21
    Bref, pour faire court,
  • 2:21 - 2:26
    c'est bien de faire le point
    juste avant 2025,
  • 2:26 - 2:31
    parce que ce 25, qui suit le mot DiEM
    (comme dans carpe diem),
  • 2:33 - 2:36
    on y a pensé
  • 2:36 - 2:40
    en se demandant
    comment faire de l’Europe
  • 2:40 - 2:45
    un projet progressiste,
    et non plus régressif.
  • 2:45 - 2:48
    Combien de temps avons-nous,
  • 2:48 - 2:50
    pas juste Srećko et Yanis,
    mais nous les Européens,
  • 2:50 - 2:56
    Combien de temps reste-t-il aux Européens
    pour réparer l'UE, la transformer,
  • 2:56 - 3:02
    et stopper son processus de
    désintégration, sa descente aux enfers ?
  • 3:03 - 3:07
    C'était en 2015 et spontanément,
  • 3:07 - 3:09
    je pense que j'ai répondu à la question.
  • 3:09 - 3:11
    J'ai dit : peut-être dix ans environ.
  • 3:11 - 3:13
    Donc, 15 + 10 = 25.
  • 3:13 - 3:15
    Et on sera bientôt en 2025.
  • 3:15 - 3:19
    Et je vais répondre tout de suite.
  • 3:19 - 3:24
    Je vais essayer de passer en revue 2024
    avant de passer à 2025.
  • 3:24 - 3:27
    Pour répondre brièvement à Mehran,
  • 3:27 - 3:31
    Est-ce que 2025 est la dernière chance
    pour l’Europe ? Non, je ne crois pas.
  • 3:31 - 3:34
    La dernière chance, c'était
    aux élections européennes de 2019,
  • 3:34 - 3:37
    que Srećko et moi avons contesté exprès,
  • 3:37 - 3:40
    symboliquement, en Allemagne.
  • 3:40 - 3:42
    Et nous avons échoué.
  • 3:42 - 3:46
    Pas seulement nous à DiEM,
    ni nous Srećko et Yanis,
  • 3:46 - 3:49
    mais nous les Européens.
    On a laissé passer notre chance.
  • 3:49 - 3:51
    Mais j'y reviendrai
  • 3:51 - 3:57
    quand j'aborderai la question européenne,
  • 3:57 - 4:02
    parce que ça n'a pas sa place dans
    notre 1er sujet, qui est 2024.
  • 4:02 - 4:04
    Parce que quand l'historien du futur
  • 4:04 - 4:09
    se penchera sur l'année 2024,
    il n'y aura qu'un seul mot
  • 4:10 - 4:17
    qui dominera
    son analyse historique de 2024.
  • 4:17 - 4:21
    Et ce mot est Palestine.
    Car il y a un génocide qui se déroule
  • 4:21 - 4:24
    en ce moment même,
    alors que nous sommes là
  • 4:24 - 4:27
    devant vous, sur YouTube,
    ou où que vous soyez.
  • 4:29 - 4:34
    Il y a des dizaines de milliers,
    voire des centaines de milliers
  • 4:34 - 4:38
    d'enfants affamés, dont beaucoup
    sont mutilés, ou séparés de leurs parents
  • 4:38 - 4:41
    ou orphelins d'au moins un parent,
  • 4:41 - 4:44
    qui souffrent de la faim,
  • 4:44 - 4:48
    qui n'ont rien mangé depuis 3 ou 4 jours,
  • 4:48 - 4:51
    sans eau pour boire ou se laver le visage,
  • 4:51 - 4:52
    sans parler de leurs blessures.
  • 4:52 - 4:54
    C'est la réalité à cet instant.
  • 4:54 - 5:00
    C'était vrai tous les jours de cette année
  • 5:00 - 5:03
    et même avant le début de 2024.
  • 5:05 - 5:08
    Je pense aussi que
    l'historien du futur va regarder
  • 5:09 - 5:11
    le 7 octobre, qui est, bien sûr,
  • 5:12 - 5:15
    un moment charnière car c'était le moment
  • 5:15 - 5:21
    où la barrière qui encercle les Gazaouis
    a été attaquée par des militants du Hamas,
  • 5:21 - 5:24
    puis il y a eu le massacre d'Israéliens,
  • 5:24 - 5:26
    puis, bien sûr, l'enfer s'est déchaîné.
  • 5:26 - 5:31
    Mais je pense que l'historien du futur
    va s'intéresser au choix…
  • 5:31 - 5:33
    …je ne vais pas aborder
    le Hamas maintenant,
  • 5:33 - 5:39
    mais du choix qu'a fait la résitance
    palestinienne avant le 7 octobre.
  • 5:39 - 5:44
    Et c'était un choix très dur :
    une mort lente et silencieuse
  • 5:44 - 5:50
    dans le camp de concentration
    à ciel ouvert qu'était Gaza.
  • 5:51 - 5:54
    N'oubliez pas que 60 % des enfants
    souffraient déjà de malnutrition
  • 5:54 - 5:57
    avant le 7 octobre 2023,
  • 5:57 - 6:02
    parce qu’Israël plaçait concrètement
    toute une population en état de siège.
  • 6:02 - 6:06
    Les étranglant constamment,
    silencieusement
  • 6:07 - 6:08
    à travers cet embargo,
  • 6:08 - 6:15
    et en les bombardant régulièrement.
    En septembre 2023, avant le 7 octobre,
  • 6:15 - 6:20
    il y a eu des bombardements.
    Des enfants ont été tués.
  • 6:20 - 6:24
    Alors ne parlons même pas
  • 6:24 - 6:27
    de ceux qui font
    débuter l'histoire au 7 octobre,
  • 6:27 - 6:32
    comme si le 6 octobre
    était un jour paisible et tranquille
  • 6:33 - 6:37
    de cohabitation entre deux États voisins !
  • 6:37 - 6:38
    Gaza n’est pas un État.
  • 6:38 - 6:40
    C'est un camp de concentration
    où les gens
  • 6:40 - 6:42
    sont incarcérés depuis 1948.
  • 6:42 - 6:44
    Les Palestiniens devaient choisir.
  • 6:44 - 6:45
    N'oubliez pas qu'avant le 7 octobre,
  • 6:45 - 6:48
    personne ne parlait de la Palestine,
    pas même DiEM25.
  • 6:48 - 6:50
    On en parlait parfois,
    mais pas très souvent.
  • 6:50 - 6:53
    On parlait surtout
    de l’Europe, de l’Ukraine,
  • 6:53 - 6:57
    de différentes choses, des questions très
    importantes, mais pas de la Palestine.
  • 6:57 - 7:00
    Concrètement, le monde entier
    a abandonné les Palestiniens,
  • 7:00 - 7:02
    en particulier le monde arabe.
  • 7:02 - 7:06
    Un des accomplissements de Donald Trump
    lors de son 1er mandat
  • 7:06 - 7:11
    a été d'instiguer les accords d'Abraham,
  • 7:11 - 7:16
    par lesquels différents États arabes,
    dont les Émirats arabes unis,
  • 7:16 - 7:20
    le Maroc, l'Égypte, etc.
    acceptaient de faire la paix avec Israël,
  • 7:20 - 7:22
    sans un mot sur les Palestiniens.
  • 7:22 - 7:25
    Le message envoyé aux Palestiniens était :
    « Nous vous laisserons périr.
  • 7:25 - 7:28
    Mourrez lentement et en silence.
  • 7:28 - 7:30
    Ne nous dérangez pas.
  • 7:30 - 7:33
    Mourez hors de la vue et loin
    des pensées du reste du monde. »
  • 7:33 - 7:36
    C’est pourquoi je dis que
    les Palestiniens avaient le choix :
  • 7:36 - 7:43
    soit ils se laissaient mourir lentement,
    en silence, sans résiter ni s'échapper.
  • 7:43 - 7:46
    Car le 7 octobre c'était
    exactement ça : une évasion.
  • 7:46 - 7:50
    Et à maintes reprises,
    j’ai subi la colère des sionistes
  • 7:51 - 7:53
    et de l’État allemand en particulier
  • 7:53 - 7:58
    en disant que l'acte de résistance,
    l'acte de faire tomber la clôture
  • 7:58 - 7:59
    de ce camp de concentration,
  • 7:59 - 8:02
    n’était pas un droit pour
    la résistance palestinienne,
  • 8:02 - 8:03
    mais un devoir.
  • 8:03 - 8:09
    En même temps, tout combattant, qu'il soit
  • 8:09 - 8:13
    un soldat israélien
    ou un militant palestinien,
  • 8:13 - 8:20
    qui touche un cheveu d’un civil,
    qui enlève des gens,
  • 8:20 - 8:22
    commet un crime de guerre.
  • 8:22 - 8:24
    C'était donc notre
    position initiale à DiEM25.
  • 8:25 - 8:30
    Depuis, l’ensemble du peuple palestinien
  • 8:30 - 8:33
    a été placé dans le couloir de la mort.
  • 8:33 - 8:39
    L’Occident a aidé Israël à enfermer
    tout un peuple dans le couloir de la mort.
  • 8:39 - 8:43
    À Gaza, si vous n’êtes pas déjà mort,
    vous êtes dans le couloir de la mort.
  • 8:43 - 8:47
    Demain matin, il y a une forte probabilité
    que tu soit mort,
  • 8:47 - 8:49
    ou que tu aies perdu un bras,
    ou une jambe,
  • 8:49 - 8:54
    et que que tu meurres 6 mois plus tard,
    loin des yeux, loin du cœur.
  • 8:54 - 8:57
    Je pense qu’en regardant 2024,
  • 8:57 - 9:03
    l'historien du futur va aussi identifier
    un moment très significatif :
  • 9:03 - 9:10
    la plainte si bien formulée
    de l'Afrique du Sud
  • 9:10 - 9:15
    auprès de la Cour internationale
    de justice à l'encontre d'Israël.
  • 9:16 - 9:22
    Ça a été un point clé,
    un des rares rayons de lumière.
  • 9:23 - 9:27
    Mais ces rayons n’ont pas été autorisés
    à pénétrer dans l’Union européenne,
  • 9:27 - 9:31
    ni bien sûr, en Australie,
    au Canada ou aux États-Unis,
  • 9:31 - 9:38
    car le sionisme est devenu l’idéologie
    officielle de l’impérialisme occidental.
  • 9:39 - 9:42
    Surtout en Allemagne,
    où ils sont mal à l'aise
  • 9:42 - 9:46
    à cause de l'Holocauste,
    et ils ont raison d'être mal à l'aise
  • 9:46 - 9:49
    avec l'expression
    de leur propres sentiments nationalistes.
  • 9:49 - 9:52
    Alors ils ont remplacé le nationalisme
    allemand par le sionisme.
  • 9:52 - 9:56
    C'est en fait très simple, et au fond,
    ça n'a rien à voir avec les Juifs.
  • 9:56 - 9:58
    Le sionisme n’a
    rien à voir avec les Juifs.
  • 9:58 - 10:03
    Il y a tellement de sionistes antisémites
    et tellement de juifs antisionistes.
  • 10:03 - 10:06
    Il suffit dire ça pour le prouver.
  • 10:06 - 10:11
    Donc souvenez-vous, en avril, DiEM25,
    avec nos amis et camarades
  • 10:11 - 10:14
    de la splendide
  • 10:14 - 10:18
    organisation juive allemande :
  • 10:20 - 10:23
    « Voix juives pour une paix
    juste au Moyen-Orient »,
  • 10:23 - 10:28
    nous avons organisé un congrès pour
    discuter d'une paix juste au Moyen-Orient,
  • 10:28 - 10:31
    et l'État allemand a fait peser sur nous
  • 10:31 - 10:34
    tout le poids de son autoritarisme.
  • 10:34 - 10:36
    Ils m'ont interdit d'entrer dans le pays.
  • 10:36 - 10:38
    Ils m'ont même interdit de parler via Zoom
  • 10:38 - 10:41
    à qui que ce soit en Allemagne,
    ce qui est ridicule :
  • 10:41 - 10:44
    ils ne peuvent pas l'implémenter.
  • 10:44 - 10:45
    Quoi qu'il en soit,
  • 10:45 - 10:48
    J'ai poursuivi les autorités
    allemandes en justice,
  • 10:48 - 10:50
    mais je ne vais pas
    en dire plus à ce sujet.
  • 10:50 - 10:56
    Un autre moment charnière
    de la tragédie palestinienne en 2024
  • 10:56 - 11:02
    a été la décision de la
    Cour internationale de justice,
  • 11:03 - 11:06
    qui a jugé à son honneur,
  • 11:06 - 11:11
    que l'occupation continue
    de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie
  • 11:11 - 11:14
    et de Gaza par Israël est illégale,
  • 11:14 - 11:20
    et a ordonné à l’État israélien
    de revenir à ses frontières d’avant 1967.
  • 11:20 - 11:23
    Et comment Israël a-t-il réagi ?
  • 11:23 - 11:27
    En convoquant la Knesset, le parlement
    israélien, où il y a eu un vote
  • 11:27 - 11:32
    à 75 contre 5, quelque chose comme ça,
    une majorité écrasante,
  • 11:32 - 11:40
    qui contredit le verdict
    de la Cour internationale de justice.
  • 11:40 - 11:41
    Comment ont-ils fait ça ?
  • 11:41 - 11:46
    En proclamant qu’il n’y aura jamais
    d’État palestinien nulle part
  • 11:46 - 11:51
    dans les territoires occupés,
    et que ces territoires occupés étaient
  • 11:51 - 11:53
    la terre d'Israël.
  • 11:53 - 11:58
    Concrètement, le parlement israélien,
    pas seulement le gouvernement,
  • 11:58 - 12:01
    mais la majorité écrasante des membres
    du parlement à la Knesset,
  • 12:02 - 12:04
    a déclaré à la communauté
    internationale :
  • 12:04 - 12:08
    « On se fiche de ce que vous avez à dire.
  • 12:08 - 12:11
    Le droit international
    ne nous intéresse pas.
  • 12:13 - 12:18
    Depuis, on observe
    un paradoxe dialectique intéressant,
  • 12:18 - 12:19
    presque hégélien, Srećko :
  • 12:19 - 12:22
    D'un côté, on a la victoire complète
  • 12:22 - 12:24
    des forces armées israéliennes.
  • 12:24 - 12:27
    Ils ont pulvérisé Gaza.
  • 12:27 - 12:35
    Ils soutiennent les colons dans
    leur nettoyage ethnique en Cisjordanie.
