Et si Darwin avait eu raison?! | Leonardo Frontani | TEDxTrento

Survis ! Pendant des milliers d'années, la peur s'est acquittée la fonction de se tenir en vie dans l'incertitude. La quantité d'incertitudes avec laquelle nous sommes disposés à cohabiter s'appelle le courage: attitude ou compétence à entraîner ? Face à ce défi, qui nous accompagne depuis toujours, voici notre tribu Néo-sapiens.

Facilitateur et formateur comportemental.

Cette intervention s'est tenue à un événement TEDx local, organisé de manière indépendante des conférences TED.

Qu'il est beau d'être ici, même si

pour une grande part de la science,
nous n'aurions pas dû y être.

En effet, durant l'ère glaciaire,

nous aurions dû être
en voie d'extinction.

En revanche, à en juger le
nombre de personnes que je vois,

il n'en pas allé ainsi.

Je suis venu vous raconter une histoire
que je trouve belle.

L'histoire d'une espèce magnifique
qui a eu très peur.

Donc je vous parlerai
de leur peur

- qui ensuite, en effet, est
aussi notre peur -

et puis je vous parlerai
de l'esprit.

L'esprit qui, dans cette tentative
incessante de survivre, n'hésite

pas à nous embrouiller.

Enfin, je vous parlerai du courage.

Le courage est une chose
que nous avons inventé

pour nous défendre de nous-même.

Moi j'ai peur;

en tant qu'homo sapiens,
j'ai beaucoup de peurs.

Quelqu'un m'a demandé:

"Mais pourquoi donc la peur t'intéresse-t-
elle tant?"

Je suis un formateur, un éducateur,
j'ai travaillé de nombreuses années

avec des groupes et des personnes seules.

J'ai découvert combien la peur

peut être capable de bloquer
toutes nos aspirations.

La peur a le goût
du métal sur la langue,

Elle rappelle un peu le goût du sang,
je ne sais pas si vous le connaissez.

C'est quelque chose
qui peut véritablement déranger.

La pire de toutes est
la peur de la peur.

Elle marche avec les préjugés, les idées
préconçues et les préoccupations.

"Pré", justement, avant qu'ils n'arrivent
et qui font

surgir ces petites voix
que nous entendons,

et que moi, en ce moment, j'entends:
"Laisse tomber, va-t-en !

Es-tu sûr de pouvoir,
as-tu suffisamment d'informations ?

Voyons, tu t'y plais? C'est pas pour toi!
Allez, tout le monde te regarde !"

Voilà, c'est est un mécanisme complexe
et si simple à la fois.

Le mécanisme fonctionne plus ou moins
comme ça:

notre cerveau reçoit des données,
des stimuli de l'extérieur.

Une alarme se déclenche
immédiatement

et inonde le sang de substances
qui nous font réagir.

Il y a trois types de réactions.

La première est: fuir;

la seconde est: combattre;
et la troisième est: se bloquer.

Je dois dire que notre esprit fait cela
pour nous protéger,

il a tout intérêt à nous faire arriver
à la fin de la course.

Mais il est aussi un peu égoïste,
car il pense à lui-même.

Il pense à se protéger lui-même,
à dépenser peu d'énergie.

il a cet instinct d'auto-conservation et,
pour cela, n'hésite pas à nous mentir.

Il nous envoie des images

qui ne sont pas la réalité,
qui ne sont pas la vérité.

Par exemple, je marche dans une forêt;

je vois une branche de forme sinueuse
par terre, et immédiatement,

j'imagine un serpent !

Je me protège mais ce n'est pas la vérité,
c'est un mensonge.

En ce sens notre esprit peut se
transformer en une entité bloquante

et en quelque sorte, devient un
patron exécrable.

Je me et vous demande
s'il ne vous est pas déjà arrivé

de chercher à faire le bon choix,
la bonne chose.

"Je fais la chose juste. Pense-y à
plusieurs fois avant d'agir!"

Mais qu'est-ce que la chose juste
dans l'absolu?

