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Quand les sans-voix prennent la parole | Grace Ann Limoncelli | TEDxPhillipsAcademyAndover

  • 0:18 - 0:20
    « Maintenant mes charmes sont détruits,
  • 0:20 - 0:23
    Je n’ai plus d’autre force
    que la mienne... »
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    Prospero, dans La Tempête de Shakespeare
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    « Monsieur, je vous demande pardon,
    je ne l’ai pas fait exprès. »
  • 0:32 - 0:33
    Marie Antoinnette.
  • 0:35 - 0:37
    « Tout est illusion. »
  • 0:37 - 0:38
    Mata Hari
  • 0:40 - 0:43
    Qu'est-ce que ces citations
    ont en commun ?
  • 0:44 - 0:45
    Vous pourriez penser que rien.
  • 0:46 - 0:49
    Toutes ces citations, toutes ces perles,
  • 0:49 - 0:50
    sont des dernières paroles.
  • 0:51 - 0:52
    La première,
  • 0:52 - 0:55
    de Prospero, le personnage de Shakespeare,
  • 0:55 - 0:57
    lorsqu’il fait ses adieux au théâtre.
  • 0:57 - 0:59
    Et maintenant,
  • 1:00 - 1:04
    on la considère comme l'adieu
    de Shakespeare lui-même.
  • 1:05 - 1:08
    La seconde, de Marie Antoinette,
  • 1:09 - 1:13
    lorsqu'elle s'approchait de la guillotine
    et bouscula le bourreau.
  • 1:14 - 1:19
    Pour finir, Mata Hari avant son exécution.
  • 1:21 - 1:25
    Les dernières paroles
    sont comme des aimants.
  • 1:25 - 1:29
    On les voit souvent
    comme des bouts de vérité suprêmes.
  • 1:29 - 1:33
    Ces lignes, nous pouvons
    en faisons notre philosophie,
  • 1:33 - 1:35
    nous qui n'avons pas encore
    fait l’expérience de la mort
  • 1:36 - 1:37
    Pourquoi ?
  • 1:37 - 1:42
    Pourquoi cherchons-nous des conseils,
    des mantras, qui change tout,
  • 1:43 - 1:47
    contenus dans ces mots d'esprits
    censés être universels ?
  • 1:48 - 1:51
    Les petites phrases généralisées
    ne reflètent pas
  • 1:51 - 1:55
    ce que signifie d'avoir
    une vie bonne et unique.
  • 1:55 - 1:57
    Et ce que je souhaitais découvrir,
  • 1:57 - 1:59
    au final,
  • 1:59 - 2:02
    quand j’ai enfin commencé ce parcours
    dont je veux vous faire part,
  • 2:02 - 2:05
    ce n’est pas un réponse
    car je ne crois pas qu'il y ait
  • 2:05 - 2:08
    une façon unique d'avoir
    une vie qui vaille la peine,
  • 2:08 - 2:11
    mais de nombreuses voies différentes
    qu’on peut prendre.
  • 2:11 - 2:13
    J’ai cherché une méthode
  • 2:13 - 2:17
    pour résoudre l'énigme
    qu'on appelle vie heureuse.
  • 2:18 - 2:21
    C'est ce dont nous allons
    discuter aujourd'hui.
  • 2:23 - 2:25
    Ça m’a frappé l’an dernier
  • 2:25 - 2:27
    quand ma grand-tante est entrée
    dans une maison de retraite.
  • 2:28 - 2:29
    Elle a 63 ans.
  • 2:29 - 2:32
    Elle est tétraplégique depuis ses 20 ans,
  • 2:32 - 2:35
    suite à une chute de moto
    qui a touché sa moelle épinière.
  • 2:37 - 2:39
    La voir devenir dépendante des autres,
  • 2:40 - 2:41
    surtout de ma mére,
  • 2:42 - 2:44
    après avoir été indépendante
    pendant bien des années,
  • 2:44 - 2:48
    m'a fait voir la solitude
    pour la première fois.
  • 2:49 - 2:52
    En vérité, c'est une des choses
    les plus terrifiantes.
