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BalletForward_Panel3_UneCarriereUneHistoire_April162025_v2

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    - Bonjour, mon nom c'est Victoria,
    - Et moi, c'est Héloïse.
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    et bienvenue à Une carrière, Une histoire,
    Une discussion avec Rhodnie Désir.
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    Ceci est une séance d'apprentissage
    pour le projet Ballet Forward
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    qui est un projet qui rassemble
    environ 30 étudiants
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    des cinq grandes écoles
    de ballet professionnel au Canada.
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    C'est un projet qui nous permet
    d'aborder les questions sur l'équité,
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    la réconciliation et le racisme
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    dirigés vers les noirs
    dans le monde du ballet,
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    mais plus important aussi,
    de trouver des moyens
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    pour combattre ces enjeux,
    ces enjeux, excusez-moi.
  • 0:51 - 0:54
    Nous avons comme but
    de rendre le monde du ballet
  • 0:54 - 0:57
    et aussi le monde des arts
    plus inclusif et accessible
  • 0:57 - 0:59
    à toute la population canadienne.
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    Donc aujourd'hui, on a la chance
  • 1:01 - 1:04
    et vraiment l'immense honneur
    de recevoir Rhodnie Désir.
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    Donc, madame Désir,
    c'est une chorégraphe documentaire,
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    danseuse et Cheffe de création
    avec RD Créations, sa propre compagnie.
  • 1:13 - 1:17
    Elle a créé une trentaine de créations
    et a récemment travaillé avec Danse Danse.
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    Certains de ses projets lui ont valu
    deux prix de la danse à Montréal,
  • 1:21 - 1:24
    soit le prix Envol
    et le Grand Prix de la danse.
  • 1:24 - 1:28
    La signature chorégraphique de Rhodnie
    est liée à ses racines haïtiennes,
  • 1:28 - 1:32
    ainsi que dans le reste des Caraïbes,
    en Afrique et en Afrique centrale,
  • 1:32 - 1:33
    et en Afrique subsaharienne.
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    C'est un style qu'on pourrait appeler
    comme afro-contemporain.
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    Rhodnie est une femme
    incroyable et inspirante
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    et surtout vraiment engagée
    dans le milieu.
  • 1:41 - 1:44
    Ce style lui a valu
    une reconnaissance internationale.
  • 1:45 - 1:47
    Merci infiniment Rhodnie
    d'être avec nous aujourd'hui.
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    Donc, je vais vous laisser la parole
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    pour nous expliquer un peu
    votre carrière et tout.
  • 1:53 - 1:55
    Merci, merci beaucoup
    pour cette présentation.
  • 1:55 - 2:00
    C'est vraiment un bonheur
    d'être avec vous à la fois
  • 2:00 - 2:05
    parce que je peux me replonger
    au moment où j'avais votre âge
  • 2:05 - 2:08
    et que je rêvais
    de faire carrière dans le milieu.
  • 2:09 - 2:10
    Comment résumer ma carrière?
  • 2:11 - 2:15
    Je pense que c'est important
    de ramener le fait que moi j'ai grandi,
  • 2:15 - 2:18
    j'ai dansé dès l'âge de trois ans
  • 2:18 - 2:20
    et ma formation première
    était le ballet classique.
  • 2:21 - 2:25
    Et par la suite, j'ai voulu aller
    dans le milieu des arts,
  • 2:25 - 2:28
    mais bien sûr,
    venant d'une famille haïtienne,
  • 2:28 - 2:31
    la compréhension et l'explication étaient,
  • 2:31 - 2:34
    on veut être sûr que tu vas te débrouiller
    dans la vie et dans les arts,
  • 2:34 - 2:37
    peut-être que c'est pas par là
    que le chemin va se faire.
  • 2:37 - 2:39
    C'était comme la conception à l'époque.
  • 2:40 - 2:42
    Donc, j'ai été me chercher une formation
  • 2:42 - 2:46
    en parallèle de ma formation
    que je poursuivais en danse.
  • 2:46 - 2:49
    Qui veut dire que j'accomplisais
    deux diplômes en même temps,
  • 2:49 - 2:51
    un en communication marketing,
  • 2:51 - 2:54
    puis un autre en danse
    à l'époque classique,
  • 2:54 - 2:57
    mais en même temps,
    j'ai tourné un peu plus ma pratique
  • 2:57 - 3:01
    vers les danses afro-contemporaines
    comme vous l'avez aussi bien expliqué.
  • 3:02 - 3:05
    Ma carrière,
    je la résumerais comme étant
  • 3:05 - 3:08
    des milestones, des jalons
  • 3:08 - 3:12
    où ce que je mesure constamment
    où est-ce que je suis rendue,
  • 3:12 - 3:15
    puis à quoi moi je peux servir,
  • 3:15 - 3:20
    et à quoi ma danse peut servir,
    et à quoi l'art peut servir.
  • 3:20 - 3:23
    Et j'aime dire que aujourd'hui,
    ce que je fais,
  • 3:23 - 3:25
    c'est ce qu'on appelle
    la « chorégraphie documentaire »
  • 3:25 - 3:26
    qu'on pourra parler
    un peu plus longuement.
  • 3:27 - 3:29
    C'est une méthodologie
    que j'ai voulu développer
  • 3:29 - 3:34
    pour répondre à l'ambition
    de ce que j'avais envie de développer.
  • 3:34 - 3:36
    Mais peut-être que dans cinq ans,
  • 3:36 - 3:41
    la danse va me servir
    à réfléchir à de l'architecture.
  • 3:41 - 3:43
    Puis peut-être que dans 10 ans,
  • 3:43 - 3:44
    ça va me servir à réfléchir
  • 3:44 - 3:48
    au développement
    d'un nouveau pôle culturel.
  • 3:49 - 3:53
    Je vois la danse comme étant
    un élément de carrière,
  • 3:53 - 3:56
    comme un outil pour ouvrir
    des nouvelles portes.
  • 3:57 - 3:59
    Donc, c'est un peu comme ça
    que je résumerais
  • 4:00 - 4:01
    ma vision de ma carrière.
  • 4:03 - 4:05
    Donc, mais comme vous l'avez mentionné,
  • 4:05 - 4:07
    vous avez dit que vous êtes
    chorégraphe documentaire.
  • 4:07 - 4:09
    En fait, et moi je sais pas c'est quoi,
  • 4:09 - 4:11
    mais est-ce que vous pouvez
    expliquer un peu
  • 4:11 - 4:13
    qu'est-ce que ça veut dire ?
  • 4:13 - 4:15
    Vous avez aussi dit
    que vous étiez Cheffe de Créations
  • 4:15 - 4:17
    la dernière fois qu'on s'est parlé,
  • 4:17 - 4:19
    donc c'est comme deux choses
    que je voudrais savoir.
  • 4:20 - 4:24
    Oui en fait, déjà ce que je peux dire,
    c'est que ce que je fais en ce moment là,
  • 4:24 - 4:27
    c'est l'équivalent de ce que je faisais
    quand j'avais l'âge de sept ans.
  • 4:27 - 4:32
    Quand j'étais jeune, je vivais à Laval,
    ça, c'est dans une communauté
  • 4:32 - 4:35
    pour tous les gens qui sont
    en dehors de Montréal là,
  • 4:35 - 4:37
    c'est pas très loin
    de la ville de Montréal.
  • 4:38 - 4:42
    Et donc moi, je m'intéressais
    tout simplement à mes voisins, aux humains
  • 4:42 - 4:45
    puis, je voulais comprendre
    comment l'humain fonctionne.
  • 4:45 - 4:48
    Donc, il y en a qui vont dire
    que c'est une démarche journalistique,
  • 4:48 - 4:50
    il y en a qui vont dire
    que c'est une démarche anthropologique.
  • 4:51 - 4:54
    Mais dans tout ça, moi je voulais juste
    comprendre comment l'humain fonctionne.
  • 4:54 - 4:58
    Puis, j'ai réalisé que la danse
    et le fait de poser des questions
  • 4:58 - 5:00
    quand on crée, quand on veut créer
  • 5:00 - 5:03
    nous permet d'arriver
    à des fois à des hypothèses.
  • 5:04 - 5:07
    Donc la chorégraphie documentaire,
    c'est quoi ?
  • 5:07 - 5:10
    Ça se fait en, je pourrais résumer ça
    en quatre grandes étapes.
  • 5:11 - 5:14
    J'ai une idée qui vient
    souvent d'un défi social.
  • 5:15 - 5:16
    Par exemple,
  • 5:16 - 5:20
    si je prends la situation
    actuellement de déportation
  • 5:20 - 5:22
    qui a eu lieu aux États-Unis,
  • 5:22 - 5:25
    c'est un fléau, c'est un chaos,
  • 5:25 - 5:28
    et puis, ça soulève beaucoup de points
    d'interrogation et d'injustices,
  • 5:28 - 5:29
    d'iniquité dans le monde.
  • 5:30 - 5:32
    Donc moi par rapport à ça,
  • 5:32 - 5:35
    j'ai le choix de me fâcher
    derrière mon écran ou de me dire
  • 5:35 - 5:39
    et si j'interviewais différents
    types de pensées
  • 5:39 - 5:42
    pour mieux comprendre
    qu'est-ce qui se passe,
  • 5:42 - 5:44
    puis peut-être que mon art
    pourrait réussir
  • 5:48 - 5:51
    à amener une vision,
  • 5:51 - 5:54
    une hypothèse par rapport
    à qu'est-ce qui se passe.
  • 5:54 - 5:57
    Donc, je commence par faire des entrevues.
  • 5:57 - 5:58
    J'ai ma question,
    qu'est-ce qui me dérange?
  • 5:58 - 6:00
    Qu'est-ce qui me donne mal au ventre?
  • 6:00 - 6:03
    Puis, qu'est-ce qui fait en sorte
    que j'ai envie de crier, d'hurler,
  • 6:03 - 6:04
    puis que je trouve injuste?
  • 6:05 - 6:07
    Après ça, je me dis
    qui je peux rencontrer?
