E104 : 2025, la dernière chance pour l'Europe ? Avec Yanis Varoufakis et Srećko Horvat
-
0:03 - 0:05[Mehran] Bonjour et bienvenue !
-
0:05 - 0:07Ici Mehran Khalili.
-
0:07 - 0:11Nous sommes DiEM25, un mouvement
politique radical pour l'Europe. -
0:11 - 0:14Dans ce stream,
nous présenterons nos idées subversives, -
0:14 - 0:16que vous n'entendrez nulle part ailleurs.
-
0:16 - 0:20Ce soir, comme c'est
notre dernier live de l'année, -
0:20 - 0:22nous revenons sur l'année 2024.
-
0:22 - 0:26Ce fut une année de bouleversements
et de prises de conscience : -
0:26 - 0:31progression de l'autoritarisme en Europe,
tragédies de la guerre en Ukraine -
0:31 - 0:36et du génocide à Gaza, avec des chocs
comme la chute d'Assad en Syrie, -
0:36 - 0:40avec le retour de Trump aux États-Unis,
la paralysie politique en Allemagne, -
0:40 - 0:43la loi martiale en Corée du Sud,
une crise de régime en France, -
0:43 - 0:45et les élections annulées
en Roumanie. -
0:45 - 0:48Nous essaierons de dégager des conclusions
-
0:48 - 0:50de cette année de transformation,
-
0:50 - 0:51de prendre du recul.
-
0:51 - 0:53Puis nous regarderons vers l'avenir,
-
0:53 - 0:57pour savoir quoi faire en tant
que mouvements, en tant qu'activistes. -
0:58 - 1:00Quelles opportunités
-
1:00 - 1:02et quels défis nous attendent en 2025 ?
-
1:02 - 1:04Est-ce la dernière chance qu'aura l'Europe
-
1:04 - 1:08pour peser dans le monde, pour changer
et pour une vraie démocratie ? -
1:08 - 1:11Et comme toujours, nous terminerons
par un sujet plus léger, -
1:11 - 1:16pour parler des livres, films et œuvres
d'art qui nous ont marqués cette année -
1:16 - 1:21et qui pourraient nous inspirer et nous
réconforter dans les mois qui viennent ? -
1:21 - 1:26Qui mieux que Yanis Varoufakis
pour en discuter -
1:26 - 1:28avec nous ?
-
1:28 - 1:33Sans oublier, le co-fondateur de DiEM25,
-
1:33 - 1:35écrivain et philosophe Srećko Horvat.
-
1:35 - 1:37Bienvenue Srećko, ça faisait longtemps.
-
1:37 - 1:41Et vous bien sûr,
qui nous regardez sur YouTube ! -
1:41 - 1:44Nous lirons vos questions,
commentaires et suggestions, -
1:44 - 1:46alors n'hésitez pas à les envoyer.
-
1:46 - 1:49Allons droit au but, commençons par Yanis.
-
1:49 - 1:51[Yanis] Merci Mehran.
-
1:51 - 1:55C'est un grand plaisir,
en cette heure sombre, -
1:55 - 1:58d'échanger à nouveau avec Srećko.
-
1:58 - 2:01J'imagine que beaucoup
d’entre vous ne le savent pas, -
2:01 - 2:04mais puisque vous êtes
à l'écoute de DiEM25, -
2:04 - 2:07DiEM25 est né alors que Srećko et moi
-
2:07 - 2:12prenions un café à Berlin à l'été 2015,
ou en septembre 2015. -
2:13 - 2:15L'idée est venue principalement de lui.
-
2:16 - 2:19Nous ne savions pas encore
que nous allions l'appeler DiEM25. -
2:19 - 2:21Bref, pour faire court,
-
2:21 - 2:26c'est bien de faire le point
juste avant 2025, -
2:26 - 2:31parce que ce 25, qui suit le mot DiEM
(comme dans carpe diem), -
2:33 - 2:36on y a pensé
-
2:36 - 2:40en se demandant
comment faire de l’Europe -
2:40 - 2:45un projet progressiste,
et non plus régressif. -
2:45 - 2:48Combien de temps avons-nous,
-
2:48 - 2:50pas juste Srećko et Yanis,
mais nous les Européens, -
2:50 - 2:56Combien de temps reste-t-il aux Européens
pour réparer l'UE, la transformer, -
2:56 - 3:02et stopper son processus de
désintégration, sa descente aux enfers ? -
3:03 - 3:07C'était en 2015 et spontanément,
-
3:07 - 3:09je pense que j'ai répondu à la question.
-
3:09 - 3:11J'ai dit : peut-être dix ans environ.
-
3:11 - 3:13Donc, 15 + 10 = 25.
-
3:13 - 3:15Et on sera bientôt en 2025.
-
3:15 - 3:19Et je vais répondre tout de suite.
-
3:19 - 3:24Je vais essayer de passer en revue 2024
avant de passer à 2025. -
3:24 - 3:27Pour répondre brièvement à Mehran,
-
3:27 - 3:31Est-ce que 2025 est la dernière chance
pour l’Europe ? Non, je ne crois pas. -
3:31 - 3:34La dernière chance, c'était
aux élections européennes de 2019, -
3:34 - 3:37que Srećko et moi avons contesté exprès,
-
3:37 - 3:40symboliquement, en Allemagne.
-
3:40 - 3:42Et nous avons échoué.
-
3:42 - 3:46Pas seulement nous à DiEM,
ni nous Srećko et Yanis, -
3:46 - 3:49mais nous les Européens.
On a laissé passer notre chance. -
3:49 - 3:51Mais j'y reviendrai
-
3:51 - 3:57quand j'aborderai la question européenne,
-
3:57 - 4:02parce que ça n'a pas sa place dans
notre 1er sujet, qui est 2024. -
4:02 - 4:04Parce que quand l'historien du futur
-
4:04 - 4:09se penchera sur l'année 2024,
il n'y aura qu'un seul mot -
4:10 - 4:17qui dominera
son analyse historique de 2024. -
4:17 - 4:21Et ce mot est Palestine.
Car il y a un génocide qui se déroule -
4:21 - 4:24en ce moment même,
alors que nous sommes là -
4:24 - 4:27devant vous, sur YouTube,
ou où que vous soyez. -
4:29 - 4:34Il y a des dizaines de milliers,
voire des centaines de milliers -
4:34 - 4:38d'enfants affamés, dont beaucoup
sont mutilés, ou séparés de leurs parents -
4:38 - 4:41ou orphelins d'au moins un parent,
-
4:41 - 4:44qui souffrent de la faim,
-
4:44 - 4:48qui n'ont rien mangé depuis 3 ou 4 jours,
-
4:48 - 4:51sans eau pour boire ou se laver le visage,
-
4:51 - 4:52sans parler de leurs blessures.
-
4:52 - 4:54C'est la réalité à cet instant.
-
4:54 - 5:00C'était vrai tous les jours de cette année
-
5:00 - 5:03et même avant le début de 2024.
-
5:05 - 5:08Je pense aussi que
l'historien du futur va regarder -
5:09 - 5:11le 7 octobre, qui est, bien sûr,
-
5:12 - 5:15un moment charnière car c'était le moment
-
5:15 - 5:21où la barrière qui encercle les Gazaouis
a été attaquée par des militants du Hamas, -
5:21 - 5:24puis il y a eu le massacre d'Israéliens,
-
5:24 - 5:26puis, bien sûr, l'enfer s'est déchaîné.
-
5:26 - 5:31Mais je pense que l'historien du futur
va s'intéresser au choix… -
5:31 - 5:33…je ne vais pas aborder
le Hamas maintenant, -
5:33 - 5:39mais du choix qu'a fait la résitance
palestinienne avant le 7 octobre. -
5:39 - 5:44Et c'était un choix très dur :
une mort lente et silencieuse -
5:44 - 5:50dans le camp de concentration
à ciel ouvert qu'était Gaza. -
5:51 - 5:54N'oubliez pas que 60 % des enfants
souffraient déjà de malnutrition -
5:54 - 5:57avant le 7 octobre 2023,
-
5:57 - 6:02parce qu’Israël plaçait concrètement
toute une population en état de siège. -
6:02 - 6:06Les étranglant constamment,
silencieusement -
6:07 - 6:08à travers cet embargo,
-
6:08 - 6:15et en les bombardant régulièrement.
En septembre 2023, avant le 7 octobre, -
6:15 - 6:20il y a eu des bombardements.
Des enfants ont été tués. -
6:20 - 6:24Alors ne parlons même pas
-
6:24 - 6:27de ceux qui font
débuter l'histoire au 7 octobre, -
6:27 - 6:32comme si le 6 octobre
était un jour paisible et tranquille -
6:33 - 6:37de cohabitation entre deux États voisins !
-
6:37 - 6:38Gaza n’est pas un État.
-
6:38 - 6:40C'est un camp de concentration
où les gens -
6:40 - 6:42sont incarcérés depuis 1948.
-
6:42 - 6:44Les Palestiniens devaient choisir.
-
6:44 - 6:45N'oubliez pas qu'avant le 7 octobre,
-
6:45 - 6:48personne ne parlait de la Palestine,
pas même DiEM25. -
6:48 - 6:50On en parlait parfois,
mais pas très souvent. -
6:50 - 6:53On parlait surtout
de l’Europe, de l’Ukraine, -
6:53 - 6:57de différentes choses, des questions très
importantes, mais pas de la Palestine. -
6:57 - 7:00Concrètement, le monde entier
a abandonné les Palestiniens, -
7:00 - 7:02en particulier le monde arabe.
-
7:02 - 7:06Un des accomplissements de Donald Trump
lors de son 1er mandat -
7:06 - 7:11a été d'instiguer les accords d'Abraham,
-
7:11 - 7:16par lesquels différents États arabes,
dont les Émirats arabes unis, -
7:16 - 7:20le Maroc, l'Égypte, etc.
acceptaient de faire la paix avec Israël, -
7:20 - 7:22sans un mot sur les Palestiniens.
-
7:22 - 7:25Le message envoyé aux Palestiniens était :
« Nous vous laisserons périr. -
7:25 - 7:28Mourrez lentement et en silence.
-
7:28 - 7:30Ne nous dérangez pas.
-
7:30 - 7:33Mourez hors de la vue et loin
des pensées du reste du monde. » -
7:33 - 7:36C’est pourquoi je dis que
les Palestiniens avaient le choix : -
7:36 - 7:43soit ils se laissaient mourir lentement,
en silence, sans résiter ni s'échapper. -
7:43 - 7:46Car le 7 octobre c'était
exactement ça : une évasion. -
7:46 - 7:50Et à maintes reprises,
j’ai subi la colère des sionistes -
7:51 - 7:53et de l’État allemand en particulier
-
7:53 - 7:58en disant que l'acte de résistance,
l'acte de faire tomber la clôture -
7:58 - 7:59de ce camp de concentration,
-
7:59 - 8:02n’était pas un droit pour
la résistance palestinienne, -
8:02 - 8:03mais un devoir.
-
8:03 - 8:09En même temps, tout combattant, qu'il soit
-
8:09 - 8:13un soldat israélien
ou un militant palestinien, -
8:13 - 8:20qui touche un cheveu d’un civil,
qui enlève des gens, -
8:20 - 8:22commet un crime de guerre.
-
8:22 - 8:24C'était donc notre
position initiale à DiEM25. -
8:25 - 8:30Depuis, l’ensemble du peuple palestinien
-
8:30 - 8:33a été placé dans le couloir de la mort.
-
8:33 - 8:39L’Occident a aidé Israël à enfermer
tout un peuple dans le couloir de la mort. -
8:39 - 8:43À Gaza, si vous n’êtes pas déjà mort,
vous êtes dans le couloir de la mort. -
8:43 - 8:47Demain matin, il y a une forte probabilité
que tu soit mort, -
8:47 - 8:49ou que tu aies perdu un bras,
ou une jambe, -
8:49 - 8:54et que que tu meurres 6 mois plus tard,
loin des yeux, loin du cœur. -
8:54 - 8:57Je pense qu’en regardant 2024,
-
8:57 - 9:03l'historien du futur va aussi identifier
un moment très significatif : -
9:03 - 9:10la plainte si bien formulée
de l'Afrique du Sud -
9:10 - 9:15auprès de la Cour internationale
de justice à l'encontre d'Israël. -
9:16 - 9:22Ça a été un point clé,
un des rares rayons de lumière. -
9:23 - 9:27Mais ces rayons n’ont pas été autorisés
à pénétrer dans l’Union européenne, -
9:27 - 9:31ni bien sûr, en Australie,
au Canada ou aux États-Unis, -
9:31 - 9:38car le sionisme est devenu l’idéologie
officielle de l’impérialisme occidental. -
9:39 - 9:42Surtout en Allemagne,
où ils sont mal à l'aise -
9:42 - 9:46à cause de l'Holocauste,
et ils ont raison d'être mal à l'aise -
9:46 - 9:49avec l'expression
de leur propres sentiments nationalistes. -
9:49 - 9:52Alors ils ont remplacé le nationalisme
allemand par le sionisme. -
9:52 - 9:56C'est en fait très simple, et au fond,
ça n'a rien à voir avec les Juifs. -
9:56 - 9:58Le sionisme n’a
rien à voir avec les Juifs. -
9:58 - 10:03Il y a tellement de sionistes antisémites
et tellement de juifs antisionistes. -
10:03 - 10:06Il suffit dire ça pour le prouver.