  • 2:54 - 2:58
    On oublie trop facilement
    les résidents des maisons de retraite.
  • 2:59 - 3:02
    La plupart vivent isolés
    dans leurs chambres
  • 3:02 - 3:05
    avec peu d'interaction sociale
    hormis avec les infirmiers
  • 3:05 - 3:08
    et quelques visites de leur famille.
  • 3:08 - 3:10
    Et comme beaucoup ont des handicaps,
  • 3:10 - 3:13
    qui rendent difficile
    une communication de qualité,
  • 3:13 - 3:15
    souvent, tout est perdu.
  • 3:16 - 3:19
    Quand on réfléchit au rôle
    qu’on joue dans le monde
  • 3:20 - 3:23
    et à l’impact plus important
    que notre génération pourra avoir
  • 3:23 - 3:25
    sur un futur positif,
  • 3:25 - 3:28
    on a tendance à blâmer le passé.
  • 3:29 - 3:32
    Mais avec cette vision hypocrite,
  • 3:32 - 3:33
    on perd de vue
  • 3:33 - 3:36
    les relations précieuses
    qu'on pourrait former avec nos aînés
  • 3:36 - 3:40
    pour relier passé, présent et futur.
  • 3:41 - 3:45
    Les échecs comme les victoires
    peuvent nous font grandir.
  • 3:46 - 3:49
    On ne devrait pas être obligés
    de réinventer la roue pour avancer.
  • 3:51 - 3:52
    J’ai cherché quelques conversations
  • 3:52 - 3:56
    pour entamer notre périple dans la maison
    de retraite de ma grand-tante.
  • 3:56 - 4:00
    Les résidents partageaient leurs vies,
    leurs pensées et regrets avec moi.
  • 4:01 - 4:05
    Le fil conducteur commun
    à toutes ces histoires, c'était l’espoir.
  • 4:06 - 4:10
    Tous les résidents avaient quelque chose
    qui illuminait leurs visages.
  • 4:11 - 4:13
    Et cette passion,
  • 4:13 - 4:15
    cette motivation positive
  • 4:15 - 4:18
    qui a le pouvoir de changer le monde.
  • 4:19 - 4:22
    Je vais maintenant inviter
    quelques camarades de classe
  • 4:22 - 4:23
    à venir raconter ces histoires.
  • 4:24 - 4:26
    Bien qu'elles soient
    profondément personnelles,
  • 4:26 - 4:28
    pour ceux qui nous les ont racontées,
  • 4:28 - 4:32
    c'est désormais à nous de les transmettre
    et d'en tirer leçon.
  • 4:33 - 4:37
    Résident 1 : 99 ans, ancien combattant
    de la deuxième guerre mondiale.
  • 4:42 - 4:45
    Oratrice 1 : « J'ai passé 3 ans dans la marine.
  • 4:45 - 4:48
    J’étais doué. J'étais dans l’Atlantique.
  • 4:49 - 4:51
    Vous savez,
    le débarquement de Normandie.
  • 4:51 - 4:52
    Premier quai.
  • 4:52 - 4:56
    Sur mon bateau,
    on était 318 avec les officiers.
  • 4:57 - 5:00
    Je suis le seul survivant,
    317 sont morts,
  • 5:01 - 5:03
    je suis le numéro 318.
  • 5:03 - 5:05
    Tous mes camarades sont morts.
  • 5:05 - 5:07
    Le premier débarquement
    de Normandie.
  • 5:07 - 5:09
    Eisenhower était mon général.
    Je me suis bien battu.
  • 5:10 - 5:13
    J'ai de la chance d'être vivant,
    j'ai perdu beaucoup d'amis.
  • 5:14 - 5:17
    Quand on a débarqué en Normandie,
    les Allemands nous attendaient.
  • 5:17 - 5:21
    Nous avions nos soldats là-bas aussi.
  • 5:22 - 5:23
    J'ai de la chance d'être vivant.