  • 6:07 - 6:09
    Et que là, je m'en vais rencontrer
  • 6:09 - 6:11
    des spécialistes dans un domaine,
    par exemple,
  • 6:11 - 6:14
    je prends la thématique,
    ça pourrait être des sociologues,
  • 6:14 - 6:17
    des politiciens, des travailleurs sociaux,
  • 6:17 - 6:22
    des organismes d'accueil
    de personnes immigrantes
  • 6:22 - 6:26
    ou des personnes qui sont reliées
    aux communautés qui sont déportées.
  • 6:26 - 6:27
    Ça pourrait être des familles.
  • 6:27 - 6:29
    Ça pourrait être les gens eux-mêmes
    qui sont déportés,
  • 6:29 - 6:31
    qui sont en transfert,
  • 6:32 - 6:34
    après des policiers, des policières.
  • 6:34 - 6:36
    Puis à partir de là,
    moi, ça me permet d'avoir
  • 6:36 - 6:38
    mon sac à dos d'information.
  • 6:40 - 6:42
    Puis mon sac à dos d'information,
    il y a plein d'outils dedans.
  • 6:43 - 6:46
    Puis ces outils-là,
    quand je les brasse dans mon sac,
  • 6:46 - 6:48
    je peux remettre une partie de ça
  • 6:48 - 6:50
    à des musiciens,
    des musiciennes qui diraient,
  • 6:50 - 6:52
    je pense que j'entends un rythme.
  • 6:53 - 6:54
    Puis ce rythme-là,
  • 6:54 - 6:59
    je pense que ça pourrait m'amener
    vers tel genre de gestuelles,
  • 6:59 - 7:00
    des gestuelles plus circulaires
  • 7:00 - 7:04
    ou des gestuelles plus de poids,
    de physicalité, d'aplomb,
  • 7:04 - 7:05
    des mouvements plus tranchants
  • 7:05 - 7:08
    parce que quelqu'un m'a dit ça va vite,
  • 7:09 - 7:10
    je suis dérouté.
  • 7:10 - 7:12
    Donc, l'image que j'ai de ces mots-là,
  • 7:12 - 7:15
    c'est tranchant, physicalité,
  • 7:15 - 7:17
    poids, taux de voltige,
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    écoulement par terre, bref.
  • 7:21 - 7:25
    Donc, je pars de mon idée,
    je pars de la question,
  • 7:25 - 7:28
    j'amène ça dans les témoins,
    les spécialistes,
  • 7:28 - 7:29
    les spécialistes sont l'humain.
  • 7:30 - 7:33
    Les témoignages m'emmènent
    vers d'autres créateurs, créatrices,
  • 7:33 - 7:34
    concepteurs, conceptrices.
  • 7:34 - 7:35
    J'amène ça aux interprètes.
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    Puis pendant tout ça,
    je compose aussi des chants.
  • 7:40 - 7:42
    Donc, je compose des chants
    en langage inventé.
  • 7:42 - 7:45
    Ce que j'aime dire, c'est un langage,
    c'est une langue que je ne parle pas,
  • 7:45 - 7:46
    mais que je parle secrètement.
  • 7:47 - 7:49
    Et après ça,
  • 7:49 - 7:51
    j'arrive à la phase de l'œuvre.
  • 7:53 - 7:57
    Cette œuvre-là, c'est une hypothèse
    que je propose aux citoyens, citoyennes
  • 7:57 - 7:59
    qui deviennent mon public.
  • 7:59 - 8:02
    Donc, la chorégraphie documentaire
    nous permet
  • 8:03 - 8:05
    de préserver les mémoires des peuples,
  • 8:06 - 8:08
    nous permet d'escaver
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    les défis sociaux à partir de l'oralité.
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    Puis, je reviens dans le fond
  • 8:14 - 8:17
    à un de mes grands amours
    qui est l'oralité
  • 8:18 - 8:19
    à travers les époques,
  • 8:20 - 8:24
    la tradition orale qui est de se parler,
    puis de raconter des histoires.
  • 8:24 - 8:26
    Puis je t'ai dit quelque chose,
    garde-le en secret,
  • 8:27 - 8:29
    ça a traversé les époques.
  • 8:29 - 8:32
    Je pense que ça va battre
    le AI longtemps.
  • 8:32 - 8:35
    Donc, ça fait en sorte
    que moi je m'appuie là-dessus,
  • 8:35 - 8:37
    puis après ça,
    je peux développer mon œuvre
  • 8:37 - 8:41
    et c'est ce que j'ai fait au travers
    de la plupart de mes œuvres,
  • 8:41 - 8:45
    donc, ça m'a amené à me connecter
    avec des spécialistes
  • 8:46 - 8:49
    scientifiques en sciences sociales,
    anthropologie, histoire,
  • 8:49 - 8:51
    ethnomusicologie,
    ethnologie et j'en passe.
  • 8:52 - 8:54
    À me connecter à des spécialistes
    en l'environnement
  • 8:54 - 8:57
    par rapport aux changements climatiques
    comme on a demandé.
  • 8:57 - 9:00
    Ça m'a amené à me connecter
    à des spécialistes comme en ce moment,
  • 9:00 - 9:04
    ça va être la théologie,
    [l'anthologie] astrophysique.
  • 9:04 - 9:09
    Donc là, ça, comment est-ce que le corps
    le déploie en chorégraphie documentaire?
  • 9:09 - 9:11
    C'est d'être à l'écoute,
  • 9:11 - 9:16
    puis d'essayer de mettre son corps
    à disposition avec son savoir.
  • 9:16 - 9:17
    C'est tout ce que je peux dire.
  • 9:17 - 9:20
    Donc voilà, là j'ai parlé beaucoup,
  • 9:20 - 9:23
    mais en gros,
    c'est ça la chorégraphie documentaire,
  • 9:23 - 9:24
    je ne sais pas si c'est clair.
  • 9:25 - 9:29
    J'ai vu des vidéos vous avez fait
    une chorégraphie sur le cœur.
  • 9:29 - 9:30
    Oui.
  • 9:30 - 9:31
    J'avais trouvé ça vraiment beau,
  • 9:31 - 9:34
    mais je pense ça,
    c'est de la chorégraphie documentaire
  • 9:34 - 9:37
    si vous avez vraiment représenté
    pas le coeur dans le genre comme ça
  • 9:37 - 9:40
    mais là vraiment,
    le cœur humain en mouvement.
  • 9:40 - 9:42
    J'ai vu des vidéos,
    mais j'ai trouvé ça vraiment beau.
  • 9:43 - 9:44
    Mais ce qui est vraiment intéressant.
  • 9:44 - 9:47
    En fait, ce que je trouve fascinant
    avec les chorégraphies documentaires,
  • 9:47 - 9:50
    puis pour de vrai,
    je pourrais faire ça toute ma vie.
  • 9:50 - 9:51
    C'est la chose que je me dis.
  • 9:52 - 9:53
    Je peux avoir 90 ans,
  • 9:53 - 9:55
    puis me demander encore
  • 9:55 - 9:58
    comment on va faire
    pour expliquer à des gens,
  • 9:58 - 10:00
    des défis de jeunes
  • 10:00 - 10:02
    qui ne trouvent pas
    leurs repères par exemple.
  • 10:02 - 10:08
    Ou un enfant de cinq ans
    qui vit la malnutrition
  • 10:08 - 10:10
    mais qui doit quand même aller à l'école,
  • 10:10 - 10:12
    son histoire de résilience,
    comment on la raconte.
  • 10:13 - 10:15
    Donc, ce qui est intéressant
    avec l'histoire du cœur,
  • 10:15 - 10:16
    [la symphonie] de cœur,
  • 10:16 - 10:20
    c'est que moi, je me suis toujours dit,
    je vais jamais créer une pièce sur l'amour
  • 10:20 - 10:22
    parce que je pense pas
    que j'ai grand-chose à dire,
  • 10:22 - 10:25
    puis, ça m'épate pas tant que ça
    comme thématique.
  • 10:25 - 10:28
    Pas parce que j'aime pas
    l'amour en lui-même,
  • 10:28 - 10:31
    mais parce que je ne voyais pas,
  • 10:31 - 10:33
    il était où le nœud
    que j'avais envie d'adresser.
  • 10:34 - 10:36
    Et quand je me suis intéressée
    aux maladies cardiovasculaires
  • 10:37 - 10:40
    et aux histoires de résilience
    que les gens vivent
  • 10:40 - 10:43
    et comment dans le corps, le cœur
  • 10:43 - 10:45
    et tout le système cardiovasculaire
  • 10:45 - 10:49
    qui est directement relié
    à la danse fonctionne.
  • 10:50 - 10:52
    Et en rentrant
    dans des salles d'opération,
  • 10:52 - 10:54
    puis en voyant des cœurs ouverts,
  • 10:54 - 10:56
    puis en voyant le système qui bouge,
  • 10:56 - 11:00
    puis en voyant comment les les équipes
    dans les salles d'opération fonctionnent,
  • 11:00 - 11:04
    c'est des chorégraphies sous nos yeux.
  • 11:04 - 11:07
    Je suis sortie de là
    en ayant plein de matières
  • 11:07 - 11:11
    pour ensuite de se diriger
    également avec la cheffe d'orchestre
  • 11:11 - 11:13
    des orientations pour les orchestres
  • 11:13 - 11:16
    en disant, là ils vont jouer
    avec plus d'aplomb
  • 11:16 - 11:19
    parce que dans la salle
    quand les instruments tombent,
  • 11:19 - 11:22
    j'ai besoin qu'on crée un vrai chaos
    pour que ça soit placé.
  • 11:22 - 11:26
    J'ai pu retracer
    la transplantation cardiaque,
  • 11:26 - 11:28
    c'est quoi vraiment le vide
  • 11:28 - 11:30
    et j'ai pu dire aux musiciens,
  • 11:30 - 11:34
    ça fait peut-être 40 ans que vous jouez
    la même chose super bien,
  • 11:34 - 11:37
    mais là j'ai besoin que vous fassiez
    comme si vous ne savez plus comment jouer
  • 11:37 - 11:39
    parce que la transplantation cardiaque,
  • 11:39 - 11:42
    c'est ça, comment on te met
    un nouveau cœur dans ton corps,
  • 11:42 - 11:44
    ton corps déraille,
  • 11:44 - 11:46
    et puis, tu as beau avoir
    la meilleure technique du monde,
  • 11:46 - 11:48
    faut que tu enlèves tout ça d'un coup,
  • 11:48 - 11:49
    puis tu repars à zéro.