-
10:06 - 10:11Donc souvenez-vous, en avril, DiEM25,
avec nos amis et camarades -
10:11 - 10:14de la splendide
-
10:14 - 10:18organisation juive allemande :
-
10:20 - 10:23« Voix juives pour une paix
juste au Moyen-Orient », -
10:23 - 10:28nous avons organisé un congrès pour
discuter d'une paix juste au Moyen-Orient, -
10:28 - 10:31et l'État allemand a fait peser sur nous
-
10:31 - 10:34tout le poids de son autoritarisme.
-
10:34 - 10:36Ils m'ont interdit d'entrer dans le pays.
-
10:36 - 10:38Ils m'ont même interdit de parler via Zoom
-
10:38 - 10:41à qui que ce soit en Allemagne,
ce qui est ridicule : -
10:41 - 10:44ils ne peuvent pas l'implémenter.
-
10:44 - 10:45Quoi qu'il en soit,
-
10:45 - 10:48J'ai poursuivi les autorités
allemandes en justice, -
10:48 - 10:50mais je ne vais pas
en dire plus à ce sujet. -
10:50 - 10:56Un autre moment charnière
de la tragédie palestinienne en 2024 -
10:56 - 11:02a été la décision de la
Cour internationale de justice, -
11:03 - 11:06qui a jugé à son honneur,
-
11:06 - 11:11que l'occupation continue
de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie -
11:11 - 11:14et de Gaza par Israël est illégale,
-
11:14 - 11:20et a ordonné à l’État israélien
de revenir à ses frontières d’avant 1967. -
11:20 - 11:23Et comment Israël a-t-il réagi ?
-
11:23 - 11:27En convoquant la Knesset, le parlement
israélien, où il y a eu un vote -
11:27 - 11:32à 75 contre 5, quelque chose comme ça,
une majorité écrasante, -
11:32 - 11:40qui contredit le verdict
de la Cour internationale de justice. -
11:40 - 11:41Comment ont-ils fait ça ?
-
11:41 - 11:46En proclamant qu’il n’y aura jamais
d’État palestinien nulle part -
11:46 - 11:51dans les territoires occupés,
et que ces territoires occupés étaient -
11:51 - 11:53la terre d'Israël.
-
11:53 - 11:58Concrètement, le parlement israélien,
pas seulement le gouvernement, -
11:58 - 12:01mais la majorité écrasante des membres
du parlement à la Knesset, -
12:02 - 12:04a déclaré à la communauté
internationale : -
12:04 - 12:08« On se fiche de ce que vous avez à dire.
-
12:08 - 12:11Le droit international
ne nous intéresse pas. -
12:13 - 12:18Depuis, on observe
un paradoxe dialectique intéressant, -
12:18 - 12:19presque hégélien, Srećko :
-
12:19 - 12:22D'un côté, on a la victoire complète
-
12:22 - 12:24des forces armées israéliennes.
-
12:24 - 12:27Ils ont pulvérisé Gaza.
-
12:27 - 12:35Ils soutiennent les colons dans
leur nettoyage ethnique en Cisjordanie. -
12:35 - 12:38Ils s'emparent des maisons
des Palestiniens à Jérusalem-Est. -
12:38 - 12:41Sans… je veux dire,
il y a de la résistance de la part -
12:41 - 12:44du peuple palestinien à Gaza,
à Jérusalem-Est, -
12:44 - 12:46en Cisjordanie,
et c'est tout à leur honneur. -
12:46 - 12:52Mais la toute puissane armée israélienne
contrôle totalement la situation. -
12:53 - 12:56Les attaques au sud du Liban,
-
12:56 - 12:59ou plutôt les massacres
dans le sud du Liban. -
12:59 - 13:03pour vaincre le Hezbollah :
-
13:03 - 13:05ils ont gagné cette guerre aussi.
-
13:05 - 13:10Il y a eu un cessez-le-feu,
ou plutôt un armistice, -
13:10 - 13:14mais le Hezbollah a dû
découpler son propre combat -
13:14 - 13:17de celui que mènent
les Palestiniens à Gaza. -
13:17 - 13:20Et c’est une victoire majeure
pour Netanyahu. -
13:20 - 13:24Et puis, ne l'oublions pas,
-
13:24 - 13:27il y a aussi l’effondrement récent
du régime d’Assad. -
13:27 - 13:32Bien que la majorité des Syriens
-
13:33 - 13:38ont célébré ce renversement, car Assad
était un tyran avec du sang sur les mains, -
13:38 - 13:42c’est aussi une victoire majeure
pour Israël et les États-Unis, -
13:42 - 13:46et une défaite pour les Palestiniens,
car le soutien qu'ils ont reçu, -
13:46 - 13:50passait par l’Iran, la Syrie
et le Hezbollah. -
13:50 - 13:52Il n’y a aucun doute là-dessus.
-
13:54 - 14:01Alors pourquoi je dis que c'est un
paradoxe dialectique de type hégélien ? -
14:01 - 14:03Parce que d’un côté,
Israël a le contrôle total, -
14:03 - 14:07mais en même temps, comme l'explique
notre ami Ilan Pappé, -
14:07 - 14:09et il l'explique très bien :
-
14:09 - 14:13plus Israël est performant militairement,
-
14:13 - 14:17moins la société israélienne
est reproductible, -
14:17 - 14:21parce qu'Israël est de plus en plus dominé
-
14:21 - 14:29par les maniaques génocidaires qui
contrôlent non seulement le gouvernement, -
14:29 - 14:31mais aussi la majorité de l’opposition.
-
14:32 - 14:36Donc si vous êtes
un Israélien libéral et civilisé, -
14:37 - 14:39même si vous soutenez globalement
-
14:39 - 14:45les objectifs d'annexion
des terres palestiniennes par Israël, -
14:46 - 14:54vous ne pouvez pas vraiment vivre
en Israël sous Smotrich ou Ben-Gvir, -
14:54 - 15:00ces individus totalement fascistes
qui ont dominé l’exécutif israélien. -
15:00 - 15:05C'est donc là, voyez-vous,
qu'intervient la dialectique. -
15:07 - 15:10J’ai parlé brièvement de la Syrie.
-
15:11 - 15:15Ces derniers jours,
j'ai été impliqué dans un débat, -
15:15 - 15:17pour le dire poliment,
-
15:17 - 15:21avec des partisans des Palestiniens
-
15:21 - 15:27qui me critiquent parce que
je me suis permis de ressentir de la joie -
15:27 - 15:32à la chute d'Assad,
qui selon moi est un tyran. -
15:33 - 15:38Donc voici mon message
à ceux qui m'accusent -
15:38 - 15:40de prendre le parti des impérialistes,
-
15:40 - 15:42d'Israël, des États-Unis :
-
15:46 - 15:52si vous pensez qu’en soutenant des tyrans
comme Assad, ou avant lui Saddam Hussein, -
15:52 - 15:54parce qu'ils sont les ennemis
de notre ennemi impérialiste, -
15:54 - 15:57cela fait de vous des anti-impérialistes,
détrompez-vous. -
15:57 - 16:00Pour combattre l’impérialisme
et gagner à long terme, -
16:00 - 16:02nous devons remporter l'adhésion des gens.
-
16:02 - 16:04Et on ne peut pas faire ça
en soutenant des tyrans, -
16:04 - 16:07détestés par leur propre population,
-
16:07 - 16:09simplement parce qu’ils sont
les ennemis de nos ennemis. -
16:09 - 16:12Et on m’a accusé d’être idéaliste.
-
16:12 - 16:15Il y a quelques heures,
quelqu'un m'a dit sur Twitter : -
16:15 - 16:17« Mais Yanis, c'est
très idéaliste de ta part. -
16:17 - 16:19Il faut être très pragmatique. »
-
16:19 - 16:21Vraiment ?
Je dois être pragmatique ? -
16:21 - 16:25D'après vous, pourquoi je consacre presque
tout mon temps à la cause palestinienne ? -
16:25 - 16:29Qu'est-ce que le pragmatisme vient faire
là-dedans ? Quel serait mon intérêt ? -
16:29 - 16:32Est-ce que j'ai un intérêt
à soutenir une cause -
16:33 - 16:39dont tous les soutiens en Occident
sont taxés d'antisémitisme -
16:39 - 16:43et considérés comme des ennemis
de la civilisation occidentale ? -
16:43 - 16:45Si je soutiens les Palestiniens,
-
16:45 - 16:46si je suis de gauche,
-
16:46 - 16:49si je n'ai pas signé le protocole d'accord
-
16:49 - 16:53quand la Troïka des créanciers
de la Grèce a voulu m'y forcer, -
16:53 - 16:55c'est uniquement par idéalisme.
-
16:55 - 16:56Par idéologie.
-
16:56 - 16:59Sans notre idéologie anti-impérialiste,
qu’est-ce qu'il nous reste ? -
16:59 - 17:05C'est l'idéologie qui a permis
la victoire du Viet Cong, -
17:05 - 17:07la lutte contre les impérialistes
américains au Vietnam. -
17:08 - 17:11C’est l’idéologie qui se cache derrière
chaque révolution qui réussit. -
17:11 - 17:14Ce n’est pas une analyse
coûts-bénéfices, mes amis. -
17:14 - 17:17Pour conclure sur
la question palestinienne, -
17:17 - 17:21qui sera mon principal sujet ce soir.
-
17:22 - 17:25Le 7 octobre, le peuple palestinien,
-
17:25 - 17:28les combattants, ont pris
une décision très simple : -
17:28 - 17:33ils ont refusé de disparaître en silence.
-
17:34 - 17:37Comme je l'ai dit, ils avaient le choix
entre une extinction lente et silencieuse -
17:37 - 17:41et un grand geste de résistance,
et ils ont choisi la seconde option. -
17:41 - 17:44L'un des résultats,
-
17:44 - 17:47est la Cour pénale internationale
qui inculpe Netanyahu. -
17:47 - 17:49Ce n'est pas négligeable,
-
17:49 - 17:51même si la CPI ne peut pas
arrêter Netanyahu. -
17:51 - 17:57Le fait qu'il ne puisse pas aller
facilement à Paris, Londres, ou Berlin -
17:57 - 18:00sans déclencher de crise majeure,
-
18:00 - 18:04de crise idéologique et juridique
dans ces pays, -
18:04 - 18:07qui devront décider soit de l'arrêter,
-
18:07 - 18:10soit d'abandonner l'ordre international
fondé sur des règles, -
18:10 - 18:12dont ils parlent habituellement
avec lyrisme. -
18:12 - 18:14Ça, c'est une grande victoire.
-
18:14 - 18:19Il ne faut pas l'oublier, ni oublier
les contradictions internes -
18:19 - 18:25de la société israélienne, qui, j’en suis
sûr, finiront par faire changer d'avis -
18:25 - 18:27la majorité de la population en Israël.
-
18:27 - 18:30Traitez-moi encore d'idéaliste.
Ça ne me dérange pas. -
18:30 - 18:32Passons maintenant à l’Europe.
-
18:32 - 18:34Je serai bref.
-
18:36 - 18:45L’Europe souffre des coûts et des dangers
créés par des années de déni. -
18:45 - 18:52Depuis 15, 20 ans, on n’investit plus
dans notre industrie, notre société, -
18:52 - 18:56notre santé, notre éducation, parce
qu'après la crise de 2008, on a implémenté -
18:56 - 19:00l'austérité pour la majorité et
l'impression monétaire pour une minorité. -
19:00 - 19:03Avec cette politique d'austérité,
-
19:03 - 19:04la minorité reçoit l’argent imprimé
-
19:04 - 19:06par la banque centrale,
-
19:06 - 19:09mais ne l'investit pas,
puisque la population n'a pas d'argent : -
19:09 - 19:13pourquoi investir dans des biens et
services que personne ne pourra acheter ? -
19:13 - 19:16Alors, que font les riches avec l’argent
imprimé par la banque centrale ? -
19:16 - 19:19Ils achètent des actifs : des maisons,
l'immobilier augmente, -
19:19 - 19:21des actions,
les cours augmentent. -
19:21 - 19:22Mais aucun investissement.
-
19:22 - 19:26Et après 15 ans sans investissement,
-
19:26 - 19:27devinez ce qui s'est passé ?
-
19:27 - 19:29L'industrie européenne s'effondre.
-
19:29 - 19:33Le modèle industriel allemand,
qui a été une si grande réussite, -
19:33 - 19:36vous savez à quoi
ça ressemble maintenant ? -
19:36 - 19:40Les plus âgés parmi vous se rappellent-ils
-
19:40 - 19:43des machines à écrire électriques
des années 70 comme Olivetti ? -
19:43 - 19:46Il y avait de très belles
machines à écrire électriques, -
19:46 - 19:50avec une balle qui tournait.
-
19:50 - 19:52Vous tapiez, et ça faisait
clic, clic, clic. -
19:52 - 19:54C'était plutôt chouette.
-
19:54 - 19:56Mais quand le PC est arrivé,
-
19:56 - 20:00ces machines à écrire Olivetti
étaient condamnées. -
20:00 - 20:05Aucune baisse de salaire
des ouvriers qui les fabriquaient, -
20:05 - 20:09ni aucune subvention de l’État
n'aurait pu les sauver. -
20:09 - 20:10C'était l'heure du PC.