  • 12:35 - 12:38
    Ils s'emparent des maisons
    des Palestiniens à Jérusalem-Est.
  • 12:38 - 12:41
    Sans… je veux dire,
    il y a de la résistance de la part
  • 12:41 - 12:44
    du peuple palestinien à Gaza,
    à Jérusalem-Est,
  • 12:44 - 12:46
    en Cisjordanie,
    et c'est tout à leur honneur.
  • 12:46 - 12:52
    Mais la toute puissane armée israélienne
    contrôle totalement la situation.
  • 12:53 - 12:56
    Les attaques au sud du Liban,
  • 12:56 - 12:59
    ou plutôt les massacres
    dans le sud du Liban.
  • 12:59 - 13:03
    pour vaincre le Hezbollah :
  • 13:03 - 13:05
    ils ont gagné cette guerre aussi.
  • 13:05 - 13:10
    Il y a eu un cessez-le-feu,
    ou plutôt un armistice,
  • 13:10 - 13:14
    mais le Hezbollah a dû
    découpler son propre combat
  • 13:14 - 13:17
    de celui que mènent
    les Palestiniens à Gaza.
  • 13:17 - 13:20
    Et c’est une victoire majeure
    pour Netanyahu.
  • 13:20 - 13:24
    Et puis, ne l'oublions pas,
  • 13:24 - 13:27
    il y a aussi l’effondrement récent
    du régime d’Assad.
  • 13:27 - 13:32
    Bien que la majorité des Syriens
  • 13:33 - 13:38
    ont célébré ce renversement, car Assad
    était un tyran avec du sang sur les mains,
  • 13:38 - 13:42
    c’est aussi une victoire majeure
    pour Israël et les États-Unis,
  • 13:42 - 13:46
    et une défaite pour les Palestiniens,
    car le soutien qu'ils ont reçu,
  • 13:46 - 13:50
    passait par l’Iran, la Syrie
    et le Hezbollah.
  • 13:50 - 13:52
    Il n’y a aucun doute là-dessus.
  • 13:54 - 14:01
    Alors pourquoi je dis que c'est un
    paradoxe dialectique de type hégélien ?
  • 14:01 - 14:03
    Parce que d’un côté,
    Israël a le contrôle total,
  • 14:03 - 14:07
    mais en même temps, comme l'explique
    notre ami Ilan Pappé,
  • 14:07 - 14:09
    et il l'explique très bien :
  • 14:09 - 14:13
    plus Israël est performant militairement,
  • 14:13 - 14:17
    moins la société israélienne
    est reproductible,
  • 14:17 - 14:21
    parce qu'Israël est de plus en plus dominé
  • 14:21 - 14:29
    par les maniaques génocidaires qui
    contrôlent non seulement le gouvernement,
  • 14:29 - 14:31
    mais aussi la majorité de l’opposition.
  • 14:32 - 14:36
    Donc si vous êtes
    un Israélien libéral et civilisé,
  • 14:37 - 14:39
    même si vous soutenez globalement
  • 14:39 - 14:45
    les objectifs d'annexion
    des terres palestiniennes par Israël,
  • 14:46 - 14:54
    vous ne pouvez pas vraiment vivre
    en Israël sous Smotrich ou Ben-Gvir,
  • 14:54 - 15:00
    ces individus totalement fascistes
    qui ont dominé l’exécutif israélien.
  • 15:00 - 15:05
    C'est donc là, voyez-vous,
    qu'intervient la dialectique.
  • 15:07 - 15:10
    J’ai parlé brièvement de la Syrie.
  • 15:11 - 15:15
    Ces derniers jours,
    j'ai été impliqué dans un débat,
  • 15:15 - 15:17
    pour le dire poliment,
  • 15:17 - 15:21
    avec des partisans des Palestiniens
  • 15:21 - 15:27
    qui me critiquent parce que
    je me suis permis de ressentir de la joie
  • 15:27 - 15:32
    à la chute d'Assad,
    qui selon moi est un tyran.
  • 15:33 - 15:38
    Donc voici mon message
    à ceux qui m'accusent
  • 15:38 - 15:40
    de prendre le parti des impérialistes,
  • 15:40 - 15:42
    d'Israël, des États-Unis :
  • 15:46 - 15:52
    si vous pensez qu’en soutenant des tyrans
    comme Assad, ou avant lui Saddam Hussein,
  • 15:52 - 15:54
    parce qu'ils sont les ennemis
    de notre ennemi impérialiste,
  • 15:54 - 15:57
    cela fait de vous des anti-impérialistes,
    détrompez-vous.
  • 15:57 - 16:00
    Pour combattre l’impérialisme
    et gagner à long terme,
  • 16:00 - 16:02
    nous devons remporter l'adhésion des gens.
  • 16:02 - 16:04
    Et on ne peut pas faire ça
    en soutenant des tyrans,
  • 16:04 - 16:07
    détestés par leur propre population,
  • 16:07 - 16:09
    simplement parce qu’ils sont
    les ennemis de nos ennemis.
  • 16:09 - 16:12
    Et on m’a accusé d’être idéaliste.
  • 16:12 - 16:15
    Il y a quelques heures,
    quelqu'un m'a dit sur Twitter :
  • 16:15 - 16:17
    « Mais Yanis, c'est
    très idéaliste de ta part.
  • 16:17 - 16:19
    Il faut être très pragmatique. »
  • 16:19 - 16:21
    Vraiment ?
    Je dois être pragmatique ?
  • 16:21 - 16:25
    D'après vous, pourquoi je consacre presque
    tout mon temps à la cause palestinienne ?
  • 16:25 - 16:29
    Qu'est-ce que le pragmatisme vient faire
    là-dedans ? Quel serait mon intérêt ?
  • 16:29 - 16:32
    Est-ce que j'ai un intérêt
    à soutenir une cause
  • 16:33 - 16:39
    dont tous les soutiens en Occident
    sont taxés d'antisémitisme
  • 16:39 - 16:43
    et considérés comme des ennemis
    de la civilisation occidentale ?
  • 16:43 - 16:45
    Si je soutiens les Palestiniens,
  • 16:45 - 16:46
    si je suis de gauche,
  • 16:46 - 16:49
    si je n'ai pas signé le protocole d'accord
  • 16:49 - 16:53
    quand la Troïka des créanciers
    de la Grèce a voulu m'y forcer,
  • 16:53 - 16:55
    c'est uniquement par idéalisme.
  • 16:55 - 16:56
    Par idéologie.
  • 16:56 - 16:59
    Sans notre idéologie anti-impérialiste,
    qu’est-ce qu'il nous reste ?
  • 16:59 - 17:05
    C'est l'idéologie qui a permis
    la victoire du Viet Cong,
  • 17:05 - 17:07
    la lutte contre les impérialistes
    américains au Vietnam.
  • 17:08 - 17:11
    C’est l’idéologie qui se cache derrière
    chaque révolution qui réussit.
  • 17:11 - 17:14
    Ce n’est pas une analyse
    coûts-bénéfices, mes amis.
  • 17:14 - 17:17
    Pour conclure sur
    la question palestinienne,
  • 17:17 - 17:21
    qui sera mon principal sujet ce soir.
  • 17:22 - 17:25
    Le 7 octobre, le peuple palestinien,
  • 17:25 - 17:28
    les combattants, ont pris
    une décision très simple :
  • 17:28 - 17:33
    ils ont refusé de disparaître en silence.
  • 17:34 - 17:37
    Comme je l'ai dit, ils avaient le choix
    entre une extinction lente et silencieuse
  • 17:37 - 17:41
    et un grand geste de résistance,
    et ils ont choisi la seconde option.
  • 17:41 - 17:44
    L'un des résultats,
  • 17:44 - 17:47
    est la Cour pénale internationale
    qui inculpe Netanyahu.
  • 17:47 - 17:49
    Ce n'est pas négligeable,
  • 17:49 - 17:51
    même si la CPI ne peut pas
    arrêter Netanyahu.
  • 17:51 - 17:57
    Le fait qu'il ne puisse pas aller
    facilement à Paris, Londres, ou Berlin
  • 17:57 - 18:00
    sans déclencher de crise majeure,
  • 18:00 - 18:04
    de crise idéologique et juridique
    dans ces pays,
  • 18:04 - 18:07
    qui devront décider soit de l'arrêter,
  • 18:07 - 18:10
    soit d'abandonner l'ordre international
    fondé sur des règles,
  • 18:10 - 18:12
    dont ils parlent habituellement
    avec lyrisme.
  • 18:12 - 18:14
    Ça, c'est une grande victoire.
  • 18:14 - 18:19
    Il ne faut pas l'oublier, ni oublier
    les contradictions internes
  • 18:19 - 18:25
    de la société israélienne, qui, j’en suis
    sûr, finiront par faire changer d'avis
  • 18:25 - 18:27
    la majorité de la population en Israël.
  • 18:27 - 18:30
    Traitez-moi encore d'idéaliste.
    Ça ne me dérange pas.
  • 18:30 - 18:32
    Passons maintenant à l’Europe.
  • 18:32 - 18:34
    Je serai bref.
  • 18:36 - 18:45
    L’Europe souffre des coûts et des dangers
    créés par des années de déni.
  • 18:45 - 18:52
    Depuis 15, 20 ans, on n’investit plus
    dans notre industrie, notre société,
  • 18:52 - 18:56
    notre santé, notre éducation, parce
    qu'après la crise de 2008, on a implémenté
  • 18:56 - 19:00
    l'austérité pour la majorité et
    l'impression monétaire pour une minorité.
  • 19:00 - 19:03
    Avec cette politique d'austérité,
  • 19:03 - 19:04
    la minorité reçoit l’argent imprimé
  • 19:04 - 19:06
    par la banque centrale,
  • 19:06 - 19:09
    mais ne l'investit pas,
    puisque la population n'a pas d'argent :
  • 19:09 - 19:13
    pourquoi investir dans des biens et
    services que personne ne pourra acheter ?
  • 19:13 - 19:16
    Alors, que font les riches avec l’argent
    imprimé par la banque centrale ?
  • 19:16 - 19:19
    Ils achètent des actifs : des maisons,
    l'immobilier augmente,
  • 19:19 - 19:21
    des actions,
    les cours augmentent.
  • 19:21 - 19:22
    Mais aucun investissement.
  • 19:22 - 19:26
    Et après 15 ans sans investissement,
  • 19:26 - 19:27
    devinez ce qui s'est passé ?
  • 19:27 - 19:29
    L'industrie européenne s'effondre.
  • 19:29 - 19:33
    Le modèle industriel allemand,
    qui a été une si grande réussite,
  • 19:33 - 19:36
    vous savez à quoi
    ça ressemble maintenant ?
  • 19:36 - 19:40
    Les plus âgés parmi vous se rappellent-ils
  • 19:40 - 19:43
    des machines à écrire électriques
    des années 70 comme Olivetti ?
  • 19:43 - 19:46
    Il y avait de très belles
    machines à écrire électriques,
  • 19:46 - 19:50
    avec une balle qui tournait.
  • 19:50 - 19:52
    Vous tapiez, et ça faisait
    clic, clic, clic.
  • 19:52 - 19:54
    C'était plutôt chouette.
  • 19:54 - 19:56
    Mais quand le PC est arrivé,
  • 19:56 - 20:00
    ces machines à écrire Olivetti
    étaient condamnées.
  • 20:00 - 20:05
    Aucune baisse de salaire
    des ouvriers qui les fabriquaient,
  • 20:05 - 20:09
    ni aucune subvention de l’État
    n'aurait pu les sauver.
  • 20:09 - 20:10
    C'était l'heure du PC.
  • 20:10 - 20:13
    De la même manière,
    l'heure de la voiture électrique,
  • 20:13 - 20:17
    des batteries CATL et BYD est arrivée.
  • 20:17 - 20:27
    On peut maintenant transformer
    l’énergie éolienne en hydrogène vert.
  • 20:27 - 20:30
    Ça été développé
    en Chine et aux États-Unis.
  • 20:30 - 20:33
    Vous savez quoi ? L’Europe n’a investi
    dans aucun de ces domaines.
  • 20:33 - 20:37
    Nous sommes dans
    la même situation qu'Olivetti
  • 20:37 - 20:40
    et ses machines à écrire électriques
    dans les années 70.
  • 20:40 - 20:46
    Chez DiEM25,
    nous avions développé une politique
  • 20:46 - 20:47
    qu'on a appelée
  • 20:47 - 20:50
    le Green New Deal pour l'Europe.
  • 20:50 - 20:53
    Nous étions candidats, Srećko,
    moi et d'autres de DiEM25,
  • 20:53 - 20:55
    dans 7 ou 8 pays en 2019.
  • 20:55 - 20:57
    C'était un programme magnifique.
  • 20:57 - 20:59
    Je suis convaincu que
    s'il avait été mis en œuvre
  • 20:59 - 21:02
    L’Europe ne serait pas
    dans une situation si difficile.
  • 21:02 - 21:05
    Mais ça n'a pas été le cas et
    on a raté une révolution technologique.
  • 21:05 - 21:10
    Le résultat ? Même les pouvoirs en place,
    qui partent avec tant de lyrisme
  • 21:10 - 21:15
    de consolidation politique, de programmes
    d’investissement communs,
  • 21:15 - 21:17
    et ainsi de suite,
    ils n'en parlent même pas.
  • 21:17 - 21:20
    Maintenant selon eux,
    le moteur de croissance de l'Europe,
  • 21:21 - 21:24
    c'est le secteur de l'armement,
    le commerce des armes !
  • 21:24 - 21:28
    Ils parlent de transformer l’UE
    en une union de guerre.
  • 21:29 - 21:32
    Ils veulent un dôme de fer,
    à la manière d’Israël.
  • 21:32 - 21:35
    C'est-à-dire avec des missiles américains.
  • 21:35 - 21:38
    Il n’y aura aucun développement ici.
  • 21:38 - 21:42
    Récemment,
    puisqu'on fait le point sur 2024,
  • 21:42 - 21:48
    Mario Draghi, mon ennemi juré de 2015,
    que j'ai combattu sans pitié
  • 21:48 - 21:50
    et qui a fermé les banques grecques
  • 21:50 - 21:52
    afin de forcer le peuple grec,
  • 21:52 - 21:57
    à accepter l'austérité universelle
    puissance N.
  • 21:58 - 22:00
    Ce monsieur…
    Vous savez ce qui arrive à ces gens
  • 22:00 - 22:02
    quand ils quittent
    leurs positions de pouvoir ?