  • 11:50 - 11:52
    Donc ça, c'était un défi
    aussi pour les musiciens.
  • 11:52 - 11:54
    C'est que la chorégraphie documentaire
    en d'autres mots
  • 11:54 - 11:57
    pour arrêter de parler de ça,
    mais pas pour parler longtemps,
  • 11:57 - 12:03
    c'est vraiment un outil qui nous permet
    de mieux mettre à défi la danse,
  • 12:04 - 12:06
    de mieux mettre à défi
    le pouvoir de l'art,
  • 12:07 - 12:08
    puis de mieux mettre à défi
  • 12:08 - 12:11
    où est-ce que l'humain se trouve
    aujourd'hui dans la société.
  • 12:14 - 12:16
    C'est vraiment fascinant.
  • 12:18 - 12:23
    Oui, mais c'est clair
    que vous êtes très présente
  • 12:25 - 12:29
    et involved avec tous
    les problèmes sociaux.
  • 12:29 - 12:34
    Est-ce que vous personnellement,
    il y a une raison ou il y a une histoire
  • 12:34 - 12:37
    que vous avez pour laquelle
    vous êtes tellement intéressée
  • 12:37 - 12:39
    dans les problèmes qu'on a
    dans notre société aujourd'hui,
  • 12:39 - 12:41
    quelque chose de personnel
  • 12:41 - 12:45
    qui a vraiment comme fait naître
    cette envie de rechercher et de créer?
  • 12:46 - 12:52
    Oui, en fait, je pense
    que je pourrais nommer qu'en 2014,
  • 12:53 - 12:55
    j'ai commencé la méthodologie
    chorégraphée en 2015.
  • 12:56 - 12:57
    J'ai officiellement commencé
  • 12:57 - 12:59
    la méthodologie chorégraphique
    documentaire.
  • 13:01 - 13:03
    En 2013, j'ai créé une pièce
    qui s'appelle BOW'T
  • 13:03 - 13:06
    qui parle de migration, déportation.
  • 13:06 - 13:08
    Puis, je voulais faire
    le pont mythologique
  • 13:08 - 13:10
    entre ces deux thématiques-là.
  • 13:10 - 13:14
    Et quand est venu le temps
    de faire circuler l'œuvre BOW'T,
  • 13:15 - 13:17
    ici à Montréal, au Québec,
  • 13:17 - 13:21
    mon agente et moi on s'est butés
    à des barrières systémiques
  • 13:22 - 13:23
    qui se traduisaient comment?
  • 13:23 - 13:27
    Par principalement,
    c'était la danse que Rhodnie fait,
  • 13:27 - 13:28
    elle est très traditionnelle,
  • 13:28 - 13:31
    alors que j'ai jamais fait
    de danse traditionnelle
  • 13:31 - 13:32
    dans mes œuvres créées.
  • 13:33 - 13:34
    J'ai pris des cours,
  • 13:34 - 13:36
    mais ça n'a rien à voir
    avec ce que je présente.
  • 13:36 - 13:39
    Donc, j'ai réalisé qu'il y avait vraiment
    un grand défi dans la compréhension,
  • 13:39 - 13:41
    puis il y avait beaucoup
    de freins qui étaient mis
  • 13:41 - 13:44
    au-delà de l'analyse
    de l'excellence de mon œuvre.
  • 13:44 - 13:46
    Est-ce qu'elle est excellente ou pas?
  • 13:46 - 13:49
    Puis la compréhension de c'est quoi
    l'excellence d'une œuvre dans un langage
  • 13:49 - 13:55
    qui n'est pas en ballet classique
    ou en danse contemporaine neurocentrique?
  • 13:56 - 13:59
    Comment la danse contemporaine,
    elle est vulgarisée?
  • 13:59 - 14:01
    J'ai vu qu'il y avait des barrières,
  • 14:01 - 14:03
    qu'il y avait encore
    beaucoup d'éducation à faire.
  • 14:03 - 14:06
    Donc, j'avais envie de quitter le milieu.
  • 14:06 - 14:08
    Je ne me voyais plus
    du tout dans le milieu.
  • 14:09 - 14:12
    Il y a quand même une belle bouée
    de sauvetage qui est arrivée,
  • 14:12 - 14:14
    que j'appelle comme une idée
  • 14:14 - 14:18
    de développer un projet
    dans lequel j'avais démontré
  • 14:19 - 14:21
    à quel point les cultures africaines
    et afro-descendantes
  • 14:21 - 14:24
    sont purement contemporaines.
  • 14:24 - 14:29
    Et même si elles sont nommées,
    même si elles sont ancestrales,
  • 14:29 - 14:30
    elles sont contemporaines
  • 14:30 - 14:32
    parce qu'elles se conjuguent
    directement avec les gens
  • 14:32 - 14:35
    dans le moment présent
    qui la crée et qui la renouvelle.
  • 14:36 - 14:37
    Donc j'ai créé BOW'T TRAIL.
  • 14:37 - 14:40
    BOW'T TRAIL, c'est un parcours
    de mémoire dans les Amériques
  • 14:40 - 14:42
    qui m'a emmené
    sur sept territoires des Amériques
  • 14:42 - 14:44
    à recréer à chaque fois la même pièce.
  • 14:45 - 14:48
    Puis quand je dis recréer,
    c'est que j'ai l'œuvre BOW'T.
  • 14:48 - 14:50
    Il y a comme les muses sur scène,
  • 14:50 - 14:52
    il y a mon corps, il y a un musicien,
  • 14:53 - 14:55
    puis il y a trois boîtes de bois.
  • 14:55 - 14:58
    Donc, ces trois boîtes de bois
    m'ont suivie en Martinique, en Haïti,
  • 14:58 - 15:02
    au Brésil, en Nouvelle-Orléans,
    au Mexique, à Halifax
  • 15:02 - 15:04
    et [Chojag] et Montréal.
  • 15:04 - 15:07
    Et donc j'ai pris la même œuvre,
    puis je me suis dit
  • 15:07 - 15:11
    et si je me donnais 30 jours
    pour la recréer de A à Z
  • 15:11 - 15:14
    avec les musiciens et musiciennes locaux.
  • 15:14 - 15:17
    Puis en même temps, je ne connais pas
    les musiciens et musiciennes.
  • 15:17 - 15:18
    Je ne sais pas si on va s'entendre.
  • 15:19 - 15:21
    On parle même pas les mêmes langues,
    je parlais pas portugais.
  • 15:21 - 15:25
    J'ai baragouiné quelque chose
    pour essayer de dire :
  • 15:26 - 15:29
    « Est-ce qu'on peut développer ça,
    voici mon idée au Brésil? »
  • 15:29 - 15:31
    Ils me disaient : « Reviens,
    on sait pas quelle langue que tu parles.
  • 15:31 - 15:34
    Là, on a un show dans deux semaines,
    puis on ne comprend pas,
  • 15:34 - 15:37
    mais de par ta gestuelle,
    je pense qu'on se comprend. »
  • 15:37 - 15:40
    Donc, la danse m'a m'a ouvert des portes
  • 15:40 - 15:42
    finalement à parler des langues
    que je ne parle pas,
  • 15:42 - 15:43
    puis à réussir à créer.
  • 15:43 - 15:45
    Puis au bout de 30 jours,
  • 15:45 - 15:48
    je présentais dans un lieu
    de mémoire mon œuvre.
  • 15:48 - 15:52
    Et l'œuvre BOW'T qui est créée
    dans chacun des pays
  • 15:52 - 15:55
    ne va jamais circuler,
    pas dans ma vie, pas dans ma mort.
  • 15:55 - 15:58
    C'est déjà dans mon testament,
    ça ne peut pas circuler.
  • 15:58 - 16:01
    La seule œuvre qui peut circuler,
    c'est BOW'T TRAIL Retrospek
  • 16:02 - 16:05
    qui est l'œuvre en fait
    où le territoire, c'est mon corps.
  • 16:05 - 16:07
    Et donc, en retraçant la mémoire
  • 16:07 - 16:09
    et l'histoire des peuples afro-descendants
    dans les Amériques,
  • 16:10 - 16:12
    j'ai effectué des entrevues
  • 16:12 - 16:14
    avec des spécialistes
    sur chacun des territoires.
  • 16:14 - 16:18
    Puis là, j'ai réalisé
    que c'est vraiment trippant.
  • 16:19 - 16:21
    C'est dur de faire le BOW'T TRAIL,
    mais il y a quelque chose de beau,
  • 16:21 - 16:25
    de croustillant dans le fait
    de rencontrer des gens,
  • 16:25 - 16:27
    puis de rentrer directement au studio,
  • 16:27 - 16:29
    puis de créer à partir
    de ces témoignages-là
  • 16:29 - 16:32
    et non pas de plonger
    dans des livres d'histoire
  • 16:32 - 16:35
    qui encore une fois, l'histoire est mal
    racontée dans les livres d'histoire
  • 16:35 - 16:37
    sur les questions africaines,
    afro-descendantes,
  • 16:37 - 16:39
    du moins est en train d'être réécrite,
  • 16:39 - 16:41
    mais elle a malheureusement
    été mal écrite.
  • 16:41 - 16:45
    Donc, qu'est-ce qui me pousse aujourd'hui
    à continuer la chorégraphie documentaire?
  • 16:45 - 16:49
    Parce que je vois
    que c'est un outil de changement social,
  • 16:49 - 16:50
    possible de changement social.
  • 16:51 - 16:54
    Qu'est-ce qui me pousse à créer
    face aux injustices?
  • 16:55 - 17:00
    Moi, j'ai grandi dans une famille
    où ce que la question du droit
  • 17:01 - 17:03
    était discutée à la table à manger.
  • 17:04 - 17:07
    Mes parents sont venus au Québec
    durant l'époque de Duvalier,
  • 17:08 - 17:09
    Duvalier père.
  • 17:09 - 17:13
    Donc, c'est sûr que la radio haïtienne
  • 17:13 - 17:15
    et la radio québécoise,
  • 17:16 - 17:20
    et la télévision américaine étaient
    ouvertes en même temps chez moi.