-
20:10 - 20:13De la même manière,
l'heure de la voiture électrique, -
20:13 - 20:17des batteries CATL et BYD est arrivée.
-
20:17 - 20:27On peut maintenant transformer
l’énergie éolienne en hydrogène vert. -
20:27 - 20:30Ça été développé
en Chine et aux États-Unis. -
20:30 - 20:33Vous savez quoi ? L’Europe n’a investi
dans aucun de ces domaines. -
20:33 - 20:37Nous sommes dans
la même situation qu'Olivetti -
20:37 - 20:40et ses machines à écrire électriques
dans les années 70. -
20:40 - 20:46Chez DiEM25,
nous avions développé une politique -
20:46 - 20:47qu'on a appelée
-
20:47 - 20:50le Green New Deal pour l'Europe.
-
20:50 - 20:53Nous étions candidats, Srećko,
moi et d'autres de DiEM25, -
20:53 - 20:55dans 7 ou 8 pays en 2019.
-
20:55 - 20:57C'était un programme magnifique.
-
20:57 - 20:59Je suis convaincu que
s'il avait été mis en œuvre -
20:59 - 21:02L’Europe ne serait pas
dans une situation si difficile. -
21:02 - 21:05Mais ça n'a pas été le cas et
on a raté une révolution technologique. -
21:05 - 21:10Le résultat ? Même les pouvoirs en place,
qui partent avec tant de lyrisme -
21:10 - 21:15de consolidation politique, de programmes
d’investissement communs, -
21:15 - 21:17et ainsi de suite,
ils n'en parlent même pas. -
21:17 - 21:20Maintenant selon eux,
le moteur de croissance de l'Europe, -
21:21 - 21:24c'est le secteur de l'armement,
le commerce des armes ! -
21:24 - 21:28Ils parlent de transformer l’UE
en une union de guerre. -
21:29 - 21:32Ils veulent un dôme de fer,
à la manière d’Israël. -
21:32 - 21:35C'est-à-dire avec des missiles américains.
-
21:35 - 21:38Il n’y aura aucun développement ici.
-
21:38 - 21:42Récemment,
puisqu'on fait le point sur 2024, -
21:42 - 21:48Mario Draghi, mon ennemi juré de 2015,
que j'ai combattu sans pitié -
21:48 - 21:50et qui a fermé les banques grecques
-
21:50 - 21:52afin de forcer le peuple grec,
-
21:52 - 21:57à accepter l'austérité universelle
puissance N. -
21:58 - 22:00Ce monsieur…
Vous savez ce qui arrive à ces gens -
22:00 - 22:02quand ils quittent
leurs positions de pouvoir ? -
22:02 - 22:04Ils deviennent sociaux-démocrates.
-
22:04 - 22:06Il a donc rédigé un rapport
-
22:06 - 22:12qui copie largement notre
Green New Deal pour l’Europe de 2019. -
22:12 - 22:18Vous vous souvenez qu'on préconisait
un fonds d’investissement -
22:18 - 22:21financé à hauteur de 5%
du revenu européen ? -
22:21 - 22:25Maintenant c'est ce qu'il dit aussi,
mais bien sûr, ça n'arrivera pas. -
22:26 - 22:31Le rapport Draghi a coûté des centaines
de milliers, voire des millions d’euros. -
22:31 - 22:37Il a été remis à Ursula von der Leyen,
la présidente à moitié folle -
22:37 - 22:39de la Commission européenne,
cette va-t-en-guerre. -
22:39 - 22:43Elle l'a remercié, elle l'a embrassé,
elle a payé la fature, -
22:43 - 22:48et a mis le rapport à la poubelle,
parce que cette Europe n'est pas capable -
22:48 - 22:51de faire ce que nous préconisions en 2019.
-
22:52 - 22:54Et le résultat,
c'est la fragmentation politique. -
22:54 - 22:57Pourquoi n'y a-t-il pas
de gouvernement en Allemagne, -
22:57 - 22:58ou en France en ce moment ?
-
22:58 - 22:59C'est pour ça.
-
22:59 - 23:05Car si le fondement économique
d’une union principalement économique -
23:05 - 23:07et monétaire comme l’UE s’effondre,
-
23:07 - 23:09son aspect politique s’effondre également.
-
23:11 - 23:16Un autre grand événement de 2024
est bien sûr Donald Trump. -
23:17 - 23:19On a déjà fait un stream sur le sujet.
-
23:19 - 23:21Je vous laisse donc aller voir ça.
-
23:21 - 23:25Je dirais seulement pour fairt court
et épigrammatique, -
23:26 - 23:29Trump a gagné
pour une raison très simple : -
23:30 - 23:39Les démocrates, Biden, Kamala,
et tous ces autres idiots, -
23:40 - 23:44disaient au peuple américain,
à la classe ouvrière américaine -
23:44 - 23:46que tout allait mieux
que jamais auparavant. -
23:46 - 23:48Le peuple leur disait :
non, ce n’est pas vrai. -
23:48 - 23:50On n'arrive pas
à joindre les deux bouts. -
23:50 - 23:52On est fauchés.
-
23:52 - 23:54On n'a pas les moyens
d'acheter une maison, -
23:54 - 23:58de faire nos courses,
-
23:58 - 24:00ni de faire le plein d'essence.
-
24:00 - 24:04Et aux États-Unis, si tu n’as pas
de voiture, t'es mort, -
24:04 - 24:06tu ne peux allez nulle part
avec cet étalement urbain, -
24:06 - 24:09le manque de transports publics
et ainsi de suite. -
24:09 - 24:15Alors Trump a regardé ces gens et leur
a dit : « Je sais ce que vous ressentez. -
24:15 - 24:17Il y a un carnage en Amérique.
-
24:17 - 24:19Il y a beaucoup de mécontentement.
-
24:19 - 24:20Je vais vous aider. »
-
24:20 - 24:22Alors pour qui ont-ils voté ?
-
24:22 - 24:24Pour Trump bien sûr.
-
24:26 - 24:30Je voudrais mentionner encore
deux choses à propos de Trump. -
24:30 - 24:37Trump a promis de mettre fin
à la guerre en Ukraine en 24 heures. -
24:37 - 24:40Je suis content
qu'un président des États-Unis, -
24:40 - 24:42même s'il ne le pense pas,
-
24:42 - 24:46même si c'est un hypocrite,
un fasciste, un misogyne etc., -
24:46 - 24:48veuille mettre fin à une guerre.
-
24:48 - 24:50Surtout une guerre
qui est une impasse totale. -
24:50 - 24:56Qui conduit des jeunes hommes
de Russie et d'Ukraine -
24:56 - 24:59et aussi des civils à la mort,
sans raison aucune. -
24:59 - 25:00Il ne se passe plus rien,
-
25:00 - 25:03il n’y aura pas de victoire
ni d’un côté ni de l’autre. -
25:03 - 25:05Donc c'est bien qu'il promette cela.
-
25:05 - 25:07Mais je ne pense pas
qu’il puisse apporter la paix. -
25:07 - 25:11Il ne peut pas, parce que Poutine
ne veut pas mettre fin à la guerre. -
25:11 - 25:14Il veut continuer à prendre un village
après l'autre, petit à petit. -
25:14 - 25:20Donc il posera des conditions de paix
que Trump ne pourrait pas accepter -
25:20 - 25:22sans être renversé par son propre régime,
-
25:22 - 25:25même par son propre régime
trumpiste républicain. -
25:25 - 25:27C'est mon intuition.
-
25:27 - 25:31Et à la fin, son grand Waterloo,
ce sera sa promesse -
25:31 - 25:34de prendre soin
de la classe ouvrière américaine -
25:34 - 25:36et de réindustrialiser les États-Unis
-
25:36 - 25:41en imposant d'énormes droits de douane
sur les importations européennes, -
25:41 - 25:44principalement de chinoises,
mais aussi d'Europe, -
25:44 - 25:46afin de créer les circonstances
-
25:46 - 25:48d'un retour de l’industrie aux États-Unis.
-
25:48 - 25:50Il n'y parviendra pas,
-
25:50 - 25:53Car, n'oubliez pas que
sa priorité numéro un, c'est la bourse, -
25:53 - 25:55les financiers et l'immobilier.
-
25:55 - 25:57C'est un agent immobilier,
-
25:57 - 25:58après tout.
-
25:58 - 26:02Or l'immobilier et la bourse
aux États-Unis se portent bien -
26:02 - 26:05seulement tant que
les Chinois et les Allemands -
26:05 - 26:07ont un excédent commercial
avec les États-Unis, -
26:07 - 26:09puisque que ce surplus
leur fournit les dollars -
26:09 - 26:11qu'ils investissent ensuite
à la Bourse de New York, -
26:11 - 26:16et dans le marché immobilier
à Miami, en Californie et à New York. -
26:18 - 26:23Certains camarades, amis et progressistes
accordent beaucoup d'importance -
26:23 - 26:28au développement des BRICS :
-
26:28 - 26:34le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine,
l’Afrique du Sud, et désormais -
26:34 - 26:37plein d'autres pays
qui rejoignent ce groupe. -
26:37 - 26:44Il y a eu une réunion intéressante en
Russie entre les représentants des BRICS -
26:44 - 26:48qui ont parlé de créer
un système de paiement -
26:48 - 26:51et l’ont effectivement institué.
-
26:51 - 26:52C'est désormais opérationnel.
-
26:52 - 26:55C'est très intéressant
du point de vue technologique, -
26:55 - 26:58ça utilise la blockchain, pour ceux
d'entre vous que ça intéresse, -
27:00 - 27:04et ça leur permet de commercer entre eux,
dans leurs propres monnaies. -
27:04 - 27:07Ils peuvent ainsi contourner le dollar,
et donc les sanctions. -
27:07 - 27:12Des pays comme l’Arabie saoudite
et les Émirats arabes unis sont également -
27:12 - 27:16intéressés par les BRICS, car
ils ne veulent pas mettre tous leurs œufs -
27:16 - 27:18dans le panier du dollar américain.
-
27:19 - 27:24Mais ce serait une erreur de voir les
BRICS comme une alternative -
27:24 - 27:33de type URSS et Pacte de Varsovie, capable
de contrebalancer l’hégémonie américaine. -
27:33 - 27:35C’est une erreur de penser
les choses de cette façon. -
27:35 - 27:37N'oubliez pas que l'Inde et la Chine
-
27:37 - 27:40sont presque en guerre au sein des BRICS.
-
27:40 - 27:42N'oubliez pas que les États-Unis
-
27:42 - 27:49poussent Apple à déplacer
ses usines de production... -
27:50 - 27:53…Il vient d'y avoir un léger
séisme ici à Athènes, -
27:53 - 27:56mais je crois que tout va bien,
n'est-ce pas Mehran ? -
27:57 - 28:04Le sol tremble quand DiEM est en direct.
-
28:07 - 28:16Washington pousse Apple à déplacer
ses usines de la Chine vers l’Inde. -
28:16 - 28:19Comme vous le voyez, il y a beaucoup
d’antagonisme au sein des BRICS, -
28:19 - 28:21Donc il n'y a aucune chance
que ça débouche un jour -
28:21 - 28:24sur une sorte d’alliance géostratégique.
-
28:24 - 28:26L'intérêt commun qui les lie,
-
28:26 - 28:31c'est leur refus de rester
sous la coupe de la Réserve fédérale, -
28:31 - 28:36où chaque transaction est contrôlée
par la banque centrale américaine -
28:36 - 28:37ou le gouvernement américain.
-
28:37 - 28:39Voilà ce qu'ils ont en commun.
-
28:39 - 28:40Mais ça ne suffit pas,
-
28:40 - 28:45car la Chine elle-même
est confrontée à un dilemme. -
28:47 - 28:51La Chine veut-elle remplacer
le dollar américain par le yuan ? -
28:51 - 28:52Pas encore.
-
28:53 - 28:57N'oubliez pas que les capitalistes chinois
qui produisent de l'aluminium -
28:58 - 29:01à Shenzhen et le vendent en Californie.
-
29:01 - 29:05Ils comptent sur le dollar et
son privilège exorbitant, qui permet -
29:05 - 29:09aux États-Unis de soutenir un fort déficit
commercial, puisque c'est ce déficit -
29:09 - 29:13qui permet aux chinois de vendre de
l’aluminium aux firmes californiennes. -
29:13 - 29:16Le capitaliste chinois qui est payé
en dollar, puis investit cet argent -
29:16 - 29:18dans l'immobilier à Miami,
en Californie, à New York, -
29:18 - 29:20ou dans la dette américaine,
-
29:20 - 29:22souhaite-t-il la disparition du dollar ?
-
29:22 - 29:24Non, car ses économies sont en dollars.
-
29:24 - 29:29Il n’est pas sûr que le Parti communiste
chinois, Xi Jinping par exemple, -
29:29 - 29:33veuille entrer en conflit
avec les capitalistes chinois. -
29:33 - 29:39Mais même s’il le fait,
la Chine devra alors accepter -
29:40 - 29:43de jouer au sein des BRICS
le même rôle qu'ont joué les États -
29:43 - 29:46après la 2eme Guerre mondiale
dans le système de Bretton Woods. -
29:46 - 29:48Et ce n’est pas le style de la Chine.
-
29:48 - 29:52La Chine ne veut pas être hégémonique,
elle veut commercer avec tout le monde. -
29:52 - 29:54Elle veut des routes
commerciales libres, -
29:54 - 29:57pouvoir investir partout.
