Liberté, chemins de traverse et combativité | Antoine de Maximy | TEDxMarseille
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0:16 - 0:18Vous savez ce qui me fait rigoler ?
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0:18 - 0:20Là, il vous a lancé le ballon,
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0:20 - 0:23moi, je vais peut-être vous lancer
ma godasse à la fin. (Rires) -
0:23 - 0:25Je n'ai pas de ballon. (Rires)
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0:25 - 0:29Bon, alors je suis venu
vous parler de liberté, -
0:29 - 0:33chemins de traverse et combativité.
C'est un peu bizarre. -
0:33 - 0:35En fait, liberté, c'est tout de suite.
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0:35 - 0:39Je suis vraiment content,
parce que je suis assez libre, -
0:39 - 0:41j'ai une vie, je dirais, de liberté.
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0:41 - 0:47Ça veut dire que je fais ce que je veux,
je pars quand je veux, je vis seul, -
0:47 - 0:48mais ça, c'est vraiment un choix.
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0:48 - 0:51Petite parenthèse -
je ne l'avais pas prévu en répétition - -
0:51 - 0:56mais quand tu te mets
avec quelqu'un, une copine, -
0:56 - 0:58le premier truc qu'elle fait,
elle fait le ménage, -
0:58 - 1:00ça veut dire qu'elle chasse
toutes les autres. -
1:00 - 1:03Ben moi, je ne suis pas d'accord,
donc je préfère rester tout seul. -
1:03 - 1:06Au moins, les choses sont claires.
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1:06 - 1:07Ça, c'est la liberté.
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1:07 - 1:10Chacun fait ce qu'il veut,
je ne fais pas de prosélytisme. -
1:10 - 1:15Bref. Et aujourd'hui,
mon boulot, c'est de voyager, -
1:15 - 1:18d'aller dans tous les pays,
rencontrer toutes sortes de gens -
1:18 - 1:21pour cette émission qui s'appelle
« J'irai dormir chez vous ». -
1:21 - 1:22(Rires)
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1:26 - 1:28Bon, c'est ça.
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1:28 - 1:30En fait, le but, c'est
de se balader comme ça, -
1:30 - 1:34harnaché avec des petites caméras,
aller à la rencontre des gens -
1:34 - 1:38et dans tous les milieux.
C'est-à-dire que là, j'étais en Tanzanie - -
1:38 - 1:41lui, il était top, top de chez top.
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1:42 - 1:45Et dans des milieux extrêmement variés,
dans des pays variés, -
1:45 - 1:47un coup chez les riches, chez les pauvres,
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1:47 - 1:51un coup dans des pays froids,
un coup dans des pays chauds. -
1:51 - 1:54Mais il y a un truc
que je garde tout le temps, -
1:54 - 1:58c'est cette satanée liberté
de ne pas savoir ce que je vais faire. -
1:58 - 2:01C'est super important, car
quand tu sais ce que tu vas faire, -
2:01 - 2:03tu as ton programme,
donc tu sais où tu vas -
2:03 - 2:05et tu ne regardes plus sur les côtés.
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2:05 - 2:06Quand tu n'as pas de programme,
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2:06 - 2:09tu es disponible pour rencontrer
quelqu'un comme lui. -
2:14 - 2:19Et en fait, je me suis retrouvé
dans toutes sortes de milieux. -
2:20 - 2:23Et je propose qu'on regarde,
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2:23 - 2:25car j'ai l'impression
que je vais trop vite -
2:25 - 2:26par rapport à mes images.
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2:28 - 2:31Mais non, c'est vrai,
ça, c'est au Nicaragua, -
2:31 - 2:33là, je viens de faire péter un ballon,
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2:33 - 2:37y avait des petits ballons de baudruche
et paf, j'ai pas mis le son. -
2:39 - 2:41Et - c'est assez improvisé,
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2:41 - 2:45parce qu'aux répétitions,
je n'ai pas du tout dit la même chose. -
2:45 - 2:46(Rires)
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2:46 - 2:49Ouais, je ne me rappelle plus
ce que j'ai dit d'une fois à l'autre. -
2:49 - 2:51Et je ne reconnais pas bien les gens.
