La beauté se respire par le nez | Johan Nouwen | TEDxNouméa

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À la naissance, le crâne est presque totalement développé nous explique Johan Nouwen. Le bas du visage pas du tout. Sa croissance va dépendre de nombreux détails, depuis la respiration par le nez, jusqu'à la position de la langue, en passant par la fermeture de la bouche. De son bon développement dépendra l'aspect et la santé de l'enfant, et de l'adulte en devenir. Découvrez comment grandit le visage. Comprenez pourquoi de grosses amygdales, des végétations, une rhinite allergique, un nez bouché, un frein de langue serré ou tout autre petit grain de sable peuvent tout perturber. Les problèmes de croissance des dents, les yeux tristes, les troubles du sommeil et leur cortège de complications, ronflements, cauchemars, obésité, hypertension, diabète vous paraîtront logiques et surtout évitables. Observer la croissance naturelle des dents et la construction du sourire pour éviter l'orthodontie. Apprenez à surveiller le bon déroulement de cette alchimie pour faire de ce petit visage un beau visage épanoui et contribuer à la santé physique et mentale de l'enfant puis de l'adulte. Vous aurez envie d'en parler à tout le monde ! Johan Nouwen est médecin et père de trois enfants. Sa formation et sa pratique professionnelle lui ont permis d'aider ses enfants à grandir harmonieusement. Il traite plus spécifiquement les enfants qui respirent mal, qui ronflent, dorment mal, ont un frein de langue serré, et les soigne avec énergie pour leur permettre de bien grandir. Il donne régulièrement des cours sur le sujet et sensibilise le personnel soignant sur l'importance de la respiration dans la croissance du visage. Il entend en faire un enjeu de santé publique.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

À huit ans, ma fille avait
toujours le nez bouché.

Donc elle respirait par la bouche
et en plus elle suçait son pouce,

alors elle avait ses dents
qui partaient vers l'avant.

Elle était mignonne mais elle avait visage
un petit peu particulier :

il s'allongeait
mais il ne s'élargissait pas.

Il était tellement long que,
quand elle souriait, on voyait sa gencive.

Et la nuit elle ronflait.

Alors ça a commencé
à sérieusement me tracasser,

je sentais bien qu'il y avait un problème.

Je suis médecin alors,
j'ai repris mes cours

et j'ai cherché pour essayer
de comprendre ce qui n'allait pas,

puis j'ai trouvé.

Alors, son nez a été débouché.

Comme elle n'arrivait pas
à arrêter de sucer son pouce,

une orthodontiste lui a mis un appareil
entre les dents pour l'en empêcher,

ça a très bien marché.

Elle a fait une rééducation orthophonique

pour apprendre
à bien positionner sa langue

et elle a dormi avec une gouttière
en plastique dans la bouche.

Vous me croirez ou pas, mais en six mois,
son visage s'est complètement harmonisé.

Ses dents se sont remises verticales,
son visage s'est ouvert.

Maintenant elle est magnifique.

Elle n'a pas fait grand-chose pourtant

mais ce petit quelque chose a suffi pour
complètement modifier toute sa croissance.

Alors je vous en parle ce soir
pour ne pas que vous, vous passiez à côté.

Si on regarde le crâne d'un nouveau-né et
qu'on le compare avec celui d'un adulte,

le volume de la boîte crânienne,

c'est-à-dire
l'endroit où se met le cerveau,

au moment de la naissance,

a quasiment atteint les trois quarts
de son volume définitif.

C'est que le cerveau
s'est énormément développé

pendant la grossesse
et donc le crâne a suivi.

La partie inférieure du visage par contre,
à la naissance, est tout à fait atrophiée.

Le bébé n'utilise aucune fonction faciale
dans le ventre de sa mère.

Il ne s'alimente pas, il ne respire pas,
donc son visage ne se développe pas.

Mais à la naissance,
grand bouleversement :

l'enfant doit s'alimenter seul,
doit respirer seul, doit communiquer.