-
29:57 - 30:01Elle ne veut pas diriger
une grande partie du monde. -
30:01 - 30:04Le Parti communiste chinois
n'a jamais pris ce type de décision. -
30:04 - 30:07Enfin, pour conclure ce long soliloque,
-
30:08 - 30:10Vous vous souvenez
de la catastrophe climatique ? -
30:11 - 30:12Nous l'avons oubliée
-
30:12 - 30:15à cause des guerres, du génocides,
nous regardons ailleurs. -
30:16 - 30:19Mais le monde avance à toute allure
-
30:19 - 30:22Le monde, ou plutôt l'humanité,
notre espèce, -
30:22 - 30:28se dirige droit vers son extinction.
-
30:31 - 30:37La seule façon d’y mettre un terme
aurait été un accord tripartite -
30:38 - 30:41de décarbonation entre les États-Unis,
la Chine et l’Union européenne. -
30:41 - 30:43L'Union européenne est inexistante.
-
30:43 - 30:45Elle s’est rendue obsolète.
-
30:45 - 30:49Les États-Unis ont Trump, qui
ne croit pas au changement climatique. -
30:49 - 30:51Il ne reste donc plus que la Chine.
-
30:51 - 30:57La Chine produit la majorité
des technologies de décarbonisation -
30:57 - 31:00dans le monde, mais elle
ne peut y parvenir seule. -
31:03 - 31:05Tout cela étant dit,
-
31:05 - 31:09et j'espère ne pas vous avoir
trop démoralisés. -
31:09 - 31:14Mais si on doit faire un bilan honnête
de 2024, on ne peut pas -
31:14 - 31:19tourner autour du pot, donner
de faux espoirs ni feindre l'optimisme. -
31:19 - 31:21Mais l'espoir,
-
31:21 - 31:22c'est que nous sommes là.
-
31:22 - 31:25DiEM25 est un petit mouvement.
-
31:25 - 31:27On l'a lancé dans cette cafétéria
-
31:27 - 31:30Srećko et moi en 2015 à Berlin.
-
31:30 - 31:32Mais maintenant, on est tous ensemble :
-
31:32 - 31:34des dizaines de milliers de personnes.
-
31:34 - 31:36Nos camarades sont
dans les rues d'Allemagne -
31:36 - 31:39en ce moment même,
pour recueillir des signatures. -
31:39 - 31:44Si vous habitez en Allemagne,
signez pour inscrire MERA25 -
31:44 - 31:46aux prochaines élections fédérales.
-
31:46 - 31:49Nous avons créé
une internationale progressiste. -
31:50 - 31:56Nous sommes encore
très très loin de la victoire, -
31:56 - 31:59mais tant que nous nous battons,
il y a de l’espoir. -
31:59 - 32:00Espoir sans optimisme.
-
32:00 - 32:02N'est-ce pas, Srećko ?
-
32:06 - 32:08[Mehran] Srećko, tu as la parole.
-
32:09 - 32:11[Srećko] Oui, merci Yanis.
-
32:13 - 32:18C'était une belle conclusion,
avec cet espoir sans optimisme, -
32:18 - 32:22une phrase qui vient
bien sûr de Terry Eagleton. -
32:22 - 32:24Et il n’y a rien que je déteste
plus que l’optimisme, -
32:24 - 32:27mais je déteste aussi le pessimisme.
-
32:27 - 32:32Gramsci l'a très bien dit,
je ne veux pas le répéter, -
32:32 - 32:35mais pour parler clairement… et je ferai
aussi référence à certaines choses -
32:35 - 32:45que tu as dites, parce qu'en effet ce sont
les points les plus déterminants de 2024, -
32:45 - 32:48non seulement pour notre présent,
mais aussi pour notre avenir. -
32:48 - 32:52Et je pense qu’il faut les replacer dans
le contexte d’une séquence historique -
32:52 - 32:56qui, je pense, a commencé
après la crise financière, -
32:56 - 32:58et avec le Printemps arabe.
-
32:59 - 33:06La Tunisie, l’Égypte et d’autres pays ont
suscité beaucoup d'espoir et d'optimisme, -
33:06 - 33:08on ne sait pas encore ce que ça va donner.
-
33:08 - 33:12C'était aussi l'époque
d'Occupy Wall Street, -
33:12 - 33:16et ensuite, de ta propre
expérience avec Syriza, -
33:16 - 33:18le référendum en Grèce et ainsi de suite.
-
33:18 - 33:21Ce à quoi nous assistons maintenant,
je pense que tu l'as bien dit, -
33:21 - 33:29c'est un triomphe total
de l’axe Israël, États-Unis et Turquie. -
33:29 - 33:34Ce triomphe conclut en quelque sorte
cette séquence historique, -
33:34 - 33:36qui d'une certaine manière
a commencé en 2010, 2011, -
33:36 - 33:42quand une révolution progressiste
semblait encore possible. -
33:42 - 33:46Il y a bien eu une sore de révolution,
mais on a vu très rapidement -
33:46 - 33:51ce qui est arrivé à l'Égypte après
Moubarak avec les Frères musulmans, -
33:51 - 33:57sans parler de ce qui est arrivé en Libye
après l’intervention et après Kadhafi : -
33:57 - 34:01il y a eu des centaines de Kadhafi
et une guerre civile continue en Libye. -
34:02 - 34:08Donc oui, d’un côté, c’est un triomphe
de Washington, d’Israël. -
34:08 - 34:10d'Erdogan et de quelques autres acteurs.
-
34:11 - 34:14Je pense qu'au moins
20 à 30 acteurs géopolitiques différents -
34:14 - 34:19sont actuellement impliqués
dans cette région de diverses manières. -
34:19 - 34:24Et d’un autre côté, ça prouve aussi
l’inutilité de l’Union européenne. -
34:25 - 34:31Vous savez ce que faisaient
Macron et d’autres dirigeants -
34:31 - 34:35quant les rebelles ont pris
le contrôle de la Syrie et de Damas ? -
34:35 - 34:39Ils étaient réunis à Notre-Dame
pour rouvrir la cathédrale, -
34:39 - 34:45qui malheureusement
avait pris feu il y a 5 ans -
34:45 - 34:47et il suffisait de regarder leurs visages,
-
34:47 - 34:51leurs gestes, leur langage corporel
-
34:51 - 34:56pour voir la démonstration
croissante de leur insignifiance. -
34:56 - 34:58Tu as déjà mentionné
le gouvernement français. -
34:58 - 35:00C'était juste à ce moment-là.
-
35:00 - 35:04Macron n'est donc certainement
pas aussi puissant qu'il l'était, -
35:04 - 35:06ou qu'il souhaiterait être.
-
35:06 - 35:10Et en même temps,
on pouvait voir la réaction -
35:10 - 35:13d’autres dirigeants européens
-
35:13 - 35:20à Donald Trump, mais aussi
depuis 2024 et en 2025 -
35:20 - 35:28leur réaction à Elon Musk, et à Elon Musk
avec son fils sur ses épaules, -
35:28 - 35:33qui d'une certaine manière illustre
parfaitement la situation actuelle : -
35:33 - 35:36les hommes d'affaires
deviennent des politiciens -
35:36 - 35:41et les milliardaires sont maintenant ceux
qui influencent réellement la politique. -
35:41 - 35:45Tu en as parlé, Yanis, dans
Les nouveaux serfs de l'économie. -
35:45 - 35:49En voilà la parfaite incarnation :
Trump, Elon Musk, -
35:49 - 35:53et la manière dont ils négocient déjà
avec les dirigeants européens : -
35:53 - 35:58Giorgia Meloni, qui était hier
-
35:58 - 36:01à la villa de Trump aux États-Unis,
-
36:01 - 36:05Viktor Orbán, qui pendant que se déroulent
-
36:05 - 36:09tous ces événements
dans le monde, en Palestine, en Syrie, -
36:10 - 36:15Viktor Orban est aux États-Unis pour
rencontrer Donald Trump et Elon Musk, -
36:16 - 36:20et travaille déjà sur
l'internationale fasciste, -
36:20 - 36:22en quelque sorte.
-
36:22 - 36:29Donc, en même temps qu'un triomphe
du bloc transatlantique -
36:30 - 36:36et de l'impérialisme,
je pense que l'année 2024 -
36:36 - 36:40non seulement prouve l'insignifiance
de l'Union européenne, -
36:40 - 36:47mais représente aussi un énorme recul
pour les partis et mouvements -
36:47 - 36:54progressistes ou de gauche.
-
36:54 - 36:58Puisqu'on parle des principaux partis,
on a aussi pu voir -
36:58 - 37:02comme les masques
-
37:02 - 37:06des partis verts sont tombés.
-
37:06 - 37:08Il suffit de regarder les Verts allemands,
-
37:09 - 37:13la lettre des verts européens
à Jill Stein, -
37:13 - 37:18ou plus récemment, ce qui se passe
à la périphérie de l’Union européenne -
37:19 - 37:26en Serbie, où on a récemment
trouvé la plus grande réserve -
37:26 - 37:28de lithium en Europe,
-
37:29 - 37:31là, à la périphérie de l’UE.
-
37:31 - 37:34Le petit problème pour eux,
comme d’habitude, -
37:34 - 37:38c’est qu’il y a un autocrate au pouvoir,
Aleksandar Vučić. -
37:38 - 37:43Mais ça n'a pas empêché Olaf Scholz
d'accueillir hier Aleksandar Vučić -
37:43 - 37:46en Allemagne et de voir avec lui
-
37:46 - 37:50comment l'industrie automobile allemande
-
37:50 - 37:55pourrait extraire davantage
de lithium en Serbie -
37:55 - 37:59afin que les classes moyennes allemandes
puissent conduire des voitures vertes, -
37:59 - 38:02et que le Parti Vert puisse
parler d'un Green deal -
38:02 - 38:05ou d’une transition vers un Green Deal.
-
38:05 - 38:08Ce qu'on a vu en 2024,
-
38:08 - 38:11et qu'on verra je pense
de plus en plus l'année prochaine, -
38:11 - 38:17c'est qu'au contraire nous sommes
encore loin, et même nous nous éloignons -
38:17 - 38:22d'une solution ou et même d'une
prise en compte de la crise climatique, -
38:22 - 38:25qui est la plus importante
crise de la planète, -
38:25 - 38:27pas seulement pour l’avenir de l’humanité,
-
38:27 - 38:31mais aussi celui de nombreuses espèces
qui sont déjà en voie d’extinction. -
38:32 - 38:35Parce qu'on observe en Syrie,
-
38:35 - 38:41c'est le retour des bons vieux…
et là je suis sarcastique, -
38:42 - 38:48le retour des minéraux, par exemple.
Si vous regardez les interventions -
38:48 - 38:55en Libye, en Irak, en Syrie, il a toujours
été question de pétrole, entre autres. -
38:55 - 38:59Bien sûr, dans le cas de la Libye,
-
38:59 - 39:03se posait aussi la question
de l'unification de l'Afrique, -
39:03 - 39:06quoi qu'on puisse penser de Kadhafi.
-
39:06 - 39:10Mais si on regarde
la situation actuelle en Syrie, -
39:10 - 39:14on voit rapidement la politique
des pipelines à l'œuvre. -
39:14 - 39:17Un pipeline, soutenu par la Russie,
devait relier l'Iran -
39:17 - 39:24à l'Europe, en passant par l'Irak et
la Syrie, et équiper les foyers européens -
39:25 - 39:29ce que les pouvoirs en place en UE
ne souhaitaient pas, bien entendu. -
39:29 - 39:32Et maintenant il y a une éclaircie,
une situation parfaite. -
39:32 - 39:34C’est pour ça que je parle
d'un triomphe, -
39:34 - 39:39pour ce bloc transatlantique, plus Israël,
qui en a toujours fait partie. -
39:39 - 39:41Ce triomphe, c'est l'autre pipeline,
-
39:41 - 39:46un projet qui date d'au moins 10 ans,
et qui est censé aller du Qatar -
39:47 - 39:49à la Turquie en passant
par l’Irak et la Syrie. -
39:50 - 39:53Alors cet espace est désormais ouvert.
-
39:53 - 39:57Il y a un blocage temporaire, qui vient
je pense de l'establishment européen -
39:57 - 40:01et que c'est probablement
leur objectif principal, -
40:01 - 40:05car l’une de leur plus grandes craintes,
-
40:05 - 40:08est clairement l'intégration eurasienne.
-
40:08 - 40:12La Russie et l'Ukraine
font partie de cette histoire -
40:12 - 40:21mais on voit clairement que la Syrie
et l'Iran en font partie également -
40:21 - 40:25parce que l’Iran et tous ces pays sont,
pour le dire franchement, -
40:25 - 40:27juste entre la Chine et l'Europe.
