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La puissante introspection de Jill Bolte Taylor

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    J'ai commencé à étudier le cerveau
    parce que j'ai un frère
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    à qui on a diagnostiqué une maladie
    du cerveau : la schizophrénie.
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    En tant que sœur
    puis plus tard en tant que scientifique,
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    je voulais comprendre pourquoi
    je peux prendre mes rêves,
  • 0:13 - 0:16
    faire un lien avec ma réalité,
    puis les exaucer.
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    Que se passe-t-il
    dans le cerveau de mon frère
  • 0:19 - 0:23
    et sa schizophrénie
    pour qu'il n'arrive pas à lier ses rêves
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    à une réalité commune et partagée,
    et qu'ils deviennent plutôt des illusions ?
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    J'ai donc consacré ma carrière
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    à la recherche
    des maladies mentales graves.
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    J'ai déménagé de mon domicile en Indiana
    pour aller à Boston
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    où j'ai travaillé au laboratoire
    du Dr Francine Benes
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    dans le département psychiatrique
    à Harvard.
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    Dans le laboratoire
    on se posait la question suivante :
  • 0:44 - 0:50
    « Quelles sont les différences biologiques
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    entre les cerveaux de personnes
    diagnostiquées comme normaux,
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    comparés aux cerveaux
    de personnes diagnostiquées
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    schizophrènes, ou souffrant de troubles
    schizo-affectifs ou bipolaires ? »
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    Nous avons donc essentiellement
    connecter le micro-circuit du cerveau :
  • 1:05 - 1:08
    quelles cellules communiquent entre elles,
    avec quels produits chimiques,
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    et enfin, dans quelles proportions ?
  • 1:11 - 1:14
    Ma vie était remplie de sens
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    grâce à ce genre de recherche
    que j'effectuais pendant la journée.
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    Par contre, les soirs et les week-ends,
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    je voyageais en tant que militante de NAMI,
    l'Alliance nationale des malaises mentales.
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    Cependant, le 10 décembre, 1996,
    je me suis réveillée en découvrant
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    que je souffrais également
    de troubles du cerveau.
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    Un vaisseau sanguin a éclaté
    du côté gauche de mon cerveau
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    et en quatre heures,
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    j'ai senti les facultés de mon cerveau
    se détériorer complètement
  • 1:43 - 1:45
    ne pouvant plus traiter aucune information. Le matin même de l'hémorrhagie
  • 1:45 - 1:50
    je ne pouvais plus marcher, ni parler, ni lire,
    écrire ou me rappeler de quoi que ce soit de ma vie.
  • 1:50 - 1:54
    Je suis simplement redevenue
    un bébé dans le corps d'une femme.
  • 1:54 - 2:00
    Si vous avez déjà vu un cerveau humain,
  • 2:00 - 2:04
    il est évident que les deux hémisphères
    sont complètement séparés l'un de l'autre.
  • 2:05 - 2:08
    Je vous ai ramené un véritable cerveau.
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    Voici donc un vrai cerveau humain.
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    Voici le lobe frontal du cerveau,
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    le lobe pariétal avec
    la colonne vertébrale qui pend,
  • 2:28 - 2:30
    et voici comment il serait
    positionné dans ma tête.
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    Et lorsque vous regardez
    le cerveau, il est évident que
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    les deux cortex cérébraux sont
    complètement séparés l'un de l'autre.
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    Pour ceux d'entre vous
    qui connaissent les ordinateurs,
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    notre hémisphère droit fonctionne
    comme un processeur parallèle,
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    alors que notre hémisphère gauche
    fonctionne comme un processeur périodique.
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    Les deux hémisphères communiquent
    bien entre eux
  • 2:51 - 2:55
    pas le biais du corps calleux,
  • 2:55 - 2:58
    constitué de quelques 300 millions
    de fibres axonales.
  • 2:58 - 3:00
    Sinon, à part ça,
  • 3:00 - 3:04
    les deux hémisphères
    sont tout à fait séparés.
