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Liberté, chemins de traverse et combativité | Antoine de Maximy | TEDxMarseille

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    Vous savez ce qui me fait rigoler ?
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    Là, il vous a lancé le ballon,
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    moi, je vais peut-être vous lancer
    ma godasse à la fin. (Rires)
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    Je n'ai pas de ballon. (Rires)
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    Bon, alors je suis venu
    vous parler de liberté,
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    chemins de traverse et combativité.
    C'est un peu bizarre.
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    En fait, liberté, c'est tout de suite.
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    Je suis vraiment content,
    parce que je suis assez libre,
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    j'ai une vie, je dirais, de liberté.
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    Ça veut dire que je fais ce que je veux,
    je pars quand je veux, je vis seul,
  • 0:47 - 0:48
    mais ça, c'est vraiment un choix.
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    Petite parenthèse -
    je ne l'avais pas prévu en répétition -
  • 0:51 - 0:56
    mais quand tu te mets
    avec quelqu'un, une copine,
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    le premier truc qu'elle fait,
    elle fait le ménage,
  • 0:58 - 1:00
    ça veut dire qu'elle chasse
    toutes les autres.
  • 1:00 - 1:03
    Ben moi, je ne suis pas d'accord,
    donc je préfère rester tout seul.
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    Au moins, les choses sont claires.
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    Ça, c'est la liberté.
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    Chacun fait ce qu'il veut,
    je ne fais pas de prosélytisme.
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    Bref. Et aujourd'hui,
    mon boulot, c'est de voyager,
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    d'aller dans tous les pays,
    rencontrer toutes sortes de gens
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    pour cette émission qui s'appelle
    « J'irai dormir chez vous ».
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    (Rires)
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    Bon, c'est ça.
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    En fait, le but, c'est
    de se balader comme ça,
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    harnaché avec des petites caméras,
    aller à la rencontre des gens
  • 1:34 - 1:38
    et dans tous les milieux.
    C'est-à-dire que là, j'étais en Tanzanie -
  • 1:38 - 1:41
    lui, il était top, top de chez top.
  • 1:42 - 1:45
    Et dans des milieux extrêmement variés,
    dans des pays variés,
  • 1:45 - 1:47
    un coup chez les riches, chez les pauvres,
  • 1:47 - 1:51
    un coup dans des pays froids,
    un coup dans des pays chauds.
  • 1:51 - 1:54
    Mais il y a un truc
    que je garde tout le temps,
  • 1:54 - 1:58
    c'est cette satanée liberté
    de ne pas savoir ce que je vais faire.
  • 1:58 - 2:01
    C'est super important, car
    quand tu sais ce que tu vas faire,
  • 2:01 - 2:03
    tu as ton programme,
    donc tu sais où tu vas
  • 2:03 - 2:05
    et tu ne regardes plus sur les côtés.
  • 2:05 - 2:06
    Quand tu n'as pas de programme,
  • 2:06 - 2:09
    tu es disponible pour rencontrer
    quelqu'un comme lui.
  • 2:14 - 2:19
    Et en fait, je me suis retrouvé
    dans toutes sortes de milieux.
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    Et je propose qu'on regarde,
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    car j'ai l'impression
    que je vais trop vite
  • 2:25 - 2:26
    par rapport à mes images.
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    Mais non, c'est vrai,
    ça, c'est au Nicaragua,
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    là, je viens de faire péter un ballon,
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    y avait des petits ballons de baudruche
    et paf, j'ai pas mis le son.
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    Et - c'est assez improvisé,
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    parce qu'aux répétitions,
    je n'ai pas du tout dit la même chose.
  • 2:45 - 2:46
    (Rires)
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    Ouais, je ne me rappelle plus
    ce que j'ai dit d'une fois à l'autre.
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    Et je ne reconnais pas bien les gens.
  • 2:51 - 2:53
    Enfin, plein de trucs qui font
    que je fais comme ça.
  • 2:53 - 2:54
    (Applaudissements)
  • 2:54 - 2:56
    Bref.