-
40:28 - 40:31Et maintenant, un bloc est créé,
une sorte de frontière -
40:31 - 40:35qui empêche la poursuite
de l'intégration eurasienne, -
40:35 - 40:38qui d'une certaine façon est inévitable,
si vous regardez la Chine, bien sûr. -
40:38 - 40:42Je pense donc que ce que révèle
la situation actuelle en Syrie -
40:42 - 40:46c'est bien sûr d'une part
-
40:46 - 40:52l'impérialisme, associé au capitalisme,
comme il l'a toujours été. -
40:52 - 40:56L'Occident ces derniers temps
-
40:56 - 41:01a plus peur, comme toujours,
de la véritable démocratie, -
41:02 - 41:05que des djihadistes
ou des fondamentalistes islamiques. -
41:05 - 41:08Et c’est ce qui se passe
actuellement en Syrie. -
41:08 - 41:10Mais c’est aussi
ce qui se passait en Iran. -
41:10 - 41:14Souvenez-vous de Mossadegh,
le premier ministre iranien, -
41:14 - 41:18qui a été renversé par les services
secrets britanniques et la CIA. -
41:18 - 41:21Pourquoi ? Parce que
les Britanniques voulaient le pétrole, -
41:21 - 41:23mais Mossadegh voulait le nationaliser.
-
41:23 - 41:28Et la décennie suivante, il y a eu
le Shah soutenu par les États-Unis, -
41:28 - 41:30mais en fait, toutes ces interventions
-
41:31 - 41:36et l’ingérence des États-Unis en Iran,
ont créé Khomeini. -
41:35 - 41:39Et aujourd'hui l’Iran
n'est plus un pays laïc. -
41:39 - 41:42Si vous regardez l’Irak,
l’Afghanistan, la Syrie… -
41:42 - 41:45Je me trouvais en Syrie juste avant
le Printemps arabe, je crois, -
41:45 - 41:47et je l'ai vu de mes propres yeux :
-
41:47 - 41:49c'était tous des pays laïcs.
-
41:50 - 41:52Même sous Assad.
Pourtant comme toi, Yanis, -
41:52 - 41:55j'ai vivement critié Assad.
-
41:56 - 42:02Je pense que nous pouvons et nous
devons à la fois être contre Assad, -
42:02 - 42:06ou les gens comme lui, Poutine et Kadhafi,
-
42:06 - 42:08et contre l’impérialisme.
-
42:08 - 42:11Il n'y a pas à choisir.
-
42:11 - 42:14Avec la situation en Syrie,
on voit clairement -
42:14 - 42:16les conséquences de l’impérialisme.
-
42:18 - 42:20Assad en est aussi une conséquence.
-
42:20 - 42:25Mais en tant que personne qui vient
de la Yougoslavie socialiste -
42:25 - 42:29et qui était présent pendant une
guerre sanglante, je me souviens très bien -
42:29 - 42:34comment la « gauche internationale »
a soutenu Slobodan Milošević. -
42:34 - 42:35Pourquoi l'ont-ils soutenu ?
-
42:35 - 42:37Parce qu'ils pensaient
-
42:37 - 42:40que Milosevic était
un acteur anti-impérialiste. -
42:40 - 42:43Et c'était loin,
-
42:43 - 42:45très loin de la vérité.
-
42:45 - 42:48De la même manière, on voit aujourd'hui
que Scholz et ces gens-là, -
42:49 - 42:53préféreraient voir Vučić
au pouvoir pendant 10 ans -
42:53 - 42:56plutôt qu'une démocratie en Serbie.
-
42:56 - 42:59Car s’il y avait
une vraie démocratie en Serbie -
42:59 - 43:05le peuple refuserait que des entreprises
allemandes extraient tout leur lithium. -
43:05 - 43:08En ce moment, à la périphérie de l’UE,
-
43:08 - 43:12se déroulent les manifestations
les plus massives d'Europe, -
43:13 - 43:18En Serbie justement, il y a non pas
des centaines de manifestations -
43:18 - 43:22dans les rues, mais la semaine dernière,
il y a aussi eu des dizaines de blocages, -
43:23 - 43:26d'occupations d'universités
et de tribunaux. -
43:26 - 43:29Il y a aussi des AG, des conseils.
-
43:29 - 43:32Exactement ce qu'on a vu
en Croatie il y a 15 ans -
43:32 - 43:36avec les universités occupées,
Occupy Wall Street etc. -
43:36 - 43:41Et il y a aussi une résistance
au sein même de l’UE. -
43:42 - 43:43Ce à quoi je m'attends en...
-
43:43 - 43:47Mais revenons encore un peu sur 2024,
on abordera 2025 après. -
43:47 - 43:51Pour en revenir à l’UE,
-
43:53 - 43:56ce qu'on voit aussi,
c'est bien sûr d'une part -
43:56 - 44:00l'insignifiance de plus en plus grande
de l'Union européenne. -
44:00 - 44:04Et d'autre part on continue de glisser
-
44:04 - 44:08non seulement vers la droite, mais
d'entrer dans un fascisme à part entière, -
44:10 - 44:14qui pour l'instant se manifeste
de façon assez diplomate. -
44:16 - 44:19C'est un fascisme doux, en quelque sorte,
-
44:19 - 44:21si on regarde par exemple
-
44:22 - 44:26l'accord passé entre
Giorgia Meloni et l'Albanie. -
44:26 - 44:30En gros, l'Italie a construit
un camp de concentration -
44:30 - 44:33pour 30 à 40 000 réfugiés en Albanie.
-
44:33 - 44:38Globalement on sous-traite la question
des migrants, et en même temps -
44:38 - 44:41il y a la crise syrienne et la guerre.
-
44:41 - 44:43Les gouvernements d'Autriche,
-
44:43 - 44:45d'Allemagne, et beaucoup
d'autres dans l'UE -
44:45 - 44:52parlent ouvertement de rapatriement
et déportation des réfugiés syriens, -
44:52 - 44:56dont des millions sont arrivés
après la guerre en 2011. -
44:57 - 45:00Ils les renvoient,
pour reprendre tes mots, Yanis, -
45:00 - 45:02dans le couloir de la mort,
en quelque sorte. -
45:02 - 45:07Et cette situation ne fera que s’aggraver.
-
45:07 - 45:11Donc pour conclure, je dirais
que l'année dernière, -
45:11 - 45:16et plus généralement ces dernières années
ont prouvé que nous sommes dans -
45:16 - 45:19ce que je caractériserais
comme un état de guerre totale. -
45:21 - 45:26Une guerre totale dans le sens
où production et destruction -
45:26 - 45:27se confondent.
-
45:28 - 45:31Pour le dire franchement, en même temps
-
45:31 - 45:37qu’Israël bombarde des installations
militaires et des armes en Syrie, -
45:38 - 45:42des cargos de l'UE
sous différents pavillons -
45:42 - 45:45transportent des armes vers Israël.
-
45:45 - 45:48Donc, en même temps
qu'on détruit des armes, -
45:48 - 45:52on en produit et on en transfère d'autres
-
45:52 - 45:55de l'ouest de la Méditerranée
vers l'est de la Méditerranée. -
45:56 - 46:00Il y a aussi Keir Starmer qui envoie
des troupes britanniques à Chypre, -
46:00 - 46:01l'OTAN à Chypre.
-
46:01 - 46:06Et si je dis que c'est une guerre totale
où production et destruction se confondent -
46:06 - 46:08c'est qu'en même temps
dans le sens inverse, -
46:08 - 46:10de l'est à l'ouest de la Méditerranée,
-
46:10 - 46:12se produit une autre vague :
-
46:12 - 46:15non plus celle du transfert d'armes,
-
46:15 - 46:20mais celle des gens qui fuient
les guerres générées par l'impérialisme, -
46:20 - 46:23et dans lesquelles l’UE joue un rôle.
-
46:24 - 46:28Dans ce sens, j'estime donc
qu'il s'agit d’une guerre totale, -
46:28 - 46:33et si on en revient à Trump,
comme tu l'as mentionné, Yanis… -
46:33 - 46:36…mais je pense que Notre-Dame
et ces types d'événements -
46:36 - 46:38sont aussi très intéressants
d’un point de vue sémiotique, -
46:40 - 46:45car cette guerre totale se traduit
non seulement en termes d'économie, -
46:45 - 46:50qui est de plus en plus centrée,
voire totalement centrée sur la guerre, -
46:50 - 46:54mais nous sommes aussi
de plus en plus en état de guerre -
46:54 - 47:00en termes de sémiosphère,
de la sphère des signes : -
47:00 - 47:03je te vois sur un écran,
tu me vois sur un écran, -
47:03 - 47:09et la puissance du cloud capital,
pour utiliser tes mots Yanis, -
47:09 - 47:15la puissance de la Silicon Valley,
qui a capturé presque tout, -
47:15 - 47:18notre communication, nos émotions.
-
47:18 - 47:24Regardez Grindr, Tinder, les applications
de rencontres désormais couplées à l’IA. -
47:24 - 47:28Donc nous sommes aussi dans
une guerre totale de la sémiosphère. -
47:28 - 47:32Dans ce sens, ce que fera Trump
n’est pas particulièrement important. -
47:32 - 47:37On en arrive à 2025,
et à l'économie des États-Unis. -
47:37 - 47:39Je pense que ce qui devient
de plus en plus important, -
47:39 - 47:43et je ne dis pas cela pour minimiser
-
47:43 - 47:47ou délaisser les terribles conditions
de la classe ouvrière, -
47:47 - 47:50mais ce qui devient de plus en plus
important, c'est la perception, -
47:50 - 47:52la réalité, la question de la réalité.
-
47:52 - 47:55Jean Baudrillard, ces 20 dernières années,
a été très rapidement -
47:55 - 47:59rejeté par la théorie radicale
et la gauche. -
47:59 - 48:03Mais je pense que Jean Baudillard avait
raison quand il parlait de simulation -
48:03 - 48:07et de la manière dont
ce genre de simulation -
48:07 - 48:08devient notre nouvelle réalité.
-
48:08 - 48:13Ce que fait Trump, la façon
dont il serre la main de Macron, -
48:13 - 48:16ça change la perception des gens.
-
48:16 - 48:20Si vous remontez à Steve Bannon,
qui est le cerveau derrière tout ça, -
48:21 - 48:24il avait clairement compris
le pouvoir de Facebook -
48:24 - 48:26et des entreprises de la Silicon Valley.
-
48:26 - 48:33Et en 2025, je pense que nous verrons
une puissance de plus en plus manifeste -
48:33 - 48:37des oligopoles, des milliardaires, surtout
dans le secteur technologique, -
48:37 - 48:43désormais associés à Donald Trump,
mais aussi à Javier Milei en Argentine, -
48:43 - 48:49à Viktor Orbán, Giorgia Meloni,
tous ceux qui sont responsables -
48:49 - 48:53de cette insignifiance de l'UE
et de sa participation -
48:53 - 48:55à des crimes de guerre et un génocide.
-
48:56 - 48:57Et je m'arrête là.
-
48:57 - 48:59Moi aussi je susis optimiste !
-
49:01 - 49:02[Mehran] Merci.
-
49:02 - 49:04[Srećko] C'est 2024,
qu'est-ce que j'y peux ? -
49:04 - 49:06[Mehran] J'allais dire que
c'est pas réjouissant, -
49:06 - 49:08mais objectivement,
c'était une année sombre. -
49:08 - 49:11Comme Yanis a parlé de Gaza
et des enfants de Gaza, -
49:11 - 49:14c'est le moment de vous donner
quelques chiffres. -
49:14 - 49:20À Gaza, entre le 7 octobre et
il y a 3 jours, au moins 17 492 enfants -
49:20 - 49:21ont été tués à Gaza,
-
49:21 - 49:24soit environ un enfant sur 65
-
49:24 - 49:25dans la bande de Gaza.
-
49:25 - 49:29C'est une horrible plaie ouverte,
-
49:29 - 49:32et avec tous les autres points
que vous avez mentionnés, -
49:32 - 49:33c'est un tableau bien sombre.
-
49:34 - 49:37Passons aux commentaires
et questions chat. -
49:37 - 49:40Keith Sutton Jones dit :
« La Russie vient de conseiller -
49:40 - 49:42à tous ses citoyens
de quitter les États-Unis. » -
49:42 - 49:43Après vérification,
-
49:43 - 49:47ils ne conseillent pas aux citoyens russes
de quitter les États-Unis, -
49:47 - 49:50mais de ne pas se rendre aux États-Unis.
-
49:52 - 49:56Balbo dit : « À mon avis,
une Europe fédérale réformée -
49:56 - 49:59serait mieux, mais
c'est une idée fantaisiste. -
49:59 - 50:04Pensez-vous que c'est possible
et si oui comment ? » -
50:04 - 50:08Lonesome Cowgirl dit : « Comment
ne plus être dirigés par les lobbies, -
50:08 - 50:11surtout en Europe ? On se sent
complètement impuissants. » -
50:11 - 50:17Yanis, dis-moi, si tu te projette en 2025,
-
50:17 - 50:25vois-tu des possibilités
d’éviter que 2025 ne soit -
50:25 - 50:29une année de stagnation et d'en faire
au contraire une année de progrès -
50:30 - 50:33sur certaines des points
que Srećko et toi avez abordés ? -
50:34 - 50:36[ Yanis] Eh bien, la résistance.
-
50:36 - 50:38Les Palestiniens nous ont montré la voie.
-
50:38 - 50:41Quand on est confronté
à une lente dégradation, -
50:41 - 50:45soit on accepte cette dégradation,
-
50:46 - 50:50ce qui est un formidable
cadeau aux fascistes, -
50:50 - 50:52parce qu'ils sont radicaux
et que leur discours est : -
50:52 - 50:57« Donnez-moi le pouvoir et je vais tout
mettre par terre et recommencer à zéro. » -
50:57 - 51:03Un véritable progressiste n’a pas le droit
d’accepter cette lente dégradation. -
51:03 - 51:07Nous devons proposer un programme radical.