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2:51 - 2:53Enfin, plein de trucs qui font
que je fais comme ça. -
2:53 - 2:54(Applaudissements)
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2:54 - 2:56Bref.
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3:02 - 3:04Ça c'était en Tanzanie. Pareil.
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3:05 - 3:06Namibie, pardon.
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3:07 - 3:09Tiens, heureusement que c'est écrit.
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3:09 - 3:11(Rires)
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3:11 - 3:15Bref, je suis heureux,
je m'amuse, j'ai 58 ans, -
3:15 - 3:17je ne sais pas ce que je vais faire,
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3:17 - 3:19mais je n'ai pas du tout
d'angoisse pour l'avenir, -
3:19 - 3:23car je crois que j'ai fini par trouver
ma place d'une certaine manière. -
3:23 - 3:26Alors, j'ai commencé d'une façon
un peu particulière, j'ai eu de la chance. -
3:26 - 3:29Vous savez, on naît,
on arrive dans une famille, -
3:29 - 3:34on n'a rien demandé, et puis moi,
je suis tombé chez des nobles. -
3:34 - 3:36(Rires)
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3:36 - 3:37Je vous jure que c'est vrai.
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3:37 - 3:39Voici le château de la famille.
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3:39 - 3:40(Rires)
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3:40 - 3:45Et puisqu'on est à parler un petit peu
de nos vies et des gens qu'on rencontre, -
3:45 - 3:48eh bien, Riadh que vous avez vu
juste avant moi, -
3:48 - 3:50figurez-vous qu'un de ses associés,
c'est mon cousin. -
3:50 - 3:52(Rires)
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3:53 - 3:59Et donc, mon cousin, c'est un descendant
de cette famille, comme moi d'ailleurs, -
3:59 - 4:04et puis petite parenthèse, je suis
le comte, ce n'est pas une blague, -
4:04 - 4:05(Rires)
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4:05 - 4:09mais je n'ai pas eu le château,
parce qu'il y a eu la révolution. -
4:09 - 4:13Donc, on ne le donne plus au comte,
mais à ceux qui ont des sous. -
4:13 - 4:16Mais en même temps, ça reste
mon château dans ma tête, -
4:16 - 4:19et puis je n'avais pas vraiment
le temps de m'en occuper. -
4:19 - 4:23Moi, j'ai eu la chance, dans la mesure
où je suis né non pas chez des nobles, -
4:23 - 4:25mais chez mes parents.
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4:25 - 4:29Parce que mon père a fait
une espèce de rupture avec sa famille, -
4:29 - 4:33non pas en se fâchant
mais en voulant vivre une autre vie. -
4:33 - 4:37Et il est devenu peintre, ma mère aussi.
Et mes parents je vais vous les montrer, -
4:37 - 4:39c'était quand même des gens
assez exceptionnels. -
4:42 - 4:46Je ne sais pas, je dois mal
appuyer sur ce truc, moi. -
4:46 - 4:48Mon papa et ma maman.
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4:48 - 4:50Mes parents, ils avaient
une particularité déjà, -
4:50 - 4:55c'est que leur priorité c'était
de créer, peindre et de s'amuser. -
4:55 - 4:59Par exemple, un truc qui n'était vraiment
pas une priorité, c'était le ménage. -
4:59 - 5:01(Rires)
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5:01 - 5:04Quand vous allez voir la cuisine,
vous allez comprendre. -
5:04 - 5:07La cuisine, que des meubles
de récupération. -
5:07 - 5:10Mais des trucs, on ouvrait
les portes, elles tombaient. -
5:10 - 5:13Là, c'est un désordre complet.
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5:13 - 5:16Bon, les images ne sont pas
très bonnes, ça date un peu, -
5:16 - 5:19parce qu'ils considéraient que
toute minute à faire le ménage -
5:19 - 5:21était perdue à faire autre chose.
