-
Entrer dans l'expérience humaine,
c'est entrer dans un grand oubli.
-
Le voile de l'esprit conditionné masque la
vérité de qui nous sommes vraiment,
-
nous projetant dans un monde de séparation,
de limites et de doute.
-
Alors, qui êtes-vous vraiment ? N'êtes-vous
qu'un esprit conceptuel vivant dans un corps,
-
cheminant dans la vie, essayant de trouver
le bonheur et d'éviter la souffrance ?
-
Ou êtes-vous quelque chose de tout à fait différent,
de beaucoup plus profond, quelque chose d'éternel.
-
Quelque chose qui ne peut être exprimée
par des mots, mais qui, une fois réalisée,
-
vous apporte paix et plénitude. Nous allons
observer ce qui se trouve au-delà du voile
-
de l'esprit conceptuel, des pensées et des
sensations, pour découvrir la vérité
-
de qui nous sommes vraiment.
-
Qu'est-ce que l'esprit ?
-
Tout au long de l'histoire, cette question a été
posée à d'innombrables reprises. Depuis les
-
toutes premières recherches spirituelles
et scientifiques, l'esprit humain a été
-
conceptualisé et compris de diverses
manières dans différentes cultures.
-
Les humains ont utilisé la philosophie et des
théories psychologiques et scientifiques ainsi
-
que des méthodes d'investigation directe pour
pénétrer les secrets de l'esprit et découvrir
-
qui nous sommes au-delà de l'esprit et du
corps. D'ordinaire, nous voyons l'esprit comme
-
siégeant à l'intérieur de la tête, comme le
cerveau, et nous l'associons à la pensée
-
et à la cognition, mais l'esprit est bien plus
profond que cela. L'esprit est en fait dualité.
-
On l'appelle aussi Maya ou illusion.
Il est également connu sous le nom d'ego.
-
En latin, le mot ego signifie simplement "je".
Lorsque le sens du "je" est limité à quelque
-
chose, c'est Maya, l'illusion, mais lorsqu'il
est illimité, lorsqu'il s'éveille en tant que
-
conscience d'elle-même, au sein de laquelle tous
les phénomènes apparaissent et disparaissent,
-
alors il n'y a plus d'identification à un
"je" séparé.
-
Le véritable sens du mot "je" est présence
infinie, conscience infinie.
-
C'est le seul "je" ou le seul Soi qui existe.
Cependant, chez la plupart d'entre nous,
-
le sens du Soi est tellement enchevêtré
avec le contenu de l'expérience,
-
les pensées, les images et les émotions
que nous ne nous percevons plus
-
tel que nous sommes vraiment depuis
l'origine. Notre connaissance de Soi est altérée
-
et mêlée au contenu de l'expérience. Et ce
mélange du vrai et unique Soi de la
-
conscience infinie avec le contenu de
l'expérience est à l'origine de ce
-
moi illusoire que l'on appelle
communément l'ego ou le
-
moi séparé. L'ego est une idée très
persistante, très forte, très solide,
-
qui nous fait croire que nous sommes une
personne, une entité à l'intérieur d'un corps.
-
Parfois nous pensons n'être qu'un corps-esprit.
L'ego est un aspect de l'esprit qui se forme
-
à un jeune âge et c'est cet aspect qui nous
donne le sentiment d'être un moi individuel.
-
L'ego est littéralement une entité inventée,
il n'est pas réel et c'est ce que
-
nous identifions comme le corps. C'est la partie
de l'esprit qui pense qu'elle est séparée.
-
L'ego est le sens personnel du moi,
mais ce n'est pas le vrai moi.
-
Il s'agit d'une construction imaginaire.
Ce n'est pas ce que je suis vraiment.
-
Ce que je suis véritablement, c'est cette
présence plus profonde qui est toujours là.
-
L'esprit dualiste est constitué de deux aspects
fondamentaux, l'observateur ou témoin et
-
l'observé. Il y a le phénomène du monde
fait de sensations,
-
de perceptions et de préférences personnelles,
puis il y a ce sentiment qu'il y a un "je"
-
qui en est séparé, qui en est le témoin. S'éveiller,
c'est se réveiller de cette dualité, de cette
-
scission entre l'observateur et l'observé,
entre le sujet et l'objet, afin de réaliser
-
la conscience primordiale toujours
présente.
-
Lorsque vous observez de jeunes enfants,
vous réalisez qu'ils n'ont pas d'ego et qu'ils
-
vivent dans un état de participation totale
avec la vie, un état d'émerveillement,
-
parce qu'ils ne sont pas séparés du monde.
-
Lorsque nous naissons, nous sommes dépendants de
nos parents et n'avons pas encore de pensées
-
conceptuelles. Durant notre développement, nous
développons des concepts ainsi que la conscience
-
de soi, c'est-à-dire la capacité de réfléchir
pour devenir indépendants.
-
C'est ce processus de réflexion qui crée
notre identité interne.
-
La formation de l'ego commence peu après la
naissance. Nous développons une identité
-
personnelle que nous appelons "je" ou "moi".
Le stade du miroir est cette étape du
-
développement humain où l'enfant se
reconnaît dans un miroir, généralement
-
entre 6 et 18 mois. Ce n'est qu'une étape
de la formation de l'ego
-
par le biais du processus d'identification.
L'enfant ne développe pas son ego en voyant
-
son reflet dans un miroir, mais cela participe à un
processus de socialisation, de conditionnement,
-
car les personnes qui l'entourent commencent à le
traiter comme une personne, comme un "moi" distinct.
-
Nous développons un sentiment de "moi" à travers
les sensations qui se manifestent dans le corps,
-
à travers nos perceptions et notre conceptualisation
des choses. L'esprit divise et distingue
-
chaque chose des autres, puis nous développons
des préférences à l'égard de ces choses.
-
Il y a des choses que nous aimons et d'autres
que nous n'aimons pas. Ce "je" devient notre
-
identité individuelle, distincte et unique, au fur
et à mesure que nous avançons dans la vie.
-
C'est l'histoire de qui nous croyons être.
-
Notre conscience commence à croire
à cette identité dès notre plus jeune âge.
-
Enfants, cette conviction grandit avec nous
jusqu'à ce que nous soyons convaincus
-
d'être une personne. Lorsque les personnes
passent de l'adolescence à l'âge adulte,
-
ils développent un sentiment de séparation,
le sentiment d'être un "je" qui vit dans la tête.
-
Ils deviennent donc des egos séparés qui
vivent dans un état de manque,
-
un état d'incomplétude, et dont la vie
est dominée par le désir
-
d'accumuler des choses pour compenser
cette incomplétude.
-
C'est le mental qui est à l'origine de tous
les problèmes. Le mental est un pouvoir
-
qui est à l'origine de toute l'illusion
de la séparation,
-
l'illusion ou cette conviction d'être
une personne vivant dans un monde.
-
Nous pouvons vérifier que chaque
fois que nous éprouvons
-
une souffrance psychologique, nous pouvons
toujours voir qu'elle origine de cette croyance
-
d'être une personne, une entité séparée.