  • 17:20 - 17:22
    J'entendais les défis d'un peu partout
  • 17:23 - 17:27
    et mes parents nous emmenaient à parler
  • 17:27 - 17:32
    avec appelons des défis,
    puis à essayer de les résoudre à la table.
  • 17:32 - 17:35
    C'est comme si on prenait
    l'enjeu de la Colombie
  • 17:35 - 17:37
    puis on se disait,
    ah on n'est pas d'accord
  • 17:37 - 17:38
    qu'est-ce qui se passe ?
  • 17:38 - 17:40
    Puis là, on on débattait à table,
  • 17:40 - 17:46
    donc, j'ai été entraînée à réfléchir
  • 17:46 - 17:48
    à comment en tant qu'être humain,
  • 17:48 - 17:52
    on a un rôle
    dans les décisions qu'on prend,
  • 17:52 - 17:57
    mais également à être au fait
    des iniquités sociales
  • 17:57 - 18:00
    que ce soit au niveau
  • 18:01 - 18:05
    de la hausse flagrante de l'itinérance
    et de profils de gens
  • 18:05 - 18:10
    qui habituellement n'étaient pas reconnus
    comme étant des personnes itinérantes,
  • 18:10 - 18:14
    mais qui du jour au lendemain
    en raison de la situation des logements
  • 18:14 - 18:15
    se retrouvent dans cette iniquité.
  • 18:16 - 18:17
    Donc pour moi,
  • 18:18 - 18:20
    je repère rapidement
    les situations d'iniquité
  • 18:21 - 18:22
    quand elles sont nommées,
  • 18:22 - 18:24
    même quand elles ne sont pas
    nommées aussi.
  • 18:25 - 18:29
    Et je me suis toujours dit que l'art
    est une arme extrêmement puissante
  • 18:30 - 18:33
    et que si je fais usage de cette arme-là,
  • 18:33 - 18:38
    il faut que ça soit pour faire chavirer
    quelque chose qui a le même poids.
  • 18:38 - 18:40
    Ça, c'est ma devise à moi.
  • 18:41 - 18:44
    Ça ne veut pas dire que je ne vais pas
    être amenée à créer des œuvres
  • 18:46 - 18:49
    pour le plaisir, mais je veux vraiment,
  • 18:49 - 18:52
    je veux qu'il y ait une cause
    à laquelle je réponde.
  • 18:52 - 18:53
    Ça, c'est pour moi, c'est mon art.
  • 18:55 - 18:59
    Donc là, on veut comme un peu changer
    de sujet si ça vous dérange pas
  • 18:59 - 19:03
    parce qu'en fait Ballet Forward,
    c'est basé sur le racisme anti-noir,
  • 19:03 - 19:05
    donc le but du projet,
    c'est d'ouvrir les mentalités et tout.
  • 19:06 - 19:10
    Puis je voulais savoir si le ballet
    est ancré en Europe
  • 19:10 - 19:13
    sur des bases conservatrices
    et traditionnelles il y a longtemps.
  • 19:14 - 19:18
    C'est qu'un ore qui peut discriminer
    puis exclure beaucoup de communautés.
  • 19:18 - 19:20
    Puis est-ce que le racisme
    est quelque chose,
  • 19:20 - 19:22
    si vous êtes à l'aise d'en parler,
  • 19:22 - 19:25
    c'est quelque chose
    que vous avez déjà senti
  • 19:25 - 19:29
    ou vous avez déjà vécu
    encore et toujours dans le milieu
  • 19:29 - 19:31
    et avant aussi bien sûr.
  • 19:32 - 19:35
    Je pense que la base,
  • 19:35 - 19:37
    il y a beaucoup de layers là-dedans.
  • 19:38 - 19:41
    Ce qu'il faut se rappeler,
    c'est que le corps
  • 19:42 - 19:46
    est un des instruments
    les plus magnifiques pour se rallier
  • 19:47 - 19:51
    et un des instruments les plus drastiques
    et épouvantables pour nous discriminer.
  • 19:53 - 19:55
    Et étant dans un milieu,
  • 19:56 - 20:01
    donc la danse où ce que le corps,
    c'est l'outil principal,
  • 20:01 - 20:04
    malheureusement, que ce soit en ballet
    ou dans d'autres formes,
  • 20:05 - 20:09
    il y a le regard et la perception
  • 20:10 - 20:13
    qui deviennent un outil de mesure.
  • 20:13 - 20:18
    Donc, qu'est-ce que je perçois
    de la capacité d'un corps
  • 20:18 - 20:20
    avant même qu'il bouge?
  • 20:20 - 20:24
    Est-ce que je sens
    qu'il rentre dans les catégories
  • 20:24 - 20:31
    que ma pratique défend
    ou ma pratique dit?
  • 20:32 - 20:33
    Je prends un exemple.
  • 20:34 - 20:38
    Quand j'avais 11 ans,
    j'avais passé plusieurs auditions
  • 20:38 - 20:41
    parce que je voulais rentrer
    dans un profil programme études
  • 20:41 - 20:42
    dans cette étude-là.
  • 20:42 - 20:48
    Donc à l'époque,
    il y avait dans votre école
  • 20:49 - 20:53
    qui auparavant m'ont dit quel nom
    ça portait l'école... supérieure.
  • 20:53 - 20:54
    Danse?
  • 20:54 - 20:55
    Non, il y avait un autre nom,
  • 20:55 - 20:59
    je vais trouver...
    je ne sais plus le nom,
  • 20:59 - 21:05
    mais il semble qu'il y avait
    le titre École supérieure de...
  • 21:05 - 21:09
    [Inaudible], bref.
  • 21:10 - 21:14
    Cette école, j'avais appliqué
    comme la plupart des jeunes filles
  • 21:14 - 21:17
    qui appliquaient [derrière Laporte],
    donc surtout des filles.
  • 21:17 - 21:19
    Puis j'avais appliqué aussi
    à l'école [Laporte].
  • 21:19 - 21:21
    Et quand j'ai reçu,
  • 21:21 - 21:24
    c'est sûr que je voulais faire
    partie de la première école
  • 21:24 - 21:25
    de laquelle j'avais appliqué.
  • 21:25 - 21:27
    Quand j'ai reçu ma lettre de refus,
  • 21:28 - 21:29
    ma lettre de refus
  • 21:31 - 21:33
    ne me disait pas juste
    que j'avais eu un refus.
  • 21:34 - 21:36
    Elle analysait mon corps
    selon des stéréotypes
  • 21:36 - 21:38
    de qu'est-ce que le ballet devrait avoir.
  • 21:39 - 21:42
    Et donc pour de vrai,
    je pense que j'aurais dû garder ma lettre,
  • 21:43 - 21:45
    elle décortiquait mes muscles,
  • 21:46 - 21:48
    que mes muscles de jambes
    étaient trop larges
  • 21:48 - 21:51
    par rapport à l'esthétisme
    qui était souhaité,
  • 21:52 - 21:56
    que mes rondeurs ne répondaient pas
    aux cas d'esthétique,
  • 21:56 - 21:59
    c'était mais d'une horreur,
    ce que j'avais reçu,
  • 21:59 - 22:03
    et je suis convaincue qu'aujourd'hui,
    c'est pas le genre de lettre qu'on envoie
  • 22:03 - 22:05
    parce que les époques ont évolué
  • 22:05 - 22:07
    et qu'il y a beaucoup d'éducation
    qui a été faite
  • 22:08 - 22:09
    Mais cette lettre,
  • 22:09 - 22:12
    quand je l'ai ouverte,
    moi j'attends la poste.
  • 22:12 - 22:13
    Je vois le facteur qui arrive,
  • 22:13 - 22:15
    j'ouvre ma lettre,
    je suis comme toute excitée.
  • 22:16 - 22:18
    Puis, c'est une chape de plomb
  • 22:18 - 22:23
    qui est en train de sculpter
    d'une nouvelle façon
  • 22:23 - 22:25
    qu'est-ce que moi
    je devrais avoir comme corps.
  • 22:25 - 22:29
    C'est comme si on disait
    aux jeunes personnes
  • 22:29 - 22:31
    qui veulent devenir
    danseur ou danseuse,
  • 22:32 - 22:35
    prends un magazine, regarde ce corps-là,
  • 22:35 - 22:37
    puis rentre ton corps dedans.
  • 22:38 - 22:41
    Mais si tu ne fit pas, you're out.
  • 22:41 - 22:45
    Et étant dans un milieu
    où ce que l'excellence,
  • 22:45 - 22:47
    mais surtout je dirais l'exigence,
  • 22:48 - 22:51
    l'acharnement qui peut être positif là,
  • 22:51 - 22:55
    à vouloir atteindre une perfection,
    à se surdépasser.
  • 22:55 - 22:57
    Quand tu es très jeune
  • 22:57 - 22:59
    et puis que tu as déjà
    été entraînée à ça,
  • 22:59 - 23:01
    quand tu reçois une lettre comme ça,
  • 23:01 - 23:03
    qui te dit, va sculpter
    ton corps autrement.
  • 23:05 - 23:08
    Tu corresponds pas aux codes culturels
    qu'on veut dans le ballet.
  • 23:09 - 23:11
    C'est même pas une question
    de hauteur ou autre.
  • 23:11 - 23:15
    C'est vraiment ton corps,
    il va jamais « fitter ».
  • 23:16 - 23:19
    Et je me rappelle avoir été
    en miettes à ce moment-là.
  • 23:19 - 23:21
    Heureusement qu'il y avait Laporte
  • 23:21 - 23:24
    qui faisait ces auditions
    pas très loin après,
  • 23:24 - 23:25
    puis que j'ai été sélectionnée,
  • 23:25 - 23:29
    mais je me rappelle encore
    être assise pendant mon temps d'été
  • 23:29 - 23:33
    avec les autres personnes de ma classe,
    puis qu'on se racontait
  • 23:33 - 23:36
    ce qu'on avait reçu
    de cette école-là comme lettre.
  • 23:38 - 23:44
    Donc ça, je considère que c'était oui,
    des actes de discrimination sélective
  • 23:44 - 23:49
    de par la physionomie culturelle
    que je portais
  • 23:49 - 23:52
    et non pas son accomplissement
  • 23:52 - 23:55
    en termes de gestuelle, d'excellence,
  • 23:55 - 23:58
    son background d'apprentissage
    du ballet classique.