  • 3:04 - 3:06
    Puisqu'ils traitent
    l'information différemment,
  • 3:06 - 3:10
    nos hémisphères pensent
    à des choses différentes,
  • 3:10 - 3:13
    se préoccupent de choses différentes,
    et, si j'ose dire,
  • 3:13 - 3:16
    ont des personalités très différentes.
  • 3:16 - 3:20
    Excusez-moi. Merci. C'était un plaisir.
    (Assistant : Ca l'a été.)
  • 3:20 - 3:24
    Notre hémisphère droit
    concerne le moment présent.
  • 3:25 - 3:32
    C'est tout ce qu'il se passe
    "ici et maintenant."
  • 3:33 - 3:37
    Notre hémisphère droit réfléchit en images
  • 3:37 - 3:42
    et il apprend de façon dynamique
    grâce aux mouvements de notre corps.
  • 3:42 - 3:45
    L'information se réparti simultanément
    sous forme d'énergie,
  • 3:45 - 3:49
    dans tous nos systèmes sensoriels
  • 3:49 - 3:54
    puis il explose en un montage énorme
  • 3:54 - 3:56
    représentant ce moment précis,
  • 3:56 - 3:59
    qu'est-ce qu'il sent et quel goût a-t-il,
  • 3:59 - 4:03
    comment on le ressent et quel son a-t-il.
  • 4:03 - 4:06
    Je suis une source d'énergie,
    connectée à l'énergie autour de moi
  • 4:06 - 4:10
    grâce à la conscience
    de mon hémisphère droit.
  • 4:11 - 4:16
    Nous sommes des sources d'énergie,
    connectées les unes aux autres
  • 4:16 - 4:19
    par la conscience de notre hémisphère
    droit et nous formons une grande famille.
  • 4:19 - 4:23
    Et ici,
  • 4:23 - 4:29
    maintenant, nous sommes
    frères et soeurs sur cette planète,
  • 4:29 - 4:31
    ici pour faire de ce monde
    un endroit meilleur.
  • 4:31 - 4:33
    A ce moment même, nous sommes
    parfaits, entiers et beaux.
  • 4:33 - 4:37
    Mon hémisphère gauche -- notre hémisphère
    gauche -- est tout à fait différent.
  • 4:37 - 4:43
    Notre hémisphère gauche réfléchit
    de façon linéaire et méthodique.
  • 4:44 - 4:49
    Notre hémisphère gauche
  • 4:49 - 4:53
    c'est tout notre passé
    et tout notre futur.
  • 4:53 - 4:55
    Notre hémisphère gauche
    est conçu pour traiter
  • 4:55 - 4:59
    cet énorme montage du
    moment présent pour en
  • 4:59 - 5:02
    faire ressortir les détails, les détails
    et encore les détails de ces détails.
  • 5:02 - 5:05
    Il procède ensuite à une catégorisation et
  • 5:05 - 5:09
    organise l'information, l'associe
  • 5:09 - 5:11
    avec tout ce que nous avons
    appris dans le passé, et
  • 5:11 - 5:15
    projette toutes nos possibilités
    dans le futur.
  • 5:15 - 5:18
    De plus, notre hémisphère gauche
    réfléchit en communiquant.
  • 5:18 - 5:21
    C'est ce bavardage constant du cerveau
    qui me connecte moi et mon
  • 5:22 - 5:26
    monde intérieur avec mon monde extérieur.
  • 5:26 - 5:29
    C'est cette petite voix
    qui me dit : "Hé, n'oublie pas de
  • 5:29 - 5:33
    prendre des bananes
    en rentrant à la maison.
  • 5:33 - 5:37
    Il me les faut demain matin."
