J'ai été témoin d'un suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend
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0:15 - 0:20Nous sommes le 15 juin 2016,
une chaude journée d'été. -
0:20 - 0:23Fraîchement diplômé du
lycée, j'étais euphorique -
0:23 - 0:26à l'idée de tout ce qu'incluait
l'entrée à l'université. -
0:26 - 0:30Beaucoup d'histoires commencent par : « Ce
jour n'était pas comme les autres. » -
0:31 - 0:33Mais pas la mienne.
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0:34 - 0:38C'était une journée banale,
du début à la fin. -
0:39 - 0:42J'annule des projets avec mes amis.
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0:42 - 0:45Je décide de ne pas me rendre dans
mon musée préféré avec ma famille. -
0:45 - 0:47Et je lave ma voiture à la main.
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0:48 - 0:51Toutes ces choses sortent
de la norme pour moi. -
0:52 - 0:54Bizarrement, j'étais à la
maison toute la journée. -
0:55 - 0:56Après avoir séché ma voiture,
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0:56 - 0:58j'étais dans ma chambre sans rien faire,
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0:58 - 1:00et ma petite sœur Allison est entrée.
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1:00 - 1:03Elle m'a demandé : « On peut
aller chercher Maddie chez Jason ? » -
1:03 - 1:06J'ai dit oui sans vraiment y réfléchir,
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1:06 - 1:08et nous voilà en route
en un rien de temps. -
1:08 - 1:10Un petit point sur Maddie et Jason.
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1:11 - 1:13Jason est en seconde,
il est dans mon lycée, -
1:13 - 1:16et il sort avec Maddie -
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1:16 - 1:18une première qui est amie avec ma sœur.
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1:18 - 1:22Ma sœur aime organiser des
fêtes, comme n'importe quel ado, -
1:22 - 1:24ce qui m'a permis de faire
connaissance avec Jason. -
1:24 - 1:27Ce que j'ai appris en l'observant,
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1:27 - 1:30c'est qu'il est au centre
de son groupe social. -
1:30 - 1:33Il est celui que tout le monde
admire, pour savoir quoi faire -
1:33 - 1:34et quoi aimer.
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1:35 - 1:36J'ai aussi remarqué
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1:36 - 1:41qu'il peut se mettre parfois en colère
et qu'il a un caractère bouillonnant. -
1:43 - 1:46Quand ma sœur a demandé si on
pouvait aller chercher Maddie, -
1:46 - 1:48j'ai dit oui assez vite.
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1:48 - 1:50Pour plusieurs raisons.
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1:50 - 1:52Premièrement, c'est bizarre
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1:52 - 1:56pour moi d'aller chercher une
amie chez son petit copain. -
1:56 - 2:00D'habitude, je conduis juste
ma sœur de maison en maison. -
2:00 - 2:03Deuxièmement, j'avais entendu au lycée
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2:03 - 2:07que Maddie et Jason avaient des
problèmes dans leur couple, -
2:07 - 2:09et ça m'a mis la puce à l'oreille.
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2:09 - 2:12Troisièmement, ma sœur
affichait beaucoup ses sentiments, -
2:12 - 2:14donc il était facile de voir
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2:14 - 2:16qu'elle était inquiète de cette situation.
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2:18 - 2:19Nous sommes arrivés chez Jason,
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2:19 - 2:22j'ai garé ma berline noire
du côté droit de la rue, -
2:22 - 2:24en face de sa maison.
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2:24 - 2:25J'ai ouvert la portière,
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2:25 - 2:30et je suis sorti dans l'air
nuageux et chaud de Virginie. -
2:30 - 2:32Je voyais Maddie assise sur le porche,
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2:32 - 2:34ce qui était suspect.
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2:34 - 2:38Normalement les amis de ma sœur attendent
un texto ou qu'on frappe à la porte. -
2:39 - 2:41Maddie traverse le jardin, nous rejoint.