  • 3:02 - 3:04
    Ça c'était en Tanzanie. Pareil.
  • 3:05 - 3:06
    Namibie, pardon.
  • 3:07 - 3:09
    Tiens, heureusement que c'est écrit.
  • 3:09 - 3:11
    (Rires)
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    Bref, je suis heureux,
    je m'amuse, j'ai 58 ans,
  • 3:15 - 3:17
    je ne sais pas ce que je vais faire,
  • 3:17 - 3:19
    mais je n'ai pas du tout
    d'angoisse pour l'avenir,
  • 3:19 - 3:23
    car je crois que j'ai fini par trouver
    ma place d'une certaine manière.
  • 3:23 - 3:26
    Alors, j'ai commencé d'une façon
    un peu particulière, j'ai eu de la chance.
  • 3:26 - 3:29
    Vous savez, on naît,
    on arrive dans une famille,
  • 3:29 - 3:34
    on n'a rien demandé, et puis moi,
    je suis tombé chez des nobles.
  • 3:34 - 3:36
    (Rires)
  • 3:36 - 3:37
    Je vous jure que c'est vrai.
  • 3:37 - 3:39
    Voici le château de la famille.
  • 3:39 - 3:40
    (Rires)
  • 3:40 - 3:45
    Et puisqu'on est à parler un petit peu
    de nos vies et des gens qu'on rencontre,
  • 3:45 - 3:48
    eh bien, Riadh que vous avez vu
    juste avant moi,
  • 3:48 - 3:50
    figurez-vous qu'un de ses associés,
    c'est mon cousin.
  • 3:50 - 3:52
    (Rires)
  • 3:53 - 3:59
    Et donc, mon cousin, c'est un descendant
    de cette famille, comme moi d'ailleurs,
  • 3:59 - 4:04
    et puis petite parenthèse, je suis
    le comte, ce n'est pas une blague,
  • 4:04 - 4:05
    (Rires)
  • 4:05 - 4:09
    mais je n'ai pas eu le château,
    parce qu'il y a eu la révolution.
  • 4:09 - 4:13
    Donc, on ne le donne plus au comte,
    mais à ceux qui ont des sous.
  • 4:13 - 4:16
    Mais en même temps, ça reste
    mon château dans ma tête,
  • 4:16 - 4:19
    et puis je n'avais pas vraiment
    le temps de m'en occuper.
  • 4:19 - 4:23
    Moi, j'ai eu la chance, dans la mesure
    où je suis né non pas chez des nobles,
  • 4:23 - 4:25
    mais chez mes parents.
  • 4:25 - 4:29
    Parce que mon père a fait
    une espèce de rupture avec sa famille,
  • 4:29 - 4:33
    non pas en se fâchant
    mais en voulant vivre une autre vie.
  • 4:33 - 4:37
    Et il est devenu peintre, ma mère aussi.
    Et mes parents je vais vous les montrer,
  • 4:37 - 4:39
    c'était quand même des gens
    assez exceptionnels.
  • 4:42 - 4:46
    Je ne sais pas, je dois mal
    appuyer sur ce truc, moi.
  • 4:46 - 4:48
    Mon papa et ma maman.
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    Mes parents, ils avaient
    une particularité déjà,
  • 4:50 - 4:55
    c'est que leur priorité c'était
    de créer, peindre et de s'amuser.
  • 4:55 - 4:59
    Par exemple, un truc qui n'était vraiment
    pas une priorité, c'était le ménage.
  • 4:59 - 5:01
    (Rires)
  • 5:01 - 5:04
    Quand vous allez voir la cuisine,
    vous allez comprendre.
  • 5:04 - 5:07
    La cuisine, que des meubles
    de récupération.
  • 5:07 - 5:10
    Mais des trucs, on ouvrait
    les portes, elles tombaient.
  • 5:10 - 5:13
    Là, c'est un désordre complet.