Il n'y a pas d'exception.
-
Je ne parle pas ici de douleur physique, mais
la souffrance psychologique n'est absolument
-
pas nécessaire, elle repose sur la croyance
d'être ce corps-esprit séparé
-
ou apparemment séparé. Parce que nous
sommes comme des fragments qui ont été
-
séparés du tout, comme des pièces d'un
puzzle qui se sont déconnectées et
-
éloignées les unes des autres. Il y a donc
un sentiment de "quelque chose qui manque",
-
"quelque chose qui ne va pas". Le mental
semble être un obstacle insurmontable.
-
Comment aller au-delà du mental ?
Ce mental semble ne pas avoir de fin.
-
Tenter de vaincre le mental en utilisant
celui-ci crée une lutte sans fin.
-
C'est comme si l'on essayait de s'élever
en tirant sur ses propres bottes.
-
La structure de l'ego peut se sentir dévastée,
perdue et confuse, avec le sentiment que la vie
-
n'a pas de sens, et tandis que le mental
lutte, nous faisons l'expérience de ce que
-
saint Jean de la Croix appelait la Nuit
obscure de l'âme. C'est une étape nécessaire
-
du processus de désillusion. Ce n'est
qu'en abandonnant la recherche et
-
la fausse identification avec le chercheur que
nous entrons en union directe avec la vie.
-
J'étais dans une bonne période de ma vie. J'avais en
quelque sorte abandonné ma recherche spirituelle.
-
non pas parce que je l'avais abandonné en tant
que tel, mais parce qu'il n'y avait rien d'autre
-
à chercher. Je ne cherchais pas l'illumination.
Je ne cherchais pas l'éveil.
-
Je cherchais la paix et le bonheur et j'ai
découvert que l'abandon à ce qui est était la
-
seule voie possible et que la vie était mon
enseignant. Après de nombreuses années de
-
recherche, tout s'est effondré. La structure
du moi que je connaissais s'est effondrée.
-
J'étais assise dans mon salon et, sur une
période de quelques semaines,
-
une grande désolation intérieure s'est emparée
de moi. Je ne m'attendais pas à cette vaste
-
désolation intérieure, à ce sentiment
d'abandon existentiel, comme si la vie
-
elle-même m'avait abandonnée. Et j'ai
remarqué que le mental voulait fuir
-
cette désolation intérieure. Je me suis
alors posé cette question
-
"Quel est le sens de la souffrance ?
Quelle est la nature de la souffrance ?
-
Comment la souffrance peut-elle cesser ? Ou peut-être
que cela ne s'arrête jamais". Et de ces questions,
-
ce qui est apparu, c'est cette volonté de ne
pas bouger de là où j'étais, de ne pas fuir
-
ce sentiment de désolation et de m'y abandonner,
même si cela signifiait la fin de moi-même.
-
Je ne savais pas ce que signifiait la fin de moi,
mais c'est apparu comme une forme de connaissance
-
qui n'était pas encore consciente, et à ce moment-là,
de manière totalement inattendue, toute la structure
-
du moi s'est éteinte. C'est comme si toute l'identité
du moi était morte et, étonnamment
-
il y a eu une fusion avec la vie elle-même qui
a mis fin à la séparation entre moi et la vie.
-
À partir de là, j'ai su que moi et la vie ne faisons
qu'un, il n'y a pas de séparation
-
tout est dans le mouvement de l'esprit.
Et à partir de là, toute la structure de
-
Amoda qui avait été construite sur une identité
de victime, et pas seulement une victime
-
des circonstances, mais une victime de mes
sentiments, de mes émotions, de mes
-
pensées, qui essayait constamment de les
changer, de changer les pensées pour
-
changer les sentiments, de les rendre meilleurs,
de les rendre plus positifs, de les rendre plus
-
élevés... tout cela a pris fin. Et sans la victime,
c'était comme si je naissais à nouveau.
-
Je suis donc morte et j'ai pu renaître grâce à cela.
C'est comme si tous les voiles de perception
-
construits sur l'identité d'Amoda en tant que
moi, avec son histoire, ses pensées,
-
ses croyances, ses expériences, s'étaient
défaits. J'étais totalement nue
-
à partir de ce moment-là et cela
n'a jamais changé depuis.
-
Dans le bouddhisme, la première Noble Vérité
est que la souffrance existe. Il existe une
-
insatisfaction inhérente à l'esprit
conditionné. Dukkha, ou l'insatisfaction
-
chronique de l'esprit, englobe non seulement
la douleur physique et émotionnelle,
-
mais aussi des formes plus subtiles d'insatisfaction
telles que l'impermanence inhérente
-
à toutes choses et l'incapacité à trouver une
satisfaction durable dans les activités mondaines.
-
Le vrai bonheur et l'épanouissement ne se trouvent
pas dans des poursuites matérielles extérieures,
-
Même lorsque les choses se passent comme
nous le voulons. Même lorsque nous faisons
-
les bonnes choses, que nous agissons bien,
que nous avons des relations et une carrière
-
réussies, il y a souvent ce sentiment
sous-jacent que quelque chose ne va pas.
-
Quelque chose nous échappe, quelque
chose que nous ne percevons pas
-
bien, et plus nous y regardons de
près, plus cela devient clair, évident.
-
Ce que je dis souvent, c'est que la première
étape du processus d'éveil consiste à reconnaître
-
que nous souffrons. Nous pourrions résumer cela
en disant qu'il s'agit d'une impression que notre vie
-
ne va pas bien, ou que c'est nous qui
n'allons pas bien dans cette vie.
-
C'est inconfortable, et c'est une grâce que ce
soit inconfortable parce que cela nous conduit à
-
cette investigation qui peut nous amener à des
découvertes que nous n'aurions jamais pu imaginer.
-
Pourquoi les gens souffrent-ils ? Lorsque nous parlons
de douleur physique, nous devons comprendre que
-
nous ressentons ce type de douleur car
il s'agit d'un mécanisme de protection
-
dont nous avons hérité génétiquement.
Si nous n'éprouvions jamais de douleur,
-
nous nous cognerions constamment aux objets,
nous pourrions boire de l'acide sulfurique
-
et notre corps ne survivrait pas longtemps. La
douleur psychologique est différente. Elle nous
-
indique que nous faisons une erreur. La douleur
psychologique n'est donc pas un problème,
-
c'est le début de la solution. La douleur
psychologique nous donne une leçon
-
sur une autre erreur que nous faisons, à savoir
croire que nous sommes un être humain distinct.
-
C'est une erreur, une erreur fondamentale.
C'est le péché originel,
-
le péché originel qui nous exclut du
Royaume, du jardin d'Eden.
-
Le sens originel du mot péché signifie
"manquer la cible".
-
La conscience égoïque est un état pathologique
de l'esprit par lequel nous manquons
-
constamment notre but. C'est le sens de la
"Chute". Nous sommes focalisés sur les fruits
-
de l'arbre de la connaissance du bien et du
mal, focalisés sur les pensées.