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5:21 - 5:25Et mon père, il ne rangeait pas,
car il disait : « Rangé, c'est perdu. » -
5:25 - 5:27Et il avait raison parce qu'on
ne retrouvait jamais rien. -
5:27 - 5:30Et ma mère, comme
elle n'avait pas d'argent, -
5:30 - 5:33elle a commencé à peindre sur des cagettes
qu'elle récupérait dans les marchés. -
5:33 - 5:36Parfois, elle peignait des prisonniers
sur des cagettes carrées. -
5:36 - 5:39En fait, elle peignait sur les lattes,
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5:39 - 5:41mais entre les lattes, il y a des espaces,
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5:41 - 5:44donc elle mettait un tissu
et ça devenait des barreaux virtuels. -
5:44 - 5:47Donc elle a peint comme ça
pendant des années des gens en prison. -
5:47 - 5:49(Rires)
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5:49 - 5:50La fin veut les moyens.
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5:51 - 5:54Ou c'est l’inverse
d'ailleurs, les moyens... -
5:54 - 5:57Toujours est-il que quand elle a eu
un petit peu plus de sous, -
5:57 - 5:59elle a eu les moyens
d’acheter des planches. -
5:59 - 6:02Ce qui lui a permis de faire
des grands tableaux -
6:02 - 6:04de gens toujours en prison.
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6:04 - 6:07Et je peux vous dire que mes parents,
y a pas plus rigolo, c'est des positifs. -
6:07 - 6:08Vraiment.
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6:08 - 6:10(Rires)
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6:10 - 6:12Et mon père, lui,
il a trouvé une autre idée. -
6:12 - 6:16Il s'est mis à faire
des petits traits entrecroisés. -
6:16 - 6:18Vous voyez la boule,
c'est que des petits traits. -
6:18 - 6:20Ils sont longs comme ça.
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6:20 - 6:22Et plus il y avait des petits traits,
plus c'était noir -
6:22 - 6:25et moins il y en avait,
plus c'était blanc. C'est logique. -
6:25 - 6:29Et un jour, il a fait un dessin,
puis il en a fait un autre à côté, -
6:29 - 6:32puis il en a fait un autre à côté
avec des tout petits traits. -
6:32 - 6:35Eh bien l'ensemble,
ça fait 82 mètres de long. -
6:35 - 6:36(Rires)
-
6:36 - 6:38C'était quand même
un cas mon père. (Rires) -
6:38 - 6:3982 mètres de long.
-
6:39 - 6:41Et ça ressemble à quoi ?
-
6:41 - 6:44Je vous laisse regarder,
[comment] tu veux définir ce truc ? -
6:44 - 6:46(Rires)
-
6:46 - 6:49C'est vrai. C'est super joli,
extrêmement original, -
6:49 - 6:52mais tu ne sais pas
comment tu vas appeler ça. -
6:52 - 6:56Donc, il l'a appelé la suite
en homologie singulière. -
6:56 - 6:59Suite inexacte en homologie singulière.
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6:59 - 7:05S'il y a un matheux, il sait qu'une suite
exacte en homologie singulière, ça existe, -
7:05 - 7:08mais que concernant le travail
de mon père, c'était plutôt inexact. -
7:08 - 7:11Donc, moi, je suis né
dans un environnement -
7:11 - 7:13où il y avait une atmosphère particulière
-
7:13 - 7:16et surtout, une extrêmement
grande ouverture d'esprit. -
7:16 - 7:19En revanche, au niveau
de la structure, ce n'était pas ça. -
7:19 - 7:20(Rires)
-
7:20 - 7:23Par exemple, mon père
qui a passé son permis à 46 ans, -
7:23 - 7:25qui l'a raté cinq fois
et qui l'a eu à la sixième fois -
7:25 - 7:29car le gars lui a dit : « Si ça rate,
vous allez devoir refaire le code », -
7:29 - 7:31et qui s'est empressé,
je ne plaisante pas, -
7:31 - 7:33de casser la bagnole le lendemain,
-
7:33 - 7:35parce qu'il ne savait
toujours pas bien conduire. -
7:35 - 7:40C'était quelqu'un qui était
un petit peu dans les éthers. -
7:40 - 7:44Et donc, moi, quand j'ai voulu faire
des choses, j'ai dû me reconcentrer. -
7:44 - 7:48Heureusement que j'avais des copains
beaucoup plus carrés que j'ai observés. -
7:48 - 7:51Et c'est comme ça que je suis
devenu très méthodique. -
7:51 - 7:54Et j'en n'ai pas l'air
sur « J'irai dormir chez vous », -
7:54 - 7:55mais je suis très méthodique.