  • 5:13 - 5:16
    Bon, les images ne sont pas
    très bonnes, ça date un peu,
  • 5:16 - 5:19
    parce qu'ils considéraient que
    toute minute à faire le ménage
  • 5:19 - 5:21
    était perdue à faire autre chose.
  • 5:21 - 5:25
    Et mon père, il ne rangeait pas,
    car il disait : « Rangé, c'est perdu. »
  • 5:25 - 5:27
    Et il avait raison parce qu'on
    ne retrouvait jamais rien.
  • 5:27 - 5:30
    Et ma mère, comme
    elle n'avait pas d'argent,
  • 5:30 - 5:33
    elle a commencé à peindre sur des cagettes
    qu'elle récupérait dans les marchés.
  • 5:33 - 5:36
    Parfois, elle peignait des prisonniers
    sur des cagettes carrées.
  • 5:36 - 5:39
    En fait, elle peignait sur les lattes,
  • 5:39 - 5:41
    mais entre les lattes, il y a des espaces,
  • 5:41 - 5:44
    donc elle mettait un tissu
    et ça devenait des barreaux virtuels.
  • 5:44 - 5:47
    Donc elle a peint comme ça
    pendant des années des gens en prison.
  • 5:47 - 5:49
    (Rires)
  • 5:49 - 5:50
    La fin veut les moyens.
  • 5:51 - 5:54
    Ou c'est l’inverse
    d'ailleurs, les moyens...
  • 5:54 - 5:57
    Toujours est-il que quand elle a eu
    un petit peu plus de sous,
  • 5:57 - 5:59
    elle a eu les moyens
    d’acheter des planches.
  • 5:59 - 6:02
    Ce qui lui a permis de faire
    des grands tableaux
  • 6:02 - 6:04
    de gens toujours en prison.
  • 6:04 - 6:07
    Et je peux vous dire que mes parents,
    y a pas plus rigolo, c'est des positifs.
  • 6:07 - 6:08
    Vraiment.
  • 6:08 - 6:10
    (Rires)
  • 6:10 - 6:12
    Et mon père, lui,
    il a trouvé une autre idée.
  • 6:12 - 6:16
    Il s'est mis à faire
    des petits traits entrecroisés.
  • 6:16 - 6:18
    Vous voyez la boule,
    c'est que des petits traits.
  • 6:18 - 6:20
    Ils sont longs comme ça.
  • 6:20 - 6:22
    Et plus il y avait des petits traits,
    plus c'était noir
  • 6:22 - 6:25
    et moins il y en avait,
    plus c'était blanc. C'est logique.
  • 6:25 - 6:29
    Et un jour, il a fait un dessin,
    puis il en a fait un autre à côté,
  • 6:29 - 6:32
    puis il en a fait un autre à côté
    avec des tout petits traits.
  • 6:32 - 6:35
    Eh bien l'ensemble,
    ça fait 82 mètres de long.
  • 6:35 - 6:36
    (Rires)
  • 6:36 - 6:38
    C'était quand même
    un cas mon père. (Rires)
  • 6:38 - 6:39
    82 mètres de long.
  • 6:39 - 6:41
    Et ça ressemble à quoi ?
  • 6:41 - 6:44
    Je vous laisse regarder,
    [comment] tu veux définir ce truc ?
  • 6:44 - 6:46
    (Rires)
  • 6:46 - 6:49
    C'est vrai. C'est super joli,
    extrêmement original,
  • 6:49 - 6:52
    mais tu ne sais pas
    comment tu vas appeler ça.
  • 6:52 - 6:56
    Donc, il l'a appelé la suite
    en homologie singulière.
  • 6:56 - 6:59
    Suite inexacte en homologie singulière.
  • 6:59 - 7:05
    S'il y a un matheux, il sait qu'une suite
    exacte en homologie singulière, ça existe,
  • 7:05 - 7:08
    mais que concernant le travail
    de mon père, c'était plutôt inexact.