-
L'esprit dualiste est constitué des phénomènes
qui forment le monde perçu des formes ;
-
il est fait de sensations, de perceptions,
de préférences égoïques et de ce sentiment
-
qu'il y a un "moi" qui est séparé, témoin.
C'est cette pensée "je" qui est à l'origine de
-
l'identification à l'ego.
-
Quelle que soit l'expérience que je vis,
c'est moi qui la vis. Si je suis triste, anxieux
-
ou seul, c'est moi qui en fais l'expérience.
Si je parle avec vous,
-
c'est moi qui parle. Si je vois le monde,
c'est moi qui le vois.
-
Toute notre expérience tourne donc autour
de ce "je". "Je" est le personnage central
-
de toutes nos expériences, de sorte que
l'enquête essentielle, la condition préalable
-
à l'éveil, consiste à explorer et à
reconnaître la nature du "Je"
-
ou du Soi que nous sommes réellement.
-
Dans le Sutra du cœur, l'un des enseignements
les plus vénérés du bouddhisme, il est dit que
-
pour nous libérer, nous devons réaliser que
l'ensemble du mécanisme de l'esprit dualiste
-
est vide d'un soi. Lorsque la pensée "je"
disparaît, la dualité elle-même s'effondre.
-
La forme est réalisée comme étant exactement
le vide, et le vide exactement la forme.
-
Dans l'état de samadhi, le vide danse comme
une plénitude, l'immobilité est inhérente au
-
mouvement, le silence inhérent au son.
La vie est vécue directement,
-
sans passer par le filtre du mental. Lorsque
nous ne courons plus après les fruits
-
de l'arbre de la connaissance du bien et du mal,
lorsque nous n'interagissons plus avec le monde
-
comme avant, c'est la libération,
la fin de la souffrance.
-
Tant que nous croyons avoir notre propre esprit,
notre propre ignorance ou notre propre ego,
-
c'est que nous voyons les choses d'un point
de vue séparé, et c'est correct,
-
au début, c'est comme ça que nous voyons les
choses. Mais ce n'est pas ainsi que les choses
-
sont en réalité. En réalité, il n'y a que la vie.
C'est tout. Seulement la vie pure en action.
-
La souffrance est donc cette résistance
à la vie, cette résistance à notre oui,
-
à notre non, à tout ce qui apparaît,
-
parce que nous nous sentons séparés. Et
l'éveil est la guérison de cette séparation,
-
de cette idée d'être séparé.
-
Nous pouvons commencer à comprendre la
résistance égoïque au sein de l'esprit en observant
-
comment l'énergie se déplace dans l'univers.
Et une façon de comprendre cela consiste à
-
observer ce que l'on appelle une figure de
Lichtenberg. Une figure de Lichtenberg
-
est un motif qui apparaît lorsqu'une
décharge électrique à haute tension traverse
-
des matériaux. La décharge électrique crée
un motif de canaux ramifiés
-
qui ressemblent à des arbres. Ici, l'électricité
pénètre dans du bois. Dans cet autre exemple,
-
la figure de Lichtenberg est créée en bombardant
des billions d'électrons dans un bloc d'acrylique
-
à l'aide d'un accélérateur de particules de 5 millions
de volts. Toute matière physique, dans ce cas
-
le bloc d'acrylique, représente une résistance
ou un ralentissement pour l'énergie.
-
Dans un orage, la résistance de l'air affecte la
formation du canal conducteur
-
et le flux de courant. Lorsque nous observons
les structures arborescentes créées par
-
l'énergie, nous voyons le chemin que l'énergie
a emprunté à travers la matière.
-
On retrouve ces structures en forme d'arbres ou
de branches à tous les niveaux
-
et à toutes les échelles de la nature, du microcosme
au macrocosme. La structure même de l'univers
-
est un jeu de formes, un jeu de résistances ;
un esprit géant qui joue à cache-cache
-
avec lui-même. Les samskaras, ou schémas
inconscients, sont créés lorsque la
-
charge d'une expérience est élevée. Les énergies
se rassemblent et la pensée "je" apparaît.
-
La résistance apparaît. S'il n'y a aucune
résistance, l'énergie circule librement et
-
la vie coule. Mais lorsqu'il y a résistance,
lorsque le "je" apparaît,
-
l'énergie se ramifie et crée de nouvelles
voies dans l'inconscient.
-
Ces schémas fonctionnent de manière autonome,
se cachant et se développant dans l'ombre
-
jusqu'à ce qu'ils soient à nouveau révélés et
intégrés consciemment dans le tout.
-
Le tout premier souvenir que j'ai, c'est
d'avoir très peur, sans raison,
-
et d'avoir l'impression que quelque
chose allait mal tourner à tout moment,
-
et ce sentiment a persisté toute ma vie
et s'est intensifié dans la vingtaine.
-
J'ai sombré dans une profonde dépression,
même après avoir eu quatre enfants.
-
Pendant trois ou quatre années, j'étais
intensément à la recherche
-
de quelque chose, mais je ne savais pas quoi.
Je n'avais jamais entendu parler d'éveil,
-
je ne savais pas ce que c'était. Et avec le temps,
il est devenu clair que ce que je cherchais
-
ne se trouvait pas dans ma vie extérieure.
J'avais une bonne vie familiale et professionnelle
-
à l'époque, tout ce que l'on peut désirer. Malgré
tout je me sentais toujours vide à l'intérieur.
-
Finalement, durant la guérison de ma
dépression, j'ai découvert la méditation.
-
Je m'y suis plongé et y ai trouvé une certaine
paix, un profond sentiment de satisfaction,
-
et pour la première fois de toute ma vie, ce
sentiment de crainte ou de peur a disparu,
-
momentanément, pour la première fois de
ma vie. J'ai donc commencé à essayer de
-
comprendre ce qui s'était passé, les raisons
de ce changement. Et pourquoi le sentiment
-
de peur était revenu. J'ai commencé à faire des
recherches sur les différentes voies spirituelles.
-
Je suis tombée sur les notions d'éveil, d'illumination,
et j'ai commencé à essayer de comprendre
-
ce que c'était. Finalement, 15 à 20 ans plus tard,
j'ai compris que cela arrive lorsque
-
nous cessons de croire à nos pensées.
Les pensées peuvent toujours exister,
-
mais la peur vient du fait que je crois en
mes pensées, que je crois que je ne suis
-
qu'une personne ou quelqu'un qui mène sa
vie, et je me suis rendu compte que j'étais
-
bien plus que cela. Je suis infinie et, sur une période
de cinq ans, cela a commencé à se stabiliser,
-
faute d'un meilleur mot. J'ai dû examiner
tout ce qui faisait obstacle,
-
comme le sentiment de ne pas être un
assez bon parent, ce sentiment
-
d'inadéquation au fond de moi.