  • 22:02 - 22:04
    Ils deviennent sociaux-démocrates.
  • 22:04 - 22:06
    Il a donc rédigé un rapport
  • 22:06 - 22:12
    qui copie largement notre
    Green New Deal pour l’Europe de 2019.
  • 22:12 - 22:18
    Vous vous souvenez qu'on préconisait
    un fonds d’investissement
  • 22:18 - 22:21
    financé à hauteur de 5%
    du revenu européen ?
  • 22:21 - 22:25
    Maintenant c'est ce qu'il dit aussi,
    mais bien sûr, ça n'arrivera pas.
  • 22:26 - 22:31
    Le rapport Draghi a coûté des centaines
    de milliers, voire des millions d’euros.
  • 22:31 - 22:37
    Il a été remis à Ursula von der Leyen,
    la présidente à moitié folle
  • 22:37 - 22:39
    de la Commission européenne,
    cette va-t-en-guerre.
  • 22:39 - 22:43
    Elle l'a remercié, elle l'a embrassé,
    elle a payé la fature,
  • 22:43 - 22:48
    et a mis le rapport à la poubelle,
    parce que cette Europe n'est pas capable
  • 22:48 - 22:51
    de faire ce que nous préconisions en 2019.
  • 22:52 - 22:54
    Et le résultat,
    c'est la fragmentation politique.
  • 22:54 - 22:57
    Pourquoi n'y a-t-il pas
    de gouvernement en Allemagne,
  • 22:57 - 22:58
    ou en France en ce moment ?
  • 22:58 - 22:59
    C'est pour ça.
  • 22:59 - 23:05
    Car si le fondement économique
    d’une union principalement économique
  • 23:05 - 23:07
    et monétaire comme l’UE s’effondre,
  • 23:07 - 23:09
    son aspect politique s’effondre également.
  • 23:11 - 23:16
    Un autre grand événement de 2024
    est bien sûr Donald Trump.
  • 23:17 - 23:19
    On a déjà fait un stream sur le sujet.
  • 23:19 - 23:21
    Je vous laisse donc aller voir ça.
  • 23:21 - 23:25
    Je dirais seulement pour fairt court
    et épigrammatique,
  • 23:26 - 23:29
    Trump a gagné
    pour une raison très simple :
  • 23:30 - 23:39
    Les démocrates, Biden, Kamala,
    et tous ces autres idiots,
  • 23:40 - 23:44
    disaient au peuple américain,
    à la classe ouvrière américaine
  • 23:44 - 23:46
    que tout allait mieux
    que jamais auparavant.
  • 23:46 - 23:48
    Le peuple leur disait :
    non, ce n’est pas vrai.
  • 23:48 - 23:50
    On n'arrive pas
    à joindre les deux bouts.
  • 23:50 - 23:52
    On est fauchés.
  • 23:52 - 23:54
    On n'a pas les moyens
    d'acheter une maison,
  • 23:54 - 23:58
    de faire nos courses,
  • 23:58 - 24:00
    ni de faire le plein d'essence.
  • 24:00 - 24:04
    Et aux États-Unis, si tu n’as pas
    de voiture, t'es mort,
  • 24:04 - 24:06
    tu ne peux allez nulle part
    avec cet étalement urbain,
  • 24:06 - 24:09
    le manque de transports publics
    et ainsi de suite.
  • 24:09 - 24:15
    Alors Trump a regardé ces gens et leur
    a dit : « Je sais ce que vous ressentez.
  • 24:15 - 24:17
    Il y a un carnage en Amérique.
  • 24:17 - 24:19
    Il y a beaucoup de mécontentement.
  • 24:19 - 24:20
    Je vais vous aider. »
  • 24:20 - 24:22
    Alors pour qui ont-ils voté ?
  • 24:22 - 24:24
    Pour Trump bien sûr.
  • 24:26 - 24:30
    Je voudrais mentionner encore
    deux choses à propos de Trump.
  • 24:30 - 24:37
    Trump a promis de mettre fin
    à la guerre en Ukraine en 24 heures.
  • 24:37 - 24:40
    Je suis content
    qu'un président des États-Unis,
  • 24:40 - 24:42
    même s'il ne le pense pas,
  • 24:42 - 24:46
    même si c'est un hypocrite,
    un fasciste, un misogyne etc.,
  • 24:46 - 24:48
    veuille mettre fin à une guerre.
  • 24:48 - 24:50
    Surtout une guerre
    qui est une impasse totale.
  • 24:50 - 24:56
    Qui conduit des jeunes hommes
    de Russie et d'Ukraine
  • 24:56 - 24:59
    et aussi des civils à la mort,
    sans raison aucune.
  • 24:59 - 25:00
    Il ne se passe plus rien,
  • 25:00 - 25:03
    il n’y aura pas de victoire
    ni d’un côté ni de l’autre.
  • 25:03 - 25:05
    Donc c'est bien qu'il promette cela.
  • 25:05 - 25:07
    Mais je ne pense pas
    qu’il puisse apporter la paix.
  • 25:07 - 25:11
    Il ne peut pas, parce que Poutine
    ne veut pas mettre fin à la guerre.
  • 25:11 - 25:14
    Il veut continuer à prendre un village
    après l'autre, petit à petit.
  • 25:14 - 25:20
    Donc il posera des conditions de paix
    que Trump ne pourrait pas accepter
  • 25:20 - 25:22
    sans être renversé par son propre régime,
  • 25:22 - 25:25
    même par son propre régime
    trumpiste républicain.
  • 25:25 - 25:27
    C'est mon intuition.
  • 25:27 - 25:31
    Et à la fin, son grand Waterloo,
    ce sera sa promesse
  • 25:31 - 25:34
    de prendre soin
    de la classe ouvrière américaine
  • 25:34 - 25:36
    et de réindustrialiser les États-Unis
  • 25:36 - 25:41
    en imposant d'énormes droits de douane
    sur les importations européennes,
  • 25:41 - 25:44
    principalement de chinoises,
    mais aussi d'Europe,
  • 25:44 - 25:46
    afin de créer les circonstances
  • 25:46 - 25:48
    d'un retour de l’industrie aux États-Unis.
  • 25:48 - 25:50
    Il n'y parviendra pas,
  • 25:50 - 25:53
    Car, n'oubliez pas que
    sa priorité numéro un, c'est la bourse,
  • 25:53 - 25:55
    les financiers et l'immobilier.
  • 25:55 - 25:57
    C'est un agent immobilier,
  • 25:57 - 25:58
    après tout.
  • 25:58 - 26:02
    Or l'immobilier et la bourse
    aux États-Unis se portent bien
  • 26:02 - 26:05
    seulement tant que
    les Chinois et les Allemands
  • 26:05 - 26:07
    ont un excédent commercial
    avec les États-Unis,
  • 26:07 - 26:09
    puisque que ce surplus
    leur fournit les dollars
  • 26:09 - 26:11
    qu'ils investissent ensuite
    à la Bourse de New York,
  • 26:11 - 26:16
    et dans le marché immobilier
    à Miami, en Californie et à New York.
  • 26:18 - 26:23
    Certains camarades, amis et progressistes
    accordent beaucoup d'importance
  • 26:23 - 26:28
    au développement des BRICS :
  • 26:28 - 26:34
    le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine,
    l’Afrique du Sud, et désormais
  • 26:34 - 26:37
    plein d'autres pays
    qui rejoignent ce groupe.
  • 26:37 - 26:44
    Il y a eu une réunion intéressante en
    Russie entre les représentants des BRICS
  • 26:44 - 26:48
    qui ont parlé de créer
    un système de paiement
  • 26:48 - 26:51
    et l’ont effectivement institué.
  • 26:51 - 26:52
    C'est désormais opérationnel.
  • 26:52 - 26:55
    C'est très intéressant
    du point de vue technologique,
  • 26:55 - 26:58
    ça utilise la blockchain, pour ceux
    d'entre vous que ça intéresse,
  • 27:00 - 27:04
    et ça leur permet de commercer entre eux,
    dans leurs propres monnaies.
  • 27:04 - 27:07
    Ils peuvent ainsi contourner le dollar,
    et donc les sanctions.
  • 27:07 - 27:12
    Des pays comme l’Arabie saoudite
    et les Émirats arabes unis sont également
  • 27:12 - 27:16
    intéressés par les BRICS, car
    ils ne veulent pas mettre tous leurs œufs
  • 27:16 - 27:18
    dans le panier du dollar américain.
  • 27:19 - 27:24
    Mais ce serait une erreur de voir les
    BRICS comme une alternative
  • 27:24 - 27:33
    de type URSS et Pacte de Varsovie, capable
    de contrebalancer l’hégémonie américaine.
  • 27:33 - 27:35
    C’est une erreur de penser
    les choses de cette façon.
  • 27:35 - 27:37
    N'oubliez pas que l'Inde et la Chine
  • 27:37 - 27:40
    sont presque en guerre au sein des BRICS.
  • 27:40 - 27:42
    N'oubliez pas que les États-Unis
  • 27:42 - 27:49
    poussent Apple à déplacer
    ses usines de production...
  • 27:50 - 27:53
    …Il vient d'y avoir un léger
    séisme ici à Athènes,
  • 27:53 - 27:56
    mais je crois que tout va bien,
    n'est-ce pas Mehran ?
  • 27:57 - 28:04
    Le sol tremble quand DiEM est en direct.
  • 28:07 - 28:16
    Washington pousse Apple à déplacer
    ses usines de la Chine vers l’Inde.
  • 28:16 - 28:19
    Comme vous le voyez, il y a beaucoup
    d’antagonisme au sein des BRICS,
  • 28:19 - 28:21
    Donc il n'y a aucune chance
    que ça débouche un jour
  • 28:21 - 28:24
    sur une sorte d’alliance géostratégique.
  • 28:24 - 28:26
    L'intérêt commun qui les lie,
  • 28:26 - 28:31
    c'est leur refus de rester
    sous la coupe de la Réserve fédérale,
  • 28:31 - 28:36
    où chaque transaction est contrôlée
    par la banque centrale américaine
  • 28:36 - 28:37
    ou le gouvernement américain.
  • 28:37 - 28:39
    Voilà ce qu'ils ont en commun.
  • 28:39 - 28:40
    Mais ça ne suffit pas,
  • 28:40 - 28:45
    car la Chine elle-même
    est confrontée à un dilemme.
  • 28:47 - 28:51
    La Chine veut-elle remplacer
    le dollar américain par le yuan ?
  • 28:51 - 28:52
    Pas encore.
  • 28:53 - 28:57
    N'oubliez pas que les capitalistes chinois
    qui produisent de l'aluminium
  • 28:58 - 29:01
    à Shenzhen et le vendent en Californie.
  • 29:01 - 29:05
    Ils comptent sur le dollar et
    son privilège exorbitant, qui permet
  • 29:05 - 29:09
    aux États-Unis de soutenir un fort déficit
    commercial, puisque c'est ce déficit
  • 29:09 - 29:13
    qui permet aux chinois de vendre de
    l’aluminium aux firmes californiennes.
  • 29:13 - 29:16
    Le capitaliste chinois qui est payé
    en dollar, puis investit cet argent
  • 29:16 - 29:18
    dans l'immobilier à Miami,
    en Californie, à New York,
  • 29:18 - 29:20
    ou dans la dette américaine,
  • 29:20 - 29:22
    souhaite-t-il la disparition du dollar ?
  • 29:22 - 29:24
    Non, car ses économies sont en dollars.
  • 29:24 - 29:29
    Il n’est pas sûr que le Parti communiste
    chinois, Xi Jinping par exemple,
  • 29:29 - 29:33
    veuille entrer en conflit
    avec les capitalistes chinois.
  • 29:33 - 29:39
    Mais même s’il le fait,
    la Chine devra alors accepter
  • 29:40 - 29:43
    de jouer au sein des BRICS
    le même rôle qu'ont joué les États
  • 29:43 - 29:46
    après la 2eme Guerre mondiale
    dans le système de Bretton Woods.
  • 29:46 - 29:48
    Et ce n’est pas le style de la Chine.
  • 29:48 - 29:52
    La Chine ne veut pas être hégémonique,
    elle veut commercer avec tout le monde.
  • 29:52 - 29:54
    Elle veut des routes
    commerciales libres,
  • 29:54 - 29:57
    pouvoir investir partout.
  • 29:57 - 30:01
    Elle ne veut pas diriger
    une grande partie du monde.
  • 30:01 - 30:04
    Le Parti communiste chinois
    n'a jamais pris ce type de décision.
  • 30:04 - 30:07
    Enfin, pour conclure ce long soliloque,
  • 30:08 - 30:10
    Vous vous souvenez
    de la catastrophe climatique ?
  • 30:11 - 30:12
    Nous l'avons oubliée
  • 30:12 - 30:15
    à cause des guerres, du génocides,
    nous regardons ailleurs.
  • 30:16 - 30:19
    Mais le monde avance à toute allure
  • 30:19 - 30:22
    Le monde, ou plutôt l'humanité,
    notre espèce,
  • 30:22 - 30:28
    se dirige droit vers son extinction.
  • 30:31 - 30:37
    La seule façon d’y mettre un terme
    aurait été un accord tripartite
  • 30:38 - 30:41
    de décarbonation entre les États-Unis,
    la Chine et l’Union européenne.
  • 30:41 - 30:43
    L'Union européenne est inexistante.
  • 30:43 - 30:45
    Elle s’est rendue obsolète.
  • 30:45 - 30:49
    Les États-Unis ont Trump, qui
    ne croit pas au changement climatique.
  • 30:49 - 30:51
    Il ne reste donc plus que la Chine.
  • 30:51 - 30:57
    La Chine produit la majorité
    des technologies de décarbonisation
  • 30:57 - 31:00
    dans le monde, mais elle
    ne peut y parvenir seule.
  • 31:03 - 31:05
    Tout cela étant dit,
  • 31:05 - 31:09
    et j'espère ne pas vous avoir
    trop démoralisés.
  • 31:09 - 31:14
    Mais si on doit faire un bilan honnête
    de 2024, on ne peut pas
  • 31:14 - 31:19
    tourner autour du pot, donner
    de faux espoirs ni feindre l'optimisme.
  • 31:19 - 31:21
    Mais l'espoir,
  • 31:21 - 31:22
    c'est que nous sommes là.
  • 31:22 - 31:25
    DiEM25 est un petit mouvement.
  • 31:25 - 31:27
    On l'a lancé dans cette cafétéria
  • 31:27 - 31:30
    Srećko et moi en 2015 à Berlin.