-
7:55 - 7:57Parce que je n'ai pas le choix.
-
7:57 - 8:01Car si je ne pense pas de manière
méthodique à ce que je fais, -
8:01 - 8:05eh bien, je ne fais que de l'art
dans le sens de mes parents. -
8:05 - 8:08C'est-à-dire que je ne ramène rien.
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8:08 - 8:09(Rires)
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8:09 - 8:10Et donc, ensuite,
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8:10 - 8:14parce qu'il faut que j’accélère,
on est déjà à huit minutes. (Rires) -
8:14 - 8:17Ensuite, je me suis lancé
et je voulais faire de la télé. -
8:17 - 8:19Je me suis lancé
sur des expéditions scientifiques, -
8:19 - 8:22et là, j'ai fait des trucs
qui étaient quand même géniaux. -
8:22 - 8:26Des très, très belles expés
où j'ai appris plein de trucs. -
8:26 - 8:30Je n'ai pas fait d'études, ils m'ont viré
à 17 ans après avoir redoublé la 3ème. -
8:30 - 8:33Bon. Ben, ça n'était pas
tellement pour moi. -
8:33 - 8:36Ça c'est le radeau des cimes,
c'est un truc génial. -
8:36 - 8:39Vous imaginez cette plateforme,
elle fait 450 mètres carrés. -
8:39 - 8:43Elle est déposée par un dirigeable
sur la forêt équatoriale, la canopée, -
8:43 - 8:46c'est toujours un peu,
ça passe, ça ne passe pas. -
8:46 - 8:49Et ça devient immédiatement
un laboratoire pour les chercheurs -
8:49 - 8:51qui montent dessus avec des cordes
-
8:51 - 8:54et qui se retrouvent là
où ils ne pouvaient jamais aller, -
8:54 - 8:56sur des petites branches toutes fines,
-
8:56 - 8:59pour étudier le truc
le plus important sur la forêt, -
8:59 - 9:02c'est-à-dire, là où il y a la fleuraison,
les insectes et tout ça. -
9:02 - 9:04C'était donc génial.
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9:04 - 9:07Ensuite, j'ai fait toutes
sortes d’expéditions, -
9:07 - 9:10celle-ci, c'était descendre
dans des gouffres du Groenland. -
9:10 - 9:12Tout ça, c'était avant
« J'irai dormir chez vous ». -
9:12 - 9:18C'était d'explorer ces gouffres
qui sont creusés naturellement. -
9:18 - 9:22On n'en a dans nos montagnes à nous,
on appelle ça des moulins. -
9:22 - 9:25Sauf qu'au Groenland, ils font
200 mètres de profondeur. -
9:25 - 9:28Et moi, quand je descendais
dans ce genre de trucs... -
9:28 - 9:30Ce n'est pas trop mon genre,
je n'ai pas l'habitude. -
9:30 - 9:34Tu te retrouves au bout d'une corde,
seul, on peut être qu'un sur la corde. -
9:34 - 9:36Et à l'endroit où il faut
changer de corde, -
9:36 - 9:39c'est super compliqué,
tu touches le glaçon, -
9:39 - 9:42tu te dis que tu n'es pas
à la place d'un être humain. -
9:42 - 9:45Alors ça, pareil. J'ai plongé
en sous-marin. -
9:45 - 9:48J'ai plongé à 5000 mètres
avec le Nautile de l'Ifremer, -
9:48 - 9:50mais pour ce film,
c'était extraordinaire : -
9:50 - 9:52deux sous-marins,
un qui peut filmer l'autre. -
9:52 - 9:56Pour un film, c'est extraordinaire
d'avoir des images au fond de la mer. -
9:56 - 9:57Là, on était à 1000 m.
-
9:57 - 9:59Des expéditions absolument incroyables.