-
51:09 - 51:12En 2019, je le répète, DiEM25 a proposé
des mesures radicales -
51:12 - 51:16à la Banque centrale
européenne, le MES, -
51:16 - 51:18la Commission européenne,
-
51:19 - 51:21la Banque européenne d’investissement,
etc. -
51:22 - 51:26C'est du passé, car plus aucune
de ces institutions ne peut être sauvée, -
51:26 - 51:28ni aider à résoudre le problème,
-
51:28 - 51:30puisque maintenant c'est eux le problème.
-
51:30 - 51:40Donc nos politiques et actions radicales
doivent viser à renforcer la solidarité -
51:40 - 51:43par et pour la majorité,
-
51:43 - 51:50afin de diminuer et de lutter contre les
répercussions de l'austérité permanente -
51:50 - 51:54et maintenant du déclin industriel
au cœur de l’Europe, -
51:54 - 51:56de la base industrielle
de l'Europe. -
51:56 - 51:59Ça n'a pas l'air très encourageant.
-
51:59 - 52:00Mais vous savez quoi ?
-
52:00 - 52:06Prendre soin des victimes de cette
dégradation est la première étape. -
52:06 - 52:10Car si on ne prend pas soin d'eux,
si on ne prend pas soin les uns des autres -
52:10 - 52:17dans un esprit véritablement
humaniste et transnational, -
52:17 - 52:19c'est les fascistes qui
leur offriront leur aide, -
52:19 - 52:22tout comme Donald Trump a offert
-
52:22 - 52:25son aide à la classe ouvrière américaine,
pour mieux les trahir. -
52:25 - 52:26Nous on ne va pas les trahir,
-
52:26 - 52:29on a au moins prouvé ça.
-
52:29 - 52:31Donc c'est ça qu'on doit faire.
-
52:31 - 52:36C'est un travail difficile et
globalement ingrat, -
52:36 - 52:39parce qu'en 2019,
quand on parcourait l'Europe -
52:39 - 52:42avec notre Green New Deal
pour l’Europe, on disait : -
52:42 - 52:44« Eh, regardez ce qu'on pourrait faire ! »
-
52:44 - 52:45Maintenant, c'est plus possible,
-
52:45 - 52:48car ce serait mentir aux gens.
-
52:48 - 52:50Mais ce qu'on peut faire
maintenant, c'est créer -
52:50 - 52:55des institutions de soutien populaires,
-
52:56 - 52:59et s'appuyer dessus pour
créer un nouveau projet, -
52:59 - 53:02Un nouveau Green New Deal pour l’Europe.
-
53:02 - 53:07On l'appellera pas comme ça,
car cette terminologie a fait son temps. -
53:07 - 53:11Il faudra trouver
une autre manière d'organiser -
53:11 - 53:14et de nommer notre récit.
-
53:14 - 53:18Mais, vous savez, la résistance
n’est jamais vaine. -
53:18 - 53:22C’est le plus encourageant
que je puisse être. -
53:24 - 53:26[Mehran] Merci, Yanis.
Srećko ? -
53:29 - 53:34[Srećko] Je viens de voir
une question dans le chat -
53:34 - 53:36à laquelle je voudrais répondre,
-
53:36 - 53:38et qui rejoint un peu ce qu'a dit Yanis.
-
53:38 - 53:40Un instant…
-
53:40 - 53:42Elle vient de Višnja Kukoč :
-
53:42 - 53:44« Puisqu'on en parle, Srećko,
-
53:44 - 53:47Dans quel pays voyez-vous
une vraie démocratie ? » -
53:48 - 53:50Je crois que le mot démocratie…
-
53:50 - 53:53…ce qui nous amène à
un autre souci avec le nom DiEM25. -
53:53 - 53:56Le 1er premier problème
c'est l'année prochaine : 25. -
53:56 - 53:58Que faire ?
-
53:58 - 54:01Vu qu'on y est presque, en 2025.
-
54:01 - 54:04Mais j’ai aussi un sérieux problème
avec le mot démocratie, -
54:04 - 54:08du moins tel qu'on
le comprend aujourd'hui, -
54:08 - 54:12dans le cadre libéral,
où Athènes, par exemple -
54:12 - 54:17est la principale inspiration à la base du
concept de démocratie encore aujourd’hui. -
54:17 - 54:22Et je comprends que ce soit à la base
de la démocratie libérale d'aujourd’hui, -
54:22 - 54:27puisqu’elle était fondée sur l’exclusion
des femmes, des esclaves et des étrangers. -
54:27 - 54:29Elle était à la fois basé sur...
-
54:29 - 54:33Oui, je vois Yanis, tu es à Athènes.
-
54:33 - 54:34Tu maîtrise le sujet.
-
54:34 - 54:35Bref, je pense juste que…
-
54:35 - 54:38Comme l'a magnifiquement écrit
Kōjin Karatani, -
54:38 - 54:41les poleis ioniennes
-
54:41 - 54:43étaient plus démocratiques
que celles d'Athènes, -
54:43 - 54:46car elles n'avaient pas
ce type d'élément tribal, -
54:46 - 54:49elles ne reposaient pas
sur l’impérialisme, l’exclusion etc. -
54:49 - 54:52Mais répondre à ça nous amènerait
-
54:52 - 54:55à une discussion philosophique
sur la démocratie. -
54:56 - 55:00Mais pour répondre à la question du chat :
où est-ce que je vois la démocratie ? -
55:00 - 55:04En ce moment je la vois en Syrie.
Mais vous savez où ? -
55:04 - 55:08Sous les bombes turques
soutenues par les États-Unis. -
55:09 - 55:11Ce sont les Kurdes.
-
55:12 - 55:17Et je suis pas surpris que ni libéraux,
ni les pouvoirs en place en UE -
55:17 - 55:21ne soutienne les Kurdes, car leur vision
de la démocratie est plus radicale -
55:21 - 55:25que n'importe quelle vision libérale ou
européenne de la démocratie aujourd'hui. -
55:25 - 55:27Et la vision kurde de la démocratie,
-
55:27 - 55:30qu'on appelle
confédérationalisme démocratique -
55:31 - 55:36ou communalisme kurde,
est basée sur l’auto-gouvernance, -
55:36 - 55:41sur l’autonomie, l’écologie politique, sur
des conseils, et la démocratie directe. -
55:41 - 55:44Ce qui m’amène à ce que dit Yanis :
-
55:44 - 55:46De quoi avons-nous besoin en 2025 ?
-
55:46 - 55:52…Mais d'abord, vous savez qui ont été
les premiers à vaincre DAECH ? -
55:52 - 55:56C’étaient les Kurdes
et le mouvement kurde. -
55:56 - 55:58Alors au lieu de les soutenir eux,
-
55:58 - 56:01l’Occident soutient DAECH.
-
56:01 - 56:03Ça résume bien la démocratie occidentale
-
56:03 - 56:06et le cynisme de l’Occident,
qui est désormais… -
56:09 - 56:14…c'est évident que les prisons
syriennes sont horribles, -
56:14 - 56:18mais c'est l'Occident qui a inventé
Abou Ghraib et Guantanamo. -
56:18 - 56:21Ce n'est qu'un exemple
du deux poids, deux mesures, -
56:21 - 56:22du jeu cynique de l'Occident.
-
56:22 - 56:25Mais là où je vois un futur,
-
56:25 - 56:29qui malheureusement est en train
d'être détruit en ce moment même, -
56:30 - 56:32c'est dans une autre idée
de la démocratie, -
56:32 - 56:37plus radicale que l'idée
de démocratie parlementaire, -
56:37 - 56:39que la vision libérale de la démocratie.
-
56:39 - 56:43Et ça nous ramène à ce que tu disais sur
l'idée de mouvement populaire, Yanis. -
56:43 - 56:46L’une des nombreuses raisons
pour lesquelles -
56:46 - 56:49les Frères musulmans sont arrivés
au pouvoir après Moubarak, -
56:49 - 56:54c'est qu'ils étaient bien
organisés à l'échelle locale, -
56:54 - 56:57dans ce qui est d'habitude
fait par la gauche : -
56:57 - 57:02l'entraide, la coopération,
la fourniture de médicaments, -
57:02 - 57:05aider les gens…
Ce que fait la Mafia en Italie, -
57:05 - 57:06pour le dire autrement.
-
57:06 - 57:07Ça peut sembler dingue,
-
57:07 - 57:14mais d'une certaine manière, ce qu'il font
à ce niveau non étatique fonctionne. -
57:15 - 57:19Ce qui m'amène à
ce que nous devrions faire, -
57:19 - 57:22et en tous cas à
ce que je vais faire en 2025 : -
57:22 - 57:26essayer modestement et autant que possible
-
57:26 - 57:28de construire des institutions parallèles.
-
57:28 - 57:33D'une certaine manière, DiEM25
est déjà une institution parallèle. -
57:33 - 57:37On a des centaines de milliers de membres,
-
57:37 - 57:41pas tous actifs, mais dans l'ensemble,
c'est une institution qui fonctionne. -
57:41 - 57:48Différentes institutions peuvent
fournir cette base -
57:49 - 57:50pas seulement de résistance,
-
57:50 - 57:54et je n’appellerais pas non plus ça de la
résilience parce que je déteste ce terme. -
57:54 - 57:57La résilience, c'est
un concept très libéral : -
57:57 - 58:00« Il suffit de s'adapter
à une nouvelle crise climatique, -
58:00 - 58:03une nouvelle vague de chaleur,
un nouveau génocide, -
58:03 - 58:04soyons un peu plus résilients. »
-
58:04 - 58:06Au diable la résilience !
-
58:06 - 58:09Don on doit construire,
non pas de la résilience, -
58:09 - 58:12mais plutôt… et je sais que
ça peut paraître prétentieux, -
58:12 - 58:15mais plutôt une sorte
d'archipels d'autonomie, -
58:15 - 58:20ou ce que les Kurdes appellent
confédérationalisme : des institutions -
58:20 - 58:27qui ne font partie ni de l'État, ni du
marché. Des institutions parallèles. -
58:27 - 58:31Les mouvements réactionnaires
ont plutôt bien réussi -
58:31 - 58:33à créer ces institutions parallèles.
-
58:33 - 58:37La gauche aussi, historiquement.
Mais plus maintenant. -
58:37 - 58:42Il faut des institutions qui apportent
une aide réelle et concrète -
58:42 - 58:48aux gens, qui donnent du sens,
qui fournissent des moyens de résister -
58:48 - 58:50aux multinationales.
-
58:50 - 58:52Je ne pense pas qu'il suffise,
-
58:52 - 59:00comme l'a fait Luigi (Mangione) aux USA,
il ne suffit pas de tuer un PDG. -
59:00 - 59:03Tout comme il ne suffisait pas
aux anarchistes en Russie -
59:03 - 59:05tuaient quelqu'un de l’un ou l’autre camp.
-
59:06 - 59:08Il faut un mouvement.
-
59:08 - 59:10Et en plus d'un mouvement,
il faut une infrastructure. -
59:10 - 59:15Je pense que c'est ce qui fait vraiment
défaut dans notre camp. -
59:15 - 59:19Des infrastructures non seulement dans
les villes, mais aussi dans les villages. -
59:19 - 59:21Pas juste d'organiser
un événement dans un théâtre, -
59:21 - 59:25mais plutôt d'être capable
de se passer des réseaux sociaux, -
59:25 - 59:27de communiquer directement avec les gens.
-
59:27 - 59:30Parce que cette phase
-
59:30 - 59:33de ce qu'on appelle la gauche,
-
59:33 - 59:38capable de promouvoir ses idées
et de mobiliser via les réseaux sociaux, -
59:39 - 59:42on n'est pas sûr que ça va
pouvoir continuer. -
59:42 - 59:45Parce que si notre seigneur féodal,
par exemple, est Elon Musk -
59:45 - 59:48et ont sait ce qu'il fait en ce moment,
-
59:48 - 59:51la question reste ouverte pour 2025.
-
59:51 - 59:55Et je pense que la gauche,
sans parler des Verts -
59:55 - 59:59qui ont perdu toute crédibilité,
-
59:59 - 60:00au moins les Verts européens,
-
60:00 - 60:04ce qui ne veut pas dire que l'écologie
politique, n'est pas importante. -
60:04 - 60:08C'est plus important que jamais,
précisément à cause de l'échec des Verts. -
60:08 - 60:12Mais ce à quoi nous, mais aussi la gauche
et les libéraux devont faire face, -
60:12 - 60:16c'est une défaite majeure
de la démocratie, -
60:16 - 60:19une défaite majeure
pour la planète elle-même, -
60:19 - 60:25car la guerre, le climat, les réfugiés,
la montée du fascisme, tout ça se conjugue -
60:25 - 60:28et en fait, c'est complètement lié.
-
60:29 - 60:30[Mehran] Merci, Srećko.
-
60:30 - 60:34Il semble que la gauche a besoin
-
60:34 - 60:37de passer de la mobilisation
à l'organisation. -
60:37 - 60:39C'est bien ça ?
-
60:39 - 60:44Et de disposer d'institutions locales
qui incarnent le changement, -
60:44 - 60:46plutôt que d'essayer
de provoquer un changement. -
60:46 - 60:49Yanis, voudrais-tu réagir
à e que Srećko vient de dire -
60:49 - 60:52avant la fin du stream ?