  • 31:30 - 31:32
    Mais maintenant, on est tous ensemble :
  • 31:32 - 31:34
    des dizaines de milliers de personnes.
  • 31:34 - 31:36
    Nos camarades sont
    dans les rues d'Allemagne
  • 31:36 - 31:39
    en ce moment même,
    pour recueillir des signatures.
  • 31:39 - 31:44
    Si vous habitez en Allemagne,
    signez pour inscrire MERA25
  • 31:44 - 31:46
    aux prochaines élections fédérales.
  • 31:46 - 31:49
    Nous avons créé
    une internationale progressiste.
  • 31:50 - 31:56
    Nous sommes encore
    très très loin de la victoire,
  • 31:56 - 31:59
    mais tant que nous nous battons,
    il y a de l’espoir.
  • 31:59 - 32:00
    Espoir sans optimisme.
  • 32:00 - 32:02
    N'est-ce pas, Srećko ?
  • 32:06 - 32:08
    [Mehran] Srećko, tu as la parole.
  • 32:09 - 32:11
    [Srećko] Oui, merci Yanis.
  • 32:13 - 32:18
    C'était une belle conclusion,
    avec cet espoir sans optimisme,
  • 32:18 - 32:22
    une phrase qui vient
    bien sûr de Terry Eagleton.
  • 32:22 - 32:24
    Et il n’y a rien que je déteste
    plus que l’optimisme,
  • 32:24 - 32:27
    mais je déteste aussi le pessimisme.
  • 32:27 - 32:32
    Gramsci l'a très bien dit,
    je ne veux pas le répéter,
  • 32:32 - 32:35
    mais pour parler clairement… et je ferai
    aussi référence à certaines choses
  • 32:35 - 32:45
    que tu as dites, parce qu'en effet ce sont
    les points les plus déterminants de 2024,
  • 32:45 - 32:48
    non seulement pour notre présent,
    mais aussi pour notre avenir.
  • 32:48 - 32:52
    Et je pense qu’il faut les replacer dans
    le contexte d’une séquence historique
  • 32:52 - 32:56
    qui, je pense, a commencé
    après la crise financière,
  • 32:56 - 32:58
    et avec le Printemps arabe.
  • 32:59 - 33:06
    La Tunisie, l’Égypte et d’autres pays ont
    suscité beaucoup d'espoir et d'optimisme,
  • 33:06 - 33:08
    on ne sait pas encore ce que ça va donner.
  • 33:08 - 33:12
    C'était aussi l'époque
    d'Occupy Wall Street,
  • 33:12 - 33:16
    et ensuite, de ta propre
    expérience avec Syriza,
  • 33:16 - 33:18
    le référendum en Grèce et ainsi de suite.
  • 33:18 - 33:21
    Ce à quoi nous assistons maintenant,
    je pense que tu l'as bien dit,
  • 33:21 - 33:29
    c'est un triomphe total
    de l’axe Israël, États-Unis et Turquie.
  • 33:29 - 33:34
    Ce triomphe conclut en quelque sorte
    cette séquence historique,
  • 33:34 - 33:36
    qui d'une certaine manière
    a commencé en 2010, 2011,
  • 33:36 - 33:42
    quand une révolution progressiste
    semblait encore possible.
  • 33:42 - 33:46
    Il y a bien eu une sore de révolution,
    mais on a vu très rapidement
  • 33:46 - 33:51
    ce qui est arrivé à l'Égypte après
    Moubarak avec les Frères musulmans,
  • 33:51 - 33:57
    sans parler de ce qui est arrivé en Libye
    après l’intervention et après Kadhafi :
  • 33:57 - 34:01
    il y a eu des centaines de Kadhafi
    et une guerre civile continue en Libye.
  • 34:02 - 34:08
    Donc oui, d’un côté, c’est un triomphe
    de Washington, d’Israël.
  • 34:08 - 34:10
    d'Erdogan et de quelques autres acteurs.
  • 34:11 - 34:14
    Je pense qu'au moins
    20 à 30 acteurs géopolitiques différents
  • 34:14 - 34:19
    sont actuellement impliqués
    dans cette région de diverses manières.
  • 34:19 - 34:24
    Et d’un autre côté, ça prouve aussi
    l’inutilité de l’Union européenne.
  • 34:25 - 34:31
    Vous savez ce que faisaient
    Macron et d’autres dirigeants
  • 34:31 - 34:35
    quant les rebelles ont pris
    le contrôle de la Syrie et de Damas ?
  • 34:35 - 34:39
    Ils étaient réunis à Notre-Dame
    pour rouvrir la cathédrale,
  • 34:39 - 34:45
    qui malheureusement
    avait pris feu il y a 5 ans
  • 34:45 - 34:47
    et il suffisait de regarder leurs visages,
  • 34:47 - 34:51
    leurs gestes, leur langage corporel
  • 34:51 - 34:56
    pour voir la démonstration
    croissante de leur insignifiance.
  • 34:56 - 34:58
    Tu as déjà mentionné
    le gouvernement français.
  • 34:58 - 35:00
    C'était juste à ce moment-là.
  • 35:00 - 35:04
    Macron n'est donc certainement
    pas aussi puissant qu'il l'était,
  • 35:04 - 35:06
    ou qu'il souhaiterait être.
  • 35:06 - 35:10
    Et en même temps,
    on pouvait voir la réaction
  • 35:10 - 35:13
    d’autres dirigeants européens
  • 35:13 - 35:20
    à Donald Trump, mais aussi
    depuis 2024 et en 2025
  • 35:20 - 35:28
    leur réaction à Elon Musk, et à Elon Musk
    avec son fils sur ses épaules,
  • 35:28 - 35:33
    qui d'une certaine manière illustre
    parfaitement la situation actuelle :
  • 35:33 - 35:36
    les hommes d'affaires
    deviennent des politiciens
  • 35:36 - 35:41
    et les milliardaires sont maintenant ceux
    qui influencent réellement la politique.
  • 35:41 - 35:45
    Tu en as parlé, Yanis, dans
    Les nouveaux serfs de l'économie.
  • 35:45 - 35:49
    En voilà la parfaite incarnation :
    Trump, Elon Musk,
  • 35:49 - 35:53
    et la manière dont ils négocient déjà
    avec les dirigeants européens :
  • 35:53 - 35:58
    Giorgia Meloni, qui était hier
  • 35:58 - 36:01
    à la villa de Trump aux États-Unis,
  • 36:01 - 36:05
    Viktor Orbán, qui pendant que se déroulent
  • 36:05 - 36:09
    tous ces événements
    dans le monde, en Palestine, en Syrie,
  • 36:10 - 36:15
    Viktor Orban est aux États-Unis pour
    rencontrer Donald Trump et Elon Musk,
  • 36:16 - 36:20
    et travaille déjà sur
    l'internationale fasciste,
  • 36:20 - 36:22
    en quelque sorte.
  • 36:22 - 36:29
    Donc, en même temps qu'un triomphe
    du bloc transatlantique
  • 36:30 - 36:36
    et de l'impérialisme,
    je pense que l'année 2024
  • 36:36 - 36:40
    non seulement prouve l'insignifiance
    de l'Union européenne,
  • 36:40 - 36:47
    mais représente aussi un énorme recul
    pour les partis et mouvements
  • 36:47 - 36:54
    progressistes ou de gauche.
  • 36:54 - 36:58
    Puisqu'on parle des principaux partis,
    on a aussi pu voir
  • 36:58 - 37:02
    comme les masques
  • 37:02 - 37:06
    des partis verts sont tombés.
  • 37:06 - 37:08
    Il suffit de regarder les Verts allemands,
  • 37:09 - 37:13
    la lettre des verts européens
    à Jill Stein,
  • 37:13 - 37:18
    ou plus récemment, ce qui se passe
    à la périphérie de l’Union européenne
  • 37:19 - 37:26
    en Serbie, où on a récemment
    trouvé la plus grande réserve
  • 37:26 - 37:28
    de lithium en Europe,
  • 37:29 - 37:31
    là, à la périphérie de l’UE.
  • 37:31 - 37:34
    Le petit problème pour eux,
    comme d’habitude,
  • 37:34 - 37:38
    c’est qu’il y a un autocrate au pouvoir,
    Aleksandar Vučić.
  • 37:38 - 37:43
    Mais ça n'a pas empêché Olaf Scholz
    d'accueillir hier Aleksandar Vučić
  • 37:43 - 37:46
    en Allemagne et de voir avec lui
  • 37:46 - 37:50
    comment l'industrie automobile allemande
  • 37:50 - 37:55
    pourrait extraire davantage
    de lithium en Serbie
  • 37:55 - 37:59
    afin que les classes moyennes allemandes
    puissent conduire des voitures vertes,
  • 37:59 - 38:02
    et que le Parti Vert puisse
    parler d'un Green deal
  • 38:02 - 38:05
    ou d’une transition vers un Green Deal.
  • 38:05 - 38:08
    Ce qu'on a vu en 2024,
  • 38:08 - 38:11
    et qu'on verra je pense
    de plus en plus l'année prochaine,
  • 38:11 - 38:17
    c'est qu'au contraire nous sommes
    encore loin, et même nous nous éloignons
  • 38:17 - 38:22
    d'une solution ou et même d'une
    prise en compte de la crise climatique,
  • 38:22 - 38:25
    qui est la plus importante
    crise de la planète,
  • 38:25 - 38:27
    pas seulement pour l’avenir de l’humanité,
  • 38:27 - 38:31
    mais aussi celui de nombreuses espèces
    qui sont déjà en voie d’extinction.
  • 38:32 - 38:35
    Parce qu'on observe en Syrie,
  • 38:35 - 38:41
    c'est le retour des bons vieux…
    et là je suis sarcastique,
  • 38:42 - 38:48
    le retour des minéraux, par exemple.
    Si vous regardez les interventions
  • 38:48 - 38:55
    en Libye, en Irak, en Syrie, il a toujours
    été question de pétrole, entre autres.
  • 38:55 - 38:59
    Bien sûr, dans le cas de la Libye,
  • 38:59 - 39:03
    se posait aussi la question
    de l'unification de l'Afrique,
  • 39:03 - 39:06
    quoi qu'on puisse penser de Kadhafi.
  • 39:06 - 39:10
    Mais si on regarde
    la situation actuelle en Syrie,
  • 39:10 - 39:14
    on voit rapidement la politique
    des pipelines à l'œuvre.
  • 39:14 - 39:17
    Un pipeline, soutenu par la Russie,
    devait relier l'Iran
  • 39:17 - 39:24
    à l'Europe, en passant par l'Irak et
    la Syrie, et équiper les foyers européens
  • 39:25 - 39:29
    ce que les pouvoirs en place en UE
    ne souhaitaient pas, bien entendu.
  • 39:29 - 39:32
    Et maintenant il y a une éclaircie,
    une situation parfaite.
  • 39:32 - 39:34
    C’est pour ça que je parle
    d'un triomphe,
  • 39:34 - 39:39
    pour ce bloc transatlantique, plus Israël,
    qui en a toujours fait partie.
  • 39:39 - 39:41
    Ce triomphe, c'est l'autre pipeline,
  • 39:41 - 39:46
    un projet qui date d'au moins 10 ans,
    et qui est censé aller du Qatar
  • 39:47 - 39:49
    à la Turquie en passant
    par l’Irak et la Syrie.
  • 39:50 - 39:53
    Alors cet espace est désormais ouvert.
  • 39:53 - 39:57
    Il y a un blocage temporaire, qui vient
    je pense de l'establishment européen
  • 39:57 - 40:01
    et que c'est probablement
    leur objectif principal,
  • 40:01 - 40:05
    car l’une de leur plus grandes craintes,
  • 40:05 - 40:08
    est clairement l'intégration eurasienne.
  • 40:08 - 40:12
    La Russie et l'Ukraine
    font partie de cette histoire
  • 40:12 - 40:21
    mais on voit clairement que la Syrie
    et l'Iran en font partie également
  • 40:21 - 40:25
    parce que l’Iran et tous ces pays sont,
    pour le dire franchement,
  • 40:25 - 40:27
    juste entre la Chine et l'Europe.
  • 40:28 - 40:31
    Et maintenant, un bloc est créé,
    une sorte de frontière
  • 40:31 - 40:35
    qui empêche la poursuite
    de l'intégration eurasienne,
  • 40:35 - 40:38
    qui d'une certaine façon est inévitable,
    si vous regardez la Chine, bien sûr.
  • 40:38 - 40:42
    Je pense donc que ce que révèle
    la situation actuelle en Syrie
  • 40:42 - 40:46
    c'est bien sûr d'une part
  • 40:46 - 40:52
    l'impérialisme, associé au capitalisme,
    comme il l'a toujours été.
  • 40:52 - 40:56
    L'Occident ces derniers temps
  • 40:56 - 41:01
    a plus peur, comme toujours,
    de la véritable démocratie,
  • 41:02 - 41:05
    que des djihadistes
    ou des fondamentalistes islamiques.
  • 41:05 - 41:08
    Et c’est ce qui se passe
    actuellement en Syrie.
  • 41:08 - 41:10
    Mais c’est aussi
    ce qui se passait en Iran.
  • 41:10 - 41:14
    Souvenez-vous de Mossadegh,
    le premier ministre iranien,
  • 41:14 - 41:18
    qui a été renversé par les services
    secrets britanniques et la CIA.
  • 41:18 - 41:21
    Pourquoi ? Parce que
    les Britanniques voulaient le pétrole,
  • 41:21 - 41:23
    mais Mossadegh voulait le nationaliser.
  • 41:23 - 41:28
    Et la décennie suivante, il y a eu
    le Shah soutenu par les États-Unis,
  • 41:28 - 41:30
    mais en fait, toutes ces interventions
  • 41:31 - 41:36
    et l’ingérence des États-Unis en Iran,
    ont créé Khomeini.
  • 41:35 - 41:39
    Et aujourd'hui l’Iran
    n'est plus un pays laïc.
  • 41:39 - 41:42
    Si vous regardez l’Irak,
    l’Afghanistan, la Syrie…
  • 41:42 - 41:45
    Je me trouvais en Syrie juste avant
    le Printemps arabe, je crois,
  • 41:45 - 41:47
    et je l'ai vu de mes propres yeux :
  • 41:47 - 41:49
    c'était tous des pays laïcs.
  • 41:50 - 41:52
    Même sous Assad.
    Pourtant comme toi, Yanis,
  • 41:52 - 41:55
    j'ai vivement critié Assad.