J'ai dû vraiment regarder cela,
-
enquêter sur cela et contempler cela. Et
finalement, la paix est devenue stable,
-
sans effort, et même la joie et l'amour,
parfois même la félicité. Un sentiment profond
-
que tout va bien, que je me sens chez
moi, en sécurité, que je peux m'aimer,
-
que je m'apprécie, ce qui n'était pas
possible pour moi auparavant.
-
De nombreuses personnes ont un aperçu
de l'éveil, mais semblent ensuite le perdre.
-
Il y a ce jeu du "je l'ai, puis je le perds",
ou "je suis éveillé, puis
-
le mental revient". Cela se produit lorsque
l'éveil n'est pas pleinement reconnu
-
pour ce qu'il est. Souvent, le samadhi
provoque un état agréable : énergie, félicité,
-
changement dans la conscience ou la perception
de l'esprit, sentiment d'aisance ou de liberté.
-
Et l'on confond naturellement cet état
phénoménal avec la vérité
-
de ce que l'on est. Souvent, après avoir entrevu
l'éveil, on commence à rechercher des états
-
ou des expériences au lieu de reconnaître
la conscience qui est déjà présente
-
et de réaliser qu'elle est la source du véritable
épanouissement. La vérité de qui vous êtes
-
n'est pas un état ou une expérience temporaire.
Les phénomènes vont et viennent, mais cela
-
qui demeure, la conscience primordiale, EST
toujours. Si vous continuez à rechercher des états
-
ou des expériences, le chercheur deviendra
de plus en plus fort et vous vous
-
éloignerez de plus en plus de la vérité.
Le chercheur manque toujours sa cible
-
en poursuivant ce qui est impermanent, comme
un toxicomane qui poursuit des hauts temporaires,
-
et tout comme le toxicomane, le faux chercheur
arrivera toujours à un point de crise
-
ou à un point d'échec.
-
La vie est un festival de comportements
addictifs et quand je dis cela, je ne pense pas
-
seulement à l'addiction aux drogues comme
l'alcool et la nicotine. Tout ce qui est mis de
-
l'avant dans la société tend à créer des
modèles de comportement addictifs ; l'addiction
-
à la télé-réalité, l'addiction à la vie des
célébrités, l'addiction à l'achat de la prochaine paire
-
de chaussures, et pourquoi cela ? La raison en
est que nous cherchons désespérément
-
un moyen d'échapper au mode de vie dénué
de sens et contre nature qui est le nôtre.
-
Mais comme nous ne savons pas comment y échapper,
nous essayons de compenser en nous engageant
-
dans la toxicomanie. Or, comprendre la réalité
a cette qualité particulière de rendre
-
la vie plus naturelle, de mieux l'aligner sur
le rythme, le flux
-
et les orientations de la nature. Lorsque
cela se produit, la dépendance n'a plus lieu
-
d'être et nous vivons des vies plus
épanouissantes, plus saines
-
et meilleures dans l'ensemble, sans perspectives
biaisées comme la notion selon laquelle votre vie
-
vous concerne et ma vie me concerne, ce qui est l'une
des choses les plus artificielles que l'on puisse imaginer.
-
C'est comme si la fleur d'un pommier pensait que
sa vie se résumait à elle et qu'elle devait
-
survivre éternellement. Si la fleur avait son mot
à dire, il n'y aurait plus de pommes
-
ni de pommiers.
-
Une fois que nous comprenons la vérité, nous
passons naturellement d'une vie centrée sur l'ego
-
ou d'une vie qui alimente constamment les
schémas de désir et d'aversion,
-
à une vie plus naturelle, plus dans le flux.
-
À un moment donné, notre conception de la vie peut
mener à une crise et il se peut que cela nous amène
-
à entreprendre une démarche spirituelle
ou psychologique.
-
Puis vient un moment où nous sommes prêts à
voir au-delà de cette illusion d'être
-
séparés et disons qu'une recherche spirituelle
consciente commence. Car la recherche spirituelle
-
peut commencer avant que nous soyons conscients
que nous cherchons spirituellement.
-
Lorsque cette recherche est consciente, nous pouvons voir
le déroulement de notre vie non plus comme une chose
-
contre laquelle il nous faut lutter, mais plutôt
comme une invitation à nous éveiller,
-
et nous commençons alors à nous ouvrir plus
à la vie.
-
La souffrance est également l'un des meilleurs
outils pour susciter l'éveil de la conscience.
-
Nous ne nous posons pas de questions profondes
sur notre vie tant que nous ne souffrons pas.
-
Nous nous contentons de suivre la routine quotidienne
d'une manière très épicurienne, légère et superficielle,
-
et nous ne nous arrêtons jamais pour réfléchir
à ce qui se passe. Qui suis-je ?
-
Qu'est-ce qui se passe ? Non.
Quel est le but de tout cela ?
-
Quel est le sens de tout cela ? Nous ne nous
posons ces questions que lorsque nous souffrons.
-
La souffrance est donc un outil formidable. Elle
est très propice à la compréhension.
-
Souvent, nous l'aggravons inutilement. Nous
inventons des souffrances inutiles et superflues.
-
J'appelle cela de la méta-souffrance, et la
méta-souffrance vient de cette petite voix
-
dans votre tête qui dit que vous souffrez et
que vous ne devriez pas souffrir. Cela double
-
la souffrance. En effet, non seulement la
souffrance naturelle qui fait partie de notre
-
vie et que nous ne pouvons pas éviter persiste,
mais en plus, nous avons la méta-souffrance d'être
-
en guerre avec la nature, d'être en guerre avec
la souffrance originale. Le but n'est pas
-
de se débarrasser d'un processus naturel
propice à l'éveil, un outil clé
-
de la nature, le but est de ne pas l'exacerber
inutilement en lui faisant la guerre.
-
Lorsque nous cessons de résister à la
souffrance, celle-ci se transforme
-
en quelque chose de bénéfique. Dans
les cercles spirituels, on entend souvent
-
l'expression "aimer ce qui est". Il est possible d'aimer
la douleur, quelle qu'elle soit, en apprenant à
-
renoncer aux préférences égoïques et en
comprenant que ce qui se présente est simplement
-
un phénomène intense qui nous fait entrer
plus profondément en contact avec la vie.
-
En restant équanime avec ce qui est, nous
commençons à purifier les schémas
-
de résistance au sein de la structure de l'ego.
Cela nous amène au paradoxe de l'abandon.
-
Le paradoxe de l'abandon consiste à réaliser
que tout ce à quoi vous résistez persiste.
-
La résistance donne en fait du pouvoir à l'ego.
L'ego n'est rien d'autre que la
-
résistance elle-même. Parfois, sur le chemin,
nous avons l'idée que nous ne devrions pas
-
éprouver telle ou telle émotion. Nous pouvons
avoir l'impression de régresser si nous ressentons
-
de la haine ou de la colère. L'expérience de toute
la gamme des émotions humaines est nécessaire.
-
Le paradoxe est que lorsque nous acceptons pleinement
chaque émotion, en abandonnant la résistance
-
qu'elle suscite, l'émotion, qui est pleine de
croyances, de jugements et
-
de préférences, se transmute en pur ressenti,
en pure acuité,
-
au-delà du mental qui évalue.