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2:41 - 2:45J'ouvre la porte derrière moi,
elle monte puis je la ferme. -
2:45 - 2:47À cet instant, je dois avouer
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2:47 - 2:51que je suis soulagé que Jason
ne soit pas dans les parages -
2:51 - 2:53et qu'il n'y ait pas eu
d'incident ou d'altercation. -
2:54 - 2:57Je remonte dans la voiture, attache
ma ceinture, ferme la porte -
2:57 - 3:00et commence à faire demi-tour
pour rentrer. -
3:01 - 3:03Je rentre dans l'allée de Jason.
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3:04 - 3:06Je mets la marche arrière pour sortir,
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3:06 - 3:08je jette un œil à la maison
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3:08 - 3:11et je note une silhouette dans
l'entrée qui n'était pas là avant. -
3:11 - 3:13Je l'ai reconnu immédiatement
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3:13 - 3:16dans son débardeur au drapeau
américain bleu, blanc et rouge. -
3:16 - 3:18C'est Jason,
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3:18 - 3:22et il tient dans sa main, ce
qui ressemble à un balai, -
3:22 - 3:24mais en regardant mieux,
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3:24 - 3:27mon cœur commence à
palpiter dans ma poitrine -
3:28 - 3:32à mesure que je reconnais le bois
et le métal comme étant un fusil. -
3:34 - 3:37Je pense à ce qui est
sur le point d'arriver. -
3:37 - 3:40La première chose qui me vient
est que Jason essaye de montrer -
3:40 - 3:42qu'il est plus fort que moi.
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3:42 - 3:44Je ne peux pas lui faire de mal.
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3:44 - 3:47Et la seconde, mais la plus effrayante,
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3:48 - 3:54et qu'il va sortir et déverser
sa colère avec le fusil. -
3:54 - 3:56Et c'est d'après ça que j'agis.
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3:56 - 3:59Je fais mon demi-tour et sort de l'allée.
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4:00 - 4:02Je m'arrête et m'apprête
à prendre la route, -
4:02 - 4:05j'enclenche une vitesse,
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4:05 - 4:06puis me gare.
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4:07 - 4:10Je débraye, j'embraye, je débraye.
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4:12 - 4:14Première pour nous mettre en sécurité,
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4:14 - 4:19et point mort pour sortir et essayer
de ramener Jason à la raison. -
4:20 - 4:21Je choisis de partir,
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4:22 - 4:25je lève doucement mon pied du frein
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4:26 - 4:29et sens la voiture qui commence à avancer.
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4:31 - 4:34Je jette un dernier regard à la maison
pour m'assurer que tout va bien, -
4:34 - 4:37mais je ne vois plus Jason.
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4:38 - 4:42Je vois du bleu, du blanc et du rouge
mais seulement au niveau de la taille -
4:44 - 4:46et je remarque Jason plié comme ça.
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4:47 - 4:50En regardant plus bas,
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4:59 - 5:02je vois ce qui ressemble à une tâche rose
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5:02 - 5:05couvrant la porte devant
laquelle Jason se tenait. -
5:05 - 5:09J’essaie de rassembler mes pensées
sur ce qu'il vient de se passer, -
5:09 - 5:12et je me force d'en venir à la conclusion
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5:12 - 5:15que ce que je voyais était
la cervelle de Jason -
5:16 - 5:19éparpillée sur la porte
et la lumière au-dessus. -
5:22 - 5:25J'entends un faible « Joey,
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5:25 - 5:27quelque chose vient de se passer »
depuis le siège arrière, -
5:27 - 5:32et je réalise que je sais quelque
chose que les filles ne savent pas : -
5:33 - 5:35Jason vient de se suicider.
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5:40 - 5:42Je pense tout de suite
à éloigner les filles. -
5:42 - 5:45Je mets la voiture en marche
et m'éloigne en vitesse, -
5:45 - 5:48dépasse un croisement, peut-être deux.
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5:48 - 5:52J'entends des bruits depuis
l'arrière et à côté de moi, -
5:52 - 5:54les filles commencent à paniquer.