  • 41:56 - 42:02
    Je pense que nous pouvons et nous
    devons à la fois être contre Assad,
  • 42:02 - 42:06
    ou les gens comme lui, Poutine et Kadhafi,
  • 42:06 - 42:08
    et contre l’impérialisme.
  • 42:08 - 42:11
    Il n'y a pas à choisir.
  • 42:11 - 42:14
    Avec la situation en Syrie,
    on voit clairement
  • 42:14 - 42:16
    les conséquences de l’impérialisme.
  • 42:18 - 42:20
    Assad en est aussi une conséquence.
  • 42:20 - 42:25
    Mais en tant que personne qui vient
    de la Yougoslavie socialiste
  • 42:25 - 42:29
    et qui était présent pendant une
    guerre sanglante, je me souviens très bien
  • 42:29 - 42:34
    comment la « gauche internationale »
    a soutenu Slobodan Milošević.
  • 42:34 - 42:35
    Pourquoi l'ont-ils soutenu ?
  • 42:35 - 42:37
    Parce qu'ils pensaient
  • 42:37 - 42:40
    que Milosevic était
    un acteur anti-impérialiste.
  • 42:40 - 42:43
    Et c'était loin,
  • 42:43 - 42:45
    très loin de la vérité.
  • 42:45 - 42:48
    De la même manière, on voit aujourd'hui
    que Scholz et ces gens-là,
  • 42:49 - 42:53
    préféreraient voir Vučić
    au pouvoir pendant 10 ans
  • 42:53 - 42:56
    plutôt qu'une démocratie en Serbie.
  • 42:56 - 42:59
    Car s’il y avait
    une vraie démocratie en Serbie
  • 42:59 - 43:05
    le peuple refuserait que des entreprises
    allemandes extraient tout leur lithium.
  • 43:05 - 43:08
    En ce moment, à la périphérie de l’UE,
  • 43:08 - 43:12
    se déroulent les manifestations
    les plus massives d'Europe,
  • 43:13 - 43:18
    En Serbie justement, il y a non pas
    des centaines de manifestations
  • 43:18 - 43:22
    dans les rues, mais la semaine dernière,
    il y a aussi eu des dizaines de blocages,
  • 43:23 - 43:26
    d'occupations d'universités
    et de tribunaux.
  • 43:26 - 43:29
    Il y a aussi des AG, des conseils.
  • 43:29 - 43:32
    Exactement ce qu'on a vu
    en Croatie il y a 15 ans
  • 43:32 - 43:36
    avec les universités occupées,
    Occupy Wall Street etc.
  • 43:36 - 43:41
    Et il y a aussi une résistance
    au sein même de l’UE.
  • 43:42 - 43:43
    Ce à quoi je m'attends en...
  • 43:43 - 43:47
    Mais revenons encore un peu sur 2024,
    on abordera 2025 après.
  • 43:47 - 43:51
    Pour en revenir à l’UE,
  • 43:53 - 43:56
    ce qu'on voit aussi,
    c'est bien sûr d'une part
  • 43:56 - 44:00
    l'insignifiance de plus en plus grande
    de l'Union européenne.
  • 44:00 - 44:04
    Et d'autre part on continue de glisser
  • 44:04 - 44:08
    non seulement vers la droite, mais
    d'entrer dans un fascisme à part entière,
  • 44:10 - 44:14
    qui pour l'instant se manifeste
    de façon assez diplomate.
  • 44:16 - 44:19
    C'est un fascisme doux, en quelque sorte,
  • 44:19 - 44:21
    si on regarde par exemple
  • 44:22 - 44:26
    l'accord passé entre
    Giorgia Meloni et l'Albanie.
  • 44:26 - 44:30
    En gros, l'Italie a construit
    un camp de concentration
  • 44:30 - 44:33
    pour 30 à 40 000 réfugiés en Albanie.
  • 44:33 - 44:38
    Globalement on sous-traite la question
    des migrants, et en même temps
  • 44:38 - 44:41
    il y a la crise syrienne et la guerre.
  • 44:41 - 44:43
    Les gouvernements d'Autriche,
  • 44:43 - 44:45
    d'Allemagne, et beaucoup
    d'autres dans l'UE
  • 44:45 - 44:52
    parlent ouvertement de rapatriement
    et déportation des réfugiés syriens,
  • 44:52 - 44:56
    dont des millions sont arrivés
    après la guerre en 2011.
  • 44:57 - 45:00
    Ils les renvoient,
    pour reprendre tes mots, Yanis,
  • 45:00 - 45:02
    dans le couloir de la mort,
    en quelque sorte.
  • 45:02 - 45:07
    Et cette situation ne fera que s’aggraver.
  • 45:07 - 45:11
    Donc pour conclure, je dirais
    que l'année dernière,
  • 45:11 - 45:16
    et plus généralement ces dernières années
    ont prouvé que nous sommes dans
  • 45:16 - 45:19
    ce que je caractériserais
    comme un état de guerre totale.
  • 45:21 - 45:26
    Une guerre totale dans le sens
    où production et destruction
  • 45:26 - 45:27
    se confondent.
  • 45:28 - 45:31
    Pour le dire franchement, en même temps
  • 45:31 - 45:37
    qu’Israël bombarde des installations
    militaires et des armes en Syrie,
  • 45:38 - 45:42
    des cargos de l'UE
    sous différents pavillons
  • 45:42 - 45:45
    transportent des armes vers Israël.
  • 45:45 - 45:48
    Donc, en même temps
    qu'on détruit des armes,
  • 45:48 - 45:52
    on en produit et on en transfère d'autres
  • 45:52 - 45:55
    de l'ouest de la Méditerranée
    vers l'est de la Méditerranée.
  • 45:56 - 46:00
    Il y a aussi Keir Starmer qui envoie
    des troupes britanniques à Chypre,
  • 46:00 - 46:01
    l'OTAN à Chypre.
  • 46:01 - 46:06
    Et si je dis que c'est une guerre totale
    où production et destruction se confondent
  • 46:06 - 46:08
    c'est qu'en même temps
    dans le sens inverse,
  • 46:08 - 46:10
    de l'est à l'ouest de la Méditerranée,
  • 46:10 - 46:12
    se produit une autre vague :
  • 46:12 - 46:15
    non plus celle du transfert d'armes,
  • 46:15 - 46:20
    mais celle des gens qui fuient
    les guerres générées par l'impérialisme,
  • 46:20 - 46:23
    et dans lesquelles l’UE joue un rôle.
  • 46:24 - 46:28
    Dans ce sens, j'estime donc
    qu'il s'agit d’une guerre totale,
  • 46:28 - 46:33
    et si on en revient à Trump,
    comme tu l'as mentionné, Yanis…
  • 46:33 - 46:36
    …mais je pense que Notre-Dame
    et ces types d'événements
  • 46:36 - 46:38
    sont aussi très intéressants
    d’un point de vue sémiotique,
  • 46:40 - 46:45
    car cette guerre totale se traduit
    non seulement en termes d'économie,
  • 46:45 - 46:50
    qui est de plus en plus centrée,
    voire totalement centrée sur la guerre,
  • 46:50 - 46:54
    mais nous sommes aussi
    de plus en plus en état de guerre
  • 46:54 - 47:00
    en termes de sémiosphère,
    de la sphère des signes :
  • 47:00 - 47:03
    je te vois sur un écran,
    tu me vois sur un écran,
  • 47:03 - 47:09
    et la puissance du cloud capital,
    pour utiliser tes mots Yanis,
  • 47:09 - 47:15
    la puissance de la Silicon Valley,
    qui a capturé presque tout,
  • 47:15 - 47:18
    notre communication, nos émotions.
  • 47:18 - 47:24
    Regardez Grindr, Tinder, les applications
    de rencontres désormais couplées à l’IA.
  • 47:24 - 47:28
    Donc nous sommes aussi dans
    une guerre totale de la sémiosphère.
  • 47:28 - 47:32
    Dans ce sens, ce que fera Trump
    n’est pas particulièrement important.
  • 47:32 - 47:37
    On en arrive à 2025,
    et à l'économie des États-Unis.
  • 47:37 - 47:39
    Je pense que ce qui devient
    de plus en plus important,
  • 47:39 - 47:43
    et je ne dis pas cela pour minimiser
  • 47:43 - 47:47
    ou délaisser les terribles conditions
    de la classe ouvrière,
  • 47:47 - 47:50
    mais ce qui devient de plus en plus
    important, c'est la perception,
  • 47:50 - 47:52
    la réalité, la question de la réalité.
  • 47:52 - 47:55
    Jean Baudrillard, ces 20 dernières années,
    a été très rapidement
  • 47:55 - 47:59
    rejeté par la théorie radicale
    et la gauche.
  • 47:59 - 48:03
    Mais je pense que Jean Baudillard avait
    raison quand il parlait de simulation
  • 48:03 - 48:07
    et de la manière dont
    ce genre de simulation
  • 48:07 - 48:08
    devient notre nouvelle réalité.
  • 48:08 - 48:13
    Ce que fait Trump, la façon
    dont il serre la main de Macron,
  • 48:13 - 48:16
    ça change la perception des gens.
  • 48:16 - 48:20
    Si vous remontez à Steve Bannon,
    qui est le cerveau derrière tout ça,
  • 48:21 - 48:24
    il avait clairement compris
    le pouvoir de Facebook
  • 48:24 - 48:26
    et des entreprises de la Silicon Valley.
  • 48:26 - 48:33
    Et en 2025, je pense que nous verrons
    une puissance de plus en plus manifeste
  • 48:33 - 48:37
    des oligopoles, des milliardaires, surtout
    dans le secteur technologique,
  • 48:37 - 48:43
    désormais associés à Donald Trump,
    mais aussi à Javier Milei en Argentine,
  • 48:43 - 48:49
    à Viktor Orbán, Giorgia Meloni,
    tous ceux qui sont responsables
  • 48:49 - 48:53
    de cette insignifiance de l'UE
    et de sa participation
  • 48:53 - 48:55
    à des crimes de guerre et un génocide.
  • 48:56 - 48:57
    Et je m'arrête là.
  • 48:57 - 48:59
    Moi aussi je susis optimiste !
  • 49:01 - 49:02
    [Mehran] Merci.
  • 49:02 - 49:04
    [Srećko] C'est 2024,
    qu'est-ce que j'y peux ?
  • 49:04 - 49:06
    [Mehran] J'allais dire que
    c'est pas réjouissant,
  • 49:06 - 49:08
    mais objectivement,
    c'était une année sombre.
  • 49:08 - 49:11
    Comme Yanis a parlé de Gaza
    et des enfants de Gaza,
  • 49:11 - 49:14
    c'est le moment de vous donner
    quelques chiffres.
  • 49:14 - 49:20
    À Gaza, entre le 7 octobre et
    il y a 3 jours, au moins 17 492 enfants
  • 49:20 - 49:21
    ont été tués à Gaza,
  • 49:21 - 49:24
    soit environ un enfant sur 65
  • 49:24 - 49:25
    dans la bande de Gaza.
  • 49:25 - 49:29
    C'est une horrible plaie ouverte,
  • 49:29 - 49:32
    et avec tous les autres points
    que vous avez mentionnés,
  • 49:32 - 49:33
    c'est un tableau bien sombre.
  • 49:34 - 49:37
    Passons aux commentaires
    et questions chat.
  • 49:37 - 49:40
    Keith Sutton Jones dit :
    « La Russie vient de conseiller
  • 49:40 - 49:42
    à tous ses citoyens
    de quitter les États-Unis. »
  • 49:42 - 49:43
    Après vérification,
  • 49:43 - 49:47
    ils ne conseillent pas aux citoyens russes
    de quitter les États-Unis,
  • 49:47 - 49:50
    mais de ne pas se rendre aux États-Unis.
  • 49:52 - 49:56
    Balbo dit : « À mon avis,
    une Europe fédérale réformée
  • 49:56 - 49:59
    serait mieux, mais
    c'est une idée fantaisiste.
  • 49:59 - 50:04
    Pensez-vous que c'est possible
    et si oui comment ? »
  • 50:04 - 50:08
    Lonesome Cowgirl dit : « Comment
    ne plus être dirigés par les lobbies,
  • 50:08 - 50:11
    surtout en Europe ? On se sent
    complètement impuissants. »
  • 50:11 - 50:17
    Yanis, dis-moi, si tu te projette en 2025,
  • 50:17 - 50:25
    vois-tu des possibilités
    d’éviter que 2025 ne soit
  • 50:25 - 50:29
    une année de stagnation et d'en faire
    au contraire une année de progrès
  • 50:30 - 50:33
    sur certaines des points
    que Srećko et toi avez abordés ?
  • 50:34 - 50:36
    [ Yanis] Eh bien, la résistance.
  • 50:36 - 50:38
    Les Palestiniens nous ont montré la voie.
  • 50:38 - 50:41
    Quand on est confronté
    à une lente dégradation,
  • 50:41 - 50:45
    soit on accepte cette dégradation,
  • 50:46 - 50:50
    ce qui est un formidable
    cadeau aux fascistes,
  • 50:50 - 50:52
    parce qu'ils sont radicaux
    et que leur discours est :
  • 50:52 - 50:57
    « Donnez-moi le pouvoir et je vais tout
    mettre par terre et recommencer à zéro. »
  • 50:57 - 51:03
    Un véritable progressiste n’a pas le droit
    d’accepter cette lente dégradation.
  • 51:03 - 51:07
    Nous devons proposer un programme radical.
  • 51:09 - 51:12
    En 2019, je le répète, DiEM25 a proposé
    des mesures radicales
  • 51:12 - 51:16
    à la Banque centrale
    européenne, le MES,
  • 51:16 - 51:18
    la Commission européenne,
  • 51:19 - 51:21
    la Banque européenne d’investissement,
    etc.
  • 51:22 - 51:26
    C'est du passé, car plus aucune
    de ces institutions ne peut être sauvée,
  • 51:26 - 51:28
    ni aider à résoudre le problème,
  • 51:28 - 51:30
    puisque maintenant c'est eux le problème.
  • 51:30 - 51:40
    Donc nos politiques et actions radicales
    doivent viser à renforcer la solidarité
  • 51:40 - 51:43
    par et pour la majorité,
  • 51:43 - 51:50
    afin de diminuer et de lutter contre les
    répercussions de l'austérité permanente
  • 51:50 - 51:54
    et maintenant du déclin industriel
    au cœur de l’Europe,
  • 51:54 - 51:56
    de la base industrielle
    de l'Europe.