  • 23:58 - 24:00
    Tu n'es pas sur un outil de mesure
  • 24:01 - 24:05
    comparable par rapport
    à l'expérience d'apprentissage.
  • 24:05 - 24:08
    C'était basé purement sur de l'esthétique.
  • 24:08 - 24:10
    Et ça, pour moi,
  • 24:11 - 24:13
    ça a été un des grands freins que j'ai vu
  • 24:13 - 24:15
    parce que je ne me voyais pas,
  • 24:15 - 24:19
    alors que j'étais bien souvent
    la seule personne noire dans mes classes.
  • 24:20 - 24:22
    Je ne voyais pas ces discriminations
  • 24:22 - 24:25
    jusqu'à ce moment-là
    et par la suite au secondaire,
  • 24:26 - 24:28
    mais c'est certain que l'attribution
    de certains rôles,
  • 24:30 - 24:33
    les grands rôles,
    je n'y accédais pas nécessairement
  • 24:33 - 24:37
    parce que c'était assez rapide
    qu'on écartait la possibilité.
  • 24:40 - 24:42
    Ce qui était aussi chavirant
    malheureusement en ballet,
  • 24:42 - 24:45
    c'est que souvent ton corps
    dans le corps de ballet,
  • 24:46 - 24:49
    là, on ne te le dit pas,
    mais des fois ça peut être sournois.
  • 24:50 - 24:52
    Si on te prend puis qu'on te dit,
    va de noveau au bout,
  • 24:53 - 24:54
    tu sais, va au bout.
  • 24:54 - 24:55
    Là, tu te dis,
  • 24:55 - 24:58
    première œuvre, je vais au bout,
    deuxième œuvre, je vais au bout,
  • 24:58 - 24:59
    troisième œuvre, je vais au bout.
  • 24:59 - 25:01
    Toutes les œuvres,
    je me mets toujours au bout
  • 25:01 - 25:04
    dans toutes les photos que je regarde,
    j'ai été toujours mis au bout.
  • 25:06 - 25:09
    Qu'est-ce que je viens déranger
    dans le corps de ballet?
  • 25:10 - 25:13
    Est-ce que c'est parce que
    je viens de débalancer la photo ?
  • 25:15 - 25:17
    Ou est-ce que c'est vraiment
  • 25:17 - 25:19
    parce que mon rôle
    devrait être à droite tout le temps?
  • 25:19 - 25:21
    Et tant on peut le voir facilement
  • 25:21 - 25:24
    pour même des photos officielles
    d'autres domaines.
  • 25:25 - 25:29
    Donc pour moi, c'était comme la chose
  • 25:29 - 25:31
    qui venait tout le temps me soulever
    un questionnement
  • 25:31 - 25:32
    notamment en ballet.
  • 25:33 - 25:35
    La question sur l'ouverture,
  • 25:35 - 25:38
    j'ai eu des conversations aussi,
    sur l'ouverture dans le corps.
  • 25:38 - 25:40
    Ah mais tu sais dans le fond,
    c'est correct,
  • 25:40 - 25:42
    est-ce que tu peux être
    juste à ce niveau-là?
  • 25:42 - 25:45
    Puis, je me disais mais non,
    je peux travailler mon extension,
  • 25:45 - 25:47
    c'est pas que je peux pas.
  • 25:47 - 25:48
    Donc, ce sont
  • 25:50 - 25:52
    des petites semences d'information
  • 25:53 - 25:57
    qui pendant que le piano joue,
    puis qu'on entend « And one and two »,
  • 25:57 - 25:59
    puis [qu'on respire pour voir], etc.,
  • 25:59 - 26:02
    que cette information
    aussi vient de se placer
  • 26:02 - 26:06
    au même moment
    qu'un ajustement de posture.
  • 26:07 - 26:10
    Et ce qui se passe,
    c'est que c'est sournois
  • 26:10 - 26:14
    mais ça vient malheureusement sculpter
  • 26:14 - 26:17
    qu'est-ce que toi,
    tu as comme perception de ton corps,
  • 26:17 - 26:19
    là, tu veux faire
    plus, plus, plus, plus, plus
  • 26:19 - 26:21
    que la personne devant toi
    ou qui est derrière toi
  • 26:21 - 26:24
    dans l'exercice de la barre par exemple.
  • 26:25 - 26:28
    Donc ça, ce sont des petites choses
  • 26:28 - 26:32
    qui font en sorte que comme
    d'autres personnes dans ma classe
  • 26:32 - 26:34
    qui sont passées par là,
  • 26:34 - 26:36
    j'ai toujours fait plus, plus, plus.
  • 26:36 - 26:37
    Puis même quand les classes terminaient,
  • 26:37 - 26:39
    je restais en classe,
    puis je faisais plus, plus, plus
  • 26:39 - 26:43
    pour pouvoir répondre
    non seulement à la note
  • 26:43 - 26:45
    qui a été donnée dans la classe
    pour tout le monde,
  • 26:45 - 26:47
    répondre à mes propres notes à moi,
  • 26:47 - 26:50
    puis faire mieux parce que
    faut que je fasse mieux.
  • 26:50 - 26:54
    Donc ce que ça amène,
    c'est que tu n'es jamais à ta place.
  • 26:55 - 26:57
    Et je me rappellerai toujours,
  • 26:57 - 27:01
    j'ai eu une professeur un jour,
    Marie-Rose Chama, à qui je parle encore
  • 27:02 - 27:04
    qui est venue me voir un jour
    puis qui m'a dit Rhodnie,
  • 27:04 - 27:06
    faut que je te raconte
    qu'est-ce que tu risques de vivre.
  • 27:06 - 27:08
    Et cette femme est d'origine libanaise,
  • 27:09 - 27:10
    puis, elle m'a pris à part,
  • 27:10 - 27:12
    puis, elle m'a dit :
    « Là, tu vas vivre des barrières,
  • 27:13 - 27:15
    tu vas vivre du racisme dans le milieu,
  • 27:15 - 27:17
    puis, il y a différents marchés,
  • 27:17 - 27:19
    là, tu vas rentrer
    dans des auditions bientôt.
  • 27:19 - 27:21
    Puis, je veux juste
    te préparer tout de suite. »
  • 27:22 - 27:24
    Et cette femme-là, pour moi,
  • 27:24 - 27:27
    je ne comprenais pas à l'époque,
    je me disais pourquoi elle me dit ça?
  • 27:27 - 27:28
    Mais non, je suis correcte.
  • 27:28 - 27:33
    Mais elle me préparait
    à qu'est-ce que le ballet me présentait.
  • 27:33 - 27:36
    Et qu'est-ce qu'on ne me disait pas
    à haute voix,
  • 27:36 - 27:39
    mais elle a eu le courage
    de me le dire très clairement.
  • 27:40 - 27:44
    Et c'est par la suite que justement,
    j'ai choisi d'autres formes artistiques
  • 27:45 - 27:47
    parce que moi, ça répondait
    vraiment à ce que je voulais,
  • 27:49 - 27:51
    mais c'est certain que se faire dire :
  • 27:51 - 27:55
    « Là quand tu montes sur les pointes,
    tu n'as pas une ligne parfaite
  • 27:55 - 27:57
    parce que on le sait,
    ton corps est fait différent. »
  • 27:58 - 28:00
    Ce sont des petits ajustements,
  • 28:00 - 28:03
    mais comme on sait
    que dans le ballet où la danse,
  • 28:03 - 28:05
    c'est des constants ajustements
  • 28:05 - 28:09
    qu'on veut tout le temps être
    tellement sur la ligne en perfection
  • 28:09 - 28:10
    avec l'ensemble,
  • 28:10 - 28:14
    puis vraiment faire un grand corps
    ou être soliste,
  • 28:16 - 28:19
    ça fait en sorte qu'on est mis à l'écart.
  • 28:19 - 28:23
    Donc voilà, ça c'est une longue histoire,
  • 28:23 - 28:26
    mais que je peux en raconter
    plein d'autres comme ça.
  • 28:28 - 28:32
    Après d'avoir tout partagé avec nous ça,
  • 28:32 - 28:35
    j'ai une question et une question aussi
    qui vient de [mes pairs] :
  • 28:35 - 28:37
    pour les gens qui sont,
  • 28:37 - 28:39
    je ne sais pas si dans la même situation,
  • 28:39 - 28:44
    mais qui partagent un sentiment
    de rage ou de tristesse
  • 28:44 - 28:47
    ou de sentir qu'ils ne vont
    jamais être à leur place,
  • 28:47 - 28:49
    avez-vous des avis
  • 28:50 - 28:56
    que ce soit des conseils,
  • 28:56 - 28:58
    des conseils comme je ne sais pas
  • 28:58 - 29:02
    si c'est plus dans le genre personnel
  • 29:04 - 29:07
    ou d'essayer de comprendre
    le monde de la danse ?
  • 29:07 - 29:10
    Mais oui, juste des conseils à partager.
  • 29:13 - 29:14
    Je pense que la colère,
  • 29:14 - 29:17
    elle est valable dans ces moments-là.
  • 29:18 - 29:21
    Puis souvent, on va vouloir
    parce qu'on apprend à être...
  • 29:22 - 29:24
    et je pense que dans le ballet, moi,
  • 29:24 - 29:26
    c'est qu'est-ce que
    ça m'a appris entre autres ?
  • 29:26 - 29:28
    Puis après ça dans d'autres formes,
    j'ai appris autre chose
  • 29:28 - 29:31
    mais tu sais la retenue, la politesse,
  • 29:32 - 29:34
    on ne dit pas trop,
  • 29:34 - 29:36
    on monte pas trop,
    monte pas, monte pas, tu sais.
  • 29:41 - 29:43
    S'éduquer, c'est la meilleure des choses.
  • 29:45 - 29:46
    Il faut s'éduquer.
  • 29:47 - 29:49
    S'éduquer,
    parler avec différentes générations.
  • 29:50 - 29:54
    Moi, j'ai parlé avec, et je parle encore,
    j'ai encore des mentors
  • 29:54 - 29:56
    et j'arrêterai jamais d'avoir des mentors.