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5:54 - 5:57Elles ne tiennent plus en place,
frappent contre les vitres, -
5:57 - 5:59alors je verrouille la voiture
pour les retenir. -
5:59 - 6:01J'attrape mon téléphone
et appelle les urgences. -
6:02 - 6:05L'interlocuteur décroche
et je lâche ces mots : -
6:05 - 6:07« Je viens d'assister à un suicide. »
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6:07 - 6:11et le chaos surgit
immédiatement dans la berline. -
6:12 - 6:15J’essaie de donner des
informations à mon interlocuteur, -
6:15 - 6:19l'adresse, mon nom et pour je ne
sais quelle raison mon anniversaire, -
6:19 - 6:22ma sœur me regarde craintivement,
avec les larmes aux yeux -
6:22 - 6:25et me demande si Jason va s'en sortir.
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6:27 - 6:30Dans le but de ne pas perdre
pied, je détourne mon regard. -
6:31 - 6:33Je gare la voiture et en sors
-
6:33 - 6:37car je ne peux pas rester calme à
l'intérieur avec les deux filles. -
6:38 - 6:42Je sais qu'il faut que je sois
au moins calme et ordonné -
6:43 - 6:46pour les tenir éloignées de cette porte.
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6:47 - 6:51Je finis de transmettre les informations
à mon interlocuteur, qui me dit : -
6:51 - 6:54« Tiens bon, la police
va bientôt arriver. » -
6:54 - 6:57Puis plus rien.
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6:59 - 7:01La conversation se termine.
L'interlocuteur raccroche. -
7:02 - 7:03Et je suis seul.
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7:05 - 7:09Je me tiens dans ce quartier
familier de Vista woods, -
7:09 - 7:12sachant que je suis le seul à
savoir ce qu'il vient d'arriver. -
7:14 - 7:15Le monde ne se rend pas compte.
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7:16 - 7:18Une voiture passe derrière moi.
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7:19 - 7:21Quelqu'un tond sa pelouse sur ma droite,
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7:22 - 7:24et j'entends des enfants
jouer sur ma gauche. -
7:25 - 7:29Tout est normal pour le reste du monde.
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7:29 - 7:33Mais je suis coincée dans un univers
différent du reste du monde. -
7:34 - 7:36Dans un film, quand quelque
chose comme ça arrive, -
7:36 - 7:39l'écran s'assombrit et une
musique funeste est jouée. -
7:39 - 7:41Dans la réalité, ça ne se passe pas
comme ça. -
7:43 - 7:45J'étais effrayé,
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7:45 - 7:47et je ne pouvais rien y faire.
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7:50 - 7:52Je vous raconte cette histoire,
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7:52 - 7:57car je veux vous dire aujourd'hui ce que
cela veut dire de vivre un traumatisme. -
8:04 - 8:06Désolé.
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8:08 - 8:13Il n'y a pas de vrai livre sur la
parentalité, tous les parents le savent. -
8:13 - 8:17Il n'y a pas de manuel pour vous
dire ce qu'il faut faire après. -
8:18 - 8:21Et même s'il existait un
manuel sur la parentalité, -
8:21 - 8:24je doute sérieusement
qu'un des chapitres serait : -
8:24 - 8:27« Que faire si votre enfant est
témoin d'un suicide par balle ? » -
8:28 - 8:30Mes parents ont fait du
mieux qu'ils pouvaient -
8:30 - 8:34en m'emmenant avec ma sœur voir
un psychologue en ville le lendemain. -
8:34 - 8:37Nous avons eu plusieurs
sessions pendant l'été, -
8:37 - 8:41on lui a raconté l’événement,
nos ressentis, des choses comme ça. -
8:41 - 8:45Cela m'a vraiment aidé, mais
pas là où j'en avais besoin, -
8:45 - 8:48dans ma psyché, si ça a du sens.
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8:49 - 8:50Cela m'intéresse de savoir
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8:50 - 8:54d'où viennent les gens, dans leurs
pensées, leurs actions, leurs mots. -
8:54 - 8:57Je fais aussi cette analyse sur moi-même.