-
60:52 - 60:56[Yanis] Merci Srećko
d'avoir mentionné les Kurdes -
60:56 - 61:01et leur démocratie confédérale,
qui est en effet un exemple remarquable -
61:01 - 61:03d’une démocratie qui fonctionne,
-
61:04 - 61:09et qui bien sûr, soutient
le choix fait par DiEM25 -
61:09 - 61:11de récupérer
le concept de démocratie, -
61:11 - 61:14de l'enlever aux soi-disant
démocrates libéraux -
61:14 - 61:15qui ont détruit la démocratie,
-
61:15 - 61:18comme les Verts ont détruit
le mouvement vert, -
61:18 - 61:21maintenant ils sont bruns,
les démocrates sont oligarchiques, -
61:21 - 61:23et ils ont complètement, complètement
-
61:23 - 61:25sali le concept de démocratie.
-
61:25 - 61:34Je vais me permettre une parenthèse
philosophique et historique. -
61:34 - 61:37[Srećko] Je m'en doutais. Vas-y.
-
61:37 - 61:40[Yanis] Évidemment,
tu me connais trop bien. -
61:41 - 61:45Les capitalistes libéraux occidentaux
-
61:45 - 61:51aiment se draper de l’aura
de l’ancienne démocratie athénienne. -
61:51 - 61:53Mais c'est faux de dire qu'ils ont suivi
-
61:53 - 61:56le modèle démocratique athénien antique.
-
61:56 - 61:58Non, leur modèle est la Magna Carta.
-
61:59 - 62:00Ce n’est pas l’Athènes antique.
-
62:00 - 62:03L'Athènes antique est utilisée
comme accessoire. -
62:03 - 62:07Le véritable modèle est la Magna Carta,
-
62:07 - 62:10qui était un accord passé
entre le roi et les barons -
62:10 - 62:15pour se partager les richesses du pays,
-
62:15 - 62:17y compris les êtres humains
qui y habitaient. -
62:17 - 62:22C'était donc un droit d'exploiter
les esclaves et paysans -
62:22 - 62:26que les barons ont extorqué au roi.
-
62:26 - 62:28C'est ça la démocratie aujourd’hui :
-
62:28 - 62:31une oligarchie avec
des élections périodiques. -
62:31 - 62:33Ce n’est pas l’Athènes antique,
-
62:33 - 62:35parce que même si
vous aviez inclus les femmes -
62:35 - 62:37et les métèques,
-
62:37 - 62:40car seul un tout petit groupe
d'hommes étaient citoyens d'Athènes, -
62:40 - 62:43et pourtant, ce régime avait quelque chose
-
62:43 - 62:47qui ne serait accepté par aucun
régime capitaliste libéral aujourd'hui. -
62:47 - 62:50Il était gouverné par
les pauvres, car la majorité -
62:50 - 62:55des hommes qui avaient le droit
de vote à Athènes étaient pauvres. -
62:55 - 62:58Et c'était des démocrates
qui étaient contre les élections. -
62:58 - 63:01C'est pourquoi ils croyaient au système
de jury, au tirage au sort. -
63:01 - 63:05La démocratie athénienne avait
un aspect très progressiste, -
63:05 - 63:10que la démocratie libérale moderne
rejette catégoriquement. -
63:10 - 63:14Ils reprennent uniquement l'idée
du Parthénon et le concept de Périclès. -
63:15 - 63:18Bref. Peu importe, mais je veux
ajouter un dernier point. -
63:20 - 63:24J’ai vu la démocratie dans
les endroits les plus improbables. -
63:24 - 63:28J'ai vu la démocratie dans certaines
communautés aux États-Unis -
63:29 - 63:33qui élisent leur juge
ou leur shérif et qui… -
63:33 - 63:35en particulier les communautés pauvres.
-
63:35 - 63:38Je l’ai vue même dans
certaines grandes entreprises, -
63:39 - 63:41dont une société pour laquelle
j'ai travaillé aux USA, -
63:41 - 63:45qui avait un système
« une action = une personne = une voix », -
63:45 - 63:47ce qui est l’essence
de la démocratie économique, -
63:47 - 63:49sans laquelle la démocratie
est impossible. -
63:49 - 63:53Car sans démocratie économique,
on se retrouve avec une oligarchie. -
63:53 - 63:57Mais c'est tout petit. Comme tu dis :
un archipel de toutes petites expériences. -
63:57 - 64:00J'ai vu la démocratie
à la mairie de Shanghai -
64:01 - 64:03il y a quelques mois en Chine,
-
64:03 - 64:05Les gens disent : « Comment ça, la Chine ?
-
64:05 - 64:07Parti communiste chinois, Autocratie ! »
-
64:07 - 64:09C'est vrai qu'il y a
l'autocratie, le totalitarisme -
64:09 - 64:11et des prisonniers politiques.
-
64:11 - 64:14Mais si vous aviez été avec moi
-
64:14 - 64:16à l'hôtel de ville de Shanghai,
-
64:16 - 64:21et que vous aviez vu
des salles pleines de gens -
64:21 - 64:26représentant les quartiers de Shanghai,
débattant des lois de leur quartier -
64:26 - 64:31et rédigeant cette législation ensemble,
-
64:31 - 64:33de manière participative.
-
64:33 - 64:36Ça c'est une démocratie populaire
-
64:36 - 64:38à l'échelle municipale,
-
64:38 - 64:41que nous n’avons pas en Europe
sous le capitalisme libéral. -
64:41 - 64:45Mais au-delà de ça bien sûr, personne
ne doit critiquer le Parti communiste. -
64:45 - 64:49Donc ces poches
d'expériences démocratiques, -
64:49 - 64:54avec l'expérience kurde à son sommet,
-
64:54 - 64:59nous indique que le seul
obstacle à la démocratie, -
64:59 - 65:05c'est la puissance oligarchique
du grand capital et du cloud capital. -
65:05 - 65:08Mais contrairement à toi, je pense
qu'il faut utiliser les réseaux sociaux. -
65:08 - 65:11C'est incontournable.
-
65:11 - 65:15C'est comme si au 18e ou au 17e siècle,
-
65:15 - 65:17on refusait de se servir de la presse
-
65:17 - 65:20parce qu'elle est contrôlée par l'Église.
-
65:20 - 65:22Bien sûr qu'on va utiliser la presse.
-
65:22 - 65:26Mais on va l'usurper, la prendre
et imprimer nos propres pamphlets : -
65:26 - 65:29des pamphlets radicaux et subversifs.
-
65:29 - 65:32Et d'ailleurs en ce moment même,
on se parle via Zoom, -
65:32 - 65:34et via YouTube.
-
65:34 - 65:36Et alors ? Il faudrait s'abstenir
-
65:36 - 65:40parce que YouTube c'est le cloud capital
et l'empire technoféodal ? -
65:40 - 65:41Bien sûr que non.
-
65:41 - 65:44Au contraire, il faut retourner
ces armes contre eux. -
65:44 - 65:46Tout comme l'idée principale
-
65:46 - 65:49de la gauche marxiste était
de prendre le contrôle des machines, -
65:49 - 65:50pas de les briser.
-
65:51 - 65:52[Mehran] Merci Yanis.
-
65:52 - 65:57Je suis conscient que nous avons dépassé
le temps imparti. Srećko sera bientôt -
65:57 - 66:01par des petites ou peut-être
une seule petite personne. -
66:01 - 66:04Donc passons au dernier segment,
-
66:04 - 66:08en commençant par Srećko :
-
66:08 - 66:11Quelles œuvres d’art
t'ont marqué cette année ? -
66:11 - 66:14Des livres, des films, ce que tu veux.
-
66:16 - 66:21[Srećko] Après toute cette discussion,
j'aimerais aussi répondre à Yanis -
66:21 - 66:24sur les réseaux sociaux,
mais la prochaine fois. -
66:24 - 66:29Je dirais quand même que bien sûr,
je suis toujours pour la subversion, -
66:29 - 66:32et pour l'idée de retourner des armes
contre ceux qui les ont créées. -
66:32 - 66:37Mais en même temps, nous devrions créer
notre infrastructure, notre plateforme, -
66:37 - 66:39et pour l'instant
ça n'a pas été très fructueux. -
66:39 - 66:42Mais c'est un autre sujet,
-
66:42 - 66:45ou plutôt ce serait
une trop longue discussion. -
66:45 - 66:50Concernant les arts,
les livres, la théorie -
66:50 - 66:53et pour parler de sujets plus agréables,
-
66:53 - 66:56Eh bien, j'ai beaucoup lu
ces derniers mois. -
66:56 - 66:59J'ai eu cette chance.
-
66:59 - 67:04Bon ce n'est plus totalement
nouveau, mais je relisais le livre -
67:04 - 67:08de David Wengrow et David Graeber,
"Au commencement était…", -
67:08 - 67:12parce qu'il montre de façon très belle
comment jusqu'à présent, -
67:12 - 67:18au moins jusqu'à leur livre, nous n'étions
pas capables d'imaginer ou prouver… -
67:18 - 67:24…et Dieu merci grâce à cet archéologue,
David Wengrow, nous savons maintenant -
67:24 - 67:29que les sociétés préhistoriques étaient
à bien des égards plus radicales -
67:29 - 67:34que notre société actulle en matière
de vie en communauté et de démocratie. -
67:35 - 67:37Et je pense que c'est
un livre très important, -
67:37 - 67:45qui s'oppose à Harari, Pinker, et toute
cette pensée linéaire progressiste, -
67:45 - 67:49qui va jusqu'à Fukuyama
et la « fin de l'histoire », -
67:49 - 67:54comme si c'était le destin de l'humanité
de partir des chasseurs-cueilleurs, -
67:54 - 68:00en passant par la révolution agricole
pour arriver à la démocratie libérale, -
68:00 - 68:02qui, comme on l'a vu aujourd’hui,
-
68:02 - 68:06n’est en réalité rien d’autre
qu’un jeu de pouvoir de l’oligarchie. -
68:07 - 68:10J'ai aussi lu les livres de Kristin Ross.
-
68:10 - 68:13Je crois que les deux
sont publiés par Verso. -
68:13 - 68:16L'un est « L'imaginaire de la Commune »,
sur la Commune de Paris, -
68:16 - 68:21et l'autre est « La forme-Commune issue »,
qui va de la Commune de Paris -
68:21 - 68:24jusqu'au mouvements japonais,
aux ZAD françaises, -
68:24 - 68:28et qui développe à mon avis
une pensée théorique très intéressante -
68:28 - 68:34qui avait été abandonnée
il y a un siècle ou deux, -
68:34 - 68:40après une discussion très intéressante
entre des marxistes, dont Marx, -
68:40 - 68:43et des anarchistes comme Proudhon,
Kropotkine, Élisée Reclus et d'autres -
68:43 - 68:46sur le sens de la Commune de Paris.
-
68:46 - 68:48Kristin Ross démontre brillamment,
-
68:48 - 68:54comme on a essayé de le faire
aujourd'hui, mais elle le dit mieux, -
68:54 - 68:56en s'appuyant sur la Commune de Paris,
-
68:56 - 69:02comment nous devons créer
une sorte de forum communautaire. -
69:02 - 69:05En entendant ça on a tendance
à se représenter -
69:05 - 69:12les communes de Paris en 68,
Bertolucci et son film « The Dreamers » -
69:12 - 69:15et comment tout ça a abouti à
la marchandisation du capitalisme. -
69:15 - 69:18Mais c’est pas de ce genre
de commune qu'elle parle. -
69:19 - 69:22Ces derniers jours, j'ai aussi
lu ce chouette petit livre -
69:22 - 69:24intitulé « Gramsci at Sea »,
-
69:24 - 69:27qui parle de l'importance des océans.
-
69:28 - 69:31Ça parle de l'exploitation minière
en haute mer et du fait que les océans -
69:31 - 69:38sont devenus ce territoire
d'accumulation primitive, -
69:38 - 69:40de privatisation des biens communs.
-
69:40 - 69:42C'est un livre très intéressant
et important, -
69:42 - 69:48et si vous le lisez en ayant à l'esprit
la situation géopolitique -
69:48 - 69:51qui se déroule sous nos yeux
ou sur nos écrans, -
69:51 - 69:54tant en mer Méditerranée
que dans le Pacifique. -
69:54 - 70:00Si aujourd'hui on a parlé de la précédente
séquence historique, je pense que ce livre -
70:00 - 70:07montre une future séquence historique,
liée aux océans et aux îles futures, -
70:07 - 70:11mais aussi aux intérêts géopolitiques
en Méditerranée et dans le Pacifique. -
70:12 - 70:16Voilà quelques livres,
-
70:16 - 70:19j'en ai lu beaucoup d'autres.
-
70:21 - 70:23En fait Yanis, j'ai aussi bien aimé…
-
70:23 - 70:25…je crois qu'il vit
sur la même île que toi… -
70:25 - 70:29J'ai aimé le livre de James Bridle,
"Ways of Seeing". Non : "Ways of Being" -
70:29 - 70:32Désolé, je confondais avec
le livre de John Berger, -
70:32 - 70:34Celui-ci c'est "Ways of Being".
-
70:34 - 70:39Il est venu à notre événement
scolaire ISSA sur l'île de Vis -
70:39 - 70:40il y a deux mois.