  • 7:08 - 7:11
    Donc, moi, je suis né
    dans un environnement
  • 7:11 - 7:13
    où il y avait une atmosphère particulière
  • 7:13 - 7:16
    et surtout, une extrêmement
    grande ouverture d'esprit.
  • 7:16 - 7:19
    En revanche, au niveau
    de la structure, ce n'était pas ça.
  • 7:19 - 7:20
    (Rires)
  • 7:20 - 7:23
    Par exemple, mon père
    qui a passé son permis à 46 ans,
  • 7:23 - 7:25
    qui l'a raté cinq fois
    et qui l'a eu à la sixième fois
  • 7:25 - 7:29
    car le gars lui a dit : « Si ça rate,
    vous allez devoir refaire le code »,
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    et qui s'est empressé,
    je ne plaisante pas,
  • 7:31 - 7:33
    de casser la bagnole le lendemain,
  • 7:33 - 7:35
    parce qu'il ne savait
    toujours pas bien conduire.
  • 7:35 - 7:40
    C'était quelqu'un qui était
    un petit peu dans les éthers.
  • 7:40 - 7:44
    Et donc, moi, quand j'ai voulu faire
    des choses, j'ai dû me reconcentrer.
  • 7:44 - 7:48
    Heureusement que j'avais des copains
    beaucoup plus carrés que j'ai observés.
  • 7:48 - 7:51
    Et c'est comme ça que je suis
    devenu très méthodique.
  • 7:51 - 7:54
    Et j'en n'ai pas l'air
    sur « J'irai dormir chez vous »,
  • 7:54 - 7:55
    mais je suis très méthodique.
  • 7:55 - 7:57
    Parce que je n'ai pas le choix.
  • 7:57 - 8:01
    Car si je ne pense pas de manière
    méthodique à ce que je fais,
  • 8:01 - 8:05
    eh bien, je ne fais que de l'art
    dans le sens de mes parents.
  • 8:05 - 8:08
    C'est-à-dire que je ne ramène rien.
  • 8:08 - 8:09
    (Rires)
  • 8:09 - 8:10
    Et donc, ensuite,
  • 8:10 - 8:14
    parce qu'il faut que j’accélère,
    on est déjà à huit minutes. (Rires)
  • 8:14 - 8:17
    Ensuite, je me suis lancé
    et je voulais faire de la télé.
  • 8:17 - 8:19
    Je me suis lancé
    sur des expéditions scientifiques,
  • 8:19 - 8:22
    et là, j'ai fait des trucs
    qui étaient quand même géniaux.
  • 8:22 - 8:26
    Des très, très belles expés
    où j'ai appris plein de trucs.
  • 8:26 - 8:30
    Je n'ai pas fait d'études, ils m'ont viré
    à 17 ans après avoir redoublé la 3ème.
  • 8:30 - 8:33
    Bon. Ben, ça n'était pas
    tellement pour moi.
  • 8:33 - 8:36
    Ça c'est le radeau des cimes,
    c'est un truc génial.
  • 8:36 - 8:39
    Vous imaginez cette plateforme,
    elle fait 450 mètres carrés.
  • 8:39 - 8:43
    Elle est déposée par un dirigeable
    sur la forêt équatoriale, la canopée,
  • 8:43 - 8:46
    c'est toujours un peu,
    ça passe, ça ne passe pas.
  • 8:46 - 8:49
    Et ça devient immédiatement
    un laboratoire pour les chercheurs
  • 8:49 - 8:51
    qui montent dessus avec des cordes
  • 8:51 - 8:54
    et qui se retrouvent là
    où ils ne pouvaient jamais aller,
  • 8:54 - 8:56
    sur des petites branches toutes fines,
  • 8:56 - 8:59
    pour étudier le truc
    le plus important sur la forêt,
  • 8:59 - 9:02
    c'est-à-dire, là où il y a la fleuraison,
    les insectes et tout ça.
  • 9:02 - 9:04
    C'était donc génial.
  • 9:04 - 9:07
    Ensuite, j'ai fait toutes
    sortes d’expéditions,
  • 9:07 - 9:10
    celle-ci, c'était descendre
    dans des gouffres du Groenland.