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8:58 - 9:01Durant l'été, j'ai utilisé
ces pensées intrusives, -
9:01 - 9:05et ce qui est ressorti était
que je gérais à fond. -
9:06 - 9:09J'allais bien et je n'avais pas
besoin d'attention spéciale. -
9:09 - 9:11Je pense que beaucoup de
personnes traversent ça. -
9:12 - 9:13J'ai pensé :
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9:13 - 9:17« C'est du passé Joey, continue
ta vie, remets-en toi. » -
9:19 - 9:22Donc j'ai commencé les cours
ici, à Behrend, à l'automne, -
9:22 - 9:24et en apparence, tout allait bien.
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9:24 - 9:27Mais il arrivait ces petites choses
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9:27 - 9:30qui me montraient que tout
n'allait pas si bien. -
9:31 - 9:35Par exemple, je me trouvais dans ma
chambre universitaire ou en classe, -
9:35 - 9:37j'entendais des ados rire dans le couloir,
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9:37 - 9:40et instantanément, je pensais
qu'ils étaient en train de pleurer. -
9:41 - 9:42C'est fou
-
9:42 - 9:46ce que les rires hystériques et les
pleurs hystériques se ressemblent. -
9:47 - 9:49J'avais des absences où mon
regard se perdait au loin, -
9:49 - 9:51me répétant cet épisode dans ma tête,
-
9:51 - 9:55et quelque chose qui bougeait ou quelqu'un
qui me touchait l'épaule, m'effrayait. -
9:56 - 9:58Pour finir,
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9:58 - 10:04je pleurais en allant me coucher le soir,
pas de pleurs tristes ou en colère, -
10:05 - 10:09j'étais juste là, regardant le mur, avec
des larmes qui coulaient sur mon visage. -
10:11 - 10:14Je suis un peu un geek,
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10:14 - 10:18et j'ai commencé à chercher ce
qu'il pouvait bien m'arriver. -
10:18 - 10:19J'ai appris que notre cerveau parle
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10:19 - 10:22à travers l'échange de particules chargées
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10:22 - 10:23dans les voies neuronales.
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10:23 - 10:26Et quand ces voies sont
plus souvent utilisées, -
10:26 - 10:28c'est plus facile pour
le cerveau de les suivre. -
10:29 - 10:32La plupart des gens ont entendu
parler de la réponse combat-fuite, -
10:32 - 10:35c'est un instinct qui prend le dessus
quand le corps se sent en danger. -
10:35 - 10:39Votre amygdale, la plus ancienne partie
de votre cerveau, prend le contrôle -
10:39 - 10:43et dicte au reste de votre cerveau et
de votre corps ce qu'il faut faire. -
10:43 - 10:45Disons qu'il y ait un tigre devant vous,
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10:45 - 10:48Cela ne va pas vous être utile de penser :
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10:48 - 10:49« Je fais quoi ensuite ?
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10:49 - 10:51Oh, que va faire le tigre ensuite ? »
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10:51 - 10:54C'est plus bénéfique pour votre longévité
-
10:54 - 10:57si vous combattez le tigre ou
si vous courez très très vite. -
10:57 - 11:00Et c'est ça que déclenche l'amygdale.
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11:00 - 11:02Mon cerveau pensait
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11:02 - 11:06que la bonne façon d'agir dans une
situation triste ou effrayante -
11:06 - 11:09était ce qu'avait dit de faire
mon amygdale ce 15 juin - -
11:09 - 11:10ce qui est logique ;
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11:10 - 11:12elle essayait juste de me protéger.
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11:12 - 11:14Mais au final, ça s'est traduit par
-
11:14 - 11:17un torrent d'émotions que je
n'avais jamais ressenties avant. -
11:19 - 11:21Malgré tout ça, je me disais juste :
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11:21 - 11:23« Joey, tu es en première année.
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11:23 - 11:27Tu es angoissé pour ce semestre
qui demande pleins d'efforts, -
11:27 - 11:29et la maison te manque. »
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11:29 - 11:33Vous savez ce passage dans les films
où ça commence à aller vraiment mal, -
11:33 - 11:34c'est cette partie-là.
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11:35 - 11:38Et là où ça a commencé
à vraiment aller mal, -
11:38 - 11:39c'était dans mes rêves.