  • 51:56 - 51:59
    Ça n'a pas l'air très encourageant.
  • 51:59 - 52:00
    Mais vous savez quoi ?
  • 52:00 - 52:06
    Prendre soin des victimes de cette
    dégradation est la première étape.
  • 52:06 - 52:10
    Car si on ne prend pas soin d'eux,
    si on ne prend pas soin les uns des autres
  • 52:10 - 52:17
    dans un esprit véritablement
    humaniste et transnational,
  • 52:17 - 52:19
    c'est les fascistes qui
    leur offriront leur aide,
  • 52:19 - 52:22
    tout comme Donald Trump a offert
  • 52:22 - 52:25
    son aide à la classe ouvrière américaine,
    pour mieux les trahir.
  • 52:25 - 52:26
    Nous on ne va pas les trahir,
  • 52:26 - 52:29
    on a au moins prouvé ça.
  • 52:29 - 52:31
    Donc c'est ça qu'on doit faire.
  • 52:31 - 52:36
    C'est un travail difficile et
    globalement ingrat,
  • 52:36 - 52:39
    parce qu'en 2019,
    quand on parcourait l'Europe
  • 52:39 - 52:42
    avec notre Green New Deal
    pour l’Europe, on disait :
  • 52:42 - 52:44
    « Eh, regardez ce qu'on pourrait faire ! »
  • 52:44 - 52:45
    Maintenant, c'est plus possible,
  • 52:45 - 52:48
    car ce serait mentir aux gens.
  • 52:48 - 52:50
    Mais ce qu'on peut faire
    maintenant, c'est créer
  • 52:50 - 52:55
    des institutions de soutien populaires,
  • 52:56 - 52:59
    et s'appuyer dessus pour
    créer un nouveau projet,
  • 52:59 - 53:02
    Un nouveau Green New Deal pour l’Europe.
  • 53:02 - 53:07
    On l'appellera pas comme ça,
    car cette terminologie a fait son temps.
  • 53:07 - 53:11
    Il faudra trouver
    une autre manière d'organiser
  • 53:11 - 53:14
    et de nommer notre récit.
  • 53:14 - 53:18
    Mais, vous savez, la résistance
    n’est jamais vaine.
  • 53:18 - 53:22
    C’est le plus encourageant
    que je puisse être.
  • 53:24 - 53:26
    [Mehran] Merci, Yanis.
    Srećko ?
  • 53:29 - 53:34
    [Srećko] Je viens de voir
    une question dans le chat
  • 53:34 - 53:36
    à laquelle je voudrais répondre,
  • 53:36 - 53:38
    et qui rejoint un peu ce qu'a dit Yanis.
  • 53:38 - 53:40
    Un instant…
  • 53:40 - 53:42
    Elle vient de Višnja Kukoč :
  • 53:42 - 53:44
    « Puisqu'on en parle, Srećko,
  • 53:44 - 53:47
    Dans quel pays voyez-vous
    une vraie démocratie ? »
  • 53:48 - 53:50
    Je crois que le mot démocratie…
  • 53:50 - 53:53
    …ce qui nous amène à
    un autre souci avec le nom DiEM25.
  • 53:53 - 53:56
    Le 1er premier problème
    c'est l'année prochaine : 25.
  • 53:56 - 53:58
    Que faire ?
  • 53:58 - 54:01
    Vu qu'on y est presque, en 2025.
  • 54:01 - 54:04
    Mais j’ai aussi un sérieux problème
    avec le mot démocratie,
  • 54:04 - 54:08
    du moins tel qu'on
    le comprend aujourd'hui,
  • 54:08 - 54:12
    dans le cadre libéral,
    où Athènes, par exemple
  • 54:12 - 54:17
    est la principale inspiration à la base du
    concept de démocratie encore aujourd’hui.
  • 54:17 - 54:22
    Et je comprends que ce soit à la base
    de la démocratie libérale d'aujourd’hui,
  • 54:22 - 54:27
    puisqu’elle était fondée sur l’exclusion
    des femmes, des esclaves et des étrangers.
  • 54:27 - 54:29
    Elle était à la fois basé sur...
  • 54:29 - 54:33
    Oui, je vois Yanis, tu es à Athènes.
  • 54:33 - 54:34
    Tu maîtrise le sujet.
  • 54:34 - 54:35
    Bref, je pense juste que…
  • 54:35 - 54:38
    Comme l'a magnifiquement écrit
    Kōjin Karatani,
  • 54:38 - 54:41
    les poleis ioniennes
  • 54:41 - 54:43
    étaient plus démocratiques
    que celles d'Athènes,
  • 54:43 - 54:46
    car elles n'avaient pas
    ce type d'élément tribal,
  • 54:46 - 54:49
    elles ne reposaient pas
    sur l’impérialisme, l’exclusion etc.
  • 54:49 - 54:52
    Mais répondre à ça nous amènerait
  • 54:52 - 54:55
    à une discussion philosophique
    sur la démocratie.
  • 54:56 - 55:00
    Mais pour répondre à la question du chat :
    où est-ce que je vois la démocratie ?
  • 55:00 - 55:04
    En ce moment je la vois en Syrie.
    Mais vous savez où ?
  • 55:04 - 55:08
    Sous les bombes turques
    soutenues par les États-Unis.
  • 55:09 - 55:11
    Ce sont les Kurdes.
  • 55:12 - 55:17
    Et je suis pas surpris que ni libéraux,
    ni les pouvoirs en place en UE
  • 55:17 - 55:21
    ne soutienne les Kurdes, car leur vision
    de la démocratie est plus radicale
  • 55:21 - 55:25
    que n'importe quelle vision libérale ou
    européenne de la démocratie aujourd'hui.
  • 55:25 - 55:27
    Et la vision kurde de la démocratie,
  • 55:27 - 55:30
    qu'on appelle
    confédérationalisme démocratique
  • 55:31 - 55:36
    ou communalisme kurde,
    est basée sur l’auto-gouvernance,
  • 55:36 - 55:41
    sur l’autonomie, l’écologie politique, sur
    des conseils, et la démocratie directe.
  • 55:41 - 55:44
    Ce qui m’amène à ce que dit Yanis :
  • 55:44 - 55:46
    De quoi avons-nous besoin en 2025 ?
  • 55:46 - 55:52
    …Mais d'abord, vous savez qui ont été
    les premiers à vaincre DAECH ?
  • 55:52 - 55:56
    C’étaient les Kurdes
    et le mouvement kurde.
  • 55:56 - 55:58
    Alors au lieu de les soutenir eux,
  • 55:58 - 56:01
    l’Occident soutient DAECH.
  • 56:01 - 56:03
    Ça résume bien la démocratie occidentale
  • 56:03 - 56:06
    et le cynisme de l’Occident,
    qui est désormais…
  • 56:09 - 56:14
    …c'est évident que les prisons
    syriennes sont horribles,
  • 56:14 - 56:18
    mais c'est l'Occident qui a inventé
    Abou Ghraib et Guantanamo.
  • 56:18 - 56:21
    Ce n'est qu'un exemple
    du deux poids, deux mesures,
  • 56:21 - 56:22
    du jeu cynique de l'Occident.
  • 56:22 - 56:25
    Mais là où je vois un futur,
  • 56:25 - 56:29
    qui malheureusement est en train
    d'être détruit en ce moment même,
  • 56:30 - 56:32
    c'est dans une autre idée
    de la démocratie,
  • 56:32 - 56:37
    plus radicale que l'idée
    de démocratie parlementaire,
  • 56:37 - 56:39
    que la vision libérale de la démocratie.
  • 56:39 - 56:43
    Et ça nous ramène à ce que tu disais sur
    l'idée de mouvement populaire, Yanis.
  • 56:43 - 56:46
    L’une des nombreuses raisons
    pour lesquelles
  • 56:46 - 56:49
    les Frères musulmans sont arrivés
    au pouvoir après Moubarak,
  • 56:49 - 56:54
    c'est qu'ils étaient bien
    organisés à l'échelle locale,
  • 56:54 - 56:57
    dans ce qui est d'habitude
    fait par la gauche :
  • 56:57 - 57:02
    l'entraide, la coopération,
    la fourniture de médicaments,
  • 57:02 - 57:05
    aider les gens…
    Ce que fait la Mafia en Italie,
  • 57:05 - 57:06
    pour le dire autrement.
  • 57:06 - 57:07
    Ça peut sembler dingue,
  • 57:07 - 57:14
    mais d'une certaine manière, ce qu'il font
    à ce niveau non étatique fonctionne.
  • 57:15 - 57:19
    Ce qui m'amène à
    ce que nous devrions faire,
  • 57:19 - 57:22
    et en tous cas à
    ce que je vais faire en 2025 :
  • 57:22 - 57:26
    essayer modestement et autant que possible
  • 57:26 - 57:28
    de construire des institutions parallèles.
  • 57:28 - 57:33
    D'une certaine manière, DiEM25
    est déjà une institution parallèle.
  • 57:33 - 57:37
    On a des centaines de milliers de membres,
  • 57:37 - 57:41
    pas tous actifs, mais dans l'ensemble,
    c'est une institution qui fonctionne.
  • 57:41 - 57:48
    Différentes institutions peuvent
    fournir cette base
  • 57:49 - 57:50
    pas seulement de résistance,
  • 57:50 - 57:54
    et je n’appellerais pas non plus ça de la
    résilience parce que je déteste ce terme.
  • 57:54 - 57:57
    La résilience, c'est
    un concept très libéral :
  • 57:57 - 58:00
    « Il suffit de s'adapter
    à une nouvelle crise climatique,
  • 58:00 - 58:03
    une nouvelle vague de chaleur,
    un nouveau génocide,
  • 58:03 - 58:04
    soyons un peu plus résilients. »
  • 58:04 - 58:06
    Au diable la résilience !
  • 58:06 - 58:09
    Don on doit construire,
    non pas de la résilience,
  • 58:09 - 58:12
    mais plutôt… et je sais que
    ça peut paraître prétentieux,
  • 58:12 - 58:15
    mais plutôt une sorte
    d'archipels d'autonomie,
  • 58:15 - 58:20
    ou ce que les Kurdes appellent
    confédérationalisme : des institutions
  • 58:20 - 58:27
    qui ne font partie ni de l'État, ni du
    marché. Des institutions parallèles.
  • 58:27 - 58:31
    Les mouvements réactionnaires
    ont plutôt bien réussi
  • 58:31 - 58:33
    à créer ces institutions parallèles.
  • 58:33 - 58:37
    La gauche aussi, historiquement.
    Mais plus maintenant.
  • 58:37 - 58:42
    Il faut des institutions qui apportent
    une aide réelle et concrète
  • 58:42 - 58:48
    aux gens, qui donnent du sens,
    qui fournissent des moyens de résister
  • 58:48 - 58:50
    aux multinationales.
  • 58:50 - 58:52
    Je ne pense pas qu'il suffise,
  • 58:52 - 59:00
    comme l'a fait Luigi (Mangione) aux USA,
    il ne suffit pas de tuer un PDG.
  • 59:00 - 59:03
    Tout comme il ne suffisait pas
    aux anarchistes en Russie
  • 59:03 - 59:05
    tuaient quelqu'un de l’un ou l’autre camp.
  • 59:06 - 59:08
    Il faut un mouvement.
  • 59:08 - 59:10
    Et en plus d'un mouvement,
    il faut une infrastructure.
  • 59:10 - 59:15
    Je pense que c'est ce qui fait vraiment
    défaut dans notre camp.
  • 59:15 - 59:19
    Des infrastructures non seulement dans
    les villes, mais aussi dans les villages.
  • 59:19 - 59:21
    Pas juste d'organiser
    un événement dans un théâtre,
  • 59:21 - 59:25
    mais plutôt d'être capable
    de se passer des réseaux sociaux,
  • 59:25 - 59:27
    de communiquer directement avec les gens.
  • 59:27 - 59:30
    Parce que cette phase
  • 59:30 - 59:33
    de ce qu'on appelle la gauche,
  • 59:33 - 59:38
    capable de promouvoir ses idées
    et de mobiliser via les réseaux sociaux,
  • 59:39 - 59:42
    on n'est pas sûr que ça va
    pouvoir continuer.
  • 59:42 - 59:45
    Parce que si notre seigneur féodal,
    par exemple, est Elon Musk
  • 59:45 - 59:48
    et ont sait ce qu'il fait en ce moment,
  • 59:48 - 59:51
    la question reste ouverte pour 2025.
  • 59:51 - 59:55
    Et je pense que la gauche,
    sans parler des Verts
  • 59:55 - 59:59
    qui ont perdu toute crédibilité,
  • 59:59 - 60:00
    au moins les Verts européens,
  • 60:00 - 60:04
    ce qui ne veut pas dire que l'écologie
    politique, n'est pas importante.
  • 60:04 - 60:08
    C'est plus important que jamais,
    précisément à cause de l'échec des Verts.
  • 60:08 - 60:12
    Mais ce à quoi nous, mais aussi la gauche
    et les libéraux devont faire face,
  • 60:12 - 60:16
    c'est une défaite majeure
    de la démocratie,
  • 60:16 - 60:19
    une défaite majeure
    pour la planète elle-même,
  • 60:19 - 60:25
    car la guerre, le climat, les réfugiés,
    la montée du fascisme, tout ça se conjugue
  • 60:25 - 60:28
    et en fait, c'est complètement lié.
  • 60:29 - 60:30
    [Mehran] Merci, Srećko.
  • 60:30 - 60:34
    Il semble que la gauche a besoin
  • 60:34 - 60:37
    de passer de la mobilisation
    à l'organisation.
  • 60:37 - 60:39
    C'est bien ça ?
  • 60:39 - 60:44
    Et de disposer d'institutions locales
    qui incarnent le changement,
  • 60:44 - 60:46
    plutôt que d'essayer
    de provoquer un changement.
  • 60:46 - 60:49
    Yanis, voudrais-tu réagir
    à e que Srećko vient de dire
  • 60:49 - 60:52
    avant la fin du stream ?