  • 5:37 - 5:40
    C'est cette intelligence
    calculatrice qui me rappelle
  • 5:40 - 5:41
    que je dois faire ma lessive. Mais,
    encore plus important peut-être,
  • 5:41 - 5:44
    c'est cette petite voix qui me dit,
  • 5:44 - 5:47
    "Je suis. Je suis." Et aussitôt que mon
    hémisphère gauche me dit "Je suis,"
  • 5:47 - 5:51
    je deviens distincte.
  • 5:51 - 5:57
    Je deviens une personne à part,
    détachée du flux d'énergie
  • 5:57 - 6:00
    qui m'entoure et indépendante de vous.
  • 6:00 - 6:04
    C'était cette zone de mon
    cerveau que j'avais perdu
  • 6:04 - 6:07
    le matin de mon attaque.
  • 6:07 - 6:10
    Ce matin-là, je me suis réveillée
  • 6:10 - 6:12
    avec une douleur lancinante derrière mon
    oeil gauche. C'etait le genre de douleur --
  • 6:12 - 6:16
    caustique -- que vous
    ressentez lorsque vous
  • 6:16 - 6:21
    mordez dans une glace.
    Et cela m'a saisi --
  • 6:21 - 6:23
    puis ça c'est calmé. Puis ça m'a saisi --
  • 6:23 - 6:27
    puis ça c'est calmé.
    C'était assez inhabituel
  • 6:27 - 6:30
    pour moi de ressentir de la douleur,
  • 6:31 - 6:34
    alors je me suis dit, OK,
    je vais faire comme d'habitude.
  • 6:34 - 6:37
    Je me suis donc levée et j'ai sauté
    sur mon exerciseur elliptique,
  • 6:37 - 6:39
    une machine qui fait
    travailler tout le corps.
  • 6:39 - 6:42
    Je me lance à fond sur
    cette chose, puis je réalise
  • 6:42 - 6:45
    que mes mains ressemblent à
    des pattes primitives aggripant
  • 6:45 - 6:49
    les barres. Je me suis dit,
    "C'est très étrange."
  • 6:50 - 6:54
    Puis j'ai regardé mon corps
    et j'ai pensé, "Ouais,
  • 6:54 - 6:57
    Je ressemble à une chose bizarre.
    "C'était comme si
  • 6:57 - 7:00
    ma conscience avait quitté
    ma perception normale
  • 7:00 - 7:03
    de la réalité dans laquelle
    je suis la personne sur
  • 7:03 - 7:06
    la machine en train de vivre cette expérience,
    pour aller vers un espace ésotérique
  • 7:06 - 7:09
    à partir duquel je m'observe
    vivant cette expérience.
  • 7:09 - 7:12
    C'était une sensation très
    étrange, et ma migraine
  • 7:12 - 7:16
    s'accentuait. Je suis donc
    descendue de la machine,
  • 7:17 - 7:19
    et je marche dans le salon, puis je
  • 7:19 - 7:21
    réalise qu'à l'intérieur de mon corps
  • 7:21 - 7:24
    tout est au ralenti.
    Chaque pas est lourd et
  • 7:24 - 7:26
    très calculé. Il n'y a aucune
    fluidité de mouvement,
  • 7:26 - 7:31
    et il y a ce resserrement
    dans la zone de perceptions,
  • 7:31 - 7:34
    je me concentre donc
    sur les systèmes internes.
  • 7:34 - 7:37
    Je suis debout dans la salle
    de bains, et je m'apprête
  • 7:37 - 7:41
    à rentrer dans la douche,
    et je pouvais entendre le
  • 7:41 - 7:43
    dialogue dans mon corps.
    J'ai entendu une petite voix
  • 7:43 - 7:45
    qui disait,"OK. Vous les muscles,
    vous devez vous contracter.
  • 7:45 - 7:48
    Vous les muscles, relaxez-vous."
  • 7:48 - 7:51
    Puis, j'ai perdu mon équilibre
    et je me retrouve contre le mur,
  • 7:51 - 7:52
    Je baisse les yeux et regarde
    mon bras et je réalise
  • 7:52 - 7:55
    que je ne peux plus délimiter
    le contour de mon corps.