Il faut donc que son visage se développe.

Alors comment ça se passe, ça ?

Eh bien, les différents os du crâne
sont reliés entre eux

par ce que l'on appelle des sutures.

Et si on met ces sutures en tension,
les os s'étirent, s'allongent.

C'est comme ça que le crâne se développe,
en réaction à des stimulations.

Et une stimulation essentielle
au développement du visage,

qui était déficiente chez ma fille,
c'est la position de la langue.

La langue se trouve dans la bouche.

Au-dessus il y a le palais,

qui est la réunion de deux os
qu'on appelle les maxillaires.

Ils sont importants
parce qu’ils vont déterminer

la position de la mâchoire,
l’ouverture du nez,

la forme des pommettes et celle des yeux.

Ce qu'il se passe, c’est que
la langue est plus large que le palais.

Donc, si la langue vient se glisser
contre le palais,

elle exerce une tension sur les sutures
qui élargissent les maxillaires.

C’est la langue qui ouvre le maxillaire,
et donc si le maxillaire s’ouvre,

le palais, triangulaire à la naissance,
s’étale, s’horizontalise.

Ça fait de la place pour les dents
qui vont arriver :

les vingt dents de lait,
puis les trente-deux dents définitives.

Si le maxillaire s’ouvre, le nez s’ouvre.

Ça permet à l’enfant de respirer
des volumes de plus en plus importants

en grandissant.

Et puis les pommettes s’écartent,
ça donne au visage une jolie forme

et surtout ça tire les yeux vers le haut

et donc ça permet aux paupières
de s’étirer, de s’affiner.

Si la langue est glissée contre le palais,
la bouche se ferme.

Vous essayez tous là ?

(Rires)

Et si la bouche est fermée,
c’est très important

parce que les dents peuvent grandir
correctement.

Elles sont poussées en avant par la langue
mais elles sont retenues par les lèvres.

Et donc elles poussent droit.

Et elles ne sont pas trop longues
car leur croissance

est arrêtée par les dents
qui viennent de l’autre côté.

Et comme en face il y a une résistance,
ces dents sont bien accrochées dans l’os.

C’est génial.

(Rires)

Et si la bouche est fermée,
les dents et les gencives sont protégées

et baignées par la salive.

Et tout se passe bien,
tout se passe merveilleusement bien.

La croissance est harmonieuse.

Mais attention, cet équilibre est fragile.

Qu’est-ce qu'il se passe si,
comme ma fille,

l’enfant grandit avec le nez bouché ?

Il peut avoir une allergie,
une malformation,

des grosses amygdales,
des grosses végétations.

Si l’enfant grandit avec le nez bouché,
il respire par la bouche.

Donc la bouche s’ouvre,

la langue s’abaisse
pour laisser passer l’air

et n’est plus glissée contre le palais,

et donc la langue ne stimule plus
l’ouverture du maxillaire,

et ça, c’est le début des ennuis.

Ou encore, sous la langue,

il y a une petite bride
qui la relie au plancher de la bouche.

On appelle ça le frein de langue,
c'est facile à voir.

Que se passe-t-il
si ce frein est trop serré ?

La langue est bloquée vers le bas,
elle n’est plus glissée contre le palais

et ne stimule plus
l’ouverture du maxillaire

et ça, c’est potentiellement
une catastrophe.

Parce que si le maxillaire ne s’ouvre pas,
il reste triangulaire, étroit.

Et donc les dents qui arrivent
n’ont pas de place,

elles se montent les unes sur les autres,
on dit qu'elles se chevauchent.

Ce monsieur a quarante ans.

Son maxillaire, donc sa mâchoire du haut,
ne s’est pas du tout développé,

c'est très étroit,
donc il n’y a pas de place pour les dents.

Et plutôt que de faire de la place,
on lui a enlevé huit dents.