-
Une célèbre histoire du zen illustre ce point.
Un jour, un étudiant
-
demande à Tenzin, un maître zen reconnu pour
sa sagesse et sa tranquillité : "Maître, lorsque votre
-
femme est décédée, avez-vous ressenti de la tristesse ?"
Tenzin répond : "Bien sûr que j'ai ressenti de la tristesse,
-
comment pourrais-je ne pas en avoir ressenti ?" L'étudiant,
perplexe, demande alors : "Mais je pensais que vous étiez
-
un maître zen. Ne devriez-vous pas être au-delà de
telles émotions ?" Tenzin sourit doucement et
-
répond : "Ah, tu ne comprends pas. Lorsque j'ai
ressenti de la tristesse, je me suis autorisé à la
-
ressentir pleinement et à l'éprouver profondément.
Ce faisant, j'ai honoré la vérité de
-
ce moment. Alors, comme les nuages qui passent
dans le ciel, la tristesse est venue puis est repartie.
-
Mais le ciel, l'immensité de mon être,
est resté inchangé.
-
Mon éveil a vraiment commencé pendant mes
études supérieures, lorsqu'une série d'expériences
-
personnelles m'ont fortement ébranlée. J'ai
commencé à m'interroger sur le but de la vie, de ma
-
vie en particulier, et sur son sens. J'ai commencé à
me demander à quoi servait
-
tout ce que je faisais. J'étais alors dans un état de
conscience sans être identifiée à
-
quoi que ce soit en particulier. C'était très libérateur.
J'ai vécu un grand sentiment
-
de libération, comme si quelque chose qui avait été
soumis à une forte pression se relâchait enfin, et j'ai ressenti
-
un profond état de relaxation et d'exaltation, et tout ce
dont je me souviens, c'est que j'étais tout simplement.
-
C'est tout ce que je voulais, simplement être. Rien de
particulier. C'est ce que j'ai appelé le grand changement
-
dans ma vie. Cela m'a vraiment changée, j'ai envie
de dire "de l'intérieur", mais la façon
-
dont je voyais les choses et la façon dont je les
vivais, la façon dont je voyais les gens, dont j'interagissais
-
avec eux, et ce retournement, c'est que tout ce
que je vivais,
-
peu importe ce que je faisais ou disais, c'était simplement
la conscience qui était en train de s'exprimer.
-
La conscience de mon être en train de s'exprimer,
donc à ce moment-là et à n'importe quel autre moment,
-
quoi que je dise ou fasse, tout ce qui se passait,
c'était la conscience,
-
et cela est resté. Mais cela a continué à révéler sa
nature. C'était comme si je pouvais
-
voir les pensées défiler, et quelle que soit l'action
requise dans le contexte,
-
je la faisais surgir et le corps l'exécutait.
-
Ce n'était plus comme avant. Avant je pensais
à quelque chose, par exemple
-
"Je pense que je dois faire ceci", puis ensuite
le "je", cette personne, exécutait l'action.
-
Non, ce qui s'est passé alors, ce qui a commencé à se
passer, c'est que j'étais simplement en train d'être.
-
J'étais consciente et les actions se manifestaient, le
corps était l'outil et je l'observais
-
en temps réel. Le corps ne fait que mettre en œuvre
toute action qui se manifeste dans la conscience
-
et je suis alors à la fois participante et un observatrice.
Je pense que c'est ce qu'il y a de mieux.
-
La conscience est sans choix. Le véritable Soi
est au-delà du choix. En entendant cela,
-
on pourrait se dire : "D'accord, je vais tout abandonner.
Je ne choisirai rien dorénavant.
-
Je vais m'asseoir dans une grotte. Et beaucoup de gens
l'ont fait.
-
Mais le problème, c'est que cela demeure un choix. Je
choisis simplement de supprimer mes
-
choix et mes désirs. C'est l'esprit conditionné
qui choisit de ne pas choisir.
-
Le choix et le non-choix se situent tous deux
au niveau du mental conditionné.
-
Mais qui ou quoi est conscient de ce mental ?
-
Après l'éveil, vous constatez que le moi
conditionné peut toujours choisir
-
son thé préféré. Il continuera à suivre le régime alimentaire
qui convient le mieux à son corps. Ce n'est pas
-
qu'il n'y ait plus aucun choix. De nombreux choix se
produisent encore,
-
en permanence. Mais la différence, c'est que le
sentiment du "je" n'est pas mêlé
-
à tout cela. La pensée "je" a disparu.
-
"Je" ne choisis plus et ne supprime plus
les choix.
-
Se réveiller revient donc à démolir les murs
invisibles de l'ego, cette armure,
-
et à reconnaître notre unité avec tout cela.
Et le résultat est sublime car nous
-
découvrons alors que nous ne souffrons pas de colère,
de douleur, de tristesse, nous souffrons
-
de notre refus de la vie, et nous pouvons apprendre
à être si ouverts que nous sommes
-
constamment un avec la vie telle qu'elle est.
-
Nous préférons nous sentir bien plutôt que de souffrir.
C'est tout à fait normal. L'être humain,
-
l'espèce ordinaire Homo sapiens,
préfère se sentir bien
-
que se sentir mal. Et je pense que
lorsque nous découvrons
-
qu'on se sent bien d'être dans la conscience,
quelque chose s'enregistre dans notre cerveau
-
"Oh, j'aime ça. C'est possible."
Et cela se renforce.
-
L'éveil peut se faire progressivement, par étapes,
ou se produire soudainement, par un
-
retournement radical et nous savons soudain qui nous
sommes, comme si nous nous étions réveillés d'un rêve.
-
Comme si nous avions dormi toute notre vie
dans notre personnage de rêve. Pour rester éveillé,
-
une purification continue de la structure du moi
est nécessaire.
-
Même si nous nous éveillons complètement,
il est important d'être vigilant, de ne pas croire
-
en la prochaine pensée, de rester équanime avec
ce qui est lorsque des pensées inconscientes
-
remontent à la surface. Sinon, les schémas inconscients
de l'esprit peuvent obscurcir la vérité.
-
L'inconscient doit devenir transparent.
Si nous ne faisons pas face à ce qui se trouve
-
dans l'inconscient, nous tomberons dans
ce que l'on appelle le contournement spirituel.
-
Le contournement spirituel fait référence à
cette tendance chez certaines personnes à insister
-
sur le fait qu'elles sont déjà éveillées afin d'éviter de
faire face à des émotions difficiles, à des problèmes
-
psychologiques non résolus ou à des défis de
la vie quotidienne. Le mental égoïque peut s'approprier
-
un aperçu de l'éveil et empêcher la personne
de vivre à partir de ce lieu de vérité.