  • 5:24 - 5:25
    Ma seconde fille
  • 5:25 - 5:27
    ( j’étais dans l’armée )
  • 5:27 - 5:29
    la première fois que je l'ai vue,
    elle a couru vers moi.
  • 5:30 - 5:32
    Elle avait 18 mois, elle a couru vers moi.
  • 5:33 - 5:36
    « Papa, Papa ! » Elle s’appelle Patty,
  • 5:37 - 5:38
    Patricia.
  • 5:38 - 5:42
    Quand je me suis engagé dans la marine
    mon épouse était enceinte de 2 mois.
  • 5:42 - 5:44
    J’ai passé 18 mois en mer.
  • 5:45 - 5:47
    Quand je suis revenu chez moi,
  • 5:47 - 5:50
    elle a couru vers moi. C'était bien. »
  • 5:54 - 5:57
    GAL :
    Résidante 2 : une créatrice optimiste.
  • 6:01 - 6:03
    Seconde oratrice :
    « Je suis heureuse d'être en vie.
  • 6:03 - 6:07
    Il y a des gens plus mal en point que moi,
    c'est l'espoir de faire mieux.
  • 6:08 - 6:10
    Je voulais recréer ma vie
    parce que je vis seule,
  • 6:10 - 6:14
    et je voulais prendre un appartement
    pour vivre seule mais je ne l'ai pas fait.
  • 6:14 - 6:17
    Ici, ce n’est pas si mal que ça.
  • 6:17 - 6:20
    Sans Dieu ou l’institution,
    je serais sans doute morte.
  • 6:20 - 6:24
    Dieu merci pour ce type d'institution
    qui me donne l’opportunité de vivre,
  • 6:24 - 6:27
    Avec une occasion pour refaire
    ma famille, ma carrière,
  • 6:27 - 6:29
    j'aurais une vie heureuse.
  • 6:29 - 6:31
    Je veux continuer à créer.
  • 6:32 - 6:34
    Je suis une ingénieure d'exploitation. »
  • 6:38 - 6:42
    GAL : résident 3 : ma grande-tante.
  • 6:45 - 6:49
    « Après mon accident,
    la vie est allée très vite.
  • 6:49 - 6:52
    On te disait toujours
    qu’il fallait t'y adapter.
  • 6:52 - 6:55
    Qu'on allait pas accepter,
    mais qu'il fallait s’adapter.
  • 6:56 - 6:58
    Beaucoup de gens sont devenus très amers,
  • 6:58 - 7:01
    très en colère par rapport
    à ce qu’il leur était arrivé.
  • 7:01 - 7:04
    Moi j’étais trop occupée,
    je n’avais jamais le temps
  • 7:04 - 7:06
    de penser à ce qu'il m'était arrivé.
  • 7:06 - 7:10
    Alors, ce que je dirais,
    c'est qu’il faut avancer,
  • 7:10 - 7:14
    Il y a un bon côté à se rappeler
    des bons moments,
  • 7:14 - 7:16
    et il faut du temps
    pour s'en rendre compte
  • 7:16 - 7:17
    parce que tu es triste,
  • 7:17 - 7:20
    mais que tu sens que c'étaient
    des souvenirs heureux.
  • 7:20 - 7:22
    Alors tu commences
    un nouveau chapitre,
  • 7:22 - 7:25
    et tu fais face de ton mieux.
  • 7:25 - 7:27
    Tu suis ta voie,
  • 7:27 - 7:30
    ou tu choisis d'autres options,
  • 7:30 - 7:31
    d'autres chemins.
  • 7:32 - 7:34
    Mais, c’est important
    de continuer à fonctionner
  • 7:34 - 7:38
    à faire partie de la société,
    à être sociable et rencontrer des gens.
  • 7:38 - 7:42
    Il y a toute une vie devant toi
    si tu es blessé quand tu es jeune.
  • 7:42 - 7:43
    Je crois que tu dois t'assurer
  • 7:43 - 7:46
    de trouver une chose à laquelle
    t'accrocher et qui te rende heureux. »
  • 7:52 - 7:57
    GAL: Les Grecs avaient beaucoup
    de respect pour les oracles,
  • 7:57 - 8:01
    des individus qui annonçaient
    les prophéties des dieux.
