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Personne intersexe et la physique du jugement | Cecelia McDonald | TEDxBoulder

  • 0:07 - 0:08
    Quand j'ai eu 17 ans,
  • 0:08 - 0:12
    je suis allée chez mon médecin
    car mon développement semblait anormal.
  • 0:12 - 0:17
    Je n'étais pas encore réglée
    et je n'avais pas de seins.
  • 0:17 - 0:19
    J'ai dû aller chez un tas des spécialistes
  • 0:19 - 0:22
    pour tenter de découvrir
    ce qui n'allait pas chez moi.
  • 0:22 - 0:24
    C'était la première fois que,
    dans un environnement médical,
  • 0:24 - 0:27
    je me suis sentie scrutée
    comme un objet d'observation.
  • 0:29 - 0:35
    Les médecins m'ont fait passer
    des examens et à la lecture des résultats,
  • 0:35 - 0:39
    ils ont dit : « Eh bien,
    je ne m'attendais pas à ça »,
  • 0:40 - 0:42
    un euphémisme pour : « Oh flûte alors ! »,
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    des mots qu'on ne souhaite pas
    entendre dans un cabinet médical.
  • 0:46 - 0:48
    (Rires)
  • 0:48 - 0:50
    Rapide cours de rattrapage en biologie :
  • 0:50 - 0:56
    les femmes ont deux chromosomes X
    et les hommes ont un X et un Y, d'accord ?
  • 0:56 - 0:58
    En principe.
  • 0:59 - 1:03
    Les médecins étaient abasourdis en listant
    le résultat de mon analyse chromosomique :
  • 1:03 - 1:05
    j'avais un X et un Y,
  • 1:05 - 1:07
    ce qui est normalement associé
    avec le fait d'être un homme.
  • 1:08 - 1:13
    Mais j'étais intersexuée,
    quelque part entre les deux sexes.
  • 1:14 - 1:15
    Les personnes intersexuées
  • 1:15 - 1:18
    ont une combinaison
    de « mâle » et « femelle »,
  • 1:18 - 1:24
    que ce soit dans leur anatomie externe,
    leur organes reproducteurs internes,
  • 1:25 - 1:27
    leurs niveaux hormonaux ou leur ADN.
  • 1:28 - 1:29
    Les personnes intersexuées incluent
  • 1:29 - 1:34
    ceux qui n'ont pas
    un aspect précis du sexe opposé
  • 1:34 - 1:39
    mais dont l'anatomie n'est pas
    typique de ce qu'on attend.
  • 1:39 - 1:43
    L'intersexuation n'est pas
    équivalente à être transgenre.
  • 1:43 - 1:49
    Les personnes transgenres ont typiquement
    un corps qui correspond à un seul sexe.
  • 1:49 - 1:53
    Certes, on peut être intersexué
    et transgenre à la fois,
  • 1:53 - 1:56
    mais la majorité de chaque cohorte
    est principalement l'un ou l'autre.
  • 1:56 - 2:00
    Les personnes intersexuées constater
    leur intersexuation de plusieurs manières.
  • 2:00 - 2:02
    Certains la découvrent -
  • 2:02 - 2:05
    en fait, leurs parents et médecins
    la découvrent quand ils sont bébés
  • 2:05 - 2:09
    quand ils remarquent que leur anatomie
    n'est pas exactement typique.
  • 2:09 - 2:11
    D'autres la découvrent
    pendant leur puberté
  • 2:11 - 2:13
    qui dérive d'une manière inattendue
  • 2:13 - 2:17
    ou quand elle ne survient pas du tout.
  • 2:17 - 2:22
    Donc, dès qu'on a su
    « ce qui n'allait pas chez moi »,
  • 2:22 - 2:25
    cela est devenu un problème à résoudre.
  • 2:25 - 2:27
    On avait un plan d'attaque.
  • 2:27 - 2:31
    J'avais des traces de gonades,
    des petits morceaux de tissus
  • 2:31 - 2:33
    censés se développer
    en ovaires chez la femme
  • 2:33 - 2:38
    et en testicules chez l'homme, mais,
    chez moi, qui ne se sont pas développées.
  • 2:38 - 2:40
    Il y avait un risque de cancer,
  • 2:40 - 2:44
    donc je devais subir
    une opération pour les retirer.
  • 2:45 - 2:48
    S'ils s'avéraient cancéreux
    et que le cancer s'était répandu,
  • 2:48 - 2:51
    j'allais avoir besoin de plus de chirurgie
    et sans doute de chimiothérapie,
  • 2:51 - 2:53
    et d'une équipe oncologique
    pour me suivre.