-
J'étais assise sur mon lit et je pensais
à la mammographie que j'allais passer
-
le lendemain. C.était toujours pour moi une
expérience extrêmement anxiogène
-
que je passais une fois par an, et j'en avais
assez d'avoir si peur. J'en avais assez d'avoir peur
-
de mourir, j'étais assise sur le lit et j'ai eu
cette pensée soudaine :
-
pourrais-je passer cet examen demain
sans avoir à paniquer ? C'était une pensée,
-
juste une pensée, mais soudain, j'ai senti que
j'étais capable
-
de le faire. Et je ne savais pas vraiment pourquoi.
Je ne savais pas ce qui venait
-
de changer chez moi, mais quelque chose venait
clairement de changer. J'étais stupéfaite et j'ai soudain
-
su que je ne vivrai pas cette terrible anxiété que
j'avais ressentie
-
toutes les années précédentes. Et ce n'est pas parce
que je m'attendais à des résultats positifs de la
-
mammographie. Cela ne signifiait pas que
je n'avais pas de cancer du sein.
-
C'était vraiment bizarre pour moi.
Je me suis levée et je suis allée voir mon
-
conjoint qui était occupé devant son ordinateur.
Je suis restée dans l'embrasure de la porte
-
et il a finalement levé les yeux, s'est rendu compte
que j'étais là et m'a dit : "Quoi ?".
-
Et j'ai dit que quelque chose venait de se passer et
dans les jours qui ont suivi,
-
peu à peu, j'ai commencé à réaliser que ce n'était pas
seulement la peur qui semblait ne plus m'habiter.
-
Je me sentais en paix, complètement débarrassée
de mon stress habituel.
-
Mon esprit était tranquille. Ma vie extérieure était
la même, mais il a fallu de nombreux mois
-
avant que je comprenne que c'était l'éveil
qui s'était produit.
-
Ce fut une longue période. Tout ce que je savais,
c'est que je ne souffrais plus comme avant.
-
Mon esprit était calme et c'est comme ça depuis.
-
Il ne peut y avoir de souvenir de l'éveil lui-même.
Il n'y a que des souvenirs d'expériences
-
et de phénomènes. Chaque fois qu'il y a un souvenir,
il y a toujours une trace de résistance dans
-
l'esprit. Cette trace de résistance est
la répétition originelle,
-
le début de la pensée "je". L'éveil lui-même ne
laisse pas de trace
-
dans l'esprit. Ce n'est pas une expérience.
La conscience primordiale s'éveille à elle-même
-
dans le moment présent, sans passer par la mémoire
et le filtre de l'esprit. Si nous poursuivons
-
un état, une expérience, et que nous essayons
d'y vivre, alors nous la manquons.
-
Si cela va et vient, si cela n'est pas présent à l'instant,
alors ce n'est pas notre vraie nature.
-
Prenons un moment pour nous enquérir directement
de notre véritable nature. Directement signifie
-
sans passer par le mental. Vous ne pouvez pas
reconnaître ce qui est au-delà du mental au moyen
-
du mental. Déplacez votre attention vers l'intérieur et
prenez conscience du moment présent. Prenez conscience
-
de la conscience elle-même. Remarquez les pensées,
les sensations et les émotions qui surgissent dans
-
cet espace, mais reconnaissez aussi l'espace dans
lequel elles surgissent.
-
Des phénomènes peuvent surgir de l'inconscient.
Pensées, souvenirs,
-
sentiments, émotions, énergies ; il s'agit d'un processus
naturel de nettoyage qui se déroule
-
lorsque nous explorons. Soyez simplement ouvert à tout
ce qui peut surgir lors de cette exploration.
-
Permettez-vous de demeurer
dans l'état naturel de l'esprit,
-
libre des limitations de l'élaboration conceptuelle.
-
Mon propre éveil s'est manifesté lors de deux
mouvements fondamentalement distincts.
-
J'ai vécu le premier changement à partir
d'un lieu de souffrance, de profonde
-
souffrance, et je savais que cela était
en lien avec les pensées.
-
Cela était en lien avec la façon dont je pensais,
dont je percevais le monde,
-
dont je me percevais moi-même. Cela m'a
conduit à une exploration directe
-
de la nature de la pensée elle-même. Et
surtout de la nature du penseur,
-
la nature de celui qui est apparemment
lié par ses pensées.
-
Grâce à cette recherche directe, le sentiment
d'être un penseur s'est dissous et,
-
avec cette dissolution du sentiment d'être
un penseur, toutes les formes de pensée
-
ont perdu leur sens pour moi. Ce que je n'avais pas réalisé,
c'est que lorsque cela se produit, on se retrouve avec une sorte
-
d'expérience consciente pure ou non liée. Pour moi,
c'était une expérience extrêmement paisible,
-
qui me soulageait énormément de mes souffrances.
Ce fut la première partie de mon éveil.
-
Je n'avais pas idée, même à partir de cet éveil, de la
clarté qui s'est révélée à moi, de la paix
-
qui s'est révélée, que cela pouvait aller encore plus
loin. Que cela pouvait aller beaucoup plus loin.
-
Ainsi, en l'espace de quelques jours, l'aperçu
initial, l'expérience initiale très profonde, très
-
libératrice et surprenante s'est ouverte
sur quelque chose qui allait au-delà
-
de la dimension humaine, au-delà des limites
de ce que je me considérais être
-
sous quelque aspect que ce soit, et de ce que je considérais
le monde être, sous quelque aspect que ce soit.
-
Tout cela s'est volatilisé. Ce qui est resté, ce qui reste,
-
est extrêmement difficile à formuler en
mots, mais grâce au livre,
-
grâce à des interactions directes avec des
personnes intéressées par cette question,
-
cela peut être révélé et cela peut être révélé
à cette personne si elle est prête
-
et intéressée à explorer elle-même ce sujet.
-
Personne ne peut vous dire ce qu'est l'esprit,
ce qu'est la matrice, ce que vous êtes.
-
Pour connaître l'incommensurable, l'ineffable,
l'esprit doit être extraordinairement calme
-
et immobile, sans aucun mouvement.
Dans ce calme et ce silence
-
profonds, il est possible de découvrir
quelque chose
-
d'intemporel, d'éternel et d'inimaginable.
-
Disons, pour faire une métaphore, que l'éveil
se produit lorsque votre tête,
-
la tête de l'ego, a été coupée par la vie.
-
Vous avez vu clairement que vous n'êtes pas
votre corps-esprit. Vous n'êtes pas une entité
-
à l'intérieur du corps-esprit. Votre tête a été
coupée par la vie,
-
mais elle continue à dévaler la colline, et en
dévalant la colline,
-
elle emporte avec elle de vieux schémas, d'anciens
projets, d'anciens points de vue, qui
-
ne sont plus nourris par votre attention. Vous vous
reposez solidement dans la position du témoin
-
vous voyez ces vieux schémas se déployer,
vous n'y êtes pas impliqué,
-
mais ils se produisent toujours.
La tête dévale donc la colline,
-
mais à un moment donné, elle s'arrête.