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11:40 - 11:42J'avais du mal à dormir
sans faire des cauchemars -
11:42 - 11:45puis je me suis mis à être somnambule.
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11:45 - 11:48Une nuit, j'ai commencé à
marcher dans mon sommeil, -
11:49 - 11:53j'ai quitté ma chambre, mon bâtiment,
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11:53 - 11:56et j'ai fini à 8 kilomètres du campus,
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11:58 - 11:59en tongs multicolores.
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11:59 - 12:02(Rires)
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12:02 - 12:05La police m'a retrouvé,
désorienté et confus. -
12:05 - 12:07Leur première pensée a été :
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12:07 - 12:11« Ce première année
ne tient pas l'alcool. » -
12:11 - 12:14Ils m'ont emmené à
l’hôpital, ont prévenu mes parents, -
12:14 - 12:18au final, tout le monde a réalisé que
je n'étais pas bourré ou drogué, -
12:18 - 12:20mais j'avais une crise post-traumatique.
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12:22 - 12:25Cet incident de somnambulisme
a été un signal d'alarme -
12:25 - 12:28pour moi et mes parents,
j'avais besoin d'aide, -
12:28 - 12:30je n'étais pas bien.
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12:30 - 12:32Comme mon père
est un marine à la retraite, -
12:32 - 12:35on a des connexions avec
la communauté militaire. -
12:35 - 12:37On nous a dirigés vers l'EMDR,
-
12:37 - 12:41l'intégration neuro-émotionnelle
par les mouvements oculaires. -
12:41 - 12:43Cela aide notre cerveau à
gérer les traumatismes. -
12:43 - 12:47J'ai pris trois semaines de congé pour
rentrer à la maison, en Virginie -
12:47 - 12:49et commencer une thérapie EMDR.
-
12:49 - 12:51La première session a duré
une heure et demie, -
12:51 - 12:54et le thérapeute a fait le tour
de toute la science à ce sujet, -
12:54 - 12:56ce qui m'intéressait énormément.
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12:56 - 13:02Elle m'a dit que l'EMDR est basée sur
les recherches sur le sommeil paradoxal. -
13:03 - 13:07Pendant le sommeil paradoxal,
ce qui est théorisé, -
13:07 - 13:11c'est que nos yeux bougent rapidement
et aléatoirement en va-et-vient, -
13:11 - 13:15et on archive toutes les
informations de la journée. -
13:15 - 13:17Une journée stressante au travail
-
13:17 - 13:20et vos rêves peuvent avoir
un rapport avec ça. -
13:20 - 13:23Le sommeil paradoxal est comme
voir ce qui est en train de se passer, -
13:23 - 13:25sauf que cela se passe en rêve.
-
13:28 - 13:30Quand je rêvais,
-
13:31 - 13:35je revoyais le 15 juin
sous un angle différent. -
13:35 - 13:37Votre cerveau durant le sommeil paradoxal
-
13:38 - 13:41transfère tout depuis votre mémoire à
court terme à celle à long terme. -
13:41 - 13:46Il examine ce que c'est, y met une
étiquette et l'envoie aux archives. -
13:46 - 13:49Cela ne revient pas exactement
pareil dans vos rêves après. -
13:49 - 13:51Dans mes rêves,
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13:51 - 13:54je rejouais cet épisode sans cesse
-
13:54 - 13:56car mon cerveau ne pouvait pas l'archiver.
-
13:56 - 13:59Il essayait le classer encore et encore.
-
13:59 - 14:01Mais il n'y arrivait pas.