  • 2:54 - 2:57
    La chirurgie serait l'occasion d'évaluer
    l'anatomie féminine que j'avais
  • 2:57 - 2:59
    et si tout était correctement connecté.
  • 2:59 - 3:03
    Si j'avais un utérus, c'était crucial
    de savoir qu'il n'était pas indépendant
  • 3:03 - 3:07
    car alors, un traitement hormonal
    pourrait stimuler les règles
  • 3:07 - 3:09
    sans que le sang ne puisse s'écouler.
  • 3:09 - 3:13
    Au bout du compte,
    on a sorti quelques diagnostics.
  • 3:13 - 3:15
    Je ne serais sans doute jamais enceinte.
  • 3:15 - 3:18
    Je ne pourrais probablement pas
    avoir une vie sexuelle normale.
  • 3:18 - 3:20
    Et d'ici la fin des diagnostics,
  • 3:20 - 3:22
    j'aurais 18 ans.
  • 3:22 - 3:25
    Je suis consciente qu'entrer
    dans la puberté est prioritaire
  • 3:25 - 3:28
    sur la liste des choses à accomplir
    quand on a 18 ans.
  • 3:28 - 3:30
    (Rires)
  • 3:32 - 3:35
    Mais j'ai le plaisir de vous informer
    que tout s'est bien passé,
  • 3:35 - 3:39
    même ma première année à l'université,
    fût-elle un peu embarrassante.
  • 3:39 - 3:40
    (Rires)
  • 3:40 - 3:42
    Je n'avais pas de cancer.
  • 3:42 - 3:45
    Je pourrais sans doute porter un enfant
    avec l'aide d'une donneuse d'ovaire
  • 3:45 - 3:48
    et ma vie sexuelle ne vous regarde pas.
  • 3:48 - 3:50
    (Rires)
  • 3:50 - 3:53
    (Encouragements) (Applaudissements)
  • 3:56 - 4:00
    Le plan a bien fonctionné.
  • 4:00 - 4:04
    Selon les standards médicaux,
    tout était en ordre pour moi.
  • 4:05 - 4:08
    Mais être en ordre
    ne signifie pas être guérie.
  • 4:09 - 4:12
    Or, il n'y a pas d'itinéraire
    sur le chemin de la guérison.
  • 4:13 - 4:16
    C'est symptomatique de l'esprit ambiant
  • 4:16 - 4:19
    de savoir qu'on ne m'a jamais proposé
    de rencontrer un psychothérapeute,
  • 4:19 - 4:22
    de rejoindre un groupe thérapeutique,
  • 4:22 - 4:26
    ou qu'on ne m'a jamais suggéré
    de rencontrer des gens dans ma situation.
  • 4:27 - 4:31
    Imaginez qu'on vous apprenne à 17 ans
    que vous avez les cheveux roux.
  • 4:31 - 4:36
    Et vous vous demandez :
    « Roux ? C'est quoi ça ? »
  • 4:36 - 4:39
    Ça paraît ridicule,
  • 4:39 - 4:42
    mais avec 1 à 2%
    de la population mondiale,
  • 4:42 - 4:46
    l'intersexuation est aussi répandue
    que les cheveux roux.
  • 4:47 - 4:50
    Aux États-Unis,
    c'est aussi répandu qu'être juif.
  • 4:51 - 4:54
    Alors, où sommes-nous ?
  • 4:54 - 4:59
    Et pourquoi tant de personnes n'ont-elles
    jamais entendu parler de nous ?
  • 4:59 - 5:04
    Je reste étonnée que depuis
    que je suis au courant de ma condition,
  • 5:04 - 5:11
    je n'ai jamais rencontré d'autre personnes
    intersexuées dans la rue, visibles, ainsi.
  • 5:11 - 5:13
    (Rires)
  • 5:14 - 5:17
    Même au sein de la communauté LGBT,
    personne n'a jamais dit :
  • 5:17 - 5:20
    « Oh, mais moi aussi ! »
  • 5:20 - 5:22
    « Ma sœur aussi » ou « Mon ami aussi ».
  • 5:22 - 5:25
    Nous sommes profondément cachés
    dans nos vies professionnelles,
  • 5:25 - 5:28
    personnelles et publiques.
  • 5:28 - 5:31
    C'est une source de honte
    et donc on n'en parle pas.
  • 5:31 - 5:35
    Et précisément parce qu'on en ressent
    de la honte, le cycle continue.
  • 5:36 - 5:39
    Mais nous ne pouvons plus
    rester invisibles.
  • 5:40 - 5:44
    Nous avons besoin d'être visibles
    et que vous sachiez que nous existons.
  • 5:44 - 5:47
    Sans quoi la prochaine génération
    d'enfants intersexués
  • 5:47 - 5:51
    grandira dans autant de confusion
    et de honte que nous.