-
9:59 - 10:01Et puis alors dans la suivante,
-
10:01 - 10:04eh bien, j'ai commencé à dormir
dans des endroits bizarres. -
10:04 - 10:08Parce que l'autre expédition
que j'ai faite juste après, -
10:08 - 10:10c'était une expédition dans un volcan
-
10:10 - 10:13qui se trouve en République
Démocratique du Congo, -
10:13 - 10:18qu'on appelle - c'est même beau,
sans déconner - le Nyiragongo. -
10:18 - 10:22Vous imaginez un volcan
qui fait 3 500 mètres de haut, -
10:22 - 10:24avec un cratère de 800 mètres.
-
10:24 - 10:29Je suis un peu en avance mais on y est.
Le Nyiragongo, pour vous mesdames. -
10:29 - 10:30Et messieurs.
-
10:30 - 10:34Il faut faire gaffe quand tu commences
à parler des femmes et des hommes, -
10:34 - 10:36il faut faire exactement pareil.
-
10:36 - 10:40Et donc, on est descendu dans ce volcan
pour aller chercher de la lave. -
10:40 - 10:44Je ne sais pas si vous voyez, le volcan
est en activité, il n'est pas en éruption -
10:44 - 10:46-- il est un peu énervé
mais il n'est pas en colère -- -
10:46 - 10:51et il a fallu descendre tout au fond,
donc, trois fois la tour Eiffel, -
10:51 - 10:52pour chercher de la lave.
-
10:52 - 10:55On n'a pas pu aller tout au fond,
on a mis une corde en travers, -
10:55 - 10:58pour aller chercher
ces échantillons de lave. -
10:58 - 11:01Vous voyez le genre
de descente que ça donne. -
11:01 - 11:04C'est-à-dire, ce n'est pas simple.
-
11:05 - 11:09Maintenant, on va arriver
à ce dont je voulais vous parler, -
11:09 - 11:10c'est la combativité.
-
11:11 - 11:15Parce que quand tu veux
obtenir quelque chose, -
11:15 - 11:19que ça soit arriver à faire un film,
récupérer un échantillon de lave, -
11:19 - 11:22quand tu as envie de faire
quelque chose comme ça, -
11:22 - 11:23il faut te battre.
-
11:23 - 11:26Et le premier problème qu'on a,
-
11:26 - 11:29en tant que mec qui veut
obtenir quelque chose, -
11:29 - 11:33c'est que très souvent... Je vous laisse
quand même regarder ça, c'est beau, -
11:33 - 11:35on voulait un petit bout
de truc rouge, là, nous. -
11:35 - 11:37Voilà. Pas compliqué en principe.
-
11:37 - 11:40Je peux vous dire que ça a été dur.
-
11:40 - 11:46Le premier truc qui nous arrête,
c'est le doute et de se dire : -
11:46 - 11:48« Ça ne va peut-être pas marcher. »
-
11:48 - 11:52Et on a tendance souvent à vouloir -
c'est ce que disait Riadh aussi - -
11:52 - 11:56on a un peu tendance à vouloir
être sûr de notre coup avant d'y aller. -
11:56 - 11:59Et moi, je vais vous dire
une chose : « Il faut y aller. » -
11:59 - 12:02Il faut y aller parce que
si ça ne marche pas, -
12:02 - 12:06au moins, tu n'auras pas de regret.
Et ça, c'est vachement important. -
12:06 - 12:08Car « J'irai dormir chez vous »,
pour vous dire, -
12:08 - 12:10personne n'en a voulu de cette série.
-
12:10 - 12:12Ben, c'est normal,
c'est filmé avec des pieds. -
12:12 - 12:13(Rires)
-
12:13 - 12:17Je ne regarde pas dans le viseur,
faut pas s'attendre à de belles images. -
12:17 - 12:20Le son, c'est des petits micros,
il n'y a pas d’ingé son. -
12:20 - 12:23Quand quelqu'un me parle,
souvent, j'écoute à moitié, -
12:23 - 12:25parce que je suis déjà en train de penser
-
12:25 - 12:27si je ne suis pas
dans un endroit dangereux ? -
12:27 - 12:28Si on ne va pas m'attaquer ?
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12:28 - 12:30Si ce client, ce mec est intéressant ?
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12:30 - 12:32Si je vais avoir une belle séquence ?