  • 9:10 - 9:12
    Tout ça, c'était avant
    « J'irai dormir chez vous ».
  • 9:12 - 9:18
    C'était d'explorer ces gouffres
    qui sont creusés naturellement.
  • 9:18 - 9:22
    On n'en a dans nos montagnes à nous,
    on appelle ça des moulins.
  • 9:22 - 9:25
    Sauf qu'au Groenland, ils font
    200 mètres de profondeur.
  • 9:25 - 9:28
    Et moi, quand je descendais
    dans ce genre de trucs...
  • 9:28 - 9:30
    Ce n'est pas trop mon genre,
    je n'ai pas l'habitude.
  • 9:30 - 9:34
    Tu te retrouves au bout d'une corde,
    seul, on peut être qu'un sur la corde.
  • 9:34 - 9:36
    Et à l'endroit où il faut
    changer de corde,
  • 9:36 - 9:39
    c'est super compliqué,
    tu touches le glaçon,
  • 9:39 - 9:42
    tu te dis que tu n'es pas
    à la place d'un être humain.
  • 9:42 - 9:45
    Alors ça, pareil. J'ai plongé
    en sous-marin.
  • 9:45 - 9:48
    J'ai plongé à 5000 mètres
    avec le Nautile de l'Ifremer,
  • 9:48 - 9:50
    mais pour ce film,
    c'était extraordinaire :
  • 9:50 - 9:52
    deux sous-marins,
    un qui peut filmer l'autre.
  • 9:52 - 9:56
    Pour un film, c'est extraordinaire
    d'avoir des images au fond de la mer.
  • 9:56 - 9:57
    Là, on était à 1000 m.
  • 9:57 - 9:59
    Des expéditions absolument incroyables.
  • 9:59 - 10:01
    Et puis alors dans la suivante,
  • 10:01 - 10:04
    eh bien, j'ai commencé à dormir
    dans des endroits bizarres.
  • 10:04 - 10:08
    Parce que l'autre expédition
    que j'ai faite juste après,
  • 10:08 - 10:10
    c'était une expédition dans un volcan
  • 10:10 - 10:13
    qui se trouve en République
    Démocratique du Congo,
  • 10:13 - 10:18
    qu'on appelle - c'est même beau,
    sans déconner - le Nyiragongo.
  • 10:18 - 10:22
    Vous imaginez un volcan
    qui fait 3 500 mètres de haut,
  • 10:22 - 10:24
    avec un cratère de 800 mètres.
  • 10:24 - 10:29
    Je suis un peu en avance mais on y est.
    Le Nyiragongo, pour vous mesdames.
  • 10:29 - 10:30
    Et messieurs.
  • 10:30 - 10:34
    Il faut faire gaffe quand tu commences
    à parler des femmes et des hommes,
  • 10:34 - 10:36
    il faut faire exactement pareil.
  • 10:36 - 10:40
    Et donc, on est descendu dans ce volcan
    pour aller chercher de la lave.
  • 10:40 - 10:44
    Je ne sais pas si vous voyez, le volcan
    est en activité, il n'est pas en éruption
  • 10:44 - 10:46
    -- il est un peu énervé
    mais il n'est pas en colère --
  • 10:46 - 10:51
    et il a fallu descendre tout au fond,
    donc, trois fois la tour Eiffel,
  • 10:51 - 10:52
    pour chercher de la lave.
  • 10:52 - 10:55
    On n'a pas pu aller tout au fond,
    on a mis une corde en travers,
  • 10:55 - 10:58
    pour aller chercher
    ces échantillons de lave.
  • 10:58 - 11:01
    Vous voyez le genre
    de descente que ça donne.
  • 11:01 - 11:04
    C'est-à-dire, ce n'est pas simple.
  • 11:05 - 11:09
    Maintenant, on va arriver
    à ce dont je voulais vous parler,
  • 11:09 - 11:10
    c'est la combativité.