  • 7:55 - 7:59
    Je ne peux plus déterminer
    où je commence et où je finis
  • 7:59 - 8:03
    puisque les atomes et
    les molécules de mon bras
  • 8:03 - 8:07
    se mélangent aux atomes
    et molécules du mur.
  • 8:07 - 8:10
    Je ne pouvais ressentir que
    cette énergie -- énergie.
  • 8:10 - 8:14
    Et je me demande.
    "Qu'est-ce qu'il m'arrive ?"
  • 8:14 - 8:18
    Qu'est-ce qu'il se passe ?". Et à ce
    moment, le brouhaha de mon cerveau --
  • 8:18 - 8:20
    le bavardage de mon cerveau de l'hémisphère
    gauche -- a brutalement stoppé.
  • 8:20 - 8:23
    Comme si quelqu'un avait
    pris une télécommande
  • 8:24 - 8:27
    et avait appuyé sur le bouton
    "mute". Silence total.
  • 8:27 - 8:30
    Et au départ j'étais
    surprise de me trouver
  • 8:30 - 8:33
    à l'intérieur d'une tête silencieuse.
    Mais j'ai été immédiatement
  • 8:33 - 8:36
    fascinée par la splendeur
    de l'énergie qui m'entourait.
  • 8:36 - 8:40
    Et puisque je ne pouvais plus délimiter
  • 8:40 - 8:44
    le contour de mon corps,
    je me sentais énorme et dilatée.
  • 8:44 - 8:48
    Je me suis sentie entière avec
    toute cette énergie autour,
  • 8:48 - 8:51
    et c'était magnifique.
  • 8:51 - 8:55
    Puis, tout d'un coup mon
    hémisphère gauche revient
  • 8:55 - 8:58
    en ligne, et me dit.
    "Hé ! On a un problème !
  • 8:58 - 9:00
    On a un problème !
    On doit trouver de l'aide."
  • 9:00 - 9:03
    Et je répète,"Ahh ! J'ai un problème.
  • 9:03 - 9:05
    J'ai un problème. "Alors, c'est,
    "OK. OK. J'ai un problème !"
  • 9:05 - 9:07
    Puis je suis immédiatement revenue
  • 9:07 - 9:10
    à un état inconscient --
    et je fais allusion
  • 9:10 - 9:13
    à cet espace du Monde La La
    avec beaucoup de tendresse.
  • 9:13 - 9:16
    Mais c'était superbe là-bas.
    Imaginez ce qu'on ressent
  • 9:16 - 9:19
    lorsqu'on est totalement déconnecté
    du bavardage de votre cerveau
  • 9:20 - 9:22
    qui vous connecte au monde externe.
  • 9:22 - 9:25
    Alors je suis ici dans cet espace,
    et mon travail -- et tout
  • 9:25 - 9:28
    stress lié à mon travail -- avait disparu.
  • 9:28 - 9:31
    Je me sentais plus légère
    dans mon corps, et imaginez :
  • 9:31 - 9:34
    tous les liens dans le monde
    externe et toute
  • 9:34 - 9:37
    cause de stress liée à un d'eux --
    avaient disparus.
  • 9:37 - 9:41
    J'éprouvais une sensation de sérénité.
  • 9:41 - 9:44
    Et imaginez ce que ça ferait
    de perdre 37 ans de passé émotionnel !
  • 9:44 - 9:49
    (Rires.) Oh ! J'étais euphorique.
  • 9:49 - 9:54
    Euphorique. C'était superbe.
  • 9:54 - 9:59
    Puis, mon hémisphère gauche
    se connecte à nouveau et dit,
  • 10:00 - 10:03
    "Hé ! Il faut faire attention.
  • 10:03 - 10:05
    Il faut trouver de l'aide." Et je me dis,
    "Il faut que je trouve de l'aide.
  • 10:05 - 10:07
    Il faut que je me concentre."