  • 29:57 - 30:00
    Puis oser cogner à la porte d'une personne
  • 30:00 - 30:03
    que tu sais même pas cette personne-là
    a peut-être eu ce vécu-là,
  • 30:03 - 30:06
    mais te dirais, toi-là
    comme il y a 10 ans,
  • 30:06 - 30:08
    puis il y a 20 ans, puis il y a 30 ans,
  • 30:08 - 30:10
    est-ce que ça se pourrait
    que tu aurais vécu ça?
  • 30:10 - 30:12
    Puis, est-ce que tu pourrais m'en parler?
  • 30:14 - 30:15
    Partager,
  • 30:15 - 30:17
    ne jamais douter de son instinct.
  • 30:17 - 30:19
    Tu le sais
    quand il y a une discrimination,
  • 30:19 - 30:21
    il y a pas de millions de chemins là.
  • 30:21 - 30:26
    Et souvent on te fait dire,
    non voyons donc, t'exagère.
  • 30:28 - 30:29
    Et moi ce que j'ai appris,
  • 30:30 - 30:35
    c'est quand ton petit instinct te dit
    que c'est une discrimination,
  • 30:36 - 30:38
    disons que 95 % du temps, c'est ça.
  • 30:39 - 30:42
    Et peut-être il y a eu un 5 %
    où je me suis dit,
  • 30:43 - 30:47
    oui, j'avoue que ça peut-être,
    que j'ai été un peu vite dans la chose.
  • 30:48 - 30:53
    Mais le fondement
    d'une discrimination surtout sournoise,
  • 30:53 - 30:57
    sournoise étant,
    on ne te le dit pas dans ton visage,
  • 30:57 - 30:59
    on ne te le dit pas directement,
  • 30:59 - 31:02
    mais ce sont dans les actions
    que tu t'en rends compte.
  • 31:03 - 31:06
    Ça peut être à la fois
    sur t'asseoir à une table
  • 31:06 - 31:08
    ou s'asseoir quelque part
    puis la place se comble,
  • 31:08 - 31:11
    puis t'as plus de place,
    donc là, tu sais plus trop où te placer.
  • 31:12 - 31:14
    Ça peut être dans l'attribution
    de certains rôles.
  • 31:15 - 31:20
    Puis, moi ce que j'ai appris,
    c'est de confronter intelligemment,
  • 31:21 - 31:24
    puis, c'est pas toujours facile,
    c'est pas encore facile de le faire.
  • 31:24 - 31:27
    Mais la conversation,
  • 31:30 - 31:31
    une fois que tu t'es affirmée,
  • 31:32 - 31:34
    est souvent un outil redoutable.
  • 31:35 - 31:40
    Et d'oser questionner
    sans chercher de réponse,
  • 31:40 - 31:42
    oser questionner l'adversaire je dirais
  • 31:42 - 31:46
    ou oser questionner la personne
    ou les contextes.
  • 31:47 - 31:50
    Puis quand c'est une situation collective,
  • 31:50 - 31:53
    parce que ça arrive aussi
    que ce soit collectif,
  • 31:54 - 32:00
    malheureusement,
    c'est de faire stop sur le temps,
  • 32:00 - 32:01
    puis de dire : « On a besoin de se parler.
  • 32:02 - 32:05
    Puis là, vous avez besoin
    d'ouvrir vos oreilles,
  • 32:05 - 32:07
    vous serez vraiment pas
    content de ce que je vais dire.
  • 32:08 - 32:10
    Mais il va falloir qu'on fasse
    un miroir de la situation.
  • 32:10 - 32:12
    Puis, vous n'aimerez
    peut-être pas mon miroir,
  • 32:12 - 32:16
    vous serez peut-être pas content
    ni même d'accord avec mon miroir,
  • 32:16 - 32:19
    mais j'attends pas une réponse
    de vous aujourd'hui.
  • 32:19 - 32:21
    Je vous demande juste de comprendre
  • 32:21 - 32:23
    qu'il y a peut-être
    un miroir quelconque. »
  • 32:24 - 32:27
    Puis c'est de prendre son courage,
    puis de le présenter.
  • 32:27 - 32:29
    Puis des fois, ça fait son chemin
    pour les personnes.
  • 32:29 - 32:33
    Il y a eu vraiment
    de magnifiques histoires
  • 32:34 - 32:38
    de réconciliation, de rencontres,
  • 32:39 - 32:43
    de respect, d'excuses qu'ils t'ont faites
    et ça j'y crois.
  • 32:45 - 32:47
    L'être humain,
    tout comme les autres espèces,
  • 32:47 - 32:53
    est amené à s'adapter
    et est amené à évoluer.
  • 32:54 - 32:56
    On n'est pas contraire aux autres espèces.
  • 32:56 - 32:58
    Après ça, il y a du monde qui sont durs.
  • 32:58 - 33:04
    Bon, mais tant que les choses
    se font dans le respect,
  • 33:04 - 33:06
    puis des fois, c'est bon
    de laisser passer du temps.
  • 33:06 - 33:09
    Et moi, j'ai laissé passer
    sur certaines choses
  • 33:09 - 33:13
    et je restais sans dire un mot
    pendant plusieurs années,
  • 33:13 - 33:15
    pas parce que je ne voulais pas dire mot,
  • 33:15 - 33:17
    pas parce que je dis pas
    un mot devant les gens
  • 33:17 - 33:19
    que je ne fais rien en arrière.
  • 33:19 - 33:22
    Et je pense que le BOW'T TRAIL
    en est un exemple.
  • 33:25 - 33:28
    Quand c'est sorti,
    le web documentaire de 75 vidéos
  • 33:28 - 33:30
    qui m'ont dit
    que j'en ai encore des vidéos
  • 33:30 - 33:32
    qui ne sont pas encore sorties
    que j'ai juste hâte de sortir.
  • 33:33 - 33:35
    Quand Radio-Canada m'a annoncé
  • 33:36 - 33:38
    trois jours après que j'avais
    accouché de mon petit
  • 33:38 - 33:40
    qui prenait un web documentaire,
  • 33:40 - 33:42
    la websérie et un moyen métrage,
  • 33:43 - 33:47
    je tenais mon enfant,
    puis je disais à mon équipe :
  • 33:47 - 33:49
    « Est-ce que vous me laissez
    un peu genre une semaine,
  • 33:49 - 33:50
    je viens d'accoucher. »
  • 33:50 - 33:54
    Puis, je m'attendais vraiment pas
    à ce qu'on ait trois projets en même temps
  • 33:54 - 33:56
    qui sortent à radio Cannes.
  • 33:57 - 34:02
    Alors que j'avais vraiment peur
    de ne pas être capable de sortir
  • 34:02 - 34:04
    tout ce que j'avais récolté
    au travers des années
  • 34:04 - 34:06
    parce qu'il n'y avait
    aucun diffuseur qui disait oui.
  • 34:06 - 34:08
    On se faisait dire non,
  • 34:08 - 34:10
    que ça n'allait pas intéresser les gens,
    puis que c'est ça.
  • 34:12 - 34:13
    Donc,
  • 34:13 - 34:16
    je crois profondément
    dans la conversation,
  • 34:17 - 34:19
    mais dans son temps.
  • 34:21 - 34:23
    Puis quand je dis dans son temps,
  • 34:23 - 34:26
    c'est que pas tout le monde
    qui est rendu à converser.
  • 34:27 - 34:29
    Il ne faut pas se forcer soi à converser.
  • 34:29 - 34:31
    Puis même quand il y a
    une situation de discrimination,
  • 34:31 - 34:33
    puis d'aller, on va s'asseoir,
    on va parler.
  • 34:33 - 34:36
    Si tu n'es pas prêt, tu n'es pas prêt.
  • 34:37 - 34:38
    Puis, tu as le droit de pas être prêt.
  • 34:39 - 34:44
    Puis les discriminations,
    c'est des scars dans l'âme.
  • 34:45 - 34:47
    Ça reste bien souvent pour la vie.
  • 34:48 - 34:49
    Et cette profondeur-là,
  • 34:50 - 34:54
    si c'est moindrement saisi par les gens,
  • 34:55 - 35:00
    ça va leur permettre de comprendre
    pourquoi il n'y a pas de conversation,
  • 35:01 - 35:04
    pourquoi ça peut prendre
    cinq ans, six ans, sept ans,
  • 35:05 - 35:07
    pourquoi il va y avoir une distance
  • 35:08 - 35:12
    et pourquoi rendu au moment de se parler,
    ce sera le bon moment.
  • 35:13 - 35:19
    Donc se rencontrer,
    se laisser du temps, s'éduquer,
  • 35:19 - 35:24
    lire, voir des documentaires,
    parler avec des gens.
  • 35:28 - 35:32
    Je pense qu'on va être
    dans nos dernières questions,
  • 35:33 - 35:36
    je vais parler encore
    un peu de vos créations,
  • 35:36 - 35:39
    puis, on avait pensé tout à l'heure,
    on avait dit,
  • 35:39 - 35:43
    comment est-ce que vous abordez
    justement les racistes
  • 35:43 - 35:45
    et les enjeux comme ça
    dans vos créations?
  • 35:45 - 35:47
    Je sais que vous nous avez expliqué
  • 35:47 - 35:51
    comment vous faisiez un peu
    avec le la chorégraphie documentaire,
  • 35:51 - 35:54
    mais vraiment, on parle de racisme
  • 35:54 - 35:58
    et si vous en avez déjà fait une,
    comment vous êtes basée,
  • 35:58 - 36:00
    est-ce que vous avez comme sur quoi,
  • 36:00 - 36:03
    est-ce que c'était sur votre passé,
    sur des témoins?
  • 36:07 - 36:09
    Ce qui est intéressant
    dans la chorégraphie documentaire,
  • 36:09 - 36:11
    c'est que c'est jamais à propos de moi.
  • 36:11 - 36:13
    Je peux partir d'un vécu,
  • 36:13 - 36:15
    je pense que comme
    n'importe quelle personne,
  • 36:15 - 36:17
    on est biaisé sur un sujet
  • 36:18 - 36:19
    parce qu'on a un vécu.
  • 36:20 - 36:24
    Puis la beauté,
    c'est que le parcours du BOW'T TRAIL
  • 36:24 - 36:28
    parce que mes œuvres parlent pas
    toutes de racisme et de discrimination.