  • 5:51 - 5:53
    Nous avons besoin qu'on sache
  • 5:53 - 5:57
    que si la population intersexuée
    représente 1% de la population,
  • 5:57 - 6:00
    cela signifie qu'il pourrait y avoir
    cinq PDG intersexués
  • 6:00 - 6:02
    parmi les PDG du Fortune 500
  • 6:02 - 6:05
    et cinq sénateurs intersexués au Congrès.
  • 6:05 - 6:10
    Il pourrait y avoir trois astronautes
    américains intersexués
  • 6:10 - 6:12
    et quatre enfants intersexués
  • 6:12 - 6:15
    dans une école primaire américaine
    de taille moyenne.
  • 6:15 - 6:18
    Nous devons devenir visibles
    et nous avons besoin de votre voix,
  • 6:18 - 6:23
    car les conséquences
    de notre invisibilité sont désastreuses.
  • 6:24 - 6:27
    Aux États-Unis et partout dans le monde,
  • 6:27 - 6:32
    les bébés intersexués subissent
    ce qu'on appelle une mutilation génitale.
  • 6:33 - 6:37
    Je crains toujours que ce terme
    stigmatise les personnes intersexuées
  • 6:37 - 6:41
    mais je pense aussi qu'il permet
    de mesurer l'ampleur de la gravité.
  • 6:42 - 6:46
    Les bébés intersexués subissent
    des chirurgies cosmétiques
  • 6:46 - 6:48
    qui ne sont pas
    médicalement indispensables,
  • 6:48 - 6:51
    conçues pour donner une apparence
    plus normale à leurs organes génitaux.
  • 6:52 - 6:54
    Ces chirurgies entraînent
    des risques de scarification,
  • 6:54 - 6:58
    de perte des sensations
    et de difficultés sexuelles par la suite.
  • 7:00 - 7:03
    Le plus surprenant est combien
    une anormalité relativement mineure
  • 7:03 - 7:06
    peut conduire les enfants
    dans le bloc opératoire.
  • 7:07 - 7:09
    La condition appelée hypospadias
  • 7:09 - 7:13
    entraîne l'ouverture du pénis ailleurs
    qu'à l'extrémité du pénis.
  • 7:13 - 7:16
    Le terme vient du grec ancien
    « hypo », qui signifie en-dessous,
  • 7:16 - 7:18
    et de « spadia », qui signifie ouverture.
  • 7:19 - 7:21
    Au lieu d'être à l'extrémité du pénis,
  • 7:21 - 7:22
    l'urètre est sous celui-ci,
  • 7:22 - 7:24
    quelque part, plus bas.
  • 7:25 - 7:27
    Le pénis de ces garçons
    est généralement fonctionnel.
  • 7:27 - 7:30
    Alors, pourquoi les opérer ?
  • 7:30 - 7:35
    Eh bien, quand ils seront plus âgés,
    ils pourront ainsi faire pipi debout
  • 7:36 - 7:38
    et pour éviter un pénis
    avec une apparence bizarre.
  • 7:38 - 7:42
    Imaginez des parents
    qui découvrent leur bébé et déclarent :
  • 7:42 - 7:44
    « On veut d'autres oreilles. »
  • 7:45 - 7:49
    Les médecins les regarderaient
    en pensant avoir à faire à des fêlés.
  • 7:49 - 7:52
    Mais pour une raison inconnue,
    quand ce sont les organes génitaux,
  • 7:52 - 7:55
    la chirurgie semble être
    la seule solution envisageable.
  • 7:55 - 8:00
    L'hypostadias affecte un garçon sur 200,
    c'est une condition relativement commune.
  • 8:00 - 8:04
    Pourtant, il n'existe pas de données
    fiables sur le nombre de chirurgies.
  • 8:04 - 8:06
    Il n'existe pas de données fiables
  • 8:06 - 8:09
    sur le taux de succès ou d'échec
    de ces chirurgies, bien évidemment.
  • 8:09 - 8:14
    Le taux d'échec varierait entre 4 et 67%,
  • 8:14 - 8:17
    en fonction du type
    de procédure mise en place
  • 8:17 - 8:20
    et de la spécialité du chirurgien
    qui pratique l'opération.
  • 8:20 - 8:23
    C'est une variation astronomique.
  • 8:23 - 8:28
    Selon moi, le risque est trop élevé
    quand on parle de procédure cosmétique
  • 8:28 - 8:32
    et que l'enfant est trop jeune pour avoir
    le droit de participer à la décision,
  • 8:32 - 8:36
    d'autant plus qu'un échec conduit
    systématiquement à plus de chirurgie.