  • 10:07 - 10:09
    Alors, je sors de la douche
    et machinalement
  • 10:09 - 10:11
    je m'habille et je marche
    dans mon appartement,
  • 10:11 - 10:13
    en pensant, "Il faut que j'aille au
    travail. Il faut que j'aille au travail.
  • 10:13 - 10:15
    Est-ce que je peux conduire ?
    Est-ce que je peux conduire ?"
  • 10:15 - 10:17
    Et à ce moment même, mon
    bras droit s'est totalement
  • 10:17 - 10:20
    paralysé. Puis j'ai réalisé,
  • 10:20 - 10:22
    "Oh mince ! Je fait une attaque
    ! Je fais une attaque !"
  • 10:22 - 10:25
    Et tout ce que me dit
    mon cerveau, c'est "Wow !
  • 10:25 - 10:28
    C'est super ! (Rires) C'est super !"
  • 10:28 - 10:31
    Combien de spécialistes
    du cerveau ont l'opportunité
  • 10:31 - 10:37
    d'étudier leur propre cerveau
    de fond en comble ?"
  • 10:37 - 10:39
    (Rires)
  • 10:39 - 10:42
    Puis une idée me traverse l'esprit.
    "Mais je suis une femme très occupée !"
  • 10:42 - 10:44
    (Rires) "Je n'ai pas le temps
    de faire une attaque !"
  • 10:44 - 10:48
    Alors, je me dis, "OK, je ne peux pas
    stopper une attaque.
  • 10:48 - 10:51
    je vais donc laisser passer
    une semaine ou deux, et
  • 10:51 - 10:53
    et puis je reprendrai ma routine. OK.
  • 10:53 - 10:56
    Il faut que j'appelle de l'aide.
    Il faut que j'appelle au travail."
  • 10:56 - 10:58
    Je ne me rappelais plus de mon
    numéro professionnel,
  • 10:58 - 11:00
    et je me suis souvenue que dans
    mon bureau, j'ai une carte de visite
  • 11:00 - 11:02
    avec le numéro. Je vais
    donc dans mon bureau,
  • 11:02 - 11:04
    je sors un tas de cartes
    de visite épais de 5 cm.
  • 11:04 - 11:07
    Et en regardant la carte du dessus
  • 11:07 - 11:10
    je pouvais clairement voir à
    quoi ressemblait ma carte de visite,
  • 11:10 - 11:13
    mais je n'arrivais pas à voir
  • 11:13 - 11:17
    si c'était ma carte ou pas. Tout ce que
    je pouvais voir c'était des pixels.
  • 11:17 - 11:19
    Et les pixels des mots se mélangeaient
  • 11:19 - 11:22
    aux pixels de l'arrière-plan et
    aux pixels des symboles,
  • 11:22 - 11:24
    je n'y arrivais pas.
  • 11:24 - 11:27
    Puis j'ai attendu ce que je considère
    comme une vague de lucidité.
  • 11:27 - 11:29
    Et à ce moment, je pourrai
  • 11:29 - 11:32
    me reconnecter
    à la réalité et j'ai réalisé
  • 11:32 - 11:35
    que ce n'est pas la carte...ce n'est pas
    la carte...ce n'est pas la carte.
  • 11:35 - 11:38
    J'ai mis 45 minutes à chercher
  • 11:38 - 11:40
    dans le paquet de cartes de visite.
  • 11:40 - 11:44
    Pendant ce temps, pendant
    45 minutes, l'hémorrhagie
  • 11:44 - 11:46
    se propage dans mon hémisphère gauche.
  • 11:47 - 11:49
    Je ne comprends pas les numéros.
    Je ne comprends pas le téléphone,
  • 11:49 - 11:51
    mais c'est le seul moyen d'y arriver.