Chaque fois que nous faisons des choix,
nous laissons d'autres choses de côté.

Combien parmi nous, à cause de la peur,

ne portent pas sur les épaules quelques
remords et quelques regrets?

Bien, pour comprendre comment
tout cela fonctionne,

je me suis permis
de revenir en arrière dans le temps

et voir comment l'évolution,

en quelque sorte, a conditionné
cette histoire.

Rappelez-vous que le courage, c'est nous
qui l'avons inventé,

et nous l'avons justement inventé pour se
défendre de notre peur.

Parlons de notre ancêtre, l'homo sapiens,
il y a 100.000 ans de cela.

Nous vivions dans un milieu naturel
assez confortable:

une belle quantité de ressources
à disposition,

quelques prédateurs de trop, mais en
soi on y menait une vie décente.

Puis, tout à coup, des changements
climatiques soudains

- "soudains", façon de parler
car on parle bien là en terme d'ères -

ont transformé notre milieu naturel de
cela à ceci: la savane.

Et dans la savane, nous ne nous sentions
plus tellement à notre aise:

l'homo sapiens ne voulait pas servir de
casse-croûte aux lions et aux hyènes.

Ainsi, par un quelque motif inexplicable,

il a décidé, il y a de cela 70.000 ans, de
pointer vers le Nord, et il est parti.

Un voyage incroyable,
un voyage vers l'inconnu,

vers l'incertitude:
un voyage de 70.000 ans, pensez donc!

Direction le Nord à la découverte,
affrontant l'inconnu.

L'inconnu devint une opportunité.

Avec eux ils avaient: un gros lot de peurs

et quelques outils ou ustensiles de silex.

Rien de plus.

En revanche, on apprend beaucoup de choses
en 70.000 ans.

Et l'homo sapiens a toujours voulu

explorer et innover,

explorer et innover,

si bien qu'à la fin il n'a pas trouvé
le continent européen

et là il trouva un berceau
où s'établir,

mais en continuant toujours
à explorer et innover.

Puis, il y a 40.000 ans, probablement
pendant une partie chasse,

il tombe nez à nez avec son cousin plus
sophistiqué et aussi plus fascinant:

l'homme de Néandertal.

L'homme de Néandertal

est fort, rapide

et parfaitement adapté aux climats froids,

et il est un prédateur redoutable.

Et les deux, pendant un certain temps,
partagent beaucoup d'expériences

et probablement un peu d'ADN aussi.

Et que se passe-t-il?

Ils adoptent des comportements
complètements différents.

Les temps sont durs pour tous,
mais l'homo sapiens décide

de pratiquer le nomadisme:
il ne s'arrête jamais,

ne se contente pas de ce qu'il a, il veut

voir derrière les montagnes,
cherche la grande Eau, il explore.

Le Néandertal vit dans une petite zone,
qu'il exploite au maximum, et

quand les ressources viennent à manquer,
l'abandonne.

Sapiens ose s'unir à d'autres individus,

externes au groupe familial et

risque donc bien des choses.

Cela pour échanger des connaissances,
créant ainsi les premières proto-tribus.

Néandertal en revanche vit dans son cercle
familial, qui comprend peu d'individus,

et souffre de toute évidence de
l'appauvrissement du code génétique

et de la mortalité féminine.

Sapiens innove sans cesse: il semble
inlassablement intéressé à s'améliorer.

Ses ustensiles changent et deviennent
toujours

plus sophistiqués,
comme ses techniques de chasse.

Néandertal, par contre, fait toujours les
mêmes choses des milliers d'années durant.

Enfin, Sapiens invente le langage:

un code sophistiqué qui sert à
s'échanger connaissances et savoirs.

Néandertal n'a pas grand chose à partager

et donc: Sapiens survit;
Neandertal s'éteint.

Darwin,

notre cher Darwin, avait raison:

c'est l'espèce la plus apte à s'adapter au
changement qui survit,

et elle le fait sûrement au détriment de
l'espèce la plus forte.

Il en a été ainsi non seulement d'un
point de vue biologique,

mais aussi du point de vue
des comportements !

Nos ancêtres ont eu le courage d'adopter

de nouveaux comportements sociaux
efficaces dans un contexte

de changement continu,
comme celui de l'ère glaciaire.

Dans chacun des homo sapiens,

il existe une poussée innée d'oser
pour affronter la peur.

Nous sommes une espèce qui a une capacité
incroyable à désirer

et cela s'expose à l'incertitude.

Selon moi, à ce stade, vous
entendrez d'incroyables histoires:

des gens perdus dans
des océans en tempête

d'autres qui s'imaginent même
un voyage sur Mars,

des personnes ayant défié des maladies
très graves et handicapantes

et ils l'ont toujours fait sans chercher
la sécurité absolue,

parce que la sécurité
absolue empêche

la satisfaction de nos aspirations.

Et je suis alors amené
à vous dire ici que,

dans mon expérience professionnelle,

j'ai découvert que la peur a une origine
biologique, et

elle nous accompagnera toujours,
on ne peut l'éliminer.

On ne peut pas ne pas avoir peur.

Le courage, par contre, est tout autre:
le courage est une compétence.

Le courage s'apprend
le courage s'approprie,

le courage est la quantité d'incertitudes
avec lesquelles nous sommes prêts à vivre.

Si nous saisissons cette opportunité,
nous réussirons à grandir

et faire du changement
une véritable nouvelle chance.

En ce sens je me permettrai de dire

que mon mauvais maître d'esprit
deviendra un serviteur optimal.

Et alors, en ces temps incertains,

où ce monde semble aller tellement vite
qu'on ne peut pas le suivre,

tout change et nous sommes un peu
dépassés par les événements.

En ces temps, je crois
qu'il serait utile d'avoir

une femme et un homme nouveau:
neo sapiens, pour ainsi dire.

Et non plus homo sapiens.

Nous n'avons plus besoin d'autres murs

de barbelés,

de lois qui régulent
tout ce qui nous entoure,

nous n'avons pas besoin de nous unir à
d'autres tribus qui combattent

de nouvelles tribus au nom
d'antiques symboles.

Sapiens survit à tout symbole
et à toute idéologie.

Nous n'avons pas besoin de tant
de compétences et de technologie,

mais plutôt d'avoir de l'empathie
et d'exercer la compréhension.

On a besoin d'humanité.

Et beaucoup de choses,
mais soyez tranquilles,

nous ne ferons pas ces choses-là
tout seuls.

Regardez autour de vous: qui sont ces
personnes assises à côté de vous?

Qui est dans cette salle?
Tournez la tête, regardez-les!

Qui sont-ils tous ?
Pourquoi sont-ils venus ici aujourd'hui ?

Pourquoi avez-vous choisi de dédier
cette journée à TED ?

Avec qui avez-vous choisi
de venir à ce TED ?

C'est cela, notre tribu !

C'est la tribu avec qui nous devons
apprendre à se réunir à nouveau,

exactement comme nos progéniteurs
l'ont fait.

Il est crucial d'apprendre, de réapprendre
à communiquer avec profondeur

et à échanger nos besoins.

Il est important que nous soyons généreux
et échangions nos savoirs,

mettre nos compétences au service
d'une grande tribu.

Mais, par dessus tout, il est

important d'avoir
le courage de tout changer.

Si nous parvenons à
saisir cet enseignement

si nous y parvenons,
nous aurons une opportunité.

Et par ce motif, je vous dis

que la grande opportunité de grandir et
et de progresser, pour le genre humain,

passe par la nécessité
d'accepter l'incertitude.

Et de cette manière, nous réussirons,

comme il y a 70.000 ans, comme toujours.

Et alors je vous demande:

quelle est la quantité d'incertitude que
vous êtes disposés à accepter aujourd'hui?

Quel défi voulez-vous relever
aujourd'hui, dans ce théâtre?

Darwin avait raison:
si je ne change pas, je disparais.

Et ça c'est la clef de notre survie.

Merci de votre attention.

[Applaudissements]