  • 11:11 - 11:15
    Parce que quand tu veux
    obtenir quelque chose,
  • 11:15 - 11:19
    que ça soit arriver à faire un film,
    récupérer un échantillon de lave,
  • 11:19 - 11:22
    quand tu as envie de faire
    quelque chose comme ça,
  • 11:22 - 11:23
    il faut te battre.
  • 11:23 - 11:26
    Et le premier problème qu'on a,
  • 11:26 - 11:29
    en tant que mec qui veut
    obtenir quelque chose,
  • 11:29 - 11:33
    c'est que très souvent... Je vous laisse
    quand même regarder ça, c'est beau,
  • 11:33 - 11:35
    on voulait un petit bout
    de truc rouge, là, nous.
  • 11:35 - 11:37
    Voilà. Pas compliqué en principe.
  • 11:37 - 11:40
    Je peux vous dire que ça a été dur.
  • 11:40 - 11:46
    Le premier truc qui nous arrête,
    c'est le doute et de se dire :
  • 11:46 - 11:48
    « Ça ne va peut-être pas marcher. »
  • 11:48 - 11:52
    Et on a tendance souvent à vouloir -
    c'est ce que disait Riadh aussi -
  • 11:52 - 11:56
    on a un peu tendance à vouloir
    être sûr de notre coup avant d'y aller.
  • 11:56 - 11:59
    Et moi, je vais vous dire
    une chose : « Il faut y aller. »
  • 11:59 - 12:02
    Il faut y aller parce que
    si ça ne marche pas,
  • 12:02 - 12:06
    au moins, tu n'auras pas de regret.
    Et ça, c'est vachement important.
  • 12:06 - 12:08
    Car « J'irai dormir chez vous »,
    pour vous dire,
  • 12:08 - 12:10
    personne n'en a voulu de cette série.
  • 12:10 - 12:12
    Ben, c'est normal,
    c'est filmé avec des pieds.
  • 12:12 - 12:13
    (Rires)
  • 12:13 - 12:17
    Je ne regarde pas dans le viseur,
    faut pas s'attendre à de belles images.
  • 12:17 - 12:20
    Le son, c'est des petits micros,
    il n'y a pas d’ingé son.
  • 12:20 - 12:23
    Quand quelqu'un me parle,
    souvent, j'écoute à moitié,
  • 12:23 - 12:25
    parce que je suis déjà en train de penser
  • 12:25 - 12:27
    si je ne suis pas
    dans un endroit dangereux ?
  • 12:27 - 12:28
    Si on ne va pas m'attaquer ?
  • 12:28 - 12:30
    Si ce client, ce mec est intéressant ?
  • 12:30 - 12:32
    Si je vais avoir une belle séquence ?
  • 12:32 - 12:35
    J'essaye plein de choses,
    j'ai trop de trucs à gérer.
  • 12:35 - 12:38
    Quand j'ai commencé
    à proposer une émission
  • 12:38 - 12:40
    où on allait me voir serré comme ça,
  • 12:40 - 12:43
    plus que le présentateur du journal
    de 20 h, un plan sur deux,
  • 12:43 - 12:45
    et que j'ai dit : « Je vais
    rencontrer des gens,
  • 12:45 - 12:49
    je ne sais pas qui, je ne sais ce que
    je vais faire et je ne sais pas où ? »
  • 12:49 - 12:50
    (Rires)
  • 12:50 - 12:51
    Ça ne les a pas rassurés.
  • 12:53 - 12:56
    Donc, j'y suis allé quand même.
  • 12:56 - 12:57
    Mais je n'étais pas payé.
  • 12:57 - 13:00
    Heureusement qu'il y avait
    une production derrière moi,
  • 13:00 - 13:02
    sauf qu'ils étaient en train de couler.