  • 11:51 - 11:54
    J'ai donc pris le clavier téléphonique et je l'ai
    placé devant moi. Je prends la carte de visite,
  • 11:54 - 11:56
    Je l'ai placée ici, et
  • 11:56 - 11:59
    je fais concorder les
    gribouillis sur la carte
  • 11:59 - 12:01
    aux gribouillis sur
    le clavier téléphonique.
  • 12:01 - 12:05
    Puis je me suis laissée vaguer
    dans le Monde La La,
  • 12:05 - 12:08
    puis une fois revenue, je ne me
    rappelais pas si j'avais déjà
  • 12:08 - 12:11
    composé ces numéros.
  • 12:11 - 12:14
    J'ai donc dû manier mon bras
    paralysé comme un moignon
  • 12:14 - 12:15
    et faire les numéros au fur et
    à mesure et je les ai composés
  • 12:15 - 12:19
    pour que je revienne à la réalité
  • 12:19 - 12:22
    et pour pouvoir me dire, "Oui, j'ai
    déjà composé ce numéro."
  • 12:22 - 12:25
    Enfin, le numéro était entièrement composé
  • 12:25 - 12:30
    et j'écoute au téléphone.
  • 12:30 - 12:32
    Mon collègue prend le téléphone et me dit,
  • 12:32 - 12:34
    "Ouh ouh ouh ouh." (Rires) Et je me dis,
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    "Oh ça alors, on dirait
    un Golden Retriever !"
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    Et je lui dis -- je lui dis clairement :
  • 12:43 - 12:49
    "C'est Jill ! J'ai besoin d'aide !"
  • 12:50 - 12:52
    Et ce qui sort de ma bouche
    est, "Ouh ouh ouh ouh ouh."
  • 12:52 - 12:54
    Je réfléchis, "Oh mince,
    on dirait un Golden Retriever."
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    Mais je ne pouvais pas savoir --
    Je ne savais pas que
  • 12:58 - 13:00
    je ne pouvais pas parler ou comprendre
    la langue avant d'avoir essayé.
  • 13:00 - 13:03
    Il comprend enfin que j'ai besoin
    d'aide et il me trouve de l'aide.
  • 13:03 - 13:06
    Et un peu plus tard, je suis dans une
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    ambulance pour aller d'un hôpital de Boston
    a l'hôpital Général du Massachussetts
  • 13:09 - 13:13
    Je m'enroule en une petite
    boule comme un foetus.
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    Et tout comme un ballon
    avec un dernier filet d'air,
  • 13:17 - 13:19
    juste à l'extrémité de ce ballon,
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    j'ai senti mon énergie s'en aller --
    J'ai senti mon esprit se livrer.
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    Et à ce moment là, j'ai su que je
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    n'étais plus maître de ma vie.
  • 13:33 - 13:39
    Et que soit les docteurs sauvent
    mon corps et me donnent
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    une deuxième chance de vivre,
    ou bien alors c'était peut-être
  • 13:42 - 13:45
    le moment de ma transition.
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    Lorsque je me suis réveillée plus tard
    cet après-midi, j'étais surprise
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    en réalisant que j'étais toujours en vie.
    Lorsque j'ai senti mon esprit partir,
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    j'ai dit adieu à ma vie.
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    Et mon esprit était suspendu entre deux
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    réalités très opposées.
    La stimulation qui s'infiltrait dans
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    mes systèmes sensoriels était
    d'une douleur atroce.
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    La lumière me brûlait le cerveau comme
    une trainée de poudre, et les sons
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    étaient si forts et chaotiques
    que je ne pouvais même pas
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    distinguer une voix dans le bruit ambiant.
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    Je voulais juste m'échapper parce que je
    ne pouvais même pas me positionner
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    dans l'espace, je me sentais
    énorme et dilatée,
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    tout comme un génie qui
    venait de sortir de sa bouteille.
  • 14:35 - 14:40
    Et mon esprit s'envola, libre,
    comme une baleine
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    glissant sur la mer de
    l'euphorie silencieuse.
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    Le Nirvana. J'ai trouvé le Nirvana.