Il n'y a plus de mouvement de vieux karmas
-
qui entrent en action. Il n'y a plus de schémas
émergents que vous devez observer
-
et dissoudre. Ils ont disparu. Et c'est ça Moksha,
c'est ça la libération. Ce que j'ai vu,
-
c'est une ouverture progressive à la vision de la vie,
non pas comme une personne dans un corps, mais
-
comme un témoin paisible et silencieux de la vie,
dans lequel il y avait des moments où
-
il n'y avait que des actions, mais où il n'y avait
aucun auteur de ces actions.
-
Un chien aboyait, c'était juste un aboiement dans
le silence, ou quelqu'un marchait,
-
ou mon corps marchait, et c'était juste la marche.
Ce n'était pas quelqu'un qui marchait.
-
Et cela s'est accompagné de la mise en
sourdine du dialogue intérieur
-
qui accompagnait parfois ma vie.
Ces moments d'abandon
-
du sentiment d'être une personne sont
devenus de plus en plus fréquents.
-
Et tandis que cela se manifestait,
tout ce que je pensais être,
-
ou tout ce en quoi je m'étais engagée dans ma
vie, a commencé à avoir un sens différent.
-
Au lieu de voir la vie comme étant contre moi
ou difficile pour moi, ou d'essayer de prier
-
pour un changement, j'ai commencé à être
capable de voir que tout cela visait
-
quelque chose de plus élevé, d'ouvrir davantage
mon cœur. Pour être plus disponible à la vie.
-
J'ai commencé à voir que ce que j'appelais
des accidents, des erreurs ou des choses
-
que je n'aimais pas n'étaient pas mauvaises
et n'étaient pas contre moi.
-
Ils me montraient en fait une réalité plus profonde
avec laquelle je n'étais pas en contact.
-
C'est ainsi que toutes les prières sont devenues davantage
des Amen. Que Ta volonté soit faite. Toutes les demandes
-
ressemblaient davantage à : aide-moi à voir à quel
endroit je refuse encore la vie ou
-
quelque chose. À quel endroit je souffre encore
parce que je dis non au déploiement
-
de la vie elle-même. Il y a donc eu une
ouverture. Et plus cette ouverture à la vie
-
se manifestait, plus ces moments où j'étais
un témoin conscient se manifestaient.
-
L'éveil n'est que le début de cette ouverture.
Et d'une certaine manière, elle n'a pas de fin.
-
C'est une ouverture sans fin. Et plus cela se
produit, plus ce que nous considérons encore
-
comme difficile, comme une contraction, comme une
peur, nous voyons qu'en réalité il s'agit d'un tremplin vers
-
un amour plus élevé. Une dimension d'amour, de paix,
de compassion, et nous en faisons tous partie.
-
Même ceux dont nous pensons qu'ils en sont
exclus. Nous sommes tous inclus dedans.
-
Nous pouvons savoir que la conscience existe.
Cela, nous pouvons le savoir avec certitude.
-
Pour tout le reste, nous pouvons faire des suppositions
éclairées. Peut-être de très bonnes suppositions,
-
mais des suppositions quand même. La conscience
est la seule donnée préthéorique
-
de la nature. Tout le reste est constitué
d'abstractions théoriques qui naissent
-
au sein de la conscience. La conscience est le
seul axiome de la nature. Son existence est la seule
-
chose absolument certaine dans la nature. Et je
peux vous assurer que, sur la base du raisonnement
-
et des preuves empiriques issues des
fondements de la physique et des
-
neurosciences de la conscience, il est devenu
extraordinairement improbable que
-
la conscience ne soit pas fondamentale.
Considérer la conscience comme secondaire
-
ou épiphénoménale conduit à toutes sortes de
problèmes insolubles. Il existe donc d'excellentes
-
raisons rationnelles et empiriques de
considérer la conscience comme l'un des
-
éléments fondamentaux de la nature, si ce n'est
le seul. La physique est fondamentalement une science
-
de la perception. Elle tente de rendre compte
des modèles et des régularités du
-
monde que nous percevons. Elle ne cherche
pas à transcender la perception.
-
Même lorsque les physiciens utilisent des instruments tels
que des télescopes, des microscopes, des oscilloscopes
-
ou tout autre instrument, les résultats de
ces instruments doivent toujours
-
être perçus. Ainsi, tout ce qui concerne la
physique est filtré par le paradigme
-
de la perception. La physique est une science
de la perception. Elle ne tente donc
-
pas de voir au-delà du physique ou de
-
la matière, car le physique et la matière ne sont que d'autres
mots pour désigner le monde que nous percevons,
-
le contenu de la perception. La vie est
l'instrument de sa propre compréhension.
-
Pour comprendre la vie, il ne faut pas se déconnecter
de la vie. Vous ne vous déconnectez pas de ce que
-
vous essayez de comprendre. Ce que vous faites,
c'est prêter attention à ce qui se passe,
-
essayer de saisir les nuances, vous demander :
"De quoi s'agit-il ? Pourquoi cela se produit-il ?
-
Qu'est-ce que cela signifie ?" La vie dans le
monde est un livre à lire et à déchiffrer.
-
Mais nous pouvons être tellement pris par un
besoin compréhensible de moins souffrir
-
que nous oublions de lire le livre.
Nous oublions d'être attentifs.
-
Alors que le livre est la clé de son propre
déchiffrement. Si vous déchiffrez le livre
-
de la vie, vous souffrirez automatiquement moins,
mais vous ne pouvez pas le déchiffrer si vous
-
n'avez pas les yeux sur le ballon,
si vous n'êtes pas attentif.
-
La vie est l'outil de sa propre compréhension.
-
Toutes les grandes traditions religieuses
et spirituelles ont été fondées sur cette
-
compréhension. À savoir qu'il existe
une réalité infinie et indivisible qui
-
brille en chacun de nous, comme l'expérience
"Je suis", et qui nous apparaît comme le monde.
-
En d'autres termes, il existe un océan d'Être,
pour ainsi dire, qui sous-tend chacun et
-
chaque chose et dont chacun et
chaque chose tire son existence.
-
Dans lequel chacun vit et dans
lequel il s'évanouit et disparaît.
-
Et c'est vraiment le principe
fondateur de toutes les grandes
-
traditions religieuses, cette
reconnaissance de l'unité de l'Être.
-
Le premier principe hermétique est:
"Le tout est esprit, l'univers est mental."
-
Où que nous regardions, il y a l'esprit unique.
Comme l'a dit Rumi, "Où que je regarde, il y a
-
le visage de Dieu". Que nous regardions dans
le microcosme ou dans le macrocosme de l'espace,
-
nous trouvons l'esprit unique. Voici une image
de neurones humains et une image simulée
-
de la distribution de la matière
noire dans l'univers.
-
Le Millenium run est une simulation
réalisée par l'Institut Max Planck à l'aide
-
de superordinateurs pour créer une représentation
de la distribution et de l'évolution de la
-
matière noire dans l'univers. La matière noire
forme un vaste réseau cosmique de filaments
-
et de nœuds interconnectés qui est visuellement
presque identique aux neurones et aux
-
voies neurologiques que l'on trouve dans le cerveau
humain. Le même schéma est omniprésent
-
dans la nature. Nous pouvons l'appeler l'esprit
unique, Dieu ou simplement "tout ce qui est".