  • 13:02 - 13:05
    Parce que cette maison de production
    qui porte bien son nom, « Bonne Pioche »,
  • 13:05 - 13:06
    (Rires)
  • 13:06 - 13:10
    elle avait lancé
    un tournage en Antarctique,
  • 13:10 - 13:11
    une histoire de pingouins,
  • 13:11 - 13:14
    et au bout de 2 mois, ils ne pouvaient
    plus payer personne. (Rires)
  • 13:14 - 13:17
    Et l'histoire de pingouins,
    c'est la « Marche de l'empereur »,
  • 13:17 - 13:22
    Oscar à Hollywood, qui était
    vraiment une belle réussite.
  • 13:22 - 13:25
    Mais ils étaient bien incapables
    de me payer. Donc j'ai dû me débrouiller.
  • 13:25 - 13:32
    Et pendant quelques années,
    avant que les chaînes commencent à venir.
  • 13:32 - 13:35
    Heureusement, on a eu
    Voyage au début, après Canal +,
  • 13:35 - 13:38
    et puis c'est France 5
    qui a fait connaître cette série.
  • 13:38 - 13:42
    Et moi je dis, ce qui est très important,
    c'est d'y aller et d'y croire.
  • 13:42 - 13:45
    D'abord pour ne pas avoir de regrets,
  • 13:45 - 13:47
    car tu te dis : « J'y vais pas »
  • 13:47 - 13:50
    et puis 10 ans plus tard, tu te dis :
    « C'était une bonne idée. »
  • 13:50 - 13:52
    Voire pire, il y a un mec qui l'a fait.
  • 13:52 - 13:55
    Alors ça ! Donc moi,
    je ne voulais pas que ça m'arrive.
  • 13:55 - 13:59
    Au fil de tous ces tournages
    de « J'irai dormir chez vous »,
  • 13:59 - 14:02
    cette espèce de combativité
    s'est encore entretenue.
  • 14:02 - 14:06
    Je suis tombé en panne par exemple
    en moto, dans le sud de l'Éthiopie.
  • 14:06 - 14:08
    Ça ne roule plus, donc je pousse.
  • 14:08 - 14:11
    Un individu normal se dit :
    « C'est vraiment une galère. »
  • 14:11 - 14:13
    Genre, il fait 40 degrés,
  • 14:13 - 14:16
    tu ne sais pas comment
    tu vas faire, ce n'est pas drôle.
  • 14:16 - 14:17
    Sauf que là, je filme.
  • 14:17 - 14:20
    Et il se passe une chose, c'est que
    quand tout se passe bien pour moi,
  • 14:20 - 14:23
    les gens qui regardent
    le film sont contents,
  • 14:23 - 14:26
    mais quand ça se passe mal,
    ils sont encore plus contents.
  • 14:26 - 14:27
    (Rires)
  • 14:27 - 14:29
    Ça, ce n'est pas sympa.
  • 14:29 - 14:33
    Et donc, je pousse ma moto,
    mais je sais que j'ai une bonne séquence.
  • 14:34 - 14:37
    Je me rappelle d'une mouche
    qui se pose là, tu vois,
  • 14:37 - 14:40
    je l'éclate, eh bien, je la rate,
    je me fous une claque,
  • 14:40 - 14:41
    je sais que les gens sont contents.
  • 14:41 - 14:42
    (Rires)
  • 14:42 - 14:46
    Pendant que je pousse ma moto
    en sueur par 40 degrés.
  • 14:46 - 14:49
    Et il faut vraiment
    se battre tout le temps.
  • 14:49 - 14:51
    Et moi, j'aime bien cette histoire,
  • 14:51 - 14:55
    il y avait un navigateur assez connu
    qui s'appelait Bernard Moitessier,
  • 14:55 - 14:59
    et je sais qu'il y a un ami à lui,
    qui voulait avoir comme lui un bateau
  • 14:59 - 15:00
    et qui n'avait pas d'argent.
  • 15:00 - 15:03
    Un jour, il était dans le port,
    peut-être à Marseille,
  • 15:03 - 15:07
    et il voit une coque qui avait coulé
    à trois mètres de profondeur.