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12:32 - 12:35J'essaye plein de choses,
j'ai trop de trucs à gérer. -
12:35 - 12:38Quand j'ai commencé
à proposer une émission -
12:38 - 12:40où on allait me voir serré comme ça,
-
12:40 - 12:43plus que le présentateur du journal
de 20 h, un plan sur deux, -
12:43 - 12:45et que j'ai dit : « Je vais
rencontrer des gens, -
12:45 - 12:49je ne sais pas qui, je ne sais ce que
je vais faire et je ne sais pas où ? » -
12:49 - 12:50(Rires)
-
12:50 - 12:51Ça ne les a pas rassurés.
-
12:53 - 12:56Donc, j'y suis allé quand même.
-
12:56 - 12:57Mais je n'étais pas payé.
-
12:57 - 13:00Heureusement qu'il y avait
une production derrière moi, -
13:00 - 13:02sauf qu'ils étaient en train de couler.
-
13:02 - 13:05Parce que cette maison de production
qui porte bien son nom, « Bonne Pioche », -
13:05 - 13:06(Rires)
-
13:06 - 13:10elle avait lancé
un tournage en Antarctique, -
13:10 - 13:11une histoire de pingouins,
-
13:11 - 13:14et au bout de 2 mois, ils ne pouvaient
plus payer personne. (Rires) -
13:14 - 13:17Et l'histoire de pingouins,
c'est la « Marche de l'empereur », -
13:17 - 13:22Oscar à Hollywood, qui était
vraiment une belle réussite. -
13:22 - 13:25Mais ils étaient bien incapables
de me payer. Donc j'ai dû me débrouiller. -
13:25 - 13:32Et pendant quelques années,
avant que les chaînes commencent à venir. -
13:32 - 13:35Heureusement, on a eu
Voyage au début, après Canal +, -
13:35 - 13:38et puis c'est France 5
qui a fait connaître cette série. -
13:38 - 13:42Et moi je dis, ce qui est très important,
c'est d'y aller et d'y croire. -
13:42 - 13:45D'abord pour ne pas avoir de regrets,
-
13:45 - 13:47car tu te dis : « J'y vais pas »
-
13:47 - 13:50et puis 10 ans plus tard, tu te dis :
« C'était une bonne idée. » -
13:50 - 13:52Voire pire, il y a un mec qui l'a fait.
-
13:52 - 13:55Alors ça ! Donc moi,
je ne voulais pas que ça m'arrive. -
13:55 - 13:59Au fil de tous ces tournages
de « J'irai dormir chez vous », -
13:59 - 14:02cette espèce de combativité
s'est encore entretenue. -
14:02 - 14:06Je suis tombé en panne par exemple
en moto, dans le sud de l'Éthiopie. -
14:06 - 14:08Ça ne roule plus, donc je pousse.
-
14:08 - 14:11Un individu normal se dit :
« C'est vraiment une galère. » -
14:11 - 14:13Genre, il fait 40 degrés,
-
14:13 - 14:16tu ne sais pas comment
tu vas faire, ce n'est pas drôle. -
14:16 - 14:17Sauf que là, je filme.
-
14:17 - 14:20Et il se passe une chose, c'est que
quand tout se passe bien pour moi, -
14:20 - 14:23les gens qui regardent
le film sont contents, -
14:23 - 14:26mais quand ça se passe mal,
ils sont encore plus contents. -
14:26 - 14:27(Rires)
-
14:27 - 14:29Ça, ce n'est pas sympa.
-
14:29 - 14:33Et donc, je pousse ma moto,
mais je sais que j'ai une bonne séquence. -
14:34 - 14:37Je me rappelle d'une mouche
qui se pose là, tu vois, -
14:37 - 14:40je l'éclate, eh bien, je la rate,
je me fous une claque, -
14:40 - 14:41je sais que les gens sont contents.
-
14:41 - 14:42(Rires)
-
14:42 - 14:46Pendant que je pousse ma moto
en sueur par 40 degrés. -
14:46 - 14:49Et il faut vraiment
se battre tout le temps. -
14:49 - 14:51Et moi, j'aime bien cette histoire,
-
14:51 - 14:55il y avait un navigateur assez connu
qui s'appelait Bernard Moitessier, -
14:55 - 14:59et je sais qu'il y a un ami à lui,
qui voulait avoir comme lui un bateau -
14:59 - 15:00et qui n'avait pas d'argent.