Rendez-vous compte, huit dents,
c’est le quart de toutes ses dents.

Et malgré tout, les dents qui restent
n’ont pas de place, elles se chevauchent.

Le problème de ce monsieur au départ,
c’est qu’il a grandi avec le nez bouché.

C’est tout.

Il a vu des médecins,
il a vu des dentistes,

et pas un n’a pensé
à le faire respirer par le nez.

Si le maxillaire ne s’ouvre pas, le nez
et les fosses nasales ne s’ouvrent pas.

Le chemin qui amène l’air dans les poumons
ne se développe pas.

Et donc c’est un cercle vicieux :
moins l’enfant respire par le nez,

plus c’est compliqué
de respirer par le nez...

et compliqué de dormir,
parce que pour dormir il faut respirer.

D’autant que quand on dort,
les muscles se relâchent

alors les voies respiratoires
se rétrécissent.

Si en plus il y a un obstacle dedans,
c’est très difficile de respirer.

Alors, l’enfant développe
des troubles du sommeil :

il ronfle, dort bouche ouverte,
il a un sommeil très agité,

il passe sa nuit à essayer de trouver
une position confortable

qui va lui permettre de respirer

mais il ne la trouve pas.

Alors il fait des cauchemars,
des terreurs nocturnes.

Il fait pipi au lit.

La position typique d’un enfant
qui a des grosses amygdales

qui l'empêchent de respirer,

le pauvre est obligé de dormir sur le dos
tête en arrière, bouche grande ouverte

pour essayer de faire
le plus de place possible.

Et l’enfant qui grandit avec le nez bouché

condamne l’adulte
à ne plus pouvoir respirer par le nez.

Jamais, puisque le nez n’a pas grandi.

Et l’adulte aussi développe
des troubles du sommeil.

Chez l’adulte,
c’est plus d’accidents de la route,

plus de diabète, plus d’obésité,
plus d’hypertension.

C’est une machine pour dormir.

C’est lourd quand même.

Les pommettes ne s’ouvrent pas non plus.

Alors les yeux ne s’affinent pas
mais ils s’arrondissent.

Ça donne à l’enfant
un air triste, fatigué.

Et comme la langue est appuyée
sur la mandibule, la mâchoire du bas,

celle-ci s’allonge.

Comme en plus le maxillaire
ne s’ouvre pas,

ça fait des visages qui s’étirent,
qui sont longs.

Quand l’enfant sourit, on voit sa gencive.

C’est le sourire de Ronaldinho.

(Rires)

Ce n’est pas prévu.

(Rires)

Si le nez est bouché,
la bouche est ouverte

et donc les dents ne peuvent pas
grandir correctement.

Elles sont poussées en avant par la langue

mais elles ne sont pas retenues
par les lèvres.

Classiquement, un enfant qui grandit
avec le nez bouché

a des dents qui partent vers l’avant,
comme un lapin.

Ce n’est pas drôle.

Et la comparaison ne s’arrête pas là
parce que comme ces dents

ne rencontrent pas de dents
de l’autre côté, elles sont longues,

leur croissance n’est pas arrêtée,
elles sont complètement sorties.

Comme en face il n’y a pas de résistance,
elles sont mal accrochées.

Alors des dents qui sont longues,
qui partent vers l’avant,

qui sont mal accrochées,
qui ne sont pas protégées par les lèvres,

c’est fragile, ça casse.

D’autant qu’un enfant court,
saute et tombe.

Et si ses dents survivent à l’enfance,
ça va être compliqué à l’âge adulte :

comme elles sont mal accrochées,
elles vont se déchausser facilement.

Si la bouche est tout le temps ouverte,
elle est sèche, il y a moins de salive.

Or, la salive protège.

Qui dit moins de salive dit
plus de caries, plus de gingivites.

Une haleine acide.

Quand même, tout ça pour
des grosses amygdales,

un nez bouché
ou un frein de langue serré.