-
14:01 - 14:04Une session d'EMDR se
passe à peu près comme ça, -
14:04 - 14:09le thérapeute place son doigt à
entre 20 et 40 centimètres du visage, -
14:09 - 14:13le fait passer de mon périphérique gauche
au droit, dans un sens puis dans l'autre. -
14:13 - 14:15Ils appellent ça la stimulation bilatérale
-
14:15 - 14:18car cela stimule les deux
hémisphères du cerveau. -
14:19 - 14:21Elle me disait de me projeter
encore dans ce 15 juin, -
14:21 - 14:23dans la berline,
-
14:23 - 14:27et lui dire ce que je ressentais,
ce qu'il se passait. -
14:27 - 14:30Quand venait un moment où j'étais énervé,
-
14:30 - 14:33où je ne comprenais ce qui
arrivait ou que j'étais en colère, -
14:33 - 14:37elle ajoutait une ou deux phrases
puis faisait son geste du doigt. -
14:37 - 14:40Cela imprimait
cette pensée dans mon esprit. -
14:42 - 14:46J'avais deux problèmes majeurs
avec ce 15 juin. -
14:47 - 14:51Premièrement, je me sentais responsable
de ce qu'avaient vu les filles. -
14:52 - 14:55Si vous vous souvenez,
j'ai tourné à gauche, -
14:55 - 14:58mais il y a une route qui
mène à la maison tout droit. -
14:58 - 15:01Et j'ai pensé que parce que
j'avais tourné à gauche, -
15:01 - 15:03les filles avaient vu
ce qu'il s'était passé, -
15:03 - 15:06j'étais la raison pour
laquelle elles avaient tout vu. -
15:06 - 15:09Si j'avais été tout droit,
elles n'auraient rien vu. -
15:11 - 15:15Deuxièmement, j'avais le sentiment
que j'aurais pu aider Jason. -
15:15 - 15:18Je ne sais pas ce que j'aurais pu faire,
-
15:18 - 15:22mais j'aurais souhaité pouvoir faire
quelque chose de mieux pour lui. -
15:24 - 15:28L'EMDR m'a aidé à réaliser que je
n'aurais rien pu faire de mieux, -
15:28 - 15:31et que cette situation s'est passée
comme elle devait se passer. -
15:32 - 15:34Avec les thérapies classiques,
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15:34 - 15:38vous pouvez dire : « Oh, je vais bien ;
ce n'était pas de ma faute ; ça va. » -
15:39 - 15:40Mais vous pouvez mentir ;
-
15:40 - 15:43vous pouvez mentir au
thérapeute, et à vous-même. -
15:43 - 15:45Ce que fait l'EMDR
-
15:45 - 15:48est de vous forcer à croire ce que
vous dites et ce que vous pensez. -
15:49 - 15:53Je peux vous montrer ça avec les
recherches que j'ai faites sur l'EMDR, -
15:54 - 16:00des gens se mettaient à pleurer d'un coup
pendant le mouvement du doigt. -
16:00 - 16:03Je me suis dit : « Non, non,
ça ne m'arrivera pas. » -
16:04 - 16:05Eh bien, ça m'est arrivé.
-
16:05 - 16:06(Rires)
-
16:06 - 16:09On était là, assis, je suivais
le mouvement du doigt, -
16:09 - 16:12et je me mettais à pleurer
de manière incontrôlée. -
16:12 - 16:15C'est comme si quelqu'un avait
une bouteille de champagne, -
16:15 - 16:16la débouchait,
-
16:16 - 16:18tout ce qui sortait de la bouteille
-
16:18 - 16:21c'était tout ce que j'avais
emmagasiné ce 15 juin. -
16:22 - 16:24Et là, ça sortait enfin.
-
16:26 - 16:31Heureusement, j'ai eu besoin de
seulement deux sessions d'EMDR. -
16:31 - 16:36C'est dû en partie à ces voies neuronales
-
16:36 - 16:37dont j'ai parlé plus tôt :
-
16:37 - 16:40plus elles sont utilisées,
plus elles sont faciles à suivre. -
16:41 - 16:42Dans mon cerveau,
-
16:42 - 16:46le traumatisme avait juste eu le temps
de s’aménager un chemin dans les bois -
16:46 - 16:48que mon cerveau pouvait suivre.
-
16:48 - 16:50Mais pour d'autres
victimes de traumatismes, -
16:50 - 16:53comme ceux qui sont allés à la guerre
-
16:53 - 16:55ou quelqu'un qui se trouve
dans une relation violente, -
16:55 - 16:58ils peuvent avoir des autoroutes
qui se sont formées. -
16:58 - 17:02Tout ce que j'ai fait c'est de prendre
un râteau, enlever toutes les feuilles, -
17:02 - 17:04et mon cerveau a oublié que c'était là.