-
15:00 - 15:03Un jour, il était dans le port,
peut-être à Marseille, -
15:03 - 15:07et il voit une coque qui avait coulé
à trois mètres de profondeur. -
15:07 - 15:10Et il se dit : « Eh bien, je vais
descendre avec des bidons d'air, -
15:10 - 15:12je vais les mettre dedans
-
15:12 - 15:15et puis quand il y en aura plein,
le bateau va remonter. » -
15:15 - 15:18Et il a commencé à faire ça
pendant des jours et des jours. -
15:18 - 15:20Il fallait avoir de la constance
et de la volonté. -
15:20 - 15:22Ce gars-là, il a eu son bateau,
-
15:22 - 15:24mais il n'a pas eu son bateau
comme on le croirait. -
15:24 - 15:28C'est qu'un jour, il parlait avec un mec,
de temps en temps, régulièrement, -
15:28 - 15:30ils ont commencé à être amis,
-
15:30 - 15:32et l'autre était un peu
impressionné par cette volonté, -
15:32 - 15:36et un jour, il lui a dit : « Moi je suis
vieux, je n'ai pas d'enfants, -
15:36 - 15:38j'ai un bateau, je te le donne. »
-
15:38 - 15:43Et ça, ça illustre très bien
ce que c'est que la combativité. -
15:43 - 15:46Tu te bats pour quelque chose,
tu ne sais pas si ça va marcher, -
15:46 - 15:49mais tu auras tout le temps
quelque chose. Ça, c'est sûr. -
15:49 - 15:51On va remarquer ces qualités-là.
-
15:51 - 15:55Moi, je pense qu'il y a un truc
très important : si possible, -
15:55 - 15:58c'est d'avoir le sentiment
d'avoir réussi sa vie. -
15:58 - 16:02Réussir sa vie, ça ne veut pas dire
simplement avoir gagné de l'argent, -
16:03 - 16:05c'est être content de ce qu'on fait.
-
16:06 - 16:11Moi, quelqu'un qui vit tranquille
à qui lui convient, eh bien, je dis bravo. -
16:12 - 16:15Et pour terminer, je dis
que le truc le plus important, -
16:15 - 16:16ce n'est pas les sous,
-
16:16 - 16:19pour une raison très simple,
c'est qu'on va tous mourir. -
16:19 - 16:22Oui, je sais, ce n'est pas drôle.
-
16:22 - 16:23Et quand on va mourir,
-
16:23 - 16:26il y a beaucoup plus de chances
qu'on parte avec nos souvenirs -
16:26 - 16:28qu'avec nos économies.
-
16:28 - 16:31Et ça, méditez-le. J'ai fini.
-
16:31 - 16:32(Applaudissements)
- Title:
- Liberté, chemins de traverse et combativité | Antoine de Maximy | TEDxMarseille
- Description:
-
L'explorateur et auteur Antoine de Maximy fait l'éloge de la combativité lors de son talk au TEDxMarseille. Armé de caméras portatives, d’une imagination débordante et d’une bonne dose d’audace, Antoine de Maximy parcourt le monde à la manière d’un homme orchestre. Assez tôt attiré par le métier de réalisateur, il ne sait pas vraiment par quel bout l’aborder. Qu’à cela ne tienne : le sort lui donne un coup de main en lui offrant la possibilité de s’engager dans le service cinéma de l’armée, où il peut se former aux techniques de l’image. Il se découvre alors un esprit aventurier. Après son retour, il travaille sur plusieurs tournages, notamment pour CBS News, prend part à des expéditions scientifiques, s’essaye au documentaire animalier. Il anime également des émissions pour France 2 ou Planète. Mais sa plus grande réussite reste celle de « J’irai dormir chez vous ». À partir de ce concept innovant, il se propose d’aller à la rencontre des habitants d’un pays en leur demandant de l’accueillir chez eux et, grâce à ses caméras, filme ces expériences édifiantes.
Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx
- Video Language:
- French
- Team:
closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 16:40
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