Ce n’est quand même pas
ultra compliqué à résoudre.

Et pourtant, on en connaît tous
des enfants comme ça.

Des enfants qui ronflent,
qui ont la bouche ouverte,

qui ont l’air épuisés,
qui ont des dents qui partent vers l’avant

ou qui se chevauchent,
ou des sourires gingivaux,

ou pire, des enfants qui ont des bagues
et qui malgré tout ont la bouche ouverte.

Cette demoiselle a dix ans.

Elle vient me voir car elle ne peut pas
respirer par le nez.

Elle a un défaut de prononciation :
elle chochotte.

Ça fait deux ans qu’elle suit
un traitement orthodontique.

C’est insupportable.

Comment voulez-vous qu’avec un frein
de langue serré comme ça,

la langue fasse son travail ?

Évidemment elle a le nez bouché,
il n’est pas développé.

Évidemment elle ronfle.

Alors d’accord, elle a de jolies dents,
mais il n’y a tellement pas de place

que les bagues ont poussé les dents
au maximum vers l’extérieur.

Normalement la dent est accrochée
au milieu de l’os,

pas sur les côtés où elle ne tient pas.

Si on avait coupé ce frein de langue,
juste coupé, ça prend dix secondes,

ça ne requiert
aucune compétence particulière,

c’est zéro danger.

Si on avait coupé ce frein de langue,
cette petite aurait pu téter sa maman.

On ne peut pas téter
avec une langue bloquée.

Elle aurait dormi, elle aurait respiré,

elle aurait parlé correctement.

Là, dès qu’elle ouvre la bouche,
on se moque d’elle.

Elle n’aurait pas fait des dizaines
et des dizaines de séances d’orthophonie

pour apprendre à bien parler,
à mieux parler.

On ne peut pas bien parler
avec une langue bloquée.

C’est comme apprendre à conduire avec
un frein à main serré, c’est un non-sens.

Elle n’aurait pas fait
deux ans d’orthodontie.

Ça fait mal et puis ça coûte cher.

Si on avait cherché ce frein
à la maternité

en consultation de pédiatrie,
en consultation de médecine générale,

en visite scolaire,

lors de ses nombreuses
séances d’orthophonie,

ou de façon encore plus claire
avant de commencer l’orthodontie,

et qu’on l’avait coupé ou fait couper,

sa croissance aurait été
complètement différente.

Ça ne sert à rien un frein de langue,

c’est un résidu embryonnaire
comme l’appendice.

C’est quand même surréaliste
qu’un problème aussi simple à régler

soit à ce point ignoré des soignants.

Donc, quand vous voyez un enfant qui,
de toute évidence,

présente un trouble
de la croissance du visage,

il faut le soigner.

Si ce n'est pas le vôtre,

il faut expliquer aux parents pourquoi
il est indispensable de le soigner.

Le soigner, c’est d’abord
restaurer la respiration nasale.

Il faut que le médecin
fasse respirer cet enfant.

Il va traiter l’allergie, la malformation,

enlever amygdales et végétations
si elles sont trop grosses,

s'il y a un frein, le couper.

Ensuite, il faut apprendre à l’enfant
à positionner correctement sa langue

contre le palais en faisant
une rééducation orthophonique sérieuse.

Quand tout ça est fait,
l’orthodontie trouve toute sa place

pour accélérer la normalisation
de la croissance du visage.

Ça ne sert à rien avant.

Donc,

un enfant qui a toujours la bouche ouverte
parce qu’il a le nez bouché,

ce n’est pas normal.

Un enfant qui ronfle, c’est-à-dire
qui présente des troubles respiratoires

quand il dort, ce n’est pas normal.

Ça paraît banal, ça paraît anodin,
ça ne l’est pas.

C’est un problème de santé publique.

Cet enfant, il faut le soigner

pour optimiser
la croissance de son visage.

Maintenant, au moins, vous, vous le savez.

Merci.

(Applaudissements)