    Et je me rappelle avoir pensé que
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    je ne pourrai plus jamais glisser
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    mon énormité dans ce tout petit corps.
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    Mais j'ai réalisé, "Je suis toujours
    en vie ! Je suis toujours en vie,
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    et j'ai trouvé le Nirvana. Et si j'ai
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    trouvé le Nirvana et que je suis encore
    en vie, alors toutes les personnes
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    qui sont en vie peuvent trouver
    le Nirvana." Et j'ai imaginé
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    un monde rempli de belles,
    paisibles, compatissantes,
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    et aimantes personnes qui savaient
    qu'elles pouvaient atteindre cet
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    espace à tout moment, et
    qu'elles pouvaient choisir
  • 15:36 - 15:39
    exprès, de passer à droite de leur
  • 15:39 - 15:43
    hémisphères gauches et trouver
    cette paix. Puis je
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    réalisais quel superbe cadeau
    cette expérience m'avait fait
  • 15:47 - 15:52
    quelle introspection cela pouvait être,
  • 15:52 - 15:56
    de savoir comment nous vivons nos vies.
    Et cela me motiva pour guérir.
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    Deux semaines et demi
    après l'hémorrhagie, les
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    chirurgiens m'ont opéré et ont
    enlevé un caillot de sang
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    de la taille d'une balle de golfe qui
    se trouvait sur les zones du langage.
  • 16:13 - 16:15
    Et je suis là avec ma maman,
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    un ange dans ma vie. J'ai mis huit ans
    pour récupérer complètement.
  • 16:18 - 16:20
    Alors, qui sommes-nous ? Nous sommes
    la force de vie de l'univers,
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    dotés d'une dextérité manuelle
    et de deux esprits cognitifs.
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    Nous avons le pouvoir de choisir,
    à tout moment,
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    qui et comment nous souhaitons
    être dans le monde.
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    Ici, maintenant, je peux rentrer
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    dans le conscient de mon hémisphère
    droit, où nous sommes.
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    Je suis la force de vie de l'univers.
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    Je suis la force de vie de 50 millions
    de superbes génies
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    moléculaires qui font de moi une entité.
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    Ou bien je peux choisir de rentrer
    dans le conscient de
  • 17:01 - 17:06
    mon hémisphère gauche, où
    je deviens une seule personne,
  • 17:07 - 17:10
    un corps solide. Indépendante du flux,
  • 17:10 - 17:14
    indépendante de vous.
    Je m'appelle Dr Jill Bolte Taylor :
  • 17:14 - 17:17
    intellectuelle, neuroanatomiste.
    Ce sont les "nous" à l'intérieur.
  • 17:18 - 17:21
    Lequel choisissez-vous ? Lequel
    choisissez-vous ? Et quand ?
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    Je suppose que plus nous passons de temps
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    à choisir d'utiliser le circuit
    de notre paix interne
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    de nos hémisphères droits,
    plus nous pourrons
  • 17:45 - 17:48
    projetter la paix dans le monde, et notre
    planète sera d'autant plus paisible.
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    Et je pensais que ça valait la peine
    de transmettre cette idée.
Title:
La puissante introspection de Jill Bolte Taylor
Speaker:
Jill Bolte Taylor
Description:

Peu de spécialistes du cerveau souhaiteraient vivre l'attaque foudroyante dont Jill Bolte Taylor a été victime. Bien que cette expérience lui ait permis d'observer comment les fonctions de son cerveau, gestes, parole et conscience de soi se sont arrêtées les unes après les autres. Une histoire étonnante.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
18:21
Helene Batt edited French subtitles for My stroke of insight
Maggie S (Amara staff) edited French subtitles for My stroke of insight
Helene Batt edited French subtitles for My stroke of insight
Helene Batt edited French subtitles for My stroke of insight
Helene Batt edited French subtitles for My stroke of insight
Helene Batt edited French subtitles for My stroke of insight
eric vautier edited French subtitles for My stroke of insight
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