  • 8:36 - 8:39
    Des enfants ont parfois subi
    10, 20, voire 25 chirurgies
  • 8:39 - 8:42
    pour corriger ce qui avait
    mal tourné la première fois
  • 8:42 - 8:43
    et les chirurgies suivantes.
  • 8:45 - 8:49
    Ils ont passé leurs congés de printemps
    et d'été à la maison, en convalescence
  • 8:49 - 8:51
    au lieu de s'amuser avec leurs amis.
  • 8:52 - 8:53
    Tout ça pour quoi ?
  • 8:55 - 8:58
    Je crois sincèrement
    que les parents et les médecins
  • 8:58 - 9:01
    souhaitent le meilleur pour ces enfants.
  • 9:01 - 9:05
    Il est certes impossible
    de connaître les détails pour chaque cas,
  • 9:05 - 9:08
    mais je connais la physique du jugement.
  • 9:08 - 9:13
    Je sais que dès lors qu'on traite autrui
    comme une chose à réparer,
  • 9:13 - 9:16
    il y a beaucoup de chances
    qu'on se traite aussi de cette manière-là.
  • 9:16 - 9:18
    Quand on pense qu'on n'est pas assez bien,
  • 9:18 - 9:21
    on pense aussi que les autres
    ne sont pas assez bien.
  • 9:21 - 9:22
    Et on finit par penser que les autres
  • 9:22 - 9:25
    pensent des autres
    qu'ils ne sont pas assez bien.
  • 9:25 - 9:31
    Cette spirale fait que les gens pensent
    que cet enfant n'est pas assez bien,
  • 9:31 - 9:34
    craignant qu'on ne se moque de lui,
  • 9:34 - 9:38
    craignant la réaction de la baby-sitter
    quand elle changera les couches,
  • 9:39 - 9:42
    craignant la réaction d'un collègue
  • 9:42 - 9:44
    qui remarquera cet homme faire pipi assis
  • 9:44 - 9:47
    ou la réaction d'un partenaire
    à la vue du clitoris trop grand
  • 9:47 - 9:48
    de sa partenaire la première fois.
  • 9:49 - 9:52
    Ces craintes sont réelles
  • 9:52 - 9:55
    et j'y ai été confrontée dans ma vie.
  • 9:56 - 9:58
    Mais nous sommes des miracles,
  • 9:58 - 10:01
    la somme de particules infiniment petites,
  • 10:01 - 10:03
    issues d'étoiles à la taille inimaginable.
  • 10:03 - 10:06
    Il n'y a aucune raison
    de rester emprisonné
  • 10:06 - 10:08
    dans l'espace liminal
    entre les centimètres et les kilos.
  • 10:08 - 10:10
    Nous pouvons nous rappeler
    qu'aucun de nous,
  • 10:10 - 10:12
    homme, femme ou intersexué,
  • 10:12 - 10:13
    n'est pas une chose à réparer.
  • 10:13 - 10:16
    Nous sommes des humains
    faits pour être aimés.
  • 10:16 - 10:19
    Si vous croyez que vous existez
    pour être aimé
  • 10:19 - 10:22
    et que vous vous considérez
    avec bienveillance et patience,
  • 10:22 - 10:24
    vous traiterez autrui de la même manière.
  • 10:24 - 10:26
    C'est ce dont les personnes
    intersexuées ont besoin,
  • 10:26 - 10:30
    car les décisions sur nos corps
    sont prises par des gens comme vous.
  • 10:30 - 10:31
    Merci.
  • 10:31 - 10:34
    (Encouragements) (Applaudissements)
Title:
Personne intersexe et la physique du jugement | Cecelia McDonald | TEDxBoulder
Description:

Qu'est-ce que intersexualité ? Est-ce équivalent à être transgenre ? Comment traite-on les personnes intersexes dans le monde ? Entre 1 et 2% de la population a cette caractéristique mais nous sommes vraiment peu nombreux à pouvoir nommer un ami ou une amie personnel qui est transparent sur son identité.

La honte liée à l'intersexuation est lourde à porter, comme le témoigne le fait que si peu de personnes qui ont cette caractéristique la déclare publiquement. Il est crucial d'avoir une conversation sur ce que cela signifie d'être diagnostiquée une personne intersexuée, de sortir avec une personne intersexuée, de parler de son état autour de soi, d'avoir entre ses mains ses soins médicaux et de s'assurer qu'on reçoit l'aide dont on a besoin.

Cecelia est la PDG de Bird Meets Bee, une entreprise qui aide les personnes à trouver des donneurs d'ovaires, de sperme et des mères porteuses. Elle est entrepreneure, compositeure, voyageuse et défenseuse de l'intersexuation.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
10:55

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