-
17:04 - 17:05Mais pour d'autres,
-
17:05 - 17:11il faut un marteau-piqueur, planter des
arbres et attendre qu'ils poussent, -
17:11 - 17:12et ça prend du temps.
-
17:13 - 17:17Quelques statistiques pour vous montrer
que je ne suis pas qu'une exception. -
17:18 - 17:22En moyenne, après six
sessions de 50 minutes, -
17:23 - 17:27100% des victimes d'un seul traumatisme
-
17:27 - 17:30et 77% des victimes de
traumatismes multiples -
17:30 - 17:34ne montraient plus de signes de
syndrome post-traumatique. -
17:36 - 17:40L'EMDR est une des facettes permettant
d'en apprendre plus sur le traumatisme -
17:40 - 17:42et la façon dont notre cerveau le gère.
-
17:42 - 17:44Et qui sait ce que la
science va nous apporter -
17:44 - 17:46dans 5, 10 ou 20 ans.
-
17:47 - 17:48Ce que je sais,
-
17:48 - 17:50c'est qu'avant que
cet événement ne m'arrive, -
17:50 - 17:53je pensais qu'il fallait
passer outre le traumatisme, -
17:53 - 17:55l'accepter et avancer.
-
17:56 - 17:58Mais ce que j'ai réalisé,
-
17:58 - 18:03c'est que nous devons nous aider si nous
voulons réellement tourner la page. -
18:05 - 18:09Pendant des mois, j'ai cherché
à savoir pourquoi c'était arrivé. -
18:10 - 18:12Pourquoi Jason s'était suicidé ?
-
18:14 - 18:16Pourquoi ces deux filles ?
-
18:21 - 18:25Et j'ai appris que certains
épisodes dans la vie -
18:26 - 18:28sont un peu comme ces films nuls,
-
18:29 - 18:33où on se retrouve avec plus de
questions que de réponses à la fin. -
18:34 - 18:37Est-ce que nous voulons ces réponses ?
-
18:38 - 18:41Mais on peut trouver la paix
-
18:42 - 18:46même si on sait que l'on
n'aura jamais ces réponses. -
18:46 - 18:50J'espère que vous voyez le traumatisme
d'une manière différente maintenant -
18:50 - 18:51et que vous comprenez mieux
-
18:51 - 18:54comment le cerveau assimile
le monde autour de vous. -
18:54 - 18:57Rappelez-vous que quelquefois,
il a juste besoin d'un peu d'aide. -
18:57 - 18:59Merci.
-
18:59 - 19:02(Applaudissements)
- Title:
- J'ai été témoin d'un suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend
- Description:
-
Joseph Keogh a 19 ans et est en première année à l'université de Penn State Behrend. Il est originaire de Stafford, en Virginie, où il a été diplômé du lycée Moutain View en 2016. Pour cette intervention, Joseph raconte comment il a été témoin du suicide d'un de ses camarade de classe. Cette expérience a été traumatisante et a changé sa vie. Son histoire, néanmoins, ne sera pas focalisée sur la tristesse ou les durs moments qui ont suivi, mais plutôt sur ce qu'il en a retiré de positif. Joseph espère partager ce moment avec tous, pour sensibiliser les gens aux freins mentaux, et faire connaître la thérapie EMDR ainsi qu'aider chacun à regarder en soi plus profondément et évaluer ce à quoi chacun s'accroche.
Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx
- Video Language:
- English
- Team:
closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 19:17
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eric vautier approved French subtitles for I witnessed a suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend | |
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eric vautier accepted French subtitles for I witnessed a suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend | |
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eric vautier edited French subtitles for I witnessed a suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend | |
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eric vautier edited French subtitles for I witnessed a suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend | |
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eric vautier edited French subtitles for I witnessed a suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend | |
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Margot T. edited French subtitles for I witnessed a suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend | |
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eric vautier declined French subtitles for I witnessed a suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend | |
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Margot T. edited French subtitles for I witnessed a suicide | Joseph Keogh | TEDxPSUBehrend |