  • 60:52 - 60:56
    [Yanis] Merci Srećko
    d'avoir mentionné les Kurdes
  • 60:56 - 61:01
    et leur démocratie confédérale,
    qui est en effet un exemple remarquable
  • 61:01 - 61:03
    d’une démocratie qui fonctionne,
  • 61:04 - 61:09
    et qui bien sûr, soutient
    le choix fait par DiEM25
  • 61:09 - 61:11
    de récupérer
    le concept de démocratie,
  • 61:11 - 61:14
    de l'enlever aux soi-disant
    démocrates libéraux
  • 61:14 - 61:15
    qui ont détruit la démocratie,
  • 61:15 - 61:18
    comme les Verts ont détruit
    le mouvement vert,
  • 61:18 - 61:21
    maintenant ils sont bruns,
    les démocrates sont oligarchiques,
  • 61:21 - 61:23
    et ils ont complètement, complètement
  • 61:23 - 61:25
    sali le concept de démocratie.
  • 61:25 - 61:34
    Je vais me permettre une parenthèse
    philosophique et historique.
  • 61:34 - 61:37
    [Srećko] Je m'en doutais. Vas-y.
  • 61:37 - 61:40
    [Yanis] Évidemment,
    tu me connais trop bien.
  • 61:41 - 61:45
    Les capitalistes libéraux occidentaux
  • 61:45 - 61:51
    aiment se draper de l’aura
    de l’ancienne démocratie athénienne.
  • 61:51 - 61:53
    Mais c'est faux de dire qu'ils ont suivi
  • 61:53 - 61:56
    le modèle démocratique athénien antique.
  • 61:56 - 61:58
    Non, leur modèle est la Magna Carta.
  • 61:59 - 62:00
    Ce n’est pas l’Athènes antique.
  • 62:00 - 62:03
    L'Athènes antique est utilisée
    comme accessoire.
  • 62:03 - 62:07
    Le véritable modèle est la Magna Carta,
  • 62:07 - 62:10
    qui était un accord passé
    entre le roi et les barons
  • 62:10 - 62:15
    pour se partager les richesses du pays,
  • 62:15 - 62:17
    y compris les êtres humains
    qui y habitaient.
  • 62:17 - 62:22
    C'était donc un droit d'exploiter
    les esclaves et paysans
  • 62:22 - 62:26
    que les barons ont extorqué au roi.
  • 62:26 - 62:28
    C'est ça la démocratie aujourd’hui :
  • 62:28 - 62:31
    une oligarchie avec
    des élections périodiques.
  • 62:31 - 62:33
    Ce n’est pas l’Athènes antique,
  • 62:33 - 62:35
    parce que même si
    vous aviez inclus les femmes
  • 62:35 - 62:37
    et les métèques,
  • 62:37 - 62:40
    car seul un tout petit groupe
    d'hommes étaient citoyens d'Athènes,
  • 62:40 - 62:43
    et pourtant, ce régime avait quelque chose
  • 62:43 - 62:47
    qui ne serait accepté par aucun
    régime capitaliste libéral aujourd'hui.
  • 62:47 - 62:50
    Il était gouverné par
    les pauvres, car la majorité
  • 62:50 - 62:55
    des hommes qui avaient le droit
    de vote à Athènes étaient pauvres.
  • 62:55 - 62:58
    Et c'était des démocrates
    qui étaient contre les élections.
  • 62:58 - 63:01
    C'est pourquoi ils croyaient au système
    de jury, au tirage au sort.
  • 63:01 - 63:05
    La démocratie athénienne avait
    un aspect très progressiste,
  • 63:05 - 63:10
    que la démocratie libérale moderne
    rejette catégoriquement.
  • 63:10 - 63:14
    Ils reprennent uniquement l'idée
    du Parthénon et le concept de Périclès.
  • 63:15 - 63:18
    Bref. Peu importe, mais je veux
    ajouter un dernier point.
  • 63:20 - 63:24
    J’ai vu la démocratie dans
    les endroits les plus improbables.
  • 63:24 - 63:28
    J'ai vu la démocratie dans certaines
    communautés aux États-Unis
  • 63:29 - 63:33
    qui élisent leur juge
    ou leur shérif et qui…
  • 63:33 - 63:35
    en particulier les communautés pauvres.
  • 63:35 - 63:38
    Je l’ai vue même dans
    certaines grandes entreprises,
  • 63:39 - 63:41
    dont une société pour laquelle
    j'ai travaillé aux USA,
  • 63:41 - 63:45
    qui avait un système
    « une action = une personne = une voix »,
  • 63:45 - 63:47
    ce qui est l’essence
    de la démocratie économique,
  • 63:47 - 63:49
    sans laquelle la démocratie
    est impossible.
  • 63:49 - 63:53
    Car sans démocratie économique,
    on se retrouve avec une oligarchie.
  • 63:53 - 63:57
    Mais c'est tout petit. Comme tu dis :
    un archipel de toutes petites expériences.
  • 63:57 - 64:00
    J'ai vu la démocratie
    à la mairie de Shanghai
  • 64:01 - 64:03
    il y a quelques mois en Chine,
  • 64:03 - 64:05
    Les gens disent : « Comment ça, la Chine ?
  • 64:05 - 64:07
    Parti communiste chinois, Autocratie ! »
  • 64:07 - 64:09
    C'est vrai qu'il y a
    l'autocratie, le totalitarisme
  • 64:09 - 64:11
    et des prisonniers politiques.
  • 64:11 - 64:14
    Mais si vous aviez été avec moi
  • 64:14 - 64:16
    à l'hôtel de ville de Shanghai,
  • 64:16 - 64:21
    et que vous aviez vu
    des salles pleines de gens
  • 64:21 - 64:26
    représentant les quartiers de Shanghai,
    débattant des lois de leur quartier
  • 64:26 - 64:31
    et rédigeant cette législation ensemble,
  • 64:31 - 64:33
    de manière participative.
  • 64:33 - 64:36
    Ça c'est une démocratie populaire
  • 64:36 - 64:38
    à l'échelle municipale,
  • 64:38 - 64:41
    que nous n’avons pas en Europe
    sous le capitalisme libéral.
  • 64:41 - 64:45
    Mais au-delà de ça bien sûr, personne
    ne doit critiquer le Parti communiste.
  • 64:45 - 64:49
    Donc ces poches
    d'expériences démocratiques,
  • 64:49 - 64:54
    avec l'expérience kurde à son sommet,
  • 64:54 - 64:59
    nous indique que le seul
    obstacle à la démocratie,
  • 64:59 - 65:05
    c'est la puissance oligarchique
    du grand capital et du cloud capital.
  • 65:05 - 65:08
    Mais contrairement à toi, je pense
    qu'il faut utiliser les réseaux sociaux.
  • 65:08 - 65:11
    C'est incontournable.
  • 65:11 - 65:15
    C'est comme si au 18e ou au 17e siècle,
  • 65:15 - 65:17
    on refusait de se servir de la presse
  • 65:17 - 65:20
    parce qu'elle est contrôlée par l'Église.
  • 65:20 - 65:22
    Bien sûr qu'on va utiliser la presse.
  • 65:22 - 65:26
    Mais on va l'usurper, la prendre
    et imprimer nos propres pamphlets :
  • 65:26 - 65:29
    des pamphlets radicaux et subversifs.
  • 65:29 - 65:32
    Et d'ailleurs en ce moment même,
    on se parle via Zoom,
  • 65:32 - 65:34
    et via YouTube.
  • 65:34 - 65:36
    Et alors ? Il faudrait s'abstenir
  • 65:36 - 65:40
    parce que YouTube c'est le cloud capital
    et l'empire technoféodal ?
  • 65:40 - 65:41
    Bien sûr que non.
  • 65:41 - 65:44
    Au contraire, il faut retourner
    ces armes contre eux.
  • 65:44 - 65:46
    Tout comme l'idée principale
  • 65:46 - 65:49
    de la gauche marxiste était
    de prendre le contrôle des machines,
  • 65:49 - 65:50
    pas de les briser.
  • 65:51 - 65:52
    [Mehran] Merci Yanis.
  • 65:52 - 65:57
    Je suis conscient que nous avons dépassé
    le temps imparti. Srećko sera bientôt
  • 65:57 - 66:01
    par des petites ou peut-être
    une seule petite personne.
  • 66:01 - 66:04
    Donc passons au dernier segment,
  • 66:04 - 66:08
    en commençant par Srećko :
  • 66:08 - 66:11
    Quelles œuvres d’art
    t'ont marqué cette année ?
  • 66:11 - 66:14
    Des livres, des films, ce que tu veux.
  • 66:16 - 66:21
    [Srećko] Après toute cette discussion,
    j'aimerais aussi répondre à Yanis
  • 66:21 - 66:24
    sur les réseaux sociaux,
    mais la prochaine fois.
  • 66:24 - 66:29
    Je dirais quand même que bien sûr,
    je suis toujours pour la subversion,
  • 66:29 - 66:32
    et pour l'idée de retourner des armes
    contre ceux qui les ont créées.
  • 66:32 - 66:37
    Mais en même temps, nous devrions créer
    notre infrastructure, notre plateforme,
  • 66:37 - 66:39
    et pour l'instant
    ça n'a pas été très fructueux.
  • 66:39 - 66:42
    Mais c'est un autre sujet,
  • 66:42 - 66:45
    ou plutôt ce serait
    une trop longue discussion.
  • 66:45 - 66:50
    Concernant les arts,
    les livres, la théorie
  • 66:50 - 66:53
    et pour parler de sujets plus agréables,
  • 66:53 - 66:56
    Eh bien, j'ai beaucoup lu
    ces derniers mois.
  • 66:56 - 66:59
    J'ai eu cette chance.
  • 66:59 - 67:04
    Bon ce n'est plus totalement
    nouveau, mais je relisais le livre
  • 67:04 - 67:08
    de David Wengrow et David Graeber,
    "Au commencement était…",
  • 67:08 - 67:12
    parce qu'il montre de façon très belle
    comment jusqu'à présent,
  • 67:12 - 67:18
    au moins jusqu'à leur livre, nous n'étions
    pas capables d'imaginer ou prouver…
  • 67:18 - 67:24
    …et Dieu merci grâce à cet archéologue,
    David Wengrow, nous savons maintenant
  • 67:24 - 67:29
    que les sociétés préhistoriques étaient
    à bien des égards plus radicales
  • 67:29 - 67:34
    que notre société actulle en matière
    de vie en communauté et de démocratie.
  • 67:35 - 67:37
    Et je pense que c'est
    un livre très important,
  • 67:37 - 67:45
    qui s'oppose à Harari, Pinker, et toute
    cette pensée linéaire progressiste,
  • 67:45 - 67:49
    qui va jusqu'à Fukuyama
    et la « fin de l'histoire »,
  • 67:49 - 67:54
    comme si c'était le destin de l'humanité
    de partir des chasseurs-cueilleurs,
  • 67:54 - 68:00
    en passant par la révolution agricole
    pour arriver à la démocratie libérale,
  • 68:00 - 68:02
    qui, comme on l'a vu aujourd’hui,
  • 68:02 - 68:06
    n’est en réalité rien d’autre
    qu’un jeu de pouvoir de l’oligarchie.
  • 68:07 - 68:10
    J'ai aussi lu les livres de Kristin Ross.
  • 68:10 - 68:13
    Je crois que les deux
    sont publiés par Verso.
  • 68:13 - 68:16
    L'un est « L'imaginaire de la Commune »,
    sur la Commune de Paris,
  • 68:16 - 68:21
    et l'autre est « La forme-Commune issue »,
    qui va de la Commune de Paris
  • 68:21 - 68:24
    jusqu'au mouvements japonais,
    aux ZAD françaises,
  • 68:24 - 68:28
    et qui développe à mon avis
    une pensée théorique très intéressante
  • 68:28 - 68:34
    qui avait été abandonnée
    il y a un siècle ou deux,
  • 68:34 - 68:40
    après une discussion très intéressante
    entre des marxistes, dont Marx,
  • 68:40 - 68:43
    et des anarchistes comme Proudhon,
    Kropotkine, Élisée Reclus et d'autres
  • 68:43 - 68:46
    sur le sens de la Commune de Paris.
  • 68:46 - 68:48
    Kristin Ross démontre brillamment,
  • 68:48 - 68:54
    comme on a essayé de le faire
    aujourd'hui, mais elle le dit mieux,
  • 68:54 - 68:56
    en s'appuyant sur la Commune de Paris,
  • 68:56 - 69:02
    comment nous devons créer
    une sorte de forum communautaire.
  • 69:02 - 69:05
    En entendant ça on a tendance
    à se représenter
  • 69:05 - 69:12
    les communes de Paris en 68,
    Bertolucci et son film « The Dreamers »
  • 69:12 - 69:15
    et comment tout ça a abouti à
    la marchandisation du capitalisme.
  • 69:15 - 69:18
    Mais c’est pas de ce genre
    de commune qu'elle parle.
  • 69:19 - 69:22
    Ces derniers jours, j'ai aussi
    lu ce chouette petit livre
  • 69:22 - 69:24
    intitulé « Gramsci at Sea »,
  • 69:24 - 69:27
    qui parle de l'importance des océans.
  • 69:28 - 69:31
    Ça parle de l'exploitation minière
    en haute mer et du fait que les océans
  • 69:31 - 69:38
    sont devenus ce territoire
    d'accumulation primitive,
  • 69:38 - 69:40
    de privatisation des biens communs.
  • 69:40 - 69:42
    C'est un livre très intéressant
    et important,
  • 69:42 - 69:48
    et si vous le lisez en ayant à l'esprit
    la situation géopolitique
  • 69:48 - 69:51
    qui se déroule sous nos yeux
    ou sur nos écrans,
  • 69:51 - 69:54
    tant en mer Méditerranée
    que dans le Pacifique.
  • 69:54 - 70:00
    Si aujourd'hui on a parlé de la précédente
    séquence historique, je pense que ce livre
  • 70:00 - 70:07
    montre une future séquence historique,
    liée aux océans et aux îles futures,
  • 70:07 - 70:11
    mais aussi aux intérêts géopolitiques
    en Méditerranée et dans le Pacifique.
  • 70:12 - 70:16
    Voilà quelques livres,
  • 70:16 - 70:19
    j'en ai lu beaucoup d'autres.
  • 70:21 - 70:23
    En fait Yanis, j'ai aussi bien aimé…
  • 70:23 - 70:25
    …je crois qu'il vit
    sur la même île que toi…
  • 70:25 - 70:29
    J'ai aimé le livre de James Bridle,
    "Ways of Seeing". Non : "Ways of Being"
  • 70:29 - 70:32
    Désolé, je confondais avec
    le livre de John Berger,
  • 70:32 - 70:34
    Celui-ci c'est "Ways of Being".
  • 70:34 - 70:39
    Il est venu à notre événement
    scolaire ISSA sur l'île de Vis
  • 70:39 - 70:40
    il y a deux mois.