  • 15:07 - 15:10
    Et il se dit : « Eh bien, je vais
    descendre avec des bidons d'air,
  • 15:10 - 15:12
    je vais les mettre dedans
  • 15:12 - 15:15
    et puis quand il y en aura plein,
    le bateau va remonter. »
  • 15:15 - 15:18
    Et il a commencé à faire ça
    pendant des jours et des jours.
  • 15:18 - 15:20
    Il fallait avoir de la constance
    et de la volonté.
  • 15:20 - 15:22
    Ce gars-là, il a eu son bateau,
  • 15:22 - 15:24
    mais il n'a pas eu son bateau
    comme on le croirait.
  • 15:24 - 15:28
    C'est qu'un jour, il parlait avec un mec,
    de temps en temps, régulièrement,
  • 15:28 - 15:30
    ils ont commencé à être amis,
  • 15:30 - 15:32
    et l'autre était un peu
    impressionné par cette volonté,
  • 15:32 - 15:36
    et un jour, il lui a dit : « Moi je suis
    vieux, je n'ai pas d'enfants,
  • 15:36 - 15:38
    j'ai un bateau, je te le donne. »
  • 15:38 - 15:43
    Et ça, ça illustre très bien
    ce que c'est que la combativité.
  • 15:43 - 15:46
    Tu te bats pour quelque chose,
    tu ne sais pas si ça va marcher,
  • 15:46 - 15:49
    mais tu auras tout le temps
    quelque chose. Ça, c'est sûr.
  • 15:49 - 15:51
    On va remarquer ces qualités-là.
  • 15:51 - 15:55
    Moi, je pense qu'il y a un truc
    très important : si possible,
  • 15:55 - 15:58
    c'est d'avoir le sentiment
    d'avoir réussi sa vie.
  • 15:58 - 16:02
    Réussir sa vie, ça ne veut pas dire
    simplement avoir gagné de l'argent,
  • 16:03 - 16:05
    c'est être content de ce qu'on fait.
  • 16:06 - 16:11
    Moi, quelqu'un qui vit tranquille
    à qui lui convient, eh bien, je dis bravo.
  • 16:12 - 16:15
    Et pour terminer, je dis
    que le truc le plus important,
  • 16:15 - 16:16
    ce n'est pas les sous,
  • 16:16 - 16:19
    pour une raison très simple,
    c'est qu'on va tous mourir.
  • 16:19 - 16:22
    Oui, je sais, ce n'est pas drôle.
  • 16:22 - 16:23
    Et quand on va mourir,
  • 16:23 - 16:26
    il y a beaucoup plus de chances
    qu'on parte avec nos souvenirs
  • 16:26 - 16:28
    qu'avec nos économies.
  • 16:28 - 16:31
    Et ça, méditez-le. J'ai fini.
  • 16:31 - 16:32
    (Applaudissements)
Title:
Liberté, chemins de traverse et combativité | Antoine de Maximy | TEDxMarseille
Description:

L'explorateur et auteur Antoine de Maximy fait l'éloge de la combativité lors de son talk au TEDxMarseille. Armé de caméras portatives, d’une imagination débordante et d’une bonne dose d’audace, Antoine de Maximy parcourt le monde à la manière d’un homme orchestre. Assez tôt attiré par le métier de réalisateur, il ne sait pas vraiment par quel bout l’aborder. Qu’à cela ne tienne : le sort lui donne un coup de main en lui offrant la possibilité de s’engager dans le service cinéma de l’armée, où il peut se former aux techniques de l’image. Il se découvre alors un esprit aventurier. Après son retour, il travaille sur plusieurs tournages, notamment pour CBS News, prend part à des expéditions scientifiques, s’essaye au documentaire animalier. Il anime également des émissions pour France 2 ou Planète. Mais sa plus grande réussite reste celle de « J’irai dormir chez vous ». À partir de ce concept innovant, il se propose d’aller à la rencontre des habitants d’un pays en leur demandant de l’accueillir chez eux et, grâce à ses caméras, filme ces expériences édifiantes.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:40

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