  • 36:28 - 36:30
    Même le BOW'T TRAIL, c'est un parcours,
  • 36:31 - 36:35
    oui qui parle de la traite négrière,
    qui parle des discriminations,
  • 36:36 - 36:37
    mais qui met de l'avant
  • 36:38 - 36:41
    et les 15 musiciens avec qui
    j'ai travaillés à travers le monde,
  • 36:41 - 36:44
    ça met de l'avant la force de résilience,
  • 36:44 - 36:46
    la force de recréation culturelle.
  • 36:46 - 36:49
    Je veux dire c'est quand même
    assez fascinant qu'aujourd'hui,
  • 36:50 - 36:52
    aujourd'hui là, on est capable,
  • 36:54 - 36:58
    on est même pas capable en fait
    de nommer tous les rythmes
  • 36:58 - 37:01
    et tous les mouvements musicaux du monde
  • 37:01 - 37:05
    qui existent basés sur les rythmiques
    africaines, afro-descendantes
  • 37:05 - 37:06
    parce qu'au moment où on se parle,
  • 37:06 - 37:08
    il y en a plein d'autres
    qui vont en train de se faire,
  • 37:08 - 37:09
    qu'on est même pas au courant.
  • 37:09 - 37:11
    Puis, je prends un exemple
    quand j'étais au Brésil,
  • 37:12 - 37:14
    il y a ce qu'on appelle le Passinho.
  • 37:14 - 37:17
    Puis le Passinho,
    c'est les jeunes des favelas
  • 37:17 - 37:19
    qui sont venus me parler de ça.
  • 37:19 - 37:22
    J'étais dans un musée qui s'appelle
  • 37:22 - 37:25
    El Museo de los Pretos Novas,
    à Rio de Janeiro.
  • 37:25 - 37:28
    Ils étaient assis avec des chercheurs,
    puis on parlait,
  • 37:28 - 37:31
    puis, je parlais de ma recherche.
  • 37:31 - 37:35
    Il y a une dame silencieuse
    qui m'a dit, moi, je suis avocate,
  • 37:35 - 37:38
    je suis aussi danseuse, Carolina Perez,
  • 37:39 - 37:42
    j'étais la seule avocate noire
    dans mon université,
  • 37:42 - 37:44
    puis, j'ai lancé un mouvement
  • 37:44 - 37:50
    qui permet aux jeunes de se mobiliser
    plutôt que d'utiliser des armes.
  • 37:51 - 37:54
    Puis à l'époque, c'était chaque...
  • 37:56 - 37:58
    je pense que c'était chaque 30 minutes.
  • 37:58 - 38:01
    Oh mon Dieu, il faudrait
    que je revoie la statistique.
  • 38:01 - 38:04
    Chaque 23 minutes,
    il y a un jeune noir
  • 38:04 - 38:07
    qui meurt en raison
    de racisme systémique au Brésil,
  • 38:07 - 38:08
    puis ça, c'était en 2016.
  • 38:10 - 38:13
    Donc cette situation-là,
  • 38:13 - 38:15
    elle m'a dit moi, j'ai des jeunes,
  • 38:15 - 38:17
    puis, ça se peut qu'il y en ait un
    qui part un moment donné
  • 38:17 - 38:20
    parce que la police a décidé
    autrement de sa vie.
  • 38:22 - 38:25
    Puis quand je suis arrivée au Brésil,
    il y avait une manifestation de mères,
  • 38:26 - 38:30
    afro-descendants et autochtones
    qui marchaient côte à côte
  • 38:30 - 38:32
    pour lutter contre
    les discriminations raciales.
  • 38:34 - 38:37
    Quand on dit parler de racisme
    dans ses œuvres,
  • 38:37 - 38:42
    pour moi, c'est plutôt de donner voix
    à ces femmes qui ont marché dans la rue,
  • 38:42 - 38:45
    de donner voix à ces jeunes
    qui m'ont parlé du Passinho,
  • 38:45 - 38:48
    qui me disent, nous on danse
    à pieds nus dans la favela
  • 38:48 - 38:50
    pour dire qu'on existe encore.
  • 38:50 - 38:52
    Puis comment je leur ai donné
    une voix dans l'œuvre,
  • 38:52 - 38:56
    j'étais tellement en larmes
    quand ils m'ont raconté leurs histoires
  • 38:56 - 38:58
    que moi normalement, c'est un solo,
  • 38:58 - 39:00
    puis, je leur ai dit,
    je ne peux pas danser un solo.
  • 39:00 - 39:03
    Je ne peux pas,
    ça serait ne pas vous écouter.
  • 39:03 - 39:06
    Ce qui fait qu'à la moitié de mon œuvre
    quand je vais ouvrir mon message,
  • 39:06 - 39:08
    parce que j'ai toujours un message
    dans mon œuvre,
  • 39:08 - 39:10
    mais j'ai besoin
    que vous débarquez de l'audience
  • 39:10 - 39:13
    puis que vous veniez sur scène
    et que faites ce que vous voulez,
  • 39:13 - 39:17
    on n'est pas dans quelque chose
    d'excellence, perfection,
  • 39:17 - 39:19
    on est dans l'excellence de dire
    aux gens que vous existez,
  • 39:19 - 39:22
    puis ça se peut que vous ne soyez plus là.
  • 39:22 - 39:24
    J'aimerais que vous veniez
    prendre parole dans mon œuvre,
  • 39:24 - 39:27
    puis, vous en faites ce que vous voulez,
    ça vous appartient.
  • 39:27 - 39:31
    Donc pour moi, c'est ainsi que je parle.
  • 39:31 - 39:32
    C'est ainsi que je donne voix
  • 39:32 - 39:35
    parce que je fais des ponts
    avec des réalités.
  • 39:36 - 39:38
    Puis ces jeunes-là, on s'est reparlé,
  • 39:38 - 39:41
    ils avaient les larmes aux yeux,
    ils me disaient : « Rhodnie,
  • 39:41 - 39:44
    tu as compris notre réalité,
    tu as compris ce qu'on vit. »
  • 39:44 - 39:47
    Puis pour moi, je suis contente parce que
    j'ai pu montrer aux gens que j'existe,
  • 39:47 - 39:52
    mais on n'est pas dans applaudir une œuvre
    parce qu'elle est belle ou pas.
  • 39:52 - 39:55
    On est dans des questions
    de vie ou de mort.
  • 39:56 - 39:59
    Et c'est ça finalement,
    le BOW'T TRAIL aussi.
  • 39:59 - 40:01
    Donc, le BOW'T TRAIL raconte ça.
  • 40:02 - 40:04
    Puis, comment je retrace ces images-là,
  • 40:04 - 40:08
    c'est dans la pesanteur
    que ça réside dans mon corps.
  • 40:08 - 40:10
    Donc, quand je danse
    BOW'T TRAIL Retrospek,
  • 40:10 - 40:14
    je vous mettrais même au défi d'apprendre
    un extrait de BOW'T TRAIL Retrospek.
  • 40:14 - 40:19
    Tu as besoin de ressentir
    les 140 témoignages dans ton corps
  • 40:19 - 40:21
    qui parlent en même temps,
  • 40:21 - 40:22
    puis un geste,
  • 40:22 - 40:24
    c'est 140 voix en même temps.
  • 40:25 - 40:27
    C'est ça le poids
    de BOW'T TRAIL Retrospek.
  • 40:27 - 40:29
    C'est pour ça que je l'adore [ce soir].
  • 40:30 - 40:31
    Donc,
  • 40:33 - 40:35
    aborder les questions d'iniquité,
  • 40:36 - 40:38
    c'est accepter de mettre son corps
  • 40:39 - 40:42
    dans un four à Braun.
  • 40:42 - 40:44
    Comme ça, oui.
  • 40:45 - 40:47
    On est loin de l'esthétisme.
  • 40:47 - 40:48
    On enlève pas l'esthétisme.
  • 40:49 - 40:51
    Mais tu sais,
  • 40:53 - 40:58
    danser, ça va au-delà de se dire,
    je veux atteindre ça.
  • 40:58 - 41:02
    Qu'est-ce que tu portes en toi
    comme message tellement fort
  • 41:03 - 41:06
    qu'il faut absolument
    que tu le passes à quelqu'un d'autre.
  • 41:06 - 41:08
    Moi, c'est c'est ça qui m'intéresse
    dans mes œuvres.
  • 41:09 - 41:10
    Voilà, je m'arrête là.
  • 41:12 - 41:14
    - C'est super inspirant, merci beaucoup.
    - Rhodnie, merci.
  • 41:14 - 41:15
    Merci beaucoup.
  • 41:17 - 41:20
    Juste dernière question
    pour conclure un peu la discussion,
  • 41:20 - 41:23
    vous travaillez sur quoi en ce moment?
  • 41:24 - 41:26
    Des projets, des choses comme ça?
  • 41:27 - 41:30
    Oui donc en ce moment,
    c'est vraiment mon beau bébé,
  • 41:30 - 41:32
    donc en ce moment, je mets à jour enfin
  • 41:32 - 41:34
    quelque chose que je veux
    développer depuis 10 ans
  • 41:34 - 41:37
    qui est un laboratoire
    chorégraphique documentaire
  • 41:37 - 41:39
    qui veut dire que RD Créations
  • 41:39 - 41:43
    ayant développé une expertise aujourd'hui
    en chorégraphie documentaire,
  • 41:43 - 41:45
    on lance maintenant deux laboratoires
    en même temps,
  • 41:45 - 41:49
    ça veut dire qu'on développe
    nos œuvres en forme de prototype,
  • 41:49 - 41:52
    un peu comme des ingénieurs
    qui font de la recherche développement.
  • 41:52 - 41:54
    Nous, on fait du prototypage d'œuvre
  • 41:54 - 41:56
    pour voir tout le potentiel
    autour de l'œuvre
  • 41:56 - 42:00
    à la fois au niveau des partenaires,
    des costumes, de la danse, d'éclairage.
  • 42:00 - 42:02
    Donc, on vient d'entrer
    deux prototypes de création
  • 42:02 - 42:03
    pour nos deux sujets.
  • 42:04 - 42:05
    Le premier s'appelle SCÒ.
  • 42:07 - 42:11
    SCÒ aborde la question des scolioses.
  • 42:11 - 42:12
    Moi, j'ai une scoliose.