  • 70:40 - 70:43
    C'était une conférence très inspirante,
  • 70:43 - 70:47
    surtout dans cette ambiance paralysante
  • 70:47 - 70:51
    avec les atrocités qui se déroulent
    dans le monde et cette guerre totale.
  • 70:51 - 70:56
    Il parle d'élargir nos sens de perception
    et de prendre en compte…
  • 70:56 - 71:01
    …ce que faisait déjà Pierre Kropotkine
    d'ailleurs, un grand géographe
  • 71:01 - 71:05
    qui étudiait le monde animal et a montré
    que la coopération et l'entraide
  • 71:05 - 71:08
    existent déjà chez d’autres espèces.
  • 71:08 - 71:12
    James Bridle fait la même chose
    avec les plantes,
  • 71:12 - 71:14
    les machines.
  • 71:14 - 71:17
    Et je pense que c'est très important
    de se débarrasser
  • 71:17 - 71:22
    de cette position narcissique
    anthropocentrée, qui consiste
  • 71:22 - 71:28
    pour l'humanité à penser que notre fin
    serait la fin de tout. Ce n'est pas vrai.
  • 71:28 - 71:30
    Et c'est une bonne nouvelle.
  • 71:30 - 71:33
    Ça ne veut pas dire que
    nous ne devons pas être actifs
  • 71:33 - 71:35
    et nous mobiliser autant que possible,
  • 71:35 - 71:38
    mais nous devrions aussi élargir
    nos sens de perception
  • 71:38 - 71:43
    et être sensibles à autre chose
    que la géopolitique et les guerres,
  • 71:43 - 71:46
    même si on reste mobilisés.
  • 71:47 - 71:48
    Oui, j'ai regardé des films,
  • 71:48 - 71:50
    un peu de tout,
  • 71:50 - 71:51
    je parle pendant des heures,
  • 71:51 - 71:55
    Mais Yanis, dis-nous
    ce que tu as lu ou regardé.
  • 71:55 - 71:56
    [Mehran] Vas-y.
  • 71:56 - 71:58
    [Srećko] Sauf Star Trek !
  • 71:58 - 72:00
    [Yanis] Star Trek n'est pas nouveau.
  • 72:00 - 72:01
    [Srećko] Ouais, je sais.
  • 72:01 - 72:04
    [Yanis] Je ne vais pas
    parler Das Kapital
  • 72:04 - 72:06
    donc je ne parlerai pas non plus
    de Star Trek ici.
  • 72:06 - 72:09
    Mais j'ai un livre ici pour vous,
    parce que je pense
  • 72:09 - 72:13
    que ce qui s'est passé en Inde
    ces 10 dernières années,
  • 72:13 - 72:19
    avec la disparition du cosmopolitisme
    et de la laïcité,
  • 72:19 - 72:24
    et la montée de l’hindouisme
    néofasciste radical.
  • 72:24 - 72:26
    Voilà le livre.
  • 72:26 - 72:28
    "The Incarcerations",
    écrit par Alpa Shah.
  • 72:28 - 72:33
    C'est un livre superbement bien écrit
    sur les prisonniers politiques
  • 72:33 - 72:38
    qui croupissent en prison pour s'être
    opposés à cette conversion de l'Inde
  • 72:38 - 72:42
    en un membre de l’internationale
    trumpiste et nationaliste.
  • 72:43 - 72:44
    Je le recommande vivement.
  • 72:44 - 72:49
    Pour les films, c'est forcément
    "The Old Oak" de Ken Loach.
  • 72:51 - 72:58
    C'est un chef-d'œuvre typique
    de l'homme qui en a produit tant
  • 72:58 - 73:05
    ces 30 dernières années, Ken Loach,
    camarade, membre et ami de DiEM25
  • 73:05 - 73:07
    mais avant tout Ken Loach.
  • 73:07 - 73:11
    Le film est génial.
    Je le recommande vivement,
  • 73:11 - 73:14
    car il parle d'immigration.
  • 73:14 - 73:20
    Sans trop en révéler,
  • 73:22 - 73:26
    l'histoire se déroule dans
    un village abandonné du Yorkshire
  • 73:26 - 73:28
    qui a été dévasté
    par la grève des mineurs.
  • 73:29 - 73:31
    La moitié des gens sont partis,
  • 73:31 - 73:34
    l’autre moitié est au chômage
    et partisane du Brexit.
  • 73:34 - 73:41
    Ils ont transformé
    leur mécontentement en racisme.
  • 73:41 - 73:43
    Et soudain,
  • 73:43 - 73:48
    Ces réfugiés syriens arrivent
    dans cet endroit dévasté
  • 73:48 - 73:50
    parmi des gens qui détestent les étrangers
  • 73:50 - 73:52
    juste parce qu’il leur faut
    quelque chose à détester.
  • 73:52 - 73:56
    Et ces gens sont divisés : certains
    étaient pour la grève des mineurs,
  • 73:56 - 73:58
    d'autres pour les briseurs de grève.
  • 73:58 - 74:01
    Et puis les Syriens arrivent,
    et là ils se rassemblent tous.
  • 74:01 - 74:03
    Et Loach est fantastique.
  • 74:03 - 74:06
    Tout en racontant l’histoire
    progressiste qu’il veut raconter,
  • 74:06 - 74:08
    il en fait une histoire humaine,
  • 74:08 - 74:12
    où tu comprends le point de vue de chacun
  • 74:12 - 74:19
    et tu en ressors empli
    d'une joie très rare de nos jours.
  • 74:19 - 74:21
    Après avoir listé un livre et un film,
  • 74:21 - 74:23
    je vais vous donner une série.
  • 74:23 - 74:29
    Malheureusement elle est sur Apple TV.
    Encore le technoféodalisme.
  • 74:29 - 74:30
    Elle s'appelle Silo.
  • 74:34 - 74:35
    C'est de la science-fiction.
  • 74:35 - 74:39
    Mais malheureusement, ça pourrait bientôt
    devenir une réalité scientifique.
  • 74:40 - 74:43
    Les humains vivent
    dans des silos souterrains profonds,
  • 74:43 - 74:47
    parce que la terre
    et l'air sont empoisonnés.
  • 74:47 - 74:55
    Et sous terre, ils reproduisent
    des modèles de hiérarchie,
  • 74:56 - 74:59
    de mensonges, de fake news, d’oppression.
  • 75:01 - 75:08
    Si vous êtes prêts à accepter le fait
    que nous empoisonnons la Terre,
  • 75:09 - 75:13
    et ce que ça signifie pour nous,
    je vous conseille de regarder Silo.
  • 75:15 - 75:16
    [Mehran] Merci, Yanis.
  • 75:16 - 75:22
    Je vais en recommander une autre,
    en fait elle date de 2019,
  • 75:22 - 75:23
    mais je viens juste de le voir.
  • 75:23 - 75:26
    Ça s'appelle Years and Years, 6 épisodes.
  • 75:27 - 75:31
    De la science-fiction brillante,
    effrayante, dystopique,
  • 75:31 - 75:37
    mais aussi inspirante, et si prémonitoire,
    vu qu'elle date de 2019.
  • 75:37 - 75:40
    Ça parle de réfugiés, de la crise
    ukrainienne, de la Chine, de tout.
  • 75:41 - 75:43
    Elle n'est pas parfaite,
    c’est très anxiogène,
  • 75:43 - 75:45
    mais magnifique à regarder.
  • 75:45 - 75:47
    Passons à vos recommandations !
  • 75:47 - 75:51
    Sam Wilkinson recommande
    "Fossil Capital" d'Andreas Malm.
  • 75:51 - 75:55
    Libra recommande le film Martin Eden,
    adapté de Jack London.
  • 75:55 - 76:00
    Okay to Let Go dit que Wengrow,
    que tu as mentionné Srećko,
  • 76:00 - 76:03
    a une bonne chaîne YouTube.
  • 76:03 - 76:09
    HD recommande un live de Johan Zerzan :
    "Future Primitive Revisited".
  • 76:09 - 76:13
    Il dit que c’est la seule façon pour nous
    de survivre en tant qu’espèce.
  • 76:13 - 76:16
    P McGee recommande
    toute l'œuvre de Joanna Macy,
  • 76:16 - 76:19
    militante écologiste
    et spécialiste du bouddhisme.
  • 76:19 - 76:21
    Et on a fait le tour.
  • 76:21 - 76:25
    Je vais lire encore quelques commentaires.
  • 76:25 - 76:27
    J'aurais dû les lire avant.
  • 76:27 - 76:31
    Des commentaires plus généraux
    de cette dernière demi-heure.
  • 76:32 - 76:37
    HD dit : « Il faut revenir aux cités-États
    pour permettre une vraie démocratie. »
  • 76:37 - 76:40
    The Freak le contredit : « Le localisme
    ne peut pas traiter
  • 76:40 - 76:43
    les grands problèmes de notre époque,
    dont le changement climatique. »
  • 76:43 - 76:47
    Mighty Insect demande : « Quelles
    structures robustes et auto-organisées
  • 76:47 - 76:49
    permettraient de collaborer
    par-delà toute frontière ?
  • 76:49 - 76:52
    Vraie question : je m'interroge
    sur les bonnes pratiques. »
  • 76:52 - 76:54
    C'est une chose à laquelle
  • 76:54 - 76:56
    nous travaillons activement
    chez DiEM25.
  • 76:56 - 76:57
    On va en faire encore plus.
  • 76:57 - 77:00
    Je suis personnellement
    très investi sur ce sujet :
  • 77:00 - 77:01
    bonnes pratiques, bonnes tactiques.
  • 77:01 - 77:04
    Alors restez à l’écoute
    de notre chaîne YouTube.
  • 77:04 - 77:06
    Appuyez sur la cloche.
  • 77:06 - 77:10
    On a des entretiens avec des militants
    qui ont fait du très bon travail
  • 77:10 - 77:12
    et on est en train de cataloguer
  • 77:12 - 77:15
    ces bonnes pratiques pour que
    tout le monde uisse les imiter.
  • 77:15 - 77:20
    Et Masshouse dit : « La gauche devrait
    se soucier moins d'idéologie
  • 77:20 - 77:22
    et plus d'entraîner
    un soutien populaire,
  • 77:22 - 77:24
    capable de faire pression
    sur les politiciens.
  • 77:24 - 77:26
    Ces prises de position ne mènent à rien.
  • 77:26 - 77:27
    Je suis d'accord.
  • 77:27 - 77:32
    Enfin TJ dit : « Srećko devrait être
    présent plus souvent dans vos streams ! »
  • 77:32 - 77:35
    Je suis tout à fait d’accord.
  • 77:35 - 77:36
    Merci beaucoup.
  • 77:36 - 77:38
    [Yanis] J'espère !
  • 77:38 - 77:40
    [Srećko] À l'année prochaine,
  • 77:40 - 77:41
    ou quelque chose comme ça.
  • 77:41 - 77:42
    [Mehran] Non, non.
  • 77:42 - 77:45
    [Yanis] Tu veux dire en janvier 2025.
  • 77:45 - 77:47
    [Srećko] c'est dans
    quelques jours, mais non.
  • 77:47 - 77:49
    Une dernière suggestion.
  • 77:49 - 77:50
    Je viens d'y repenser.
  • 77:50 - 77:52
    L'un des meilleurs films
    que j'ai vu cette année
  • 77:52 - 77:54
    est "Soundtrack to a Coup d'État"
  • 77:55 - 77:58
    C'est un documentaire réalisé, je crois,
    par des cinéastes belges
  • 77:58 - 78:00
    sur le coup d'État au Congo.
  • 78:01 - 78:06
    Et c'est incroyable. Ça parle de la CIA,
    du rôle du jazz, des ressources,
  • 78:06 - 78:10
    notamment de l'uranium nucléaire
  • 78:10 - 78:13
    qui a été utilisé pour
    la bombe d'Hiroshima.
  • 78:13 - 78:14
    Ça venait du Congo.
  • 78:14 - 78:16
    On sait ce qui se passe
    au Congo aujourd'hui.
  • 78:16 - 78:18
    C'est un très bon film.
  • 78:18 - 78:21
    J'ai pas regardé "Silo",
    ça avait l'air super déprimant.
  • 78:21 - 78:25
    J'ai vu "Years and Years"
    et oui, je crois me souvenir
  • 78:25 - 78:28
    que c'était une très bonne série.
    Voilà c'est tout.
  • 78:28 - 78:29
    [Mehran] Super.
  • 78:30 - 78:31
    Merci à vous.
  • 78:31 - 78:33
    Merci Yanis, Srećko et merci à vous tous.
  • 78:33 - 78:36
    Si vous souhaitez vous impliquer à DiEM25,
  • 78:36 - 78:37
    si vous avez aimé ce stream,
  • 78:37 - 78:43
    allez sur diem25.org/join,
    ou /donate pour faire un don
  • 78:43 - 78:44
    et nous maintenir à flot.
  • 78:44 - 78:48
    On dépend uniquement de gens comme vous.
  • 78:48 - 78:50
    Je vous dis : à l'année prochaine.
  • 78:50 - 78:56
    Cliquez sur la cloche pour être
    averti(e) du prochain stream.
  • 78:56 - 78:57
    Dans pas longtemps.
  • 78:57 - 79:01
    Merci, prenez soin de vous,
    et joyeux Noël à vous.
  • 79:01 - 79:02
    Au revoir!
Title:
E104 : 2025, la dernière chance pour l'Europe ? Avec Yanis Varoufakis et Srećko Horvat
Description:

2024 a été une année de bouleversements et de réveils, marquée par les désastres climatiques, une inégalité croissante, et un paysage géopolitique en crise. Entre la poursuite de la guerre en Ukraine, le génocide en Palestine, et les nombreuses manifestations en Europe, ce fut une année difficile pour beaucoup d'entre nous. Pendant ce temps, des paralysies politiques et la réalisation que les décisions impactant notre futur sont prises à huis clos ont généré chez les citoyens un sentiment d'impuissance.

Au cours de cette conversation, Yanis Varoufakis, Srećko Horvat et notre hôte Mehran Khalili reviennent sur les principaux moment de 2024, puis regardent vers 2025.

Nous nous demanderons comment construire une Europe qui fonctionne pour tous, et non seulement pour une minorité de puissants, et comment opérer un revirement en 2025, pour plus de démocratie, de paix, et de justice, partout.

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#Europe #2025 #politique

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Video Language:
English
Duration:
01:19:02

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