-
Et ce que l'on appelle Dieu n'est pas
un être extérieur et antérieur
-
au monde. Dieu est l'être qui brille en
chacun de nous en tant que connaissance
-
"Je suis" et qui nous apparaît comme le
monde. De ce point de vue, nous pourrions dire,
-
en langage religieux, que le monde est
l'apparence de la parole de Dieu, le Logos,
-
et que nous sommes des localisations de
l'esprit de Dieu à l'intérieur de l'esprit de Dieu.
-
Alors, comment un champ universel de
subjectivité, une conscience universelle,
-
peuvent-ils apparaître comme étant multiples ?
Parce que je ne peux pas lire vos pensées
-
et que vous ne pouvez probablement pas lire
les miennes. Je ne sais pas ce qui se passe dans la
-
galaxie d'Andromède, ni même en Chine.
Nous n'avons pas une expérience complète
-
de l'ensemble de la nature, alors comment cet
esprit unique qu'est la nature peut-il avoir ces limites
-
et sembler être multiple ? Je pense que nous
connaissons un processus naturel
-
qui fait exactement cela. En psychiatrie, on l'appelle
la dissociation. Il s'agit d'un processus
-
dans lequel un esprit se fragmente apparemment
en de multiples centres de conscience
-
disjoints. Nous disposons de preuves empiriques
incontestées de ce phénomène chez des personnes,
-
grâce à la neuro-imagerie, et je pense que nous sommes
sur le point de commencer à disposer d'un compte rendu
-
conceptuel explicite de la dissociation basé sur
la théorie de l'information intégrée, qui est
-
la principale théorie de la neuroscience de
la conscience. Lorsqu'une frontière dissociative
-
se forme, vous ne pouvez voir ce qui se trouve de
l'autre côté de cette frontière que par la perception.
-
Et ce que vous percevez alors, c'est la
matière, la physicalité. En d'autres termes,
-
la matière, la physicalité, est une apparence
consciente d'un processus conscient
-
de l'autre côté de la frontière dissociative.
-
Que nous décrivions ces processus en termes
de théories modernes ou en utilisant
-
des modèles anciens tels que les cinq skandhas,
ce qui importe c'est que nous rendions conscients
-
ces processus qui sont généralement inconscients.
Lorsqu'ils sont rendus conscients,
-
la résistance au sein de la structure du moi peut
être abandonnée. Le fonctionnement inconscient
-
du "je" peut être abandonné. La perception que
nous sommes un corps physique, la perception
-
des sensations sur le corps, la conceptualisation
des objets et des choses,
-
l'identification avec les préférences envers ces
choses, et le sentiment qu'il y a un
-
témoin qui observe tout cela, tous ces processus
mentaux doivent être réalisés comme étant vides
-
de soi. En d'autres termes, nous nous désidentifions
du phénomène tout en lui permettant
-
d'être exactement comme il est. Il ne s'agit pas de se
détourner de la vie. Bien au contraire, il s'agit
-
d'un approfondissement de l'intimité avec la vie.
-
Au fil des ans, ma compréhension du fait que la
conscience est fondamentale et précède la physicalité
-
a fondamentalement changé mon expérience
de la vie dans le monde et
-
ce que cela signifie d'être un être humain vivant
dans le monde. Pour moi, cela s'est fait lentement.
-
Au début, il s'agissait d'une simple compréhension
conceptuelle dans ma tête, puis elle
-
s'est intégrée dans le corps et a commencé
à moduler mes émotions, mes sentiments,
-
et cela change tout. Cela change ce que vous
considérez comme une vie bien vécue,
-
cela change ce que vous considérez comme des
objectifs dignes d'être poursuivis, cela change
-
votre perception de vous-même, cela change
votre relation avec les autres créatures vivantes,
-
oui, cela change tout. Les objectifs personnels
en termes de statut, de pouvoir, d'argent
-
ont disparu. La prise de conscience que
ma vie n'est pas du tout, n'a jamais été
-
et ne sera jamais centrée sur moi, mais qu'elle est centrée
sur la nature, et que je ne suis qu'une manifestation locale
-
de la nature, cette compréhension conduit
à un profond relâchement de l'anxiété
-
liée à la nécessité d'atteindre certains
objectifs personnels ou à la déception
-
qui survient lorsque l'on n'atteint
pas ces objectifs.
-
Tout cela a disparu. Je vis maintenant ma vie
comme une forme de service à la nature.
-
Je suis ouvert à tout ce que la nature
veut faire à travers moi et
-
bien que cela pourrait paraître être une obligation
de service, comme de l'esclavage, ce n'est pas
-
ce que je ressens. J'ai l'impression de ne plus
avoir la responsabilité oppressante et écrasante
-
de me rendre personnellement heureux.
C'est l'idée la plus oppressante.
-
que l'esprit humain puisse avoir, à savoir que
votre vie ne concerne que vous et que
-
vous avez donc la responsabilité d'être heureux,
de sorte que lorsque vous échouez, c'est votre échec
-
et vous commencez à le regretter.
Non, cette idée a disparu. Cela a disparu.
-
C'est l'une des choses qui a changé dans ma vie.
Une compréhension plus profonde de la réalité
-
favorise directement l'empathie, le respect
mutuel et les objectifs non égoïstes.
-
Elle est propice à l'adoption de
comportements moins addictifs.
-
Il ne fait donc aucun doute que si la
conscience de l'humanité était plus profonde
-
et plus étendue, la vie
serait certainement meilleure.
-
La solution aux problèmes du monde consiste
à reconnaître la véritable source des problèmes,
-
à savoir l'ego qui ne fonctionne que
pour son propre intérêt. Peu importe
-
ce que l'ego entreprend : la politique,
la religion, l'économie ou l'éducation. Tant qu'il
-
fonctionnera sur la base du principe erroné
de l'existence d'un "moi" distinct, nous continuerons
-
à perpétuer la souffrance et la séparation.
La seule solution pour l'humanité
-
est de s'éveiller.
-
Dans le bouddhisme, lorsqu'il n'y a plus de
sentiment de soi en tant que chose séparée et,
-
en même temps, qu'il n'y a rien d'autre que le Soi,
c'est le nirvana, la cessation de l'activité centrée sur soi,
-
la cessation de l'illusion, la cessation du rêve
-
et l'éveil du personnage dans le rêve de la vie.
-
La Bible dit que la Parole s'est faite chair
et a fait sa demeure parmi nous.
-
La Parole est souvent traduite par Logos,
un mot ancien à la signification profonde.
-
Le logos est associé à l'éternité,
à la Vérité et à la révélation directe.
-
On pourrait dire que c'est par le Logos,
la conscience du Christ
-
ou la nature de Bouddha que la pensée
de Dieu se fait connaître.