-
70:40 - 70:43C'était une conférence très inspirante,
-
70:43 - 70:47surtout dans cette ambiance paralysante
-
70:47 - 70:51avec les atrocités qui se déroulent
dans le monde et cette guerre totale. -
70:51 - 70:56Il parle d'élargir nos sens de perception
et de prendre en compte… -
70:56 - 71:01…ce que faisait déjà Pierre Kropotkine
d'ailleurs, un grand géographe -
71:01 - 71:05qui étudiait le monde animal et a montré
que la coopération et l'entraide -
71:05 - 71:08existent déjà chez d’autres espèces.
-
71:08 - 71:12James Bridle fait la même chose
avec les plantes, -
71:12 - 71:14les machines.
-
71:14 - 71:17Et je pense que c'est très important
de se débarrasser -
71:17 - 71:22de cette position narcissique
anthropocentrée, qui consiste -
71:22 - 71:28pour l'humanité à penser que notre fin
serait la fin de tout. Ce n'est pas vrai. -
71:28 - 71:30Et c'est une bonne nouvelle.
-
71:30 - 71:33Ça ne veut pas dire que
nous ne devons pas être actifs -
71:33 - 71:35et nous mobiliser autant que possible,
-
71:35 - 71:38mais nous devrions aussi élargir
nos sens de perception -
71:38 - 71:43et être sensibles à autre chose
que la géopolitique et les guerres, -
71:43 - 71:46même si on reste mobilisés.
-
71:47 - 71:48Oui, j'ai regardé des films,
-
71:48 - 71:50un peu de tout,
-
71:50 - 71:51je parle pendant des heures,
-
71:51 - 71:55Mais Yanis, dis-nous
ce que tu as lu ou regardé. -
71:55 - 71:56[Mehran] Vas-y.
-
71:56 - 71:58[Srećko] Sauf Star Trek !
-
71:58 - 72:00[Yanis] Star Trek n'est pas nouveau.
-
72:00 - 72:01[Srećko] Ouais, je sais.
-
72:01 - 72:04[Yanis] Je ne vais pas
parler Das Kapital -
72:04 - 72:06donc je ne parlerai pas non plus
de Star Trek ici. -
72:06 - 72:09Mais j'ai un livre ici pour vous,
parce que je pense -
72:09 - 72:13que ce qui s'est passé en Inde
ces 10 dernières années, -
72:13 - 72:19avec la disparition du cosmopolitisme
et de la laïcité, -
72:19 - 72:24et la montée de l’hindouisme
néofasciste radical. -
72:24 - 72:26Voilà le livre.
-
72:26 - 72:28"The Incarcerations",
écrit par Alpa Shah. -
72:28 - 72:33C'est un livre superbement bien écrit
sur les prisonniers politiques -
72:33 - 72:38qui croupissent en prison pour s'être
opposés à cette conversion de l'Inde -
72:38 - 72:42en un membre de l’internationale
trumpiste et nationaliste. -
72:43 - 72:44Je le recommande vivement.
-
72:44 - 72:49Pour les films, c'est forcément
"The Old Oak" de Ken Loach. -
72:51 - 72:58C'est un chef-d'œuvre typique
de l'homme qui en a produit tant -
72:58 - 73:05ces 30 dernières années, Ken Loach,
camarade, membre et ami de DiEM25 -
73:05 - 73:07mais avant tout Ken Loach.
-
73:07 - 73:11Le film est génial.
Je le recommande vivement, -
73:11 - 73:14car il parle d'immigration.
-
73:14 - 73:20Sans trop en révéler,
-
73:22 - 73:26l'histoire se déroule dans
un village abandonné du Yorkshire -
73:26 - 73:28qui a été dévasté
par la grève des mineurs. -
73:29 - 73:31La moitié des gens sont partis,
-
73:31 - 73:34l’autre moitié est au chômage
et partisane du Brexit. -
73:34 - 73:41Ils ont transformé
leur mécontentement en racisme. -
73:41 - 73:43Et soudain,
-
73:43 - 73:48Ces réfugiés syriens arrivent
dans cet endroit dévasté -
73:48 - 73:50parmi des gens qui détestent les étrangers
-
73:50 - 73:52juste parce qu’il leur faut
quelque chose à détester. -
73:52 - 73:56Et ces gens sont divisés : certains
étaient pour la grève des mineurs, -
73:56 - 73:58d'autres pour les briseurs de grève.
-
73:58 - 74:01Et puis les Syriens arrivent,
et là ils se rassemblent tous. -
74:01 - 74:03Et Loach est fantastique.
-
74:03 - 74:06Tout en racontant l’histoire
progressiste qu’il veut raconter, -
74:06 - 74:08il en fait une histoire humaine,
-
74:08 - 74:12où tu comprends le point de vue de chacun
-
74:12 - 74:19et tu en ressors empli
d'une joie très rare de nos jours. -
74:19 - 74:21Après avoir listé un livre et un film,
-
74:21 - 74:23je vais vous donner une série.
-
74:23 - 74:29Malheureusement elle est sur Apple TV.
Encore le technoféodalisme. -
74:29 - 74:30Elle s'appelle Silo.
-
74:34 - 74:35C'est de la science-fiction.
-
74:35 - 74:39Mais malheureusement, ça pourrait bientôt
devenir une réalité scientifique. -
74:40 - 74:43Les humains vivent
dans des silos souterrains profonds, -
74:43 - 74:47parce que la terre
et l'air sont empoisonnés. -
74:47 - 74:55Et sous terre, ils reproduisent
des modèles de hiérarchie, -
74:56 - 74:59de mensonges, de fake news, d’oppression.
-
75:01 - 75:08Si vous êtes prêts à accepter le fait
que nous empoisonnons la Terre, -
75:09 - 75:13et ce que ça signifie pour nous,
je vous conseille de regarder Silo. -
75:15 - 75:16[Mehran] Merci, Yanis.
-
75:16 - 75:22Je vais en recommander une autre,
en fait elle date de 2019, -
75:22 - 75:23mais je viens juste de le voir.
-
75:23 - 75:26Ça s'appelle Years and Years, 6 épisodes.
-
75:27 - 75:31De la science-fiction brillante,
effrayante, dystopique, -
75:31 - 75:37mais aussi inspirante, et si prémonitoire,
vu qu'elle date de 2019. -
75:37 - 75:40Ça parle de réfugiés, de la crise
ukrainienne, de la Chine, de tout. -
75:41 - 75:43Elle n'est pas parfaite,
c’est très anxiogène, -
75:43 - 75:45mais magnifique à regarder.
-
75:45 - 75:47Passons à vos recommandations !
-
75:47 - 75:51Sam Wilkinson recommande
"Fossil Capital" d'Andreas Malm. -
75:51 - 75:55Libra recommande le film Martin Eden,
adapté de Jack London. -
75:55 - 76:00Okay to Let Go dit que Wengrow,
que tu as mentionné Srećko, -
76:00 - 76:03a une bonne chaîne YouTube.
-
76:03 - 76:09HD recommande un live de Johan Zerzan :
"Future Primitive Revisited". -
76:09 - 76:13Il dit que c’est la seule façon pour nous
de survivre en tant qu’espèce. -
76:13 - 76:16P McGee recommande
toute l'œuvre de Joanna Macy, -
76:16 - 76:19militante écologiste
et spécialiste du bouddhisme. -
76:19 - 76:21Et on a fait le tour.
-
76:21 - 76:25Je vais lire encore quelques commentaires.
-
76:25 - 76:27J'aurais dû les lire avant.
-
76:27 - 76:31Des commentaires plus généraux
de cette dernière demi-heure. -
76:32 - 76:37HD dit : « Il faut revenir aux cités-États
pour permettre une vraie démocratie. » -
76:37 - 76:40The Freak le contredit : « Le localisme
ne peut pas traiter -
76:40 - 76:43les grands problèmes de notre époque,
dont le changement climatique. » -
76:43 - 76:47Mighty Insect demande : « Quelles
structures robustes et auto-organisées -
76:47 - 76:49permettraient de collaborer
par-delà toute frontière ? -
76:49 - 76:52Vraie question : je m'interroge
sur les bonnes pratiques. » -
76:52 - 76:54C'est une chose à laquelle
-
76:54 - 76:56nous travaillons activement
chez DiEM25. -
76:56 - 76:57On va en faire encore plus.
-
76:57 - 77:00Je suis personnellement
très investi sur ce sujet : -
77:00 - 77:01bonnes pratiques, bonnes tactiques.
-
77:01 - 77:04Alors restez à l’écoute
de notre chaîne YouTube. -
77:04 - 77:06Appuyez sur la cloche.
-
77:06 - 77:10On a des entretiens avec des militants
qui ont fait du très bon travail -
77:10 - 77:12et on est en train de cataloguer
-
77:12 - 77:15ces bonnes pratiques pour que
tout le monde uisse les imiter. -
77:15 - 77:20Et Masshouse dit : « La gauche devrait
se soucier moins d'idéologie -
77:20 - 77:22et plus d'entraîner
un soutien populaire, -
77:22 - 77:24capable de faire pression
sur les politiciens. -
77:24 - 77:26Ces prises de position ne mènent à rien.
-
77:26 - 77:27Je suis d'accord.
-
77:27 - 77:32Enfin TJ dit : « Srećko devrait être
présent plus souvent dans vos streams ! » -
77:32 - 77:35Je suis tout à fait d’accord.
-
77:35 - 77:36Merci beaucoup.
-
77:36 - 77:38[Yanis] J'espère !
-
77:38 - 77:40[Srećko] À l'année prochaine,
-
77:40 - 77:41ou quelque chose comme ça.
-
77:41 - 77:42[Mehran] Non, non.
-
77:42 - 77:45[Yanis] Tu veux dire en janvier 2025.
-
77:45 - 77:47[Srećko] c'est dans
quelques jours, mais non. -
77:47 - 77:49Une dernière suggestion.
-
77:49 - 77:50Je viens d'y repenser.
-
77:50 - 77:52L'un des meilleurs films
que j'ai vu cette année -
77:52 - 77:54est "Soundtrack to a Coup d'État"
-
77:55 - 77:58C'est un documentaire réalisé, je crois,
par des cinéastes belges -
77:58 - 78:00sur le coup d'État au Congo.
-
78:01 - 78:06Et c'est incroyable. Ça parle de la CIA,
du rôle du jazz, des ressources, -
78:06 - 78:10notamment de l'uranium nucléaire
-
78:10 - 78:13qui a été utilisé pour
la bombe d'Hiroshima. -
78:13 - 78:14Ça venait du Congo.
-
78:14 - 78:16On sait ce qui se passe
au Congo aujourd'hui. -
78:16 - 78:18C'est un très bon film.
-
78:18 - 78:21J'ai pas regardé "Silo",
ça avait l'air super déprimant. -
78:21 - 78:25J'ai vu "Years and Years"
et oui, je crois me souvenir -
78:25 - 78:28que c'était une très bonne série.
Voilà c'est tout. -
78:28 - 78:29[Mehran] Super.
-
78:30 - 78:31Merci à vous.
-
78:31 - 78:33Merci Yanis, Srećko et merci à vous tous.
-
78:33 - 78:36Si vous souhaitez vous impliquer à DiEM25,
-
78:36 - 78:37si vous avez aimé ce stream,
-
78:37 - 78:43allez sur diem25.org/join,
ou /donate pour faire un don -
78:43 - 78:44et nous maintenir à flot.
-
78:44 - 78:48On dépend uniquement de gens comme vous.
-
78:48 - 78:50Je vous dis : à l'année prochaine.
-
78:50 - 78:56Cliquez sur la cloche pour être
averti(e) du prochain stream. -
78:56 - 78:57Dans pas longtemps.
-
78:57 - 79:01Merci, prenez soin de vous,
et joyeux Noël à vous. -
79:01 - 79:02Au revoir!
- Title:
- E104 : 2025, la dernière chance pour l'Europe ? Avec Yanis Varoufakis et Srećko Horvat
- Description:
-
2024 a été une année de bouleversements et de réveils, marquée par les désastres climatiques, une inégalité croissante, et un paysage géopolitique en crise. Entre la poursuite de la guerre en Ukraine, le génocide en Palestine, et les nombreuses manifestations en Europe, ce fut une année difficile pour beaucoup d'entre nous. Pendant ce temps, des paralysies politiques et la réalisation que les décisions impactant notre futur sont prises à huis clos ont généré chez les citoyens un sentiment d'impuissance.
Au cours de cette conversation, Yanis Varoufakis, Srećko Horvat et notre hôte Mehran Khalili reviennent sur les principaux moment de 2024, puis regardent vers 2025.
Nous nous demanderons comment construire une Europe qui fonctionne pour tous, et non seulement pour une minorité de puissants, et comment opérer un revirement en 2025, pour plus de démocratie, de paix, et de justice, partout.
Regardez-nous en direct et posez-nous vos questions !
SUIVEZ NOS INTERVENANTS
---------------------
Mehran : https://x.com/mkhalili
Yanis : https://x.com/yanisvaroufakis
Srećko Horvat : https://x.com/HorvatSreckoSOUTENEZ-NOUS
---------------------
Rejoignez DiEM25 : https://diem25.org/join
Faites un don à DiEM25 : https://diem25.org/donate
Abonnez-vous : https://www.youtube.com/c/DiEM25official#Europe #2025 #politique
- Video Language:
- English
- Duration:
- 01:19:02