  • 8:02 - 8:04
    Ils étaient chargés
  • 8:04 - 8:08
    de donner une voix
    à ceux qui n'en avaient pas.
  • 8:08 - 8:10
    Et la plupart du temps,
  • 8:10 - 8:13
    tout le monde les écoutait,
    réagissait et agissait
  • 8:13 - 8:15
    grâce à ces conseils précieux.
  • 8:16 - 8:19
    Je ne pense pas
    que les oracles aient disparu.
  • 8:19 - 8:24
    Les prophètes parlent tous les jours pour
    qu'on ne réduise aucune voix au silence.
  • 8:25 - 8:29
    Aucune expérience ne devrait
    être considérée supérieure à une autre.
  • 8:30 - 8:33
    Quand on permet qu'on fasse taire
    nos grands-parents, nos voisins
  • 8:33 - 8:35
    ou même de parfaits inconnus
  • 8:35 - 8:38
    qui habitent dans ces maisons de retraite,
  • 8:39 - 8:42
    on perd l’opportunité
    d’apprendre et d’évoluer.
  • 8:43 - 8:45
    On peut avoir l'impression
    que les expériences
  • 8:45 - 8:47
    sont des aventures profondément intimes
  • 8:47 - 8:49
    mais les leçons qu'on en tire
  • 8:49 - 8:51
    servent à tout le monde.
  • 8:52 - 8:54
    Quand on partage et qu’on écoute,
  • 8:54 - 8:56
    on a vraiment le pouvoir
  • 8:56 - 9:00
    de ne plus faire les mêmes les erreurs
    et de commencer à construire un futur,
  • 9:00 - 9:03
    dont on pourra être fier,
    où il fera bon vivre
  • 9:03 - 9:06
    et où finalement, il fera bon vieillir.
  • 9:08 - 9:10
    Maintenant, ce n'est que le début.
  • 9:10 - 9:13
    Et puisque toutes les histoires
    commencent par « Il étais une fois »,
  • 9:13 - 9:15
    j'ai voulu vous faire part de la mienne.
  • 9:15 - 9:17
    Elle a commencé par une fin.
  • 9:18 - 9:19
    Les dernières pensées
  • 9:19 - 9:23
    de l’incroyable neurologue et conteur,
    Oliver Sacks,
  • 9:24 - 9:26
    mon inspiration,
  • 9:26 - 9:28
    et je vous souhaite de trouver la vôtre :
  • 9:32 - 9:35
    « Et maintenant, fragile, essoufflé,
  • 9:36 - 9:39
    mes muscles, si ferme avant,
    consumés par le cancer,
  • 9:40 - 9:42
    mes pensées vont, de plus en plus,
  • 9:42 - 9:46
    non pas au surnaturel ou au spirituel,
  • 9:46 - 9:50
    mais à ce que signifie
    vivre une bonne vie épanouie,
  • 9:50 - 9:53
    en parvenant à un sentiment
    de paix en moi-même.
  • 9:54 - 9:57
    Mes pensées vagabondent vers le sabbat,
  • 9:57 - 9:59
    le jour de repos
  • 9:59 - 10:01
    le septième jour de la semaine,
  • 10:01 - 10:04
    et peut-être aussi le septième jour
    de la vie des gens,
  • 10:05 - 10:08
    le jour où on sent
    que son travail est accompli.
  • 10:09 - 10:13
    et qu'on peut,
    en toute bonne conscience, se reposer. »
  • 10:13 - 10:15
    Merci.
  • 10:15 - 10:17
    (Applaudissements)
Title:
Quand les sans-voix prennent la parole | Grace Ann Limoncelli | TEDxPhillipsAcademyAndover
Description:

Quand on pense au futur, la première chose qu'on fait c'est interroger le passé. Grace Ann Limoncelli nous montre l'importance du lien ace les amis et les parents qui habitent dans des maisons de retraite, et l'importance des façons d'agir ensemble pour bâtir un monde plus empathique.

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
10:23

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