  • 42:12 - 42:15
    Et puis, quand on parle
    de résistance en équité,
  • 42:15 - 42:17
    j'ai une scoliose,
    puis j'ai failli me faire opérer.
  • 42:18 - 42:21
    Mais j'ai quand même continué de danser.
  • 42:22 - 42:24
    Donc, SCÒ aborde la question
  • 42:24 - 42:28
    de toutes ces torsions psychologiques
    et physiologiques
  • 42:28 - 42:33
    que les jeunes filles adolescentes
    ont à porter jusqu'à l'âge adulte.
  • 42:33 - 42:35
    Et puis, je dis jeune fille parce que
  • 42:35 - 42:38
    c'est principalement 90 % sinon plus
    de jeunes filles qui portent.
  • 42:39 - 42:43
    Et ça va devenir en ce moment
    une installation numérique
  • 42:43 - 42:46
    avec performance
    et performance musicale.
  • 42:48 - 42:51
    Puis en fait, on travaille
    également prochainement,
  • 42:51 - 42:54
    donc là, je commence là en ce moment
    ma recherche par rapport à KÒSA.
  • 42:55 - 42:58
    KÒSA en créole, ça veut dire ce corps-là
  • 42:59 - 43:02
    et on aborde la question de la mort
    racontée à partir des enfants
  • 43:03 - 43:06
    et à partir de spécialistes
    en astrophysique,
  • 43:06 - 43:08
    en théologie et en dermatologie.
  • 43:10 - 43:11
    Wow!
  • 43:14 - 43:17
    Est-ce que c'est un petit peu par rapport,
  • 43:17 - 43:19
    mais est-ce que vous avez
    des endroits où vous les présentez
  • 43:19 - 43:23
    ou ça va être sur internet,
    est-ce que vous savez encore...?
  • 43:25 - 43:28
    En fait, la beauté,
    c'est que quand on embarque
  • 43:28 - 43:30
    dans un laboratoire
    chorégraphique documentaire,
  • 43:31 - 43:34
    on se donne la liberté de ne pas
    savoir qu'est-ce qui va sortir,
  • 43:34 - 43:35
    puis c'est ça qui est le fun.
  • 43:35 - 43:36
    Par exemple, SCÒ,
  • 43:36 - 43:40
    j'étais convaincue que ça allait
    être une œuvre de groupe
  • 43:40 - 43:44
    avec peut-être quatre, cinq interprètes,
  • 43:44 - 43:47
    puis on allait avoir des objets
    scénographiques sur scène,
  • 43:47 - 43:49
    puis les musiciens avec qui on travaille,
  • 43:49 - 43:51
    le groupe Aukan à Toronto,
  • 43:51 - 43:53
    on se dit OK,
    ça va être une œuvre sur scène.
  • 43:54 - 43:59
    Et au bout de 36 heures de création
    en laboratoire avec scénographe,
  • 43:59 - 44:02
    vidéaste, coordonnatrice d'éclairage,
  • 44:02 - 44:06
    les témoignages que j'ai récoltés
    de Saint-Justine, de chiropraticiennes,
  • 44:07 - 44:08
    beaucoup de monde.
  • 44:09 - 44:11
    Et avec l'Université de Montréal
    en partenaire aussi.
  • 44:13 - 44:18
    À la fin, j'ai réalisé que ce n'était pas
    un show de danse sur une scène régulière,
  • 44:19 - 44:22
    que le message devait se canaliser
  • 44:22 - 44:27
    dans une installation audio,
    numérique, projection
  • 44:27 - 44:30
    et performance de temps en temps,
  • 44:30 - 44:33
    ce qui veut dire que notre nouveau marché
    devient des musées.
  • 44:33 - 44:36
    Donc, RD Créations
    a déjà monté une exposition,
  • 44:37 - 44:39
    l'exposition Conversation,
  • 44:39 - 44:41
    mais là on va faire
    notre deuxième itération
  • 44:41 - 44:43
    en installation numérique,
  • 44:44 - 44:45
    puis ça va être le projet SCÒ.
  • 44:45 - 44:48
    En fait, on est pile poil là-dedans
    en ce moment,
  • 44:48 - 44:49
    ce qui veut dire que la danse,
  • 44:49 - 44:52
    puis la chorégraphie documentaire
    nous emmène vers autre chose.
  • 44:52 - 44:54
    Et en ce tenant cette liberté-là,
  • 44:54 - 44:58
    si on avait scellé tout de suite
    avec un diffuseur en danse,
  • 44:58 - 45:00
    là, on serait mal pris pour lui dire,
  • 45:00 - 45:02
    finalement sais-tu quoi,
    c'est pas un show de danse.
  • 45:02 - 45:05
    Le show de danse arrive
    dans la performance
  • 45:05 - 45:07
    de l'installation numérique
    qui devrait être dans un musée.
  • 45:08 - 45:10
    Tandis que maintenant,
    on est capable vraiment
  • 45:10 - 45:13
    d'avoir une vision encore plus claire,
    une proposition plus posée,
  • 45:13 - 45:15
    puis une capacité d'aller
    rallier des partenaires
  • 45:15 - 45:17
    qui vont être d'autant plus orientés
    vers ce qu'on veut faire.
  • 45:18 - 45:19
    Puis pour KÒSA,
  • 45:19 - 45:21
    moi, j'imagine que c'est
    mon prochain symphonie
  • 45:21 - 45:26
    parce que c'est quand même une œuvre
    qui risque d'être assez grosse
  • 45:26 - 45:28
    en raison des trois grands sujets
    qu'on aborde.
  • 45:29 - 45:31
    Et puis c'est une œuvre
    qui s'en va en 2028, 2029.
  • 45:32 - 45:34
    Donc, on travaille sur des trois ans,
  • 45:35 - 45:38
    notre compagnie, nos créations
    sortent pas ou peu,
  • 45:38 - 45:42
    le plus tôt c'est deux ans et demi,
    deux ans et quelques de travail,
  • 45:42 - 45:45
    mais la chorégraphie documentaire
    demande trois ans de travail.
  • 45:46 - 45:49
    Il faut vraiment, vraiment
    avoir une bonne documentation,
  • 45:49 - 45:50
    un archivage pertinent,
  • 45:51 - 45:52
    les partenaires ralliés,
  • 45:52 - 45:56
    une chorégraphie où ce que la signature,
    elle est d'autant plus pointue.
  • 45:56 - 46:00
    Puis il ne faut pas oublier la polyrythmie
    pour RD Créations puis dans le langage,
  • 46:00 - 46:03
    la chorégraphie documentaire
    qui est vraiment important.
  • 46:03 - 46:07
    Si on veut que le langage de corps
    soit vraiment fort,
  • 46:07 - 46:10
    il faut que le langage musical aussi
  • 46:11 - 46:14
    soit écrit en même temps
    que le langage de corps.
  • 46:15 - 46:17
    Donc ça, c'est un autre corps
    qu'on pourrait parler longuement là,
  • 46:17 - 46:21
    c'est quoi le lien
    corps musique, corps instrument.
  • 46:22 - 46:23
    Oui,
  • 46:23 - 46:27
    le rôle du musicien ou de la musicienne
    en tant qu'accompagnateur, accompagnatrice
  • 46:28 - 46:29
    en dehors de la classique
  • 46:29 - 46:32
    parce que c'est tout un univers
    dans la polyrythmie.
  • 46:34 - 46:37
    Super inspirant, c'est vraiment inspirant.
  • 46:37 - 46:42
    Puis, merci beaucoup de nous avoir
    donné de votre temps pour discuter,
  • 46:42 - 46:44
    discuter comme ça,
    c'est vraiment intéressant.
  • 46:45 - 46:47
    Ah ça fait plaisir,
    mais j'ai une question pour vous.
  • 46:47 - 46:48
    Oui.
  • 46:48 - 46:51
    J'aimerais savoir aujourd'hui
  • 46:51 - 46:53
    vous regardez, tu sais,
    le milieu de la danse
  • 46:53 - 46:55
    puis vous avez vos rêves,
  • 46:55 - 46:57
    à quoi vous rêvez?
  • 47:02 - 47:06
    Je pense que de toucher les personnes
  • 47:06 - 47:09
    parce que je rêve d'être sur la scène,
  • 47:09 - 47:12
    mais plus que de m'impacter moi,
  • 47:12 - 47:14
    je veux impacter
    ceux qui sont autour de moi.
  • 47:14 - 47:18
    Alors je pense que tout ce que
    vous nous avez expliqué aujourd'hui,
  • 47:18 - 47:21
    vous avez partagé avec nous,
    c'est inspirant
  • 47:21 - 47:25
    parce que ça me confirme
    que c'est possible
  • 47:25 - 47:29
    de toucher des centaines
    et des milliers de personnes
  • 47:31 - 47:33
    et oui, c'est ça alors, oui.
  • 47:33 - 47:35
    Mais moi, c'est un peu la même chose,
  • 47:35 - 47:39
    puis je pense que c'est de vivre
    à travers la danse surtout
  • 47:39 - 47:43
    et de voir comment
    ça peut toucher à tout le monde,
  • 47:43 - 47:47
    puis on est beaucoup
    plus ouvert maintenant je dirais,
  • 47:47 - 47:51
    puis le fait qu'on est ouvert
    à toutes les communautés
  • 47:51 - 47:55
    et que tout le monde va avoir
    l'opportunité de danser,
  • 47:55 - 47:56
    donc ça c'est mon rêve.
  • 47:57 - 48:00
    C'est qu'il n'y a plus de barrières.
  • 48:00 - 48:03
    Je vous le souhaite,
    je vous souhaite collectivement, oui.
  • 48:03 - 48:04
    Merci.
  • 48:04 - 48:08
    Oui, de concrétiser les plus grands rêves,
  • 48:09 - 48:11
    les rêves les plus fous
    que vous avez en tête déjà
  • 48:12 - 48:14
    et surtout ceux
    que vous ne connaissez pas encore.
  • 48:16 - 48:18
    Oui, merci.
Title:
BalletForward_Panel3_UneCarriereUneHistoire_April162025_v2
Video Language:
French
Team:
On Demand - 987
Project:
BATCH 34 (05.05.25)
Duration:
